C'est la pause

On va donc pouvoir tirer le casse-croûte du sac de gym’, s’asseoir sur le bidon de peinture après avoir mis la fraiseuse en veille et donné un coup de chiffon sur l’établi : c’est la pause. Camembert, flûte fendue en deux, sauciflard, quiche froide, que sais-je ? on peut souffler, on a le droit.

Après ? après la pause, évidemment, au coup de sifflet ou de sonnerie électrique, on remettra ça. C’est réglé comme du papier à musique – en musique aussi, après la pause ça repart, pareil, on reprend le thème.

Tenez, Normal-Premier nous l’octroie, la pause. Interviouve au Monde : « Grâce à l’engagement de substantielles économies, le temps est venu de faire – plus tôt qu’il n’avait été prévu – une pause fiscale« . Entre parenthèses, petit sondage du Figues-haro sur la question : Vous y croyez, vous, à la pause du Père François ?

– Oui : 5 %

– Non : 95 %

Bon, on ne va pas cruellement commenter ces chiffres, tout en nuances. Juste remarquer, hein, remarquer, que la « pause » c’est pour souffler avant de repartir de plus belle. Le dentiste qui vous charcute une molaire : vous gigotez sur votre fauteuil, bavant, hagard et poussant des cris inarticulés… il arrête sa chignole, « on va faire une petite pause, rincez-vous la bouche« … et ensuite il remet ça ! forcément.

En fait de « substantielles économies », c’est l’économie d’une vraie réforme de la retraite et de ses inégalités honteuses que notre courageux gouvernement a faite : mesurettes mesurettes, je te rogne un pouième par ci, je t’élague une bricole par là… ça tiendra bien jusqu’à l’année prochaine, ne fâchons personne.

Bon, je disais ça, c’est juste pour meubler, en attendant la reprise (des hausses d’impôts-et-des-taxes), après la pause.

Tibert

Humour vert-carbone

On l'applaudit bien fort
" C'est pas un impôt, c'est une taxe ! "

C’est sur cette délicieuse saillie du ministre écolo Philippe Martin que son auditoire a manifesté son hilarité, comme vous pouvez le constater sur la photo. Madame Joly, à l’extrême-gauche (!), reconnaissable à ses bésicles vert-gazon, est en partie cachée par l’invitée du jour, la ministre de l’Incarcération-Qui-N’est-Pas-La-Solution, mais elle se marre itou, soyez en sûrs : elle est bien bonne.

Il est irrésistible, monsieur Martin, qui fait son modeste – on voit qu’il a la blague pudique, toute en retenue. Mais si mais si, elle est excellente, monsieur l’imaginatif ministre de l’Ecologie, cette blague sur la nouvelle ponction « carbone » que vous nous avez concoctée. Il y a vraiment de quoi se fendre la margoulette ; d’ailleurs mesdames et messieurs Joly, Taubira, Duflot, Canfin apprécient et tiennent à le manifester, ah ah ah.

Bref, à Marseille aux journées écolo, entre deux rafales de Kalachnikov, on s’amuse bien.

Tibert

Pièces rapportées : rapportez-nous les pièces

Les premières dames, officielles, officieuses, crypto-secrètes ou subrogées donnent lieu à des frais à nos frais : nous le  savons tous, et c’est si vrai que la prochaine élection, l’orientation politique, j’oublie, et je vote pour un / une vrai(e) de vrai(e) célibataire endurci(e), et qui ne fréquente que subrepticement et occasionnellement les putes ou les gigolos, ne partouze pas au Carlton ni ne planque un(e) concubin(e). On fera plein d’économies, on redressera le pays.

Tenez, monsieur Mitterand : il entretenait un chien ; un assez gros chien, tout de même, pas un chihuahua, et nourri par les cuisines de l’Elysée. Bon, les restes de la cantoche gastronomique devaient largement suffire, mais les frais de véto ? hein ? on y pense aux frais de véto ? ; de plus, on a fini par le savoir, outre le clébard, une liaison discrète et aux petits oignons, et une crypto-fifille, rien que ça. Et encore, va savoir… c’était la face cachée en surface de l’iceberg.

L’actuel Normal-Moi, lui, est un célibataire endurci – même avec Ségolène, et pourtant, hein, Ségolène… il n’avait pas craqué, ni bague de fiançailles ni repas de noces au Grand Hôtel de Tulle – mais pour la télé et la ville il a une copine, assez officieuse pour ne pas figurer en ménage sur sa déclaration fiscale d’ISF, assez officielle pour disposer d’un bureau au Château,  et jouer assidûment la Première Dame, à croire que c’est elle, ma parole, ou alors elle joue bien.

Pourquoi je vous cause de ça ? les femmes ça coûte, c’est connu, c’est normal, depuis ce grand niais d’Adam, mais là on a une histoire de site internet pour l’ex-Première, madame Bruni-Sarkozy. La Toile bruit d’un chiffre :  410.000 euros pour la construction et le fonctionnement d’un site internet,  Carlabrunisarkozy.org. A ce tarif là, évidemment, on peut presque se payer la centrale de commandes en ligne de chez Ah-Ma-Zone, une salle informatique façon bunker, clim’ redondante, groupe électrogène redondant, serveurs redondants, équipe de hot line 24/24/7/7, tout ça : c’est un site stratégique, quoi. Disponibilité 99,999 %, maintenance toutes les nuits entre 2h35 et 2h47, bref le top.

Et alors, 410.000 euros, c’est boucoup ? oui c’est boucoup. Et il y en a, sur la Toile, qui réclament que l’ex-Première-Dame fasse un don de la même valeur à de bonnes oeuvres. C’est une idée qu’elle est excellente, je trouve – si du moins il est avéré que ces 410.000 euros c’est nous qui les avons financés avec nos impôts. On pourrait d’ailleurs élargir cette initiative à d’autres dépenses jugées un tantinet excessives.

Je vais vous dire : à ce train là, on va exploser les compteurs de générosité envers les bonnes oeuvres. Le Téléthon, enfoncé. Reste à créer une nouvelle et très utile Bonne Oeuvre : la FPRDF, la Fondation Pour le Remboursement de la Dette Française : je me sacrifie, j’assure la présidence, si vous voulez bien. J’attends vos dons.

Tibert

Berçeuses en duo

La Cour des Comptes, chose étonnante, dit comme moi ( bande de plagiaires ! ) :  il faut réduire la voilure administrative, monsieur Moi-Président, au lieu de nous infliger de nouvelles taxes  « indolores » tous les deux jours, n’est-ce pas madame la Ministre de la Culture ? eh oui, la voilure, les armées de fonctionnaires, dont une faramineuse quantité, incontrôlable, dans la Fonction Territoriale.

Conformément à la logique politicienne, Normal-Moi ne veut pas suivre les avis de la Cour des Comptes. D’abord, nous touchons là au coeur du coeur, au noyau dur de l’idéal social et socialiste français : la Fonction Publique, l’incarnation du bonheur de travailler pour le bien de tous. La défunte Allemagne de l’Est voulut se faire le laboratoire et la vitrine européenne de cette radieuse chimère : tous fonctionnaires ! on sait ce que ça devint, entre la Trabant qui fumait bleu, le désastre écologique et la Stasi qui espionnait tout le monde.

Non, Normal-Premier ne suivra pas les avis de la Cour des Comptes, et la deuxième raison – la vraie raison, car les credos du socialisme et le naufrage de la RDA, il s’en fout, lui – c’est que ce serait se mettre à dos tous les fonctionnaires, leurs syndicats – les seuls qui aient quelque épaisseur et des moyens – et c’est beaucoup trop dangereux pour lui et ses amis. C’est sa base électorale, la fonction publique ! c’est le poumon et le moteur et la raison de vivre du PS, et vice-versa.

Mais… quand le Premier Violon joue sa partition « non non non », le Deuxième Violon, lui, joue le contrechant « mais si mais si », ça fait une mélodie plus riche, et la musique adoucit les moeurs des Français usés d’être tondus. On a donc entendu le Premier Ayrault affirmer, juste avant François Premier, que, si si, on suivrait les conseils de la Cour des Comptes, car elle a bien raison. Manière de faire passer la pilule du gel du point d’indice.

C’est beau la politique, on dirait de la musique.

Tibert

Allumez tout !

Un fait qui m’était inconnu, et que je découvre, et que, donc, lecteurs et lectrices estimables et estimables, je vais vous faire partager, car vous le valez bien : dimanche dernier, les grossistes en électricité ont payé pour vendre leur production ! en clair, le Mégawatt-heure se négociait à – 41 euros. Ah bon ? Ouais, MOINS 41 euros.

Et, comment se fait-ce ? est-il possible ? eh oui c’est possible, car les énergies « propres » (propres mon oeil !) l’éolien, la dynamo branchée sur la cage rotative du hamster, le photovoltaïque… sont obligatoirement achetées en priorité. Et comme dimanche, il faisait chaud, soleil et venté, que les entreprises ne tournaient pas, etc… il y a eu surproduction d’électricité, et comme on ne sait pas la stocker… ne sachant pas qu’en faire, on a eu des prix dissuasifs – pour le vendeur – c’est-à-dire négatifs !

C’est idiot, n’est-ce pas ? d’abord, parce qu’en fait, on sait très bien stocker l’énergie – électrolyser l’eau pour produire de l’hydrogène, par exemple. Ensuite parce que c’est tout bête, si on fait appel à notre légendaire civisme : si vous et moi nous allumons nos fours et nos lustres, faisons chauffer nos fers à repasser, monter et descendre inutilement nos ascenseurs, circuler nos trains électriques pour rire etc…  ça va en consommer, du jus ! et du coup, plus de prix négatifs du Kilowatt-heure.

Reste que ça nécessite qu’EDF fasse un petit effort : dans ces situations spéciales, inverser le compteur électrique, et nous rétribuer au lieu de nous facturer notre consommation. Logique, non ? on lui  fait faire des économies. Le fin du fin, le beurre bien beurré et l’argent du beurre, c’est si vous avez des panneaux photovoltaïques sur votre toit : 1° il fait beau, et vous vendez vos kilowatt-heure solaires à EDF plein pot, tarif fixe et subventionné, 2° vous consommez du courant en pure perte pour aider EDF à écouler ce courant, 3° EDF vous paye pour ça !

C’est beau, l’écologie, non ?

Tibert

Je vous en demande, des statistiques, moi ?

Je n’ai pas trop le temps, là. Vite fait, alors ? allez, vite fait, c’est une information marrante, et qui vaut la peine de gratter fissa fissa un petit billet – sinon ça va faire une carence de billet.

Vous savez que la ministresse de la fonction publique, madame Lebranchu, a supprimé le seul « jour de carence » qu’on avait méchamment infligé aux fonctionnaires en cas de maladie – histoire de faire semblant de les rapprocher, les fonctionnaires, des travailleurs ordinaires : « injuste, inutile et inefficace« , disait la ministresse à propos de ce jour de carence. Disposition passée à la trappe, donc, allez on oublie le jour de carence.

Mais voyez : le jour de carence a fait chuter de 43 % et des pouïèmes le nombre de journées uniques d’arrêt-maladie dans la fonction publique territoriale. Soit, sur 10 arrêts-maladie d’une journée, 4 en moins. Pas mal, non ? alors, ce jour de carence, inutile, inefficace ?

Mais ce qui est rigolo, ou tragique, c’est selon le point de vue, c’est que le nombre d’arrêts-maladie de longue durée a, lui, fortement augmenté ! franchement, tant qu’à être malade et perdre un jour de salaire, autant que ça vaille le coup, non ?

Tibert

Ravel, le petit trot et les CRS

C’est en résumé un mauvais jeu de mots, un jeu de mots laid : « six bourres »…

Ciboure, bien sûr, bon sang ! je me souviens, nous fûmes ma petite famille et moi, il y a 2 ou 3 ans, en novembre à Saint-Jean-de-Luz. Et, le croirez-vous, nous eûmes un été indien et basque, basque mais indien, un temps délicieux, ensoleillé, doux, et sec !

Bref nous en jouîmes – le passé simple de « jouir », je vous raconte pas, il vaut mieux jouir au présent de l’indicatif ! – nous en profitâmes un maximum, et, à cette époque adepte du la course à pied (le jogging, le footing, bref en français et à mon allure, le trot, ben quoi, il n’y a pas que les chevaux qui font du trot), donc, trotteur,  je me régalais à faire l’aller et retour jusqu’au bout de la jetée à Ciboure, sur la bande de terre en face de Saint-Jean. Parcours aéré, sauf à la traversée de la Nivelle (*) sur le pont quasi toujours embouteillé, parcours plat, iodé, coloré, pittoresque, bref le pied.

On passe ainsi, trottant, devant la maison natale de Ravel – salut Maurice ! – qui a rejoint son infante défunte, on suit le muret qui longe la plage et les rochers sur l’océan, en veillant à contrôler son souffle et ses foulées, et immanquablement on passe devant un minibus de CRS.  Bon… pourquoi pas ? il doit y avoir une raison… le lendemain, même scénario, et le surlendemain, etc. Il y avait toujours un véhicule de CRS garé sur le quai, face aux baraques bourgeoises alignées à Ciboure devant la baie. Ils n’étaient pas six, mais 3-4 généralement, si mes souvenirs sont bons.

J’avais zappé ces constatations, supposant que la maison natale de Ravel avait un intérêt insoupçonné, que l’on surveillait une planque, que… bref j’avais oublié Ciboure. Et ce matin, ouvrant mon journal internet, que vois-je ? l’illumination ! la révélation. Je vous le donne en mille : c’est la résidence temporaire de madame Michèle-Alliot-Marie à Ciboure qui est ainsi chouchoutée.

Ce genre d’informations ressort maintenant, un peu partout… tiens, pour vous faire une idée de ce que ça nous coûte, allez voir ça, on vous donnera des détails. Devant le tollé que ça provoque – avec nos impôts, en temps de vaches maigres, tout ce fric, et l’insécurité etc etc… – on apprend, ce matin, que Michel Charrasse, du Conseil Constitutionnel, l’homme au gros cigare, aux doubles lunettes carrrées et aux bretelles, vient de se voir priver de ses gardes du corps à Puy-Guillaume, commune tranquille de l’Est auvergnat. Justifiant ce traitement de faveur, il déclarait ne pas s’être fait « que des amis » lors de sa vie gouvernementale…

Et moi alors, avec mon blog impertinent, voire irrespectueux, où sont-ils mes gardes du corps ?

Tibert

(*) et non, ce n’est pas la Bidassoa, j’ai vérifié.

Eh non c'est pas pareil !

On entend d’étranges choses à la radio.

On y entend que le gouvernement, plutôt que de limiter son train de vie et celui de l’Etat par la même occasion (*), cherche au fond de nos poches les picaillons qui y seraient restés coincés.

Politique familiale, retraites, taxes, cotisations, tout est bon pour faire un peu de blé, d’argent de poche pour permettre de continuer à flamber, là-haut.

Mais v’la-t-y-pas, qu’une Conseillère d’Etat remet un rapport sur les pistes de réforme des retraites pour permettre d’équilibrer valablement, pérennement, les budgets des différents régimes… et, le croiriez-vous, elle évoque, dans sa candeur et son inconscience, l’allongement aux 10 meilleures années – les dernières, en général  – au lieu des 6 derniers mois, de la  base de calcul des retraites du Secteur Public.

Réaction des syndicats du Secteur Public ? « c’est pas possible », « si on nous cherche on va nous trouver », « casus belli »… et un délégué F.O. (du secteur Public, évidemment) de découvrir : « c’est pas du tout du tout pareil » !

On est contents de l’entendre dire, mais à vrai dire on s’en doutait un peu. Ce n’est donc pas pareil, les 25 meilleures – ou moins mauvaises – années, et les 6 derniers mois… et c’est maintenant qu’on le découvre.

Remarquez, elle y va pourtant mollo, notre Conseillère d’Etat : 10 ans au lieu de 25, il reste comme un écart.

DEUX Droits du Travail, dans un pays qui a écrit – ça fait longtemps, remarquez – « EGALITE » au fronton de ses édifices publics.

Reste à savoir si le gouvernement aura les c… de la faire, cette réforme. Les paris sont ouverts.

Tibert

(*) ceci en complète contradiction avec les recommandations de la Commission Européenne et du FMI.

Sainte Probité et ses trois copines

Madame Lebranchu, ministre de la Fonction Publique et de la VGM, la Vieille Garde Mittérandienne, se confiait il y a peu à un chat du monde.fr. Je Un chat ? miaou miaou ? meuuh non, prononcez un « tchatt‘ », une tchatche, quoi. Nous avons ce délicieux mot d’argot pour « bavardage », « causerie », les Québecois aussi, « placotage« , mais non, faut qu’on nous colle le « chat », l’anglais chat, the rosbif cat, maoww. Et que disait-elle, madame Lebranchu ? allez-y voir, aux dernières nouvelles le lien fonctionne encore, j’ai trouvé cette causerie fort intéressante, instructive, pleine d’informations.

Notons au passage que la refonte des structures empilées Etat-Régions-Départements-Sous-préfectures-Cantons-Regroupements de communes-36.000 communes (excusez du peu) c’est pour les Calendes Grecques, car « on ne supprime pas les départements en période de crise« . Et quand ça ira mieux, à l’horizon 2014 ( le mieux était annoncé pour 2013 mais l’horizon recule, vous voyez ?) on trouvera une autre excuse.

Voyons ce que raconte madame Lebranchu… gnagnagna… ah, tenez : « Il restera toujours un statut différent pour la fonction publique« . Moi personnellement ça ne me choque pas, la question étant : qu’est-ce qu’englobe la fonction publique ? si c’est le policier le juge le contrôleur du fisc le douanier l’inspecteur du Travail, je vote pour. Personnel assermenté, tout ça, rien à dire, ça ne se discute pas. Statut différent, bon.

Mais madame Lebranchu entretient soigneusement la confusion – et pour cause – entre Service Public et Fonction Publique, c’est à dire : est-il vraiment  nécessaire de faire appel à des fonctionnaires pour faire fonctionner un Service Public ?

Par exemple : pour tenir un bureau de poste ? certes pas. Répartir le courrier et le distribuer, vendre des timbres, c’est à la portée de tout un chacun, ce n’est pas régalien du tout – mais c’est un Service Public, et très utile, de plus. Mais pas besoin de fonctionnaires. D’ailleurs l’Etat salarie des tas de « contractuels », qui font exactement le même boulot : c’est donc que ça peut tourner comme ça… deux critères simples :

– un contractuel peut-il faire ce  travail ? si oui, pas besoin du statut de fonctionnaire.

– y a-t-il dans le « privé » des métiers identiques ? (jardiniers, enseignants, infirmières…) ? si oui, pas besoin du statut de fonctionnaire.

Mais voyons les arguments de la Défense : madame Lebranchu justifie les deux Droits du Travail au pays de l’Egalité, et la dévolution de tâches pas du tout du tout régaliennes à des fonctionnaires, car ils ont une déontologie, figurez-vous ! s’ils ont des droits, ils ont aussi des devoirs – je pensais que c’était le cas pour tout citoyen normal – et c’est pour ça qu’on ne changera surtout rien au régime des fonctionnaires, et qu’ils sont priés –  et ont intérêt – de continuer à voter PS : la tétralogie probité, impartialité, réserve et laïcité.

Et le discours de madame L. , qui cite les 4 saintes vertus de la fonction publique, nous amène à retourner le propos : a contrario donc, le salarié lambda qui n’est pas touché par la grâce de la déontologie et du fonctionnariat est dépourvu de ces quatre qualités, ou d’au moins l’une de ces quatre, c’est logique… il  faudrait alors qu’on m’explique en quoi le boulot d’une infirmière de clinique privée est différent de celui d’une infirmière d’hôpital. Remarquez, comme dans le Privé il n’y a pas de devoir, pas de règles de déontologie, l’infirmière « privée » pique normalement dans l’armoire à pharmacie (surtout les produits du Tableau « B », évidemment), pique Pierre en faisant exprès de lui faire mal tandis qu’elle chouchoute Paul qui lui a refilé un bifton, chante à tue-tête que le malade de la 23 a une chaude-pisse, et récite son chapelet pendant ses heures de travail.

Vous l’avez perçu, le placotage de madame Lebranchu est selon moi un hymne à la gloire des idées les plus éculées sur les tâches de l’Etat, une ode à l’immobilisme hollandien. Fonctionnaires, mes amis, dormez tranquilles, tout est calme.

Tibert

Pingouins et guignols

On voyait hier aux infos de treize heures à la télé, lors de la « remontée » des Champs-Elysées (c’est donc qu’on les avait auparavant descendus, ces illustres hectomètres – effectivement ils sont en pente – sinon on se serait contenté de les « monter »), la bagnole officielle de Normal-Premier, fenêtre entr’ouverte sur un bras mol et languissant qui s’agitait par ci par là, avec une main au bout. Saluts timides ou nonchalants d’un bras vers une foule fort clairsemée, il faut dire aussi qu’il pleuvait, et puis faire le pied-de-grue pour admirer un bras dans une veste bleu sombre qui s’agite à la fenêtre d’une bagnole, fût-elle rutilante, hein, même en supposant qu’il y a un président au bout du bras, ça ne motive pas des masses, ni les masses.

Mais en synchronisme avec la bagnole noire et rutilante se mouvaient des motards en grande tenue, et pas sur des mob’s customisées ! et puis des Gardes Républicains. Des Gardes Républicains… vous savez, ces types avec des casques Troisième Empire aux queues de cheval, qu’on voit défiler, lâchant du crottin derrière leurs bourrins le long du boulevard Henri IV (à Paris, forcément, what else ?), jouant des airs martiaux sur leurs fifres et tambourins – et sur leurs bourrins, et puis ces mêmes figures obligées, figées sur le perron de l’Elysée, revers rouges de la redingote retroussés sur le pantalon blanc, casque derechef sur le chef, louchant au garde-à-vous sur leur sabre brandi vers le ciel quand le Président sort fumer une clope ou recevoir – tiens, c’est gentil de passer nous dire un petit bonjour, Valérie viens voir qui c’est, vous prendrez bien une tasse de café ? Sa Grandeur Machin-Truc ou le fils du roi de Mésopotamie.

Eh bien, tiens, précisément, je me demande chaque fois à quoi servent tous ces pingouins et combien nous coûtent ces cérémoniaux ampoulés et ridicules dignes de Badinguet ou de Feu le monarque centrafricain Bokassa Premier. On est en République, non ? en démocratie ? un trio de gardes du corps discrets, en costard sombre, surtout pas la tenue GIGN cagoulée, feraient bien mieux l’affaire, et puis si ça se trouve il y en a, des gardes du corps, des vrais, en plus… faut dire, un Garde Républicain au garde-à-vous ça ne doit pas rassurer beaucoup, le temps qu’il bouge, se débarrasse de son plumeau et de sa cuirasse, brandisse son sabre…

Je l’ai la réponse : ils sont à peu près 3.000 en comptant les bourrins, nos Gardes Républicains, et ils nous coûtent 280 millions d’euros par an, soit environ 94.000 euros chacun – ça fait cher la potiche casquée au coin du perron de l’Elysée. Ca fait cher, et puis surtout ça fait désordre dans un contexte 1° républicain et démocratique, 2° de président « normal » qui prétend vivre normalement, 3° de crise où tout le monde racle ses économies pour boucler les fins de mois, 4° où ça ne sert effectivement à rien. Vous voyez, même la Cour des Comptes se rend compte que si ça sert un peu, peut-être…  ça ne sert pas à grand-chose, et puis ça nous coûte la peau des fesses.

Personnellement je m’en balance, si vous saviez, de la Grandeur de la France et de ses Gardes Républicains façon pots de fleurs ! je la préfère moins Grande mais efficace, réaliste, moderne, pugnace, démocratique, bosseuse, vivante. Pas vous ?

Tibert