L’autruche et la fumette

C’est un titre à la Jean De La Fontaine, je sais. Je regardais ces derniers jours un vieux film anglais où deux jeunes tourtereaux désargentés et laborieux se roulent un joint selon les règles de l’art, en chauffant le shit afin de l’émietter, etc… mais bon, je n’insiste pas, vous savez ça.

Vous savez ça, hein ? ben oui, sûrement, et plein de films montrent des gens supposés tirer sur des joints. C’est interdit, notez bien. Interdit d’en fabriquer, d’en vendre, d’en détenir, d’en acheter, d’en consommer. Et, donc, répression oblige, la nouvelle Cheffe de la Région Ile-de-France envisage –  riche idée – de mettre en place des tests salivaires dans les lycées pour dépister les accros à la fumette… tenez, lisez ça !

Les bras m’en tombent. Nous avons des dirigeants hors-sol, décidément, ou ils sont sourds et aveugles – et ils ont le nez bouché. Il est clair que, plutôt que d’officialiser mordicus-scrogneugneu le « mariage pour tous » (pour les homos, en fait, les autres sont peu enthousiastes), LA belle avancée sociétale qu’aurait pu inscrire Normal-Moi à son tableau d’honneur, ç’aurait été la légalisation de la consommation du cannabis et dérivés. On nage dans l’hypocrisie la plus épaisse, là. Et que ce projet de tests salivaires fasse rire dans les bahuts, c’est bien compréhensible : sur quelle planète sont-ils, là-haut ?

Allons, redisons-le : l’alcool est en vente libre, « à consommer avec modération », bien entendu. Le cannabis est très très vilain, lui. Comprenne qui pourra… drôle de pays, tout de même.

Tibert

 

Qu’est-c’ que j’peux faire ? chais pas quoi faire !

C’est du Godard, c’est Anna Karina qui psalmodie ça : c’est dans « Pierrot le fou », vous l’avez sûrement vu. Mais il n’y a pas qu’Anna Karina qui ne sait pas quoi faire, et se demande que faire en se battant les flancs : eh oui, selon une étude fort sérieuse de l’IFRAP, un Think Tank (un groupe de réflexion, ça marche pareil, mieux même, on ne prend pas ça pour un tank pensif) ), les titulaires de la fonction publique – et c’est la fonction publique territoriale qui est concernée comme de bien entendu –  sont jusqu’à quatre fois plus absents au boulot que les contractuels. Amiens, morne plaine : le contractuel moyen s’absente 14 jours pour des causes diverses et variées, le titulaire, 49 jours (en plus des congés annuels et des fêtes chômées, bien entendu). C’est d’ailleurs l’explication des emplois de contractuels : il faut bien suppléer aux absences des titulaires, qui, désoeuvrés et las de faire des crapettes  sur leur ordinateur, désertent pour aller biner leurs haricots sous un prétexte quelconque. Le contractuel, lui, résiste mieux à l’ennui, vu qu’il est susceptible d’être remercié pour cause de pas de boulot : au moins fait-il semblant de s’activer, ça maintient la forme.

Tibert

Corbeil : les fruits de la confusion

Je sais, le titre fait un peu journaleux, tant pis. Si je trouve mieux d’ici la fin de mon billet, promis, je change ce titre.

Le Parigot nous dés-informe sur un conflit à Corbeil dans l’Essone : le Conseil Municipal y a voté hier, malgré les protestations de nombreux parents d’élèves venus assister aux délibérations, l’attribution de la pleine gestion des cantoches de la ville au groupe de restauration Sodexho, qui si j’ai bien compris, avait déjà auparavant la charge de fournir les repas, mais se voit ainsi habilité à gérer les restaurants scolaires de A à Z, dans le cadre de ce qu’on nomme une « délégation de service public« . On passera sur la possible manoeuvre de l’équipe dirigeante de la mairie (tendance LR), qui aurait tenté de décourager les « manifestants » en abordant le vote de cette question en toute fin de séance, plutôt tard donc…  mais la véhémence des parents d’élèves explique peut-être cela, je ne sais. L’essentiel est ailleurs.

Le Parigot titre en effet : « Les parents ne digèrent pas la privatisation de la cantine« . De fait, les témoignages rapportés accusent la mauvaise bouffe, ou en quantité insuffisante, ou les deux : « cela fait quatre ans que nos enfants se plaignent, nous disent que ce n’est pas bon, qu’ils ont faim en sortant de table... ». La Sodexho était donc clairement critiquée pour la qualité de sa prestation , mais la mairie en était-elle consciente ?

Et voilà l’article du Parigot : la privatisation de la cantine est ici montrée du doigt, « les parents ne digèrent pas la privatisation gnagnagna... ».  C’est encore ici en filigrane l’équation idiote « Service public = fonctionnaires ». Pense-t-on que l’embauche de fonctionnaires territoriaux pour faire tourner les restaurants scolaires va garantir une bonne bouffe abondante ? mon oeil ! Il y a plein de contre-exemples. Dans cette affaire, il y a trois conclusions à tirer :

1) il y a, à la mairie de Corbeil, un type (ou une nana) chargé(e) de  contrôler la qualité des repas fournis par Sodexho, et qui ne fait pas son boulot. Il y a un cahier des charges ? il doit être respecté, si la prestation n’est pas correcte elle doit être dénoncée. Ou alors le cahier des charges est mal fait – ça arrive….

2) Sodexho, si vraiment la bouffe est mauvaise depuis 4 ans, est effectivement mal placée pour emporter cette délégation de service public ; ou alors la mairie a serré les boulons pour ce nouveau contrat ? ou alors il y a du copinage ? va savoir.

3) Embaucher, embaucher des fonctionnaires territoriaux, c’est simple, ça marche du feu de dieu, ça permet de « piloter à vue », et c’est la solution de facilité. Les impôts locaux vous coûtent un bras, vous avez sur les bras, justement, des employés à   faire fonctionner utilement et au mieux – où à faire des batailles navales sur leurs ordinateurs, quand ils ne sont pas à prendre leurs congés de maladie. La délégation d’un service public au secteur privé, ce n’est pas l’abandon de ce service public, ce n’est pas de la « privatisation » : c’est juste – quand c’est fait sérieusement, rigoureusement – de la meilleure gestion.

Et on en reparlera, de la fonction régalienne de la gestion des cantines scolaires.

Tibert

Mort aux autres !

Il est des enfonçages de portes ouvertes qui réjouissent, tout aussi réjouissants que…
Monsieur de La Palice est mort,
Est mort devant Pavie,
Une heure avant sa mort
Il était encore en vie.
Ici on nous présente un sondage renversant : pensez, les Français sont opposés à la suppression de l’ISF !!

Mais citez moi donc UN type qui, non soumis à un impôt, souhaiterait qu’on le supprimât pour les autres ?  altruisme admirable, improbable…

Détaillons : sur 36 millions de foyers fiscaux  – théoriques, la moitié ne payent rien – 300.000 payent l’ISF, soit 0,8 %.  C’est l’épaisseur du trait… peu de monde, en somme. Et, c’est humain, les 2/3 des autres veulent absolument qu’on le garde, cet impôt qui n’est pas pour eux. Enfin, surprise ééénorme, les jeunes sont les plus virulents ! Tenez,

  • les 25-34 ans : 73% (salauds de riches, moi qui bouffe des patates)
  • les 35-49 ans :  71% , à peine moins violents,
  • les 50-64 ans : 70%, et toujours pas de Rolex en vue
  • Les 65 ans et plus : 61% ; indulgence de l’âge, et l’on est beaucoup plus concernés.
  • Les jeunôts de 18-24 ans : 54% seulement. Quand je serai grand je serai riche !

On vit dans un pays de symboles, de grigris égalitaristes : on a incendié hier une Porsche à Nantes. Voiture de richards ; la bagnole est juste un tas de ferraille – techniquement très bien foutu, quand même – elle n’y est pour rien, mais elle est haïssable. Ce genre de geste de primate jaloux s’apparente à un pet sonore pendant l’air de la Mort de Didon, de Purcell ; ou, tenez, dans la même veine : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver« . Bouuuh les riches ! D’ailleurs Normal-Moi n’ « aime pas les riches » : cette phrase plus-démagogique-que-ça-tu-meurs aide entre autres à se faire élire (ré-élire, ça, on verra).

Avec l’ ISF, on pend ainsi symboliquement à la lanterne les aristos qui ont de la thune, plus de 1,3 Million d’euros, vous imaginez ? pour un ménage qui a bossé 40 ans et plus, 650.000 euros chacun de « fortune » dont en général 85 % dans leur(s) baraque(s) ? c’est un symbole fort que de les taxer, ces « riches ». C’est d’ailleurs pourquoi des ménages se décident à divorcer :  l’ISF  n’est pas pondéré par un quotient familial. Joseph + Roberte ont à eux deux 1,9 million ? ils payent. Joseph divorce de Roberte : à eux deux ils ont exactement autant de fric qu’avant – moins les honoraires d’avocats – mais ils ne payent plus, ils ne sont plus « riches ». Certes, ça crée d’autres problèmes…

Voilà : les Français veulent qu’on fasse payer les riches (*). L’article que j’ai cité plus haut énonce que la France est seule à faire ça, que c’est un impôt contre-productif, du genre se tirer une balle dans le pied ?  ils s’en foutent, c’est bien fait, d’autant plus qu’eux ils ne le payent pas ! Et puis seul un ménage sur deux paye l’impôt sur le revenu : ça aussi c’est un symbole fort de notre démocratie, de l’effort « citoyen ». TOUS les Français contribuent à l’effort national ; les uns pour raquer, les autres pour en profiter.

Tibert

(*) La bonne surprise, finalement, c’est qu’il reste un tiers de Français qui évidemment ne payent pas l’ISF mais ont la lucidité de constater l’imbécillité de cet impôt.

Topologie politique et ligne droite (*)

Monsieur Macron (vous savez qui c’est, oui ?) lance un mouvement, c’est le cas de l’écrire, un mouvement, qui se meut, donc : « En Marche ». La marche ça meut. Ni de droite ni de gauche, paraît-il. Aussitôt, cris effarouchés chez les hommes politiques, quolibets, anathèmes : la Gauche et la Droite existent depuis des temps immémoriaux, c’est gravé dans le comblanchien, et ce n’est pas un petit Macron, même pas élu, qui va changer ça ! On lui presserait le nez gnagnagna, va faire tes classes, morveux etc.

Voyons voir : la Gauche c’est quoi ? la Droite c’est quoi ?  la gauche c’est le partage et la liberté, la droite c’est l’ordre et les traditions… à une interro écrite on sortirait plus ou moins un truc comme ça, avec des inflexions, des bémols et des circonlocutions. La gauche rêveuse et inconséquente, la droite réaliste mais cynique . Attention, n’en déduisez pas que la droite c’est l’égoïsme et la servitude, la gauche le bordel et la négation des racines. Souvenez-vous Giscard (la droite bon chic bon genre mais qui sait joueur de l’accordéon) à Mitterand (la gauche aux canines limées) : « Vous n’avez pas le monopole du coeur !« .  Et toc ! ça c’était envoyé.
Bon, et le Macron, là-dedans ? où c’est-t-y qu’y va aller, alors ? eh bien quand vous n’allez ni de droite ni de gauche… vous allez tout droit. Pas con, hein ? Tout droit, sans chapelles, sans credos ni oeillères ni lunettes roses ni les yeux rivés sur le Dow-Jones, sans catéchismes ni lendemains qui chanteront peut-être un jour, va savoir. Tout droit, les yeux grand ouverts, et pas dans le mur, si possible. Pour que ce pays d’avantages acquis, de chasses gardées et de culte de la complexité  fonctionne mieux. Et, si je puis me permettre un conseil : gare aux croche-pattes !

Tibert

(*) Désolé… je sais : »Ligne droite », straigth on, gerade aus, ça évoque la droite. C’est-y ma faute si « ligne gauche » n’a jamais réussi à perçer ? la ligne « de gauche », ça tous les jours, et  à satiété, mais « ligne gauche », non.

Pudiques et chic ?

Les H & M, Uniqlo, Marks & Spencer etc, toutes marques de fringues fabriquées on ne sait pas trop où et payées à coups de lance-pierre dans des pays lointains, se sont avisées que les femmes juives-pieuses (très petit pourcentage) ou musulmanes observantes – soumises vestimentairement à leurs mâles – font un assez joli et volumineux marché. Songeons qu’il y a 4,5 millions de musulmans chez nous selon les statistiques ethniques hélas interdites (chuuut, je vous cite le chiffre off-the-records de la ministre des Droits des Femmes). Bref ces marques se lancent dans la mode « pudique », y a du blé à faire, et qu’est-ce qu’ils en ont à foutre de l’image et de la place sociale des femmes, du moment que ça se vend. Tenez, un des multiples articles qui en traitent, et si vous y tenez, voyez la moisson de réponses sur un moteur de recherche pour « mode pudique« , il y a même des sites islamiques qui vous vantent la chose.

« Pudique », la mode en question  :  ce qui par opposition place les autres créations en position d’impudeur. Femmes impudiques, celles qui osent montrer peu ou prou leurs jambes, leurs bras, leur cou, leur chevelure, leur décolleté, les courbes de leur corps, suscitant aussi sec chez les mâles – ce sont des mâles, le Créateur les a faits comme ça, ils n’y peuvent rien, c’est plus fort qu’eux – d’embarrassantes et volumineuses turgescences dans leurs pantalons… douloureuses, invalidantes et irrépressibles bandaisons… qui dira la détresse du mâle qui bande de voir et ne peut toucher, s’approprier ?

Bref tout ça pour dire, premio, que la ministre des droits des femmes a raison de se rebiffer contre ces « modes » arriéristes ; deuxiémo, que ces marchands de fringues, tous installés dans des pays où les femmes ont conquis leur dignité et leurs droits, ont droit à mon mépris. Mercanti !

Tibert

Tu vas la lire, ma pub, saleté ?!

(Parenthèse liminaire : Mme Cosse, la très récente ministre du logement, projette de faire étendre les encadrements de loyers à de nouvelles grands villes… en voilà une qu’a tout compris, et qui ne travaille pas avec des oeillères idéologiques  😉 mais bon, si tout va bien, acceptons-en l’augure, dans quinze mois maximum elle aura fini de nuire, de plomber encore un peu plus le marché du logement. Fin de la parenthèse).

Mais, revenons à mon sujet : depuis une semaine, c’est l’épidémie, pas un canard-sur-Toile (sauf Libé, allez, Libé est sympa, nonobstant son contenu consternant) qui soit lisible sans ennuis au pluriel. Il faut, me disent-ils tous, que je désactive mon bloqueur de pub, car, paraît-il, il doivent pouvoir m’infliger leurs placards de pub, c’est de ça qu’ils vivent : des placards de pub. Or, ils ont constaté, justement, navrés, que j’utilisais un bloqueur de pub.

Il est vrai que j’utilise ce truc, ce petit module additif à mon « butineur », mon esquif sur la Toile, bref mon navigateur-Internet : un « adblock ». C’est fou comme on navigue mieux avec un adblock, disparues toutes ces tartines colorées, criardes, répétitives de placards (des tartines de placards ! n’importe quoi…) qui envahissent l’écran, tout ça pour me vanter une bagnole, un séjour sous les palmiers, des fringues des godasses des chemises du parfum des grolles des costards des voitures des montres, etc etc. Pourquoi ? d’abord ces panneaux de pub plombent et ralentissent gravement l’affichage des pages, et moi justement mon accès Internet est poussif, car campagnard ; forcément, je n’intéresse pas les opérateurs de réseaux. Et puis j’ai une aversion non feinte pur la pub, c’est lourd, pénible, fatigant, contre-productif.

Donc, le Parigot refuse d’afficher ses pages, le Figaro se met à flouter les textes, Le Monde me culpabilise : ils me demandent instamment de désactiver mon bloqueur de pub ! eh bien, je vais vous dire, je l’ai désactivé pour eux. J’ai cédé – aaahhh se disent-ils, les annonceurs obstinés et invasifs, on a gagné. Oui, ils ont gagné de me faire ch… un peu plus encore : disposition d’esprit particulièrement favorable aux  achats impulsifs, vous pensez bien.

Tibert

Bretons ? oui mais non

Chers z’auditeurs, (« chères auditrices et chers auditeurs« , diraient les hommes-et-femmes politiques), ce que j’écrivais à propos de la « demande » d’aéroport Grand-nantais de la part des Bretons était bigrement vrai, et se confirme haut et fort. Tenez, lisez cette amorce d’article du Monde-Sur-Toile (si vous êtes abonnés (abonnées ou abonnés), veinards (veinardes et veinards), vous le lirez in extenso. Les Bretons (les Bretonnes et les Bretons) le veulent, eux, leur aéroport nantais à NDDL, Notre-Dame etc etc, à vingt-cinq bornes de Nantes. L’aéroport « du grand-Ouest », qu’ils (qu’elles et ils) le nomment, et comme chacun (chacune et chacun, pfff, ça devient épuisant le langage politico-correct, j’arrête) sait, Nantes est bretonne, Nantes « Naoned », le château des Ducs, Anne de Bretagne, Gilles Servat, Fougères et Clisson, etc.

Oups ! chers auditeurs, on me fait signe en régie que, non, Nantes n’est pas en Bretagne. Deux régions en effet ont échappé aux charcutages idiots des Nouvelles Régions :  la Bretagne et les Pays-de-Loire. Nantes, stupidement, reste donc dans cette immuable immobilisme régional « paysdeloirain » de par la volonté absconse (manips politicardes, très probablement) de nos Maîtres Vénérés. Et donc, si Pays-de-Loire il y a, les Vendéens, eux, par exemple, citoyens paysdeloirains s’il en est, n’ont aucune envie que l’aéroport nantais déménage à perpette au nord du fleuve. Que les Bretons ostracistes se fassent, sans Nantes, leur GAB à eux, leur Grand Aéroport vraiment Breton 100 %  pur Breizh à Rennes, Lannion, Brest, Quimper, Morlaix, Quimperlé, Vannes, Redon, Plonevez-du-Faou, Plufur, Le Faoüet, Lézardrieux, que sais-je. Faut avoir un peu de cohérence, tout’d’même ; faut assumer ses choix. Et,  kenavo !

Tibert.

Labeur et l'argent du beurre

Le projet de loi dit « El Khomri » –  voilà un nom de loi qui change des intitulés passe-partout – fait plein de vagues, et c’est bien normal, il s’agit ni plus ni moins que de retoucher un tantinet le Code du Travail, ce code plus épais que le catalogue-papier (*) de la Redoute 1978, lourd comme un âne mort et complexe à souhait, un régal pour les disséqueurs de pilosités fessières et fins connaisseurs, un cauchemar pour l’entrepreneur lambda qui a le projet d’entreprendre, pas de présenter une thèse de Droit.

J’ai tenté de me renseigner sur les évolutions proposées… c’est complexe. Le Monde prend un cas « concret », « Michel », 50 balais, salarié… du secteur privé, au hasard. Notez comme nous nous sommes américanisés – comme on nous a américanisés, moi je n’ai rien demandé – c’est « Michel », pas « Monsieur Dugenou ». « Michel, votre réponse ? c’est votre dernier mot ?  » ; « Michel, que diriez-vous de valoriser votre épargne ? « , voilà comment on nous cause, comme si on s’était tapé sur le ventre à l’âge de jouer aux billes. Mais bon… Michel Dugenou, donc, n’est pas fonctionnaire, et sa boîte… des hauts et des bas… gnagnagna… licenciements… heures supp… prudhommes… compte pénibilité… toujours aussi complexe, mais pas pareil ; il y aurait plus de souplesse, nous dit-on. Ah bon… et les acteurs de s’étriper sur le sujet – touche pas à mon Code, c’est un incunable ! – et les futurs cadres du PS genre UNEF etc… de mobiliser les troupes lycéennes militantes quelque peu désoeuvrées ces temps-ci, pas trop d’os à ronger ni de mousse à remuer : gros chahut donc en perspective, avec débordements ça va de soi, et avec un peu de pathos autour ça durera bien jusqu’à Pâques… jusqu’au Bac, va savoir ?

Un cadre du NPA (Nouveau Patronyme pour lA JCR trotskyste) nous explique sans rire qu’il est stupide de rendre les licenciements plus souples aux fins d’embaucher plus facilement .  Je cite le canard du NPA : « À quoi sert de faciliter les licenciements ? À faciliter les licenciements ! Pas à faire de l’embauche. Ce projet de loi vaut déclaration de guerre à 18 millions de salariés ». Moi qui pensais connement que la rigidité des contrats CDI, CDD actuels décourageait les initiatives d’embauche… j’ai tout faux !

Dix-huit millions de salariés… eh oui, chiffre exact, bravo le NPA, bonne estimation, car il s’agit du secteur privé ! La loi El Khomri, en effet, se garde bien de « déclarer la guerre » aux six millions de salariés du secteur public –  pas fou, non ?

Et pour les fonctionnaires, justement, silence radio… rien. le Code du Travail des fonctionnaires, rien. On continue donc à nous vendre DEUX codes du travail au pays qui proclame l’égalité des citoyens.

Tibert

(*) Pas d’alternative, que du papier, du massif, et avec 28 encarts, bouts de papier, plis pré-timbrés, bons de réduction, offres spéciales, « Oui madame Machut, vous avez gagné cette magnifique Masareti Grand Sport…! » : toute une époque.

le diagnostiqueur fou, encore lui

Vous allez vendre votre logement ? bonne nouvelle, vous allez devoir faire faire un diagnostic de plus. Et vous ne pouvez pas le faire vous même, vous n’avez pas les outils, pas la qualification, vous n’êtes pas neutre, il faudra payer, nananè-reu !
Des diagnostics et mesures, il y en a déjà une belle brochette :

– La surface selon les normes Carrez, ça on peut comprendre. Pourquoi seulement dans les appartements, et pas dans les maisons individuelles ? parce que. Ne posez donc pas de questions oiseuses. Je poursuis :

– L’électricité
– le gaz
– Le plomb
– L’amiante
– Les termites, mais on aura bientôt les vrillettes, les capricornes, les lépismes du sucre, les blattes, les fourmis, les punaises des lits… important ça, les punaises des lits !
– La mérule,
– L’isolation thermique,
– Les risques naturels, miniers et technologiques.

Il y manque encore des trucs, là… il y a certainement moyen, dans le cadre des procédures en cours de simplification administrative, de tirer un peu plus, de gratter quelques taxes, de complexifier encore, après les brillantes avancées de la loi ALUR, cette loi qui plombe lourdement les transactions immobilières. On peut donc en remettre une couche – après avoir laissé le citoyen récupérer un peu, ensuite on presse à nouveau pour en extraire plus de jus. On va avoir droit au diagnostic sur la radioactivité naturelle !

Moi, tout con, je pensais que les « risques naturels » et la « radioactivité naturelle » c’était naturel tout pareillement ? pas du tout, c’est en plus, la radioactivité naturelle elle est naturelle, certes, mais il y faut un diagnostic spécial et indispensable – on se demande d’ailleurs comment on a pu vivre sans ça jusqu’ici.

Mais on a bien les risques miniers ? ah oui on les a, c’est déjà dedans – enfin, c’est écrit… Mais si on y distinguait plus finement ? il y a des mines spéciales… allez savoir… des mines de sel ? de potasse ? la dangerosité spéciale de la proximité des mines de potasse, tiens, ça mériterait peut-être un diagnostic à part ?
On a également à prendre en considération des risques jusqu’ici négligés, tenez, on est loin d’avoir tout raclé, allons-y, c’est fou ce qu’il y a de trucs à mesurer dans un logement :

– La qualité de l’isolation phonique, ou plutôt de l’absence d’isolation phonique – on entend le voisin se gratter sous les aisselles,
– Les risques de décollement des moulures de plafond,
– les risques de dessèchement du mastic des fenêtres,
– les risques de claquage des joints de plomberie,
– les risques d’occlusion de la canalisation des eaux-vannes (en clair : les chiottes bouchées),
– l’état du système de chauffage, chaudière, canalisations, radiateurs,
– l’état des ancrages et la hauteur des rambardes et appuis des fenêtres et balcons,
– les risques de descellement du / des lavabos,
– l’état et la conformité des boîtes à lettres…

J’arrête ; je suis serein et j’ai pleine confiance dans nos zélés et imaginatifs fonctionnaires du Ministère du Logement (durable ? Logement Durable, ça le ferait mieux, non ?), ou des Finances, ou les deux, ainsi que dans la pression amicale mais ferme des entreprises de diagnostics, avec l’appui et la bénédiction des ministres en place : ils sauront trouver de nouveaux contrôles et diagnostics inutiles ou redondants mais coûteux et susceptibles de nous emmerder un maximum – tout en augmentant significativement les délais et les coûts des transactions immobilières, ainsi que l’épaisseur des documents-papier afférents.

Tibert