Referendum est !

En latin le pluriel de referendum ce serait referenda, – merci maître Capello – mais c’est ici une question oiseuse : en France on a tous les ving-cinq ans au mieux UN referendum sur le feu, jamais deux, et c’est quand vraiment on est coincés, que toutes les solutions gouvernementales, autoritaires, politicardes, démagogiques ont été essayées et ont échoué. Allez je vais vous le franciser : « référendum(s) ». Parlons-en donc, et au singulier, comme de bien entendu.
Donc, voyons voir, ce futur référendum unique et exceptionnel, qui doit sortir Normal-Premier du bourbier de la querelle sur l’aéroport grand-nantais. Bonne idée : qu’en pensent les habitants du coin ? Idée stupide : si c’est d’intérêt national, ou même seulement régional, à quoi ça sert qu’on ait un exécutif ? hein, monsieur Hollande, à quoi ça rime ? un gage aux écolos de la dernière promotion ? C’est bien flou, tout ça… Je m’en vais tâcher d’éclairer votre lanterne. Un aéroport grand-nantais à 25 km de Nantes, contre 12 actuellement, pourquoi faire ?

Au fait, oui, pour quoi faire, cet aéroport ? si enfin les Français et nos visiteurs avaient le choix de quitter ou regagner leur pays en vol long-courrier ailleurs que par Roissy, Roissy le cauchemar, ça vaudrait le coup… alors nous aurions, au large de Nantes, un « hub » international ?  hélas ça ne se décrète pas, les compagnies se posent là où ça les intéresse, là où est le marché, et les étrangers s’agglutinent spontanément à Paris. Qu’iraient-ils foutre au large de Nantes, à 400 kms de Paris ? prendre un train pour s’y rendre en deux heures ou plus ? une navette pour visiter la Grande-Brière en barcasse ? la maison natale de René-Guy Cadou ? le Passage Pommeraye ? c’est au Moulin-Rouge qu’ils rêvent d’aller.

Pour les malheureux Rennais qui prennent l’avion à Nantes ? ça leur ferait plus court, ça éviterait de traverser la Loire… sauf que les Rennais ne vont plus guère prendre l’avion à Nantes, ils atteindront Paris par le TGV en moins de 1 h 30 dès 2017. Les Sarthois ? pas concernés, trop près de Paris. Les Angevins ? comme Rennes, Paris est si vite atteint… les Mayennais ? encore plus près de Paris que les Rennais.

Pour les Nantais ? l’aéroport nouveau sera nettement plus lointain, avec des liaisons non encore définies, alors que le tramway les amène actuellement à un jet de navette (courte et gratuite) de leurs avions pour le prix d’un billet urbain. Enfin, les Vendéens sont chauds partisans du statu-quo, ça leur fait bien plus court.

Pour permettre un trafic plus important ? il y a encore boucoup de marge à l’aéroport  actuel avec sa piste unique : voir Genève, et d’autres, à piste unique et qui ont un trafic bien supérieur. Tenez, lisez ça, ça confirmera ce que j’avance, ils sont d’accord avec moi.

Pour éviter de survoler Nantes à basse altitude ? (quant au lac de Grandlieu les jours où les vents ne sont pas de Sud-Ouest : on s’en fiche, ça n’effraie que les aigrettes et les pluviers). Excellente raison, sans doute la seule qui vaille. Eh bien demandons aux habitants de la communauté urbaine de Nantes, c’est eux seuls que ça concerne… qu’ils cochent la case :

– Oui –  ils veulent qu’on éloigne ce putain d’aéroport, pour qu’enfin on ne voie plus les avions faire du rase-toitures au dessus de la Tour de Bretagne ; ça coûtera ce que ça coûtera.

– Non – ça ne les empêche pas de dormir, et les inconvénients (béton à gogo, circulations chamboulées, éloignement, coûts d’accès…) seraient plus importants que les avantages.

Voilà, cher Président…  c’est-y-pas plus clair comme ça ? hein ? heureusement que Tibert, LE-Tibert-le-Chat est là, et qu’il veille.
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Je change de sujet… un joli néologisme, ça vous irait ? je lisais ceci hier dans un bouquin espagnol – ‘L’imposteur’, de Javier Cercas : « Le pire ennemi de la gauche est la gauche elle-même ; c’est à dire : le kitsch de la gauche ; c’est à dire : la conversion du discours de gauche en une coquille vide, en un sentimentalisme  hypocrite et de pacotille que la droite a qualifié de bonisme« . Ce bonisme me plaît, ça dit bien ce que ça veut dire, ça ne dépare pas dans le groupe lexical de la Bonne-Pensée : bien-pensance, bien-pensisme, politiquement-correct, bref le discours culpabilisant à oeillères intégrées. Tenez, je vous en fais un aperçu : C’est 1) la faute de la société ; 2)  ou alors la nôtre ; 3) ou bien les deux.

Tibert

Deadly but sans cannabis, allelouïa

Madame Touraine, la ministre de la Santé, est en visite urgente à Rennes ; urgente : elle vient voir et tenter de comprendre de visu ce qui est arrivé de gravissime lors d’essais médicamenteux sur des volontaires, d’abord en excellente santé, puis très mal en point – un cas en état de mort clinique, quatre autres atteints de troubles neurologiques graves, voire irréversibles… et de tenir aussi sec une conférence de presse sur place.

Les victimes, tous mâles français, testaient un antalgique d’un labo portugais. Pourquoi un labo portugais fait-il faire des essais médicamenteux en France sur nos compatriotes ? il y a chez nous une boîte qui fait l’entremetteuse entre le labo pharmaceutique et les cobayes, et organise les essais… son nom, Biotrial, comme « trial », essai en anglais, ça fait évidemment mieux que « Biotest », « Bioessai », « Bioprova », « Bioprüfung » etc… Cette entreprise installée à Rennes affiche en bien grosses lettres sur sa façade : « Biotrial – Drug Evaluation and Pharmacology Research », et sans sous-titres. C’est sûr que sur le campus de Pontchaillou, ça le fait ! Quel dommage que « Pontchaillou »  sonne  si mal en rosbif.

Tentative d’aller le soir-même sur le site de www.briotrial.fr : erreur !  « Oops! An Error Occurred -The server returned a « 500 Internal Server Error« . En clair, le site ne répond pas… (*)

Tentative d’aller sur http://www.biotrial.com : là ça fonctionne, en anglais oeuf corse. On y lit : « Our thoughts go out to the volunteers and their families. We are working hand in hand with the Health Authorities to understand the cause of this accident« .  Pour les Bretons locaux et les volontaires testeurs qui souffrent en français, si l’on s’adressait à eux en V.O., ça donnerait : on est navrés, on pense bien à vous ; on bosse avec les autorités pour comprendre ce qui s’est passé. Ahhh, ça va mieux.

On est d’autant plus rassurés que madame Touraine a pu asséner, lors de sa conférence sur place, que oui certes, il y avait des cannabinoïdes dans les médocs, mais que non, tout ça ne contenait absolument pas de cannabis ! vous imaginez l’horreur, s’il y avait eu du cannabis dans le bastringue ? foutus ET défoncés ? Mr Jean-Marc Gandon, un nom bien britannique, President and CEO de Biotrial,  chez nous ça serait PDG, vous l’assure en anglais exclusivement dans sa page Web, qu’on atteint en cliquant via « Groupe Biotrial » puis « A word from the CEO » : « … what we do, we do well« . Ce que nous faisons, nous le faisons bien. Et sans cannabis, attention !

Tibert

(*) Note : le lendemain matin le site français fonctionne, mais aucune trace du drame qui s’est joué ; sur la page d’accueil une nana possiblement cobaye vous sourit de toutes ses dents, la vie est belle. Cliquant sur « Actualités », rien qui évoque l’accident dont je vous cause.

Ne confondons pas TTIP et TIPP

C’est un peu délicat, mais, suivez bien : TIPP c’est à propos du pétrole, tandis que TTIP c’est beaucoup plus que le pétrole et c’est quasiment Kafka, pardon, TAFTA. ET si je veux vous écoeurer j’y ajoute froidement le TiSA, le CETA et ACTA, et vous voilà paumés. C’est normal, c’est exprès.

La TIPP c’est la taxe sur les carburants, qui augmente – cette année en particulier – boucoup boucoup plus que la retraite des vieux, mais c’est normal de chez Normal : « y a pas d’inflation« , qu’ils disent, sauf évidemment l’inflation de taxes, l’inflation des taxes, mais ça ça compte pas ; c’est les vieux, qui comptent.

Les autres c’est du commerce, rien que du commerce : TTIP-TAFTA c’est le « Transatlantic Trade and Investment Partnership », alias TAFTA : « Trans-Atlantic Free Trade Agreement ». Du commerce « libre » entre guillemets et entre l’Europe et les USA…

Le CETA c’est le petit frère du TAFTA, c’est le « Comprehensive Economic and Trade Agreement » ; c’est, comme on ne vous l’écrit pas, des accords en discussion avec le Canada. Pourquoi le Canada ? oui, et pourquoi pas le Canada ?

Poursuivons : TiSA c’est le « Trade in Services Agreement », un accord sur l’échange de services – entendez services financiers et bancaires surtout. Et puis ACTA ? ah ACTA c’est pas pareil, c’est « Anti-Counterfeiting Trade Agreement » c’est pour la lutte contre la contrefaçon, les faux Buitton, Locoste… ou les DVD lisibles partout, ce qui est inconcevable (*), vous en conviendrez.

Bref : vous n’entendez pas parler de ces discussions ? c’est voulu. D’abord c’est tout en anglais, donc ça vous dépasse déjà. On fait ça, la Communauté Européenne, là haut à Bruxelles-une-fois, fait ça en anglais derrière votre dos. Et d’une ça vous regarde pas, c’est votre cadre de vie qui est en jeu ; et de deux c’est trop technique, vous y comprendriez rien. Tenez, comment échanger le droit de vendre des fromages au lait cru contre l’importation de volailles lavées à la Javel ? vous voyez bien, ça dépasse vos compétences. Faites-leur donc confiance : c’est pour votre bien.

Chuut ! La Commission Européenne travaille : c’est pour vous !

Tibert 2016, et, au fait… bonne année ! et toutes ces sortes de choses.

(*) Acheter un DVD à San Diego ou Malacca et vouloir le lire chez vous à Brioux-Les-Gonesse ? ce serait scandaleux, donc c’est pas possible. Faut pas acheter ailleurs que chez vous, c’est très très vilain.

Le nez quart-de-Brie

En ces temps d’urgence d’Etat ou inversement, un peu de légèreté ne nuit pas. Nous avons tous besoin de penser à autre chose qu’à des rafales de Kalach’ en devanture des rades, canis, troquets et bistrots, transformant le « jaune » , Casa , Pernifle ou 51 en tomate, le petit blanc en kir et le gin-tonic en bloody-Mary sans Tabasco. Et tiens, en voilà-z-une qui est à la fois grave et légère, et odorante.

Le Prince de Galles, Prince of Wales, héritier du trône Grand-Breton quand sa mère voudra bien lui laisser l’escabeau pour y monter, Charles, donc, 67 ans aux prunes – j’ai la faiblesse de le trouver humain, à notre portée, en quelque sorte – a reçu une médaille française, le Prix François Rabelais, pour son engagement en faveur des produits authentiques, du terroir. Il a donc reçu son hochet, et s’est fendu d’une vibrante apologie des Maroille, Boulette d’Avesnes, Reblochon, Epoisses etc : c’est une ode lyrique au vrai fromage, le fromage au lait cru, qui respecte la tradition, qui a du goût, pas du Bêle-des-Prés gras-plâtreux ou du Saint-Croutin blême, inerte et fabriqué à la chaîne en usine, que le Prince Charles a prononcée, une ode alarmée : qu’adviendra-t-il de ces merveilles dans un monde où l’épuisement des sols, les manipulations génétiques et les fourches caudines du Tout-Sécuritaire nivellent et javellisent tout, même le sinistre PAC, le Poulet-Prêt-A-Cuire ?

Je le cite, avec traduction : « Dans un futur génétiquement travaillé, évolutif et sans microbe, quel espoir y a-t-il pour la traditionnelle Fourme d’Ambert, la meule de Gruyère de Comté ou l’odorant Pont-l’Evêque ? ».

Il a raison, son Altesse, et je le soupçonne d’avoir, par délicatesse envers les froggies, omis ses ouailles tels les estimables Stilton, Lancashire et autres Cheshire – bon, il n’y en a pas 250, mais une bonne dizaine d’excellents. Eux aussi sont en péril et menacés par le pseudo-cheddar indifférencié, industriel et blafard – sauf quand on le colore au carotène.

Il n’a pas que des oreilles, Charles, il a aussi du nez, du bien né, et nous le prouve, au cas z’où.

Tibert

Trois petits tours d'entourloupette

J’ai reçu il y a peu et payé aussi sec – « aussi sec » : marrant, pour de l’eau, non ? – la facture d’eau de mon petit bled. J’avais les sous, et cette eau est peu chère, excellente et fraîche, c’est rare… c’est la Communauté de Communes qui nous envoie les avis (archaïque, le système, par courrier, et il faut faire un chèque, le poster ou aller payer chez Mon-Trésor-Public aux heures ouvertes au public, justement, quand on nous rebat les oreilles de modernisation…). Mais bref : on reçoit tout aussi sec une circulaire du maire disant « Ne payez pas l’eau ! il y a une erreur sur les dates, on a bloqué la facturation et ce sera refait plus correctement. N’envoyez pas vos chèques !« . Et vous savez quoi ? on m’a renvoyé mon chèque, c’est une première. J’attends de pied ferme la facture revue et corrigée. Mais ça fait désordre, non ?

Dans le même genre, mais à une échelle nationale, voyez ce ramdam qui a lieu avec la mesure prise sous Sarko I (si Sarko II il y a, ce qui nous pend au nez, eh bien on fera avec faute de mieux – soupir…) concernant la « demi-part des veuves« . Mal nommé, ce truc, qui concerne aussi les veufs et les personnes seules. Sous Sarko I on a voté la disparition progressive de cette faveur, de cette fleur électorale, disparition consommée depuis 2014. Bien… le PS était au courant, ils y étaient, les Sapin, les Valls, les Hollande, au parlement en 2008, ils sont réputés avoir assisté aux débats sans roupiller. Et voili-voilà que les retraités concernés qu’on assaisonne maintenant plein pot sont furieux, et les Régionales c’est bientôt, et aïe aïe aïe ils vont mal voter, les retraités !…  alors, panique à bord, « Si vous n’avez pas encore payé, ne tenez pas compte des avis reçus« . Et bien entendu le Ministre des Impôts fulmine contre Sarko, « c’est sa faute, vous vous rendez compte on en est encore 4 ans après à déminer ses conneries« . A d’autres, cher ami : vos services ont foiré, vous étiez au courant, manque d’anticipation, amateurisme, et panique électoraliste. Pas fameux…

Pour finir, encore des histoires d’impôts… la taxe d’habitation. Un de mes lecteurs habitant une grande métropole du Midi me soumet sa tristesse déçue : il a voté en 2014 pour le nouveau maire, dissident PS, qui promettait-juré-craché qu’il n’augmenterait pas, lui, les impôts  locaux, vu qu’ils étaient déjà à un niveau insupportable, résultat d’embauches massives et irresponsables – électoralistes en fait – de fonctionnaires territoriaux sous l’ancien maire, et d’un endettement périlleux. Et ce pauvre homme de me citer ses chiffres pour la taxe d’habitation:

  • Pour une base de 100 € en novembre 2013,
  • 100,80 € en novembre 2014 (+0,8 %), les élections municipales étant intervenues en Mars. Indolore, 0,8 %, correct.
  • 114,90  € en novembre 2015 : +14,9 % sur 2013, et +13,6 % sur 2014.

Voyez, écrit-il accablé, 13,6 % de hausse des impôts locaux en un an depuis qu’il est élu « stop aux hausses d’impôts », ce monsieur. Et j’ai voté pour lui…

Eh oui, tout le monde peut se tromper. L’homme est faillible, et le politicien, insubmersible.

Tibert

 

Sur sûr de sûr

Un semi-remorque grumier – sans grume – qui pour une raison inconnue se plie en « portefeuille » et en travers d’un virage masqué sur une petite route sinueuse du vignoble libournais, un autocar de retraités du coin tout juste parti en virée vers les Landes et un « graillou » prometteur et programmé largement à l’avance, et plus de 42 morts : route trop étroite et en pente, choc violent, incendie immédiat… bref on en saura plus bientôt sur le pourquoi de ce camion en travers au mauvais endroit au mauvais moment.

Monsieur Mamère, le maire de Bègles – pas bien loin du Libournais – et coutumier des positions et postures à rebrousse-poil, a mis en cause la loi Macron dans ce drame : ce serait la faute à la libéralisation des transports en autocars !… sauf que les virées en autocars Troisième-Age à prétexte gastronomique, culturel, touristique, religieux… ça se pratique depuis que les autocars existent, bien avant que monsieur Macron ait vu le jour. Monsieur Mamère a ainsi perdu une occasion d’éviter de dire une ânerie, dont la logique conduirait d’ailleurs à mettre sur le dos de monsieur Stephenson tous les accidents ferroviaires, monsieur Ader se chargeant des crashes d’avions, etc.

Mais monsieur Mamère dit par ailleurs des choses plus sensées, et là je le rejoins : notamment que les routes secondaires, qu’on néglige au profit des grands axes et eux seuls, devraient être plus « secure » (c’est lui qui a semble-t-il mis des guillemets, vous voyez, avec le geste des deux majeurs et index joints faisant les crochets en l’air). Il est clair – mais chuuut, les morts c’est officiellement la faute des seuls chauffards et de la vitesse, cette salope – que des tas de points noirs sont connus pour provoquer des accidents sur nos pittoresques, étroites et sinueuses routes départementales. Justement, LE virage des 42 morts en était, « bien connu des services de la DDE » : il avait déjà provoqué des drames. Mais élargir le virage, l’arrondir, y mettre des miroirs pour y voir ce qui vient (ça se fait beaucoup en Suisse et en Allemagne, par exemple), ça n’intéresse pas les décideurs en la matière, plus désireux d’investir dans de nouveaux et rutilants ronds-points à leur gloire (les mairies ? les DDE ? autre ? ). Combien ça  coûte deux miroirs convexes placés judicieusement pour voir l’intérieur du virage en face ? combien ça coûte quarante-deux morts ?

Voilà… mais je reviens sur les guillemets de monsieur Mamère : secure. Ce n’est pas français, en effet ; c’est du rosbif, secure. Qui veut dire sûr (sans risque). Le problème c’est que « sûr » a chez nous deux fois deux = quatre acceptions, si l’on pinaille sur l’accent circonflexe. Sur : par dessus ; sur comme un fruit un peu fatigué (une pomme sure…) ; sûr : certain ; sûr : non risqué. Evidemment l’accent circonflexe ne s’entend guère, pour ajouter à la difficulté – il ne reste que le contexte pour comprendre. Et puis l’inflation verbale veut qu’on utilise des mots longs pour dire des choses importantes ; sûr c’est sûrement trop court ! bref sûr a du plomb dans l’aile, et on entend ici et là l’affreux secure (sûr = sans risque) ou sûr et certain (pléonasme !), pour signifier sûr = certain.

Que faire ? nous sommes coincés derrière un adjectif très polysémique et trop court. Il y aurait bien l’expression québecoise sécuritaire, utilisé pour sûr = sans risque. Je vous la propose ? à Montréal ça ne pose aucun problème. « Cette rambarde est très sécuritaire« . Ici, ça va hurler, la gauche va s’enflammer : tout ce qui est sécuritaire est liberticide, c’est bien connu, et l’ordre moral n’est pas loin. Des bruit de bottes, c’est sûr.

Tibert

Authentique transversalité aéroportuaire

On ne peut que déplorer – moi, en tout cas – la perversion des thèses écologistes à travers les dérives des (ex)-dirigeant(e)s EELV du côté des Mélenchon and Co. Charger de tous les rejets de gaz méchants et délétères, de toutes les pollutions nocturnes et diurnes – 1) le grand capital, 2 Les centrales nucléaires, 3) Les moteurs Diesel, surtout ceux de Volkswagen qui en plus ont le culot de bidouiller les chiffres, c’est pousser un peu loin le bouchon : qu’on se souvienne que l’un des plus grands pollueurs de la Planète fut, en son temps, la défunte RDA, République « Démocratique » Authentiquement marxiste, du moins sur le papier. Et puis s’il faut réfléchir à, et promouvoir la « décroissance », idée verte et qui me plaît en ce qu’elle appelle à plus d’intelligence créatrice et de responsabilité, force est de constater que les rares pays à modèle plus ou moins vaguement marxiste n’en ont rien à foutre, de la décroissance verte. Ils produisent un max, ils polluent, et après eux le Déluge.

Bon, mais pourquoi je me lance là-dedans ? parce que je lis dans le canard ici référencé que le FN, là, le parti de madame Le Pen, est maintenant arrivé lui aussi à la conclusion, comme moi et les écolos, que l’AyraultPort, le projet de Notre-Dame-Des-Landes-Aéroport, c’est une ânerie, pour rester poli. Non certes une ânerie pour les bétonneurs-bitumeurs, eux ils seraient vraiment pour, et sûrement pas dans la perspective d’une décroissance verte. Ils vous y mettraient des ronds-points à vous filer le tournis, des places de parking payantes et bordées de jolis traits blanc, des escalators et des tapis roulants, des tarmacs et des barrières automatiques, des navettes et des chariots à bagages. On le sait, un aéroport c’est moche, stressant – voire carrément hostile, tel Roissy – mais d’aucuns s’entêtent : celui de Nantes-Bouguenais ne leur va pas, même sérieusement amélioré, ils en veulent un autre plus gros, plus stressant, plus énergivore, plus loin de la ville, y acheminer des bus, des navettes, des taxis, exporter le béton bitumineux dans les champs de betteraves, mais, et là est le truc, à portée de bagnole des Rennais, ces malheureux qui n’ont droit qu’à un aéroport de sous-préfecture et s’en désolent.

Bref : Le FN rejoint l’avis commun, qui est que ce projet d’aéroport est à poubelliser, au profit 1) de la modernisation de l’actuel, très loin d’être à saturation ; 2) d’investissements plus utiles, comme par exemple des « autoroutes numériques » qui actuellement font défaut.

Bon, il y a des nuances ; les Verts ont pour les « zadistes », ces individus hirsutes et fabuleux qui occupent le terrain convoité par les bétonneurs, les yeux de la compréhension, sinon de la connivence.  Le FN, non. Mais zadistes mis à part, l’écologie ratisse large, de Cécile à Marine : preuve qu’elle est traversante quelque part, l’écologie.

Tibert

 

 

Hibou, caillou, genou, chou, joujou, époux

Monsieur Bill (Robert, donc) Gates Jr. est paraît-il à la tête d’environ 70 milliards d’euros (ou plutôt en équivalent euro ; on espère pour lui qu’il a diversifié son portefeuille), « une fortune qu’il doit à son bijoux, Microsoft qu’il a fondé« . Je cite là la légende d’une photo dudit Bill Gates, ou plutôt de sa tête, vu que ses doigts de pieds ne permettent pas à eux seuls de le reconnaître ; photo fournie par Le Figaro-en-Ligne dans un article sur le « Top 10 des plus riches de l’Histoire ». Bill y côtoie Staline, Rockefeller et consorts.

Soixante-dix milliards d’euros c’est une somme difficile à appréhender, et pour tout dire aberrante pour un ménage. Combien ça peut-il représenter de paquets de 500 gr. de spaghetti Pandani ? (*)  (**) les sens défaillent…

Eh bien le Figaro vous le dit : c’est la valeur de son bijouX. Avec un X, pour marquer combien ce bijouX est cher, et lui est cher. N’aurait-il eu qu’un seul bijou que ça le déprécierait fichtrement. Pour un homme, on le sait depuis Jean Todt (l’ex-Chef des courses chez Ferrari) et surtout Jacques Seguéla le communicant, LE bijou-ou sans X de l’homme c’est sa montre ; l’homme se doit d’arborer une flamboyante, clinquante et rutilante Bolex à son poignet, notamment s’il a atteint la cinquantaine.

Bon, on ne va pas en faire des caisses (de bijoux), mais je me souviens avoir ânonné sur les bancs de l’école « Bijou Caillou Chou Genou Hibou Joujou Pou prennent un X au pluriel.  » Des clous (avec un S) ! ça ne s’apprend plus sur les bancs des écoles de journalisme, ni même sur les bancs des écoles de correcteurs de textes. Ils nous l’ont collé au pluriel d’office, le bijouX de Gates. Effectivement ça fait sens : avec 70 milliards d’euros on peut s’acheter, la cinquantaine venue,  des paniers de montres.

Tibert sans X

(*) à 0,9 euro / paquet, ça fait 700 10 e9 /9 = 77,77 milliards de paquets de spaghetti (ou de linguini, ou de pipe rigate, ou de penne…) : de quoi voir venir.

(**) Contient du gluten.

Quand Clausus rencontre TDCSP

Deux petites choses – je n’ai pas trop le temps, là, très occupé par des tâches très physiques. Vraiment très physiques.

Premièro : Tenez vous bien, vous qui comme des millions de porteurs de binocles français (les binocles, elles, sont chinoises) devez attendre 3 mois minimum pour pouvoir consulter un médecin ophtal »mollo »giste, vous qui supposez que le Grand Numerusse Closusse Médical en est la cause pour éviter aux toubibs de voir leurs revenus mensuels baisser… vous avez tout faux. Car la profession des ophtalmos (à travers le témoignage d’un lecteur du Monde-Sur-Toile) beugle que c’est le Ministère qui serre les chiffres, qui raréfie la profession,  alors qu’eux ne cessent de réclamer du renfort. On va où, là ? qui au Ministère de la Santé sabote la santé oculaire des Français ? Je vous pose la question. J’ai bien une idée : ça coûte cher les ophtalmos et les lunettes, et si les consultations sont difficiles à obtenir donc rares, ça coûte moins… tant pis pour votre glaucome, madame, votre presbytie ou pire, votre DMLA, monsieur.

Deuxièmo : Vous avez sûrement vu cette histoire d’un braqueur à main armée, mutirécidiviste, qui étant parti en permission, n’est pas rentré à sa taule de résidence ? le gars en question est mort, hélas pour lui, car il a entrepris aussi sec un N+1 ème braquage à main armée, braquage qui a foiré… échange de coups de feu avec la Police, il a blessé très grièvement un flic, mais en retour a pris un pruneau dans le buffet – ce sont les risques du métier (les journaux ont pudiquement tu son nom, ça ne vous servirait à rien, pas vrai ? (*). Ce que les journaux nous disent, c’est que le gars – qui au passage était fiché « S » comme Salafiste, donc islamiste radical, était « Très Défavorablement Connu des Services de Police », TDCSP.  Je ne puis m’empêcher de rapprocher ce classement avec celui de l’Educ’Nat’ et sa nouvelle notation ABCDE : les malfrats c’est assez rustique, « Défavorablement, Très Défavorablement… Très Très peut-être ? (les « Favorablement Connu » sont rarissimes). On pourrait suggérer à la Police d’adopter la notation Educ’Nat’, nettement plus concise et nuancée, A++, C-, etc.

La taule c’est gris, c’est triste, les petits délinquants y apprennent le grand banditisme, etc… nous savons tout ça. C’est moche, soit. « Y a qu’à » faire des prisons moins glauques, comme dit l’autre. La prison-punition, la prison-rédemption on  veut bien, warum nicht (**), mais d’abord, et c’est là une évidence qu’il faut rappeler, la prison est là pour empêcher les malfrats de nuire : au trou, on ne braque plus. Or ils partent en permission, les braves petits, on les envoie prendre l’air, les TDCSP. Angélisme, quand tu nous tiens…

Tibert

(*) Il y a encore quelque temps, l’ennemi public N° 1 s’appelait Jacques Mesrine. Aujourd’hui ce serait monsieur X (son nom ne vous servirait à rien), Très Très Très Défavorablement etc.

(**) Why not, pour les anglophiles.

Quoi qu'il arrive, si (bémol)

Sans aucune préoccupation électoraliste pour 2017, et dans un élan de sollicitude et d’affection pour les Français qui souffrent sous Bercy, notre Grand-Chef Normal vient de nous annoncer d’excellentes perspectives, dans le genre « demain on rase gratis ».

Jugez plutôt :

1) de nouvelles baisses d’impôts seraient envisagées «si la croissance s’amplifie en 2016».

2) une baisse d’impôts interviendrait « quoi qu’il arrive en 2016 ».

Voyons voir, voyons voir… donc de toutes façons nos impôts vont baisser en 2016 ? c’est bien ça ? de combien ? de 20 % ? de 0,02 % ? advienne que pourra, ça va baisser, foi de Normal ; acceptons-en l’augure.

Et, divine promesse, deuxième chance au grattage, si la croissance s’amplifie, on envisagera de les baisser encore plus, les impôts. Notez bien, ça ne mange pas de pain, d’envisager. Moi j’envisage de devenir beau riche et bien portant ; acceptons-en l’augure.

Tibert

PS : je lis ça dans « Le Parigot » : « Le touriste français pingre comme c’est pas possible » : et de nous enseigner que, si à l’étranger le pourboire est souvent indispensable au pauvre serveur (Italie, USA, et plein d’autres), en France « le service est compris », oui certes mais « le pourboire est apprécié« . Et que le Français est radin de chez Radin. Moi je vous le dis : quand des amis étrangers viennent chez moi, je leur explique bien clairement qu’il est malvenu, incongru, déconseillé de filer un pourboire : le service est compris, nom de nom : on a déjà donné ! et ces malheureux étrangers, avec leurs pourboires, donnent de très très mauvaises habitudes aux bistrotiers et restaurateurs de par chez nous. La preuve, maintenant après le service il leur faut un pourboire. Le beurre, l’argent du beurre, et avec le sourire, en plus ?

(fin du PS, je sais, il était un peu long mon PS, mais bon vous comprenez bzzzzzz bzzz blahblah cause cause…)