Exister ? ça eût payé

La Primaire de la Gauche voit couler le court torrent agité (*) des propositions des sept « candidate et candidats » – agité ça c’est sûr : on navigue à vue, on approxime et on a du mal  à suivre.  Tenez, un juteux article du Monde attire notre attention flottante sur la proposition-phare du candidat Benoît « Burn-out » Hamon  – pas la légalisation du cannabis, là il joue la bonne partition – mais son RUE, son « Revenu Universel d’Existence ». Revenu qui devait coûter, au début, autour de 400 milliards, donc doubler le budget de l’Etat, rien que ça, allez hop, soyons fous… et puis en fait non, en arrière toute, le RUE n’est plus là aux dernières nouvelles. On navigue à vue, je vous dis ! Au départ c’était 750 euros par mois sans conditions ; on propose juste maintenant d’étudier citoyennement comment qu’on pourrait, comment qu’y faudrait faire pour  instituer ce fameux revenu. Grattons-nous donc la tête sur le vaste sujet du RUE, c’est la dernière mouture des propositions hamonesques.

Article juteux et largement apprécié : tenez, deux morceaux choisis des commentaires de lecteurs : « C’est un pro. Si cela ne marche pas : marche arrière toute. Son métier c’est la politique. s’il savait faire autre chose, il ne serait pas là. Ce sont les plus dangereux. « 

Un  autre : « Je vais voter pour ce type ! Il est tellement politicien, qu’il fera exactement l’inverse de ce qu’il a annoncé dans son « programme« . »

Bref, vous devriez lire tout ça, c’est instructif :  la vieille balançoire droite-gauche et la politique politicienne et irresponsable, à bout de souffle, dans leur tragique nudité, ou dans toute leur splendeur, comme vous voudrez.

Tibert

(*) Mutine, une référence cinématographique s’est glissée dans ces termes.

Un radar dans le dos

Les radars nouveaux arrivent, messieurs-dames, indifférents à la couleur politique de qui-c’est-qui-va-faire-Président cette année : c’est qu’au Ministère de la bagnole les têtes passent… les zélés fonctionnaires restent, obstinément focalisés sur votre bagnole et ce qu’elle peut rapporter. Le radar capable de voir si vous téléphonez au volant (en fait vous vous grattiez l’oreille mais c’est fou comme ça y ressemble) tout en bouffant une barre chocolatée (*), le tout sans avoir bouclé votre ceinture ; le radar susceptible de déterminer si vous suivez la bagnole de devant à moins de 2 secondes – est-ce elle qui a freiné dans cet intervalle de temps ou vous qui avez accéléré ? dans le doute on punira les deux – et le radar capable de vous flasher d’une main sans perdre de vue l’autre côté de la chaussée. Le marché et le rendement des radars promettent d’être super-juteux. Notez bien que ça ne baissera pas le nombre de morts sur la route, vu que ceux qui font les cons et provoquent les accidents graves (bourrés du samedi soir, motards « poignée dans le coin », pépés et mémés distraits et distraites, j’en ai marre des « auteures » et des « toutes celles-zet-tous-ceux »(**)) se contrefoutent des radars, ce n’est pas pour eux.

Il existe cependant un marché bien plus juteux : 20.000 morts par an contre à peine plus de 3.000. Il s’agirait de flasher les comportements accidento-gégènes à la maison ! oui à la maison, car Le Monde vous le précise, c’est 5 à 6 fois plus de morts que sur les routes… et aucune madame Perrichon pour vous saboter le moral. Oui, madame Perrichon : la passionaria de la « Ligue contre la Violence Routière » qui veut vous faire rouler à 80 km/h maxi parce que rouler vite – rouler tout court, en fait – c’est dangereux… omettant simplement d’ajouter que les chauffards, les vrais, n’en ont rien à cirer des limites de vitesse : ce n’est pas pour eux. Mais, je me répète…

Donc disais-je, selon Le Monde, dans la liste abominable des accidents domestiques, « and the winner is » : les chutes ! les chutes, 9.600 accidents mortels, soit 3 fois plus que les morts sur la route. Et pas un seul radar pour rentabiliser tout ça. Pourtant les moyens existent, tenez… vous imposez que tous les escabeaux, échelles, marchepieds… de plus de 60 cm de haut, soit environ 24 pouces grands-bretons, soient équipés dorénavant d’un radar de chute et identifiés par une puce électronique-et-GPS. Forcément ça créera des emplois, ça augmentera le PIB – hélas mais qu’y faire ça renchérira fortement le prix de ces équipements – mais surtout ça rapportera un max de pognon à l’Etat : une échelle qui bascule ? schhhtag ! le radar enregistre l’infraction, et hop le Centre des Infractions Domestiques d’Abbeville (le CIDA) vous sort un superbe avis de prune, avec, pourquoi pas ? des points en moins sur votre permis de grimper aux arbres.

Evidemment vous pensez pouvoir échapper à la punef si l’échelle est tombée à vide ? maladroit inconscient ! vous auriez pu vous faire fracasser le petit orteil gauche. Donc, ça douille quand même, et comme ça la prochaine fois vous ferez attention : la punition est pédagogique, ne l’oubliez pas. Et puis si vous êtes mort quand la prune arrive dans votre boîte à lettres, renvoyez le formulaire de réclamation : vous avez déjà payé.

Tibert

(*) En Amérique du Nord ils ont tous leur gobelet de 12 fl.oz., soit environ 336 ml de café avec un couvercle et une paille, dans une alvéole sous le tableau de bord ; chez nous il y aurait une alarme sitôt qu’on essaierait de le soulever pour boire un coup.

(**) Urgemment, créons le gracieux terme celzéceux, on gagnera du temps.

Trouvailles portugaises

Je connais maint ménage retraité de par chez nous qui songe très sérieusement à se réfugier chez les Lusitaniens, Porto, Nazaré, Lisbonne… histoire d’échapper aux sanglants bouffeurs de fric  que sont nos – pour quelque mois encore – dirigeants socialistes, pompeurs-redistributeurs de revenus devenus fous et surtout extrêmement généreux vis à vis de qui pourrait bien voter pour eux en avril. Tenez, le SMIC… + 0,93 % en janvier prochain ! le SMIC le plus haut d’Europe. Comparez avec les pensions de retraite de base, dont le curseur est rouillé à force de ne plus avoir servi : fastueux, + 0,1 % depuis avril 2013 – bientôt quatre ans – soit environ une bonne baguette de pain par mois.

Mais bon, on sait tout ça. Ce qu’on ignorait jusqu’ici, c’est que cette terre promise portugaise, hâvre des retraités français, abrite des taxeurs encore plus imaginatifs, pervers, dingues que les nôtres, et comme dit l’autre, faut l’faire ! Remarquez bien, ils sont socialistes aussi, là-bas présentement, ça explique…

Ils ont donc décidé, les Portugais, de surtaxer les logements de plus de 250.0000 euros selon la situation et la vue : beau panorama depuis les fenêtres du salon, orientation Sud ? on se fait assaisonner. Vue imprenable sur le cimetière, sur la station d’épuration, horizon bouché, orientation plein Nord ? clémence fiscale. C’est bien trouvé… reste à faire un gigantesque travail de notation – à la louche et à la tête du client – de tous ces logements juteux, mais ça vaut le coup, il y a du blé à faire. Et puis on fera ensuite comme en France pour la taxe foncière : quarante ans plus tard toujours les mêmes bases, c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les bonnes soupes fiscales.

Citation savoureuse de Joao Galamba, porte-parole des socialistes portugais : « Personne ne peut comprendre qu’une personne vivant dans une cave et qu’une autre habitant au dernier étage avec une vue fabuleuse paient exactement le même impôt« .  Dans le même esprit, quid des grands, disons à partir de 1,85 m., qui sans rien avoir à faire que de braquer leur regard voient sans problème par dessus les têtes des autres, n’ont pas besoin d’escabeau, de talonnettes ? c’est anti-égalitaire, indéniablement. « Personne ne peut comprendre etc etc…« . Donc soit on alloue gratuitement un escabeau à tous les petits, soit on taxe les grands.

Tibert, 1m 84.

Non, tu ne chanteras pas !

Et revoilà France-Stratégie, organisme voulu et créé aux petits oignons en 2013 par le gouvernement Ayrault, brillant aréopage – un aéroport, des aréopages – de penseurs pour la gauche, et donc à la botte dudit Premier Ministre, qui entre-temps a changé deux fois. La devise de France-Stratégie, c’est, je vous l’apprends sans doute, « Evaluer anticiper débattre proposer« ,  et nous citoyens de base constatons tous les jours combien les membres de France-Stratégie se cassent le baigneur à évaluer etc… et surtout à débattre ! pas avec nous, en tout cas.

F-S (appelons ce prestigieux et indispensable organisme F-S, ça ira plus vite) se fait un devoir de sortir de sa discrète torpeur chaque fois qu’il vient un nouveau Premier Ministre : on les voit agiter les bras, faire coucou c’est nous on est là ! c’est qu’il faut justifier de son boulot, de son utilité, de ses menus émoluments. Et donc voilà derechef F-S qui fait son intéressant pour monsieur Cazeneuve, le nouveau Chef en Chef de Matignon. Et de nous / lui ressortir sa plus belle proposition, et populaire avec ça : instituer une (encore une !) taxe pour que les salauds de propriétaires-occupants payent, rendent gorge : la taxe de « loyer fictif ». Car ils trichent, les propriétaires-occupants, ils échappent au loyer, c’est anti-égalitaire. Tenez, au temps béni de l’Allemagne de l’Est, tout le monde là-bas était locataire, et ça fonctionnait nickel sous l’oeil bienveillant d’Ulbricht puis de Honecker, et accessoirement de la Stasi.  Donc, nous re-re-dit F-S, il faut assaisonner ces mauvais Français qui ont économisé et investi pour n’avoir pas, une fois retraités, à raquer tous les mois des sommes possiblement plus à leur portée, et puis pour pouvoir faire égoïstement comme chez eux, peindre les portes en jaune canari et percer des trous dans les murs si ça leur chante et là où ça leur chante.

Et ils montrent l’exemple, à F-S : tenez, sont-ils propriétaires de leur lieu de travail, modeste hôtel particulier situé par hasard dans le quartier des ministères, à Paris, et non pas à Pontault-Combault, cité des Pinsons ? ben non, ils sont locataires, eux, de l’Hôtel de Vogüé, 3.374 petits mètres carrés de planchers, oui, ils sont en location, et ils s’en portent très bien.

Reste au Cazeneuve à pousser hâtivement en coulisses – mais ils vont pas la fermer, oui ! – ces pourrisseurs d’ambiance, avec interdiction d’en sortir et de l’ouvrir ; avec leurs gros sabots et des propositions résolument enthousiasmantes à foutre la m… le feu, ils plomberaient encore un peu plus les chances des sortants, déjà que c’est pas la joie, pour rester dans l’euphémisme.

Enfin, c’est juste pour les cinq mois qui restent… ensuite, voir un de mes précédents billets : « Vous auriez pas un strapontin pour moi ?« 

Tibert

Vous auriez pas un strapontin pour moi ?

On va voir des recasages, et on n’a pas fini d’en voir.

Tenez, madame Royal, 63 ans, qui, sortie du Poitou vécut une période un peu flottante et désoeuvrée avant de se retrouver un bon job au gouvernement dans l’écologie ( il faut dire qu’elle y avait des  relations)…  que va t-elle devenir dans six mois ? pauvre  femme, 63 balais c’est encore jeune, encore deux ans à tirer avant de faire valoir ses droits à la canne à pêche et à la peinture sur soie. Eh bien on lui cherche activement un boulot-point de chute autre que d’ouvrir la porte d’un bureau de poste en tendant la main en forme de cuillère. L’ONU, ça irait ? c’est assez classieux ? ouais… à la rigueur… plus tard, d’ici une douzaine d’années et si la gauche revient aux affaires, il lui sera possible de briguer l’Institut du Monde Arabe (actuellement on peut y chercher Jack Lang,  77 printemps ; quant à l’y trouver…), puis encore plus tard le Conseil Constitutionnel (Lionel Jospin, toujours « disponible » à 79 balais). La politique ça conserve ! et comme les sardines en boîte, c’est encore meilleur à oublier au fond d’un placard.

Madame Touraine, Marisol, celle qui a gommé le trou de la Sécu – si si, c’est elle qui le dit – sauf qu’il n’y a plus grand-chose qui soit remboursé, madame Touraine veut recaser potablement un des ses collaborateurs, en fait un des conseillers de son cabinet : jeune et brillant, le nommé Frédéric Varnier. Mais zut alors, ça choque les us et coutumes de la profession : en principe, traditionnellement, le sous-directeur de l’Institut Gustave-Roussy (il s’agit de cette boîte et de ce poste, un truc quand même assez classieux pour un ex-inspecteur des Finances et futur-ex-conseiller de la Ministre de la Santé) devrait être désigné ou du moins validé, accepté par son supérieur hiérarchique (*).  Meuuuh non, la ministre n’a que faire de ces contingences mesquines, et donc elle veut coller son poulain là où ça lui va, et tant pis pour ceux qui ne sont pas contents.

Mes amis, on n’a donc pas fini d’ici mai 2017 de voir des types bien sapés sortir des ministères pour frapper à des portes que Popaul-Emploi ne sait pas ouvrir – dont il ignore même l’existence, d’ailleurs, puisqu’au besoin on sait en haut lieu créer des structures ex nihilo pour y loger des gus suffisamment bien pistonnés. C’est choquant ? eh oui c’est choquant, mais restons lucides et impartiaux, admettons que Droite et Gauche pratiquent ce sport de bidouillage-recasage de leurs ouailles avec une ardeur égale : l’exemplarité des moeurs de la classe politique peut attendre.

Tibert

(*) Moi, personnellement, que le choix du sous-chef soit agréé par le chef, ça me semblerait assez normal, mais bon, va savoir…

600.000 et 5.000.000

Promis, je vous dois de revenir – après l’impossible pipi en ville – sur les co… âneries qui courent de bouches à oreilles à propos des Services Publics. Amalgames et approximations – lisez Le Monde ou tout autre titre de la la presse de gauche, écoutez messieurs Mélenchon, Martinez etc… – approximations et amalgames qui courent d’autant plus ces temps-ci que monsieur Fillon a l’air de vouloir remédier – enfin ! pourrait-on dire – à nos maux en cette matière.

Notez d’abord que nous nourrissons deux armées mexicaines, plus fort que le Mexique ! cinq millions de fonctionnaires, et six-cent-mille élus fort coûteux, un élu pour cent habitants. Le Sénat coiffe admirablement le tout avec son effectif quatre à cinq fois trop important, son trésor de guerre, ses postes garantis pour neuf ans, sa gérontocratie et ses plafonds à caissons et dorures au Palais du Luxembourg : la République et la Démocratie se donnant l’accolade, en somme.

Mais bon… Prem’s, quid de l’égalité des Français devant le boulot ? il y a clairement deux codes du Travail , celui des fonctionnaires et celui des autres, d’ailleurs la récente  loi El Khomri ne s’applique pas aux premiers. Quand on braille et qu’on écrit partout « égalité » ça fait bizarre. Il fut un temps – les Trente Glorieuses – où l’Etat devait faire la danse du ventre pour attirer des candidats à la fonction publique : mal payé, contraignant… et à l’époque , il  a donc concocté aux fonctionnaires des contrats « aux petits oignons ». Que ne les payait-il correctement dans un cadre contractuel standard, tout simplement ? mais non, c’eût été trop simple… Or, depuis les années 80, la conjoncture s’est retournée – la sécurité de l’emploi est devenue une denrée rare et précieuse – mais on continue imperturbablement comme avant, soutenus par l’antienne syndicale des « avantages acquis », alias la théorie du cliquet : un cran de plus, un cran de plus, un cran de plus…

Bref il existe un très fort décalage entre l’énorme et indémerdable (*) Code du Travail du secteur dit « privé » et le Code du Travail de la Fonction Publique, qui se décline, comme la Sainte Trinité, en trois entités : d’Etat, Hospitalière, Territoriale. Décalage choquant… et injustifié, s’agissant d’emplois qui sont exactement les mêmes des deux côtés, avec exactement les mêmes contraintes et la même conscience professionnelle : l’infirmière hospitalière et celle de la clinique privée, le prof’ d’anglais au collège conventionné Saint-Jérôme et celui du CES Jean Mermoz, les jardiniers du Sénat et ceux qui bossent chez Vilmorhin-et-Danube.

Que l’état gère « en direct » des hôpitaux et des établissements d’enseignement, pourquoi pas, ça peut se défendre, bien que ce ne soit pas du tout dans ses attributions… pour équilibrer le marché et donner le « la », par exemple. Mais ses salariés ne font rien de spécial qui mérite un statut spécial…

Voilà : UN code du Travail pour tous les Français- égalité égalité on vous prend au mot – ça suffit largement, c’est logique et puis c’est tout simplement normal, ça tombe sous le sens. Eh bien, « y a plus qu’à« , comme on dit.

Tibert

(*) et on nous en a encore ajouté (rajouté, comme ils disent) une couche, avec l’ineffable « compte pénibilité » : encore plus de boulot retors pour les employeurs, c’était pas assez compliqué comme c’était !

 

C’est pour de rire (jaune)

Le projet de Budget-B-majuscule 2017 des Finances Françouâises, sous la houlette de monsieur Sapin – muni de son armée de fonctionnaires des Finances du pont de Bercy à Paris – a suscité dans un canard (de droite, est-il besoin de le préciser ? ) le commentaire élogieux qui suit : « ce budget est maquillé comme une voiture volée« . Vous pouvez traduire aisément : c’est du flan, du traficotage de compteur. D’abord et bien évidemment parce que, vous dites-vous, les manivelles vont changer de pognes ? les manivelles visibles, celles qu’on voit, oui, très probablement. Mais les milliers de gratte-papiers du Pont de Bercy – sous lequel coule tout autant la Seine que sous le pont Mirabeau, cher Guillaume – resteront, eux, avec leur imagination débordante en matière de nouveaux impôts-et-taxes. Faites-leur confiance, il reste de la laine à  tondre, c’est leur conviction profonde, et ils sont payés pour ça ( c’est d’ailleurs un bel exemple de cercle salement vicieux : vous payez plus pour avoir plus de  fonctionnaires chargés de vous tondre encore plus, et ça marche, comme disait l’autre).

Mais bon… vous pourrez lire avec profit ce que nous concocte « pour du beurre » ( et l’argent du beurre ? ) notre Sapin de ministre. Cela permettra de passer l’exam’ à Bruxelles, savoir si nous sommes « vu de loin derrière un arbre » dans les clous des normes bruxelloises, une fois ; et puis que les successeurs se dém… brouillent avec ça une fois l’alternance venue : ça permettra de les bombarder de critiques par la suite, c’est de bonne guéguerre gauche-droite comme nous la connaissons depuis 60 ans – scénario usé de chez Usé mais toujours en vigueur – et tout roulera comm d’hab. L’avenir est prometteur, voire radieux, je puis vous le confirmer.

Tibert

Herbes folles sur le tarmac

Le dossier de Notre-Dame-des-Landes, alias NDDL,  ce vieil aéroport du futur des années 60 projeté pour faire plaisir aux édiles et notables de la Chambre de Commerce locale, engraisser le BTP, bétonner les terres agricoles et accessoirement dégager du ciel nantais les avions en approche-atterrissage, connaît un nouveau rebondissement : le « rapporteur public » de la Cour Administrative d’Appel de Nantes y met une grosse réserve.

Cette affaire est tout simplement lamentable et pour cela passera à la postérité, si l’on veut bien enfin ouvrir les yeux sur les tares de la démocratie et des chemins décisionnels dans notre pays : un paradigme de dossier foireux. D’un côté la Loi bafouée allègrement, des individus barbus, « hirsutes-menaçants » (ce n’est pas de moi, c’est de Louis Aragon, et il ne traitait pas de la ZAD de NDDL) occupant le terrain en toute illégalité, ridiculisant les décisions judiciaires énoncées jusqu’à présent, les coups de menton et les effets de biscottos de notre Premier Ministre ; de l’autre côté des élus et décideurs autistes, sourds et aveugles, portant, butés, un projet des années 60, sûrs de chez Sûr d’avoir raison contre toutes les objections pertinentes qu’on a pu opposer à cette vieille baudruche clairement surdimensionnée et jamais remise à plat.

La grande majorité de ces naufrages mettent en évidence l’incapacité crasse de nos décideurs à tenir compte, sur des dossiers de long terme, du TEMPS QUI PASSE ! en informatique, tenez, les dinosaures logiciels genre Paye des Militaires sont morts-nés dès les balbutiements des premiers bulletins de solde  : on les a définis 5 ans plus tôt, et entretemps la donne technique, les règles du jeu… ont changé ! à la poubelle, Louvois, Chorus et consorts !

Tenez, pour illustrer, un peu d’humour dans ce monde sinistre, je me fais un plaisir de vous citer un extrait du « courrier des lecteurs » là-dessus, à la suite de l’article que le Monde y consacre :

« La piste (*) est prévue pour faire atterrir des futurs Concorde en provenance de New-York. Les caravelles d’Air-Inter ne sont pas oubliées pour rallier les principales villes du pays. Les DC8 d’Air France partiront vers Karl-Marx-Stadt, Stalingrad, la Tchécoslovaquie, la Rhodésie et le Congo-Brazzaville. M. Alain Poher aurait le privilège d’inaugurer l’aéroport… ».

Et si vous pensez qu’un aéroport ça fonctionne tout naturellement et ça ne peut que créer des emplois, rapporter des sous quand c’est construit, voyez ce site qui vous cite 😉 une quinzaine de superbes « bides » aéroportuaires, dont le mirifique et catastrophique « Mirabel » de Montréal, etc. Plus modestement, et tout près de Nantes, méditez sur les chiffres de l’aéroport actuel d’Angers-Loire, 18 ans d’âge, voulu par la communauté urbaine du coin parce que le précédent ne pouvait plus s’étendre… il est à 120 km à vol d’oiseau de NDDL, il fait gaillardement ses 8.500 passagers par an, soit 24 par jour… avec des structures prévues pour 50.000 passagers. Un « bide » de plus.

Tibert

(*) LES pistes ! pour NDDL il en est prévu deux, en toute modestie, comme à Londres-Heathrow, qui fait 1.260 mouvements par jour, quand le Nantes-Bouguenais actuel en compte à peu près 137, soit 9 fois moins. Mais on ne sait jamais, des fois que Nantes-NDDL supplanterait Heathrow…

Impasse de la Canneberge

Il est humain de préférer annoncer des victoires que des défaites. Vous êtes d’accord ? moi aussi. Tenez, si je vous dis que je bute sur la démonstration de la conjecture dite « de Syracuse », bien qu’ayant avancé de manière significative 😉  vous allez penser que je ferais mieux de la fermer ( pas la conjecture, évidemment…). C’est clair, je gagne à ne rien dire si mes recherches démontrent que le sens dans lequel je les oriente se révèle une impasse ; c’est évidemment plus confortable pour mon ego, et tout roule comme si de rien n’était…

Mais je lis dans Slate.fr (slate : terme anglais, forcément anglais, désignant l’ardoise sur laquelle on écrit) cette  intéressante contribution de deux chercheurs francophones qui ont créé l’enseigne « Negative Results« . En anglais évidemment, mais bon, nobody’s perfect, pas vrai ? leur démarche vise à baliser les chemins de recherche déjà explorés et vains : quoi de plus idiot que de repartir sur des pistes qui se sont clairement avérées sans espoir ? c’est particulièrement utile en biologie, mais ailleurs aussi, soyez-en sûrs.

Tenez, mesdames, qui pour éloigner la cystite menaçante – tellement plus fréquente chez vous que chez les mâles – vous tapez des gélules de cranberry, des gelées de cranberry, des décoctions de cranberry en pensant que ce sont des cranberries, alors qu’il s’agit de canneberges (en anglais : cranberry), vous perdez votre temps et votre fric, surtout s’il y a marqué « cranberry » sur l’emballage – forcément plus cher que la canneberge, snobisme anglomane oblige : la canneberge n’a aucun effet sur la cystite, ni dans un sens, ni dans l’autre. Il reste que c’est une baie aux vertus anti-oxydantes, délicieuse en compote, ou sur des plats de gibier, viandes blanches etc..  mais, bien entendu, en gélules 1) ça n’a aucun goût, 2) c’est emmerdant à absorber et 3) ça ne sert rigoureusement à rien sauf à enrichir les fabricants. Comme quoi Negative Results va vous faire faire faire des économies, mesdames, à défaut de vous donner la solution pour combattre la cystite.

Vive donc les impasses, les erreurs, pourvu qu’on s’attache à en tirer les leçons pour en éviter le retour, pour reprendre un vieux slogan. Ah si les politiciens pouvaient s’inspirer honnêtement de leurs negative results !

Tibert

Quand circulent les tarpés

Vous connaissez l’OFCE ? L’Observatoire Français des Conjonctures Economiques ? non ? son patron, Xavier Ragot ? non plus ? ah ah, je vous apprends donc son existence. Cet organisme « indépendant » (c’est moi qui ai mis des guillemets) revient ces temps-ci sur le devant de la scène, mis en lumière par Le Figaro : l’OFCE sort en effet un nouvel opus,  avec une proposition de taxer les « loyers implicites », entendez taxer les gens qui ont acheté, les salauds, leur logement principal, au lieu de payer un loyer comme devrait le faire tout Français normal  (note : si loyer il y a, c’est qu’il y a des bailleurs, non ? oui mais non, eux ont acheté des logements pour loger les autres, démarche altruiste et digne de respect, contrairement aux égoïstes propriétaires occupants).

j’ai donc été voir du côté du rapport de l’OFCE que Le Figaro épingle ce matin, et ma foi je l’ai lu, c’est ardu et tendancieux, mais j’y trouve, d’une part des formulations plus nuancées que celles que Le Figaro a choisi de monter en épingle – bon, ce canard n’est pas d’obédience trotsko-stalinienne, nous le savions déjà –  mais aussi de superbes âneries (ou malhonnêtetés ?), tenez :

Sur l’ISF, « C’est un impôt progressif sur le patrimoine des personnes physiques » : c’est clairement faux. C’est un impôt sur le patrimoine des ménages. Un ménage, ce n’est pas une personne physique, c’est une entité, ensemble de personnes physiques – une ou deux, du moins tant que  la polygamie n’est pas légale. Le célibataire « fortuné » paye donc actuellement l’ISF pour son patrimoine à lui tout seul, le couple paye pour son patrimoine à tous les deux ensemble… mais avec le même seuil, 1,3 M€, les mêmes tranches, et les mêmes taux !!

Sur la propriété immobilière, « Il n’est guère équitable que deux familles de mêmes revenus salariaux payent le même impôt si l’une a hérité d’un appartement tandis que l’autre doit payer un loyer ». On appréciera le « guère équitable« , formule qui ne fait pas dans la précision ! (*) C’est équitable, ou non ? eh bien c’est surtout une formule d’une extrême malhonnêteté, pour deux raisons :

  1. « ... doit payer un loyer » ? si certains sont fourmis, d’autres sont cigales, et l’OFCE n’aime pas les fourmis ! Quand un couple claque son fric connement, il « doit payer un loyer », peut-être, mais c’est son choix. D’autres en mettent de côté, empruntent (ou héritent, les veinards) pour acheter leur logement.
  2. « … si l’un a hérité » : je signale que l’héritage est déjà taxé, ils y ont pensé, à Bercy ! Par ailleurs tous les propriétaires-occupants ne sont pas héritiers : j’en connais qui ont acheté leur logement avec leurs propres sous, le croirez-vous ?

Bref la récente sortie de l’OFCE ne brille ni par sa neutralité ni par son indépendance. Extrait d’ambiance : « [selon certains économistes], taxer le capital ou ses revenus constituerait donc une double taxation. Mais ce point de vue est discutable : les revenus du capital constituent un élément de la valeur ajoutée… gnagnagna … Il est donc légitime de les taxer en eux-mêmes« . Où l’on passe d’un conditionnel « constituerait » à un indicatif « …est discutable » (discutable = ils ont tout faux, c’est la mauvaise orientation) suivi d’un affirmatif « il est donc légitime » : ça c’est de la discussion !

Tibert

(*) ça me rappelle le taupin qui, au tableau noir avec sa craie et son éponge,  s’était fait virer à coups de pompes dans le cul après avoir sorti au prof de maths, sur la comparaison de deux développements limités : « euh… ils sont à peu près équivalents…« .