Il jouait du violoncelle debout…

… et pour moi ça veut dire beaucoup, parce que c’est tout sauf facile. Ou alors en étirant démesurément la « pique » de l’instrument ? ça manque de stabilité, ça va osciller, bonjour les couacs ! Tenez, pour l’ « intro » du dernier mouvement de la Neuvième, de Ludwig Van B., une tripotée de violoncelles joue à l’unisson l’amorce lente du thème, dans les tons très graves… vous voyez faire ça debout, vous ?

Bref je suppose – je n’y étais pas – qu’ au concert anniversaire du premier mois de Nuit debout, nombreux furent les musiciens amateurs ou pas qui se procurèrent une chaise, un tabouret, un cageot, pour pouvoir jouer potablement. Orchestre debout ? les piccolos les saxos les violons les percussions les choristes d’accord ; les gros calibres sûrement pas. Mais bon, c’était une belle initiative, même si le répertoire piquait résolument dans les « saucissons », les morceaux archi-rebattus. On a gentiment épargné au public « Carmina Burana », la « Petite musique de nuit » pourtant tout indiquée pour l’occasion, et le super-saucisson des saucissons, le  Boléro de Ravel, qui est désormais libre de droits, ayant atteint les 70 années de limite d’âge : la SACEM a fini de se faire des couilles en or avec le Boléro de Ravel.

C’est bien sympathique tout ça : quand les mouvements politisés se mettent à la musique, on est déjà un peu moins sectaire, doctrinal, suffisant, donneur de leçons – un peu moins con, en somme. La musique c’est difficile, ça enseigne la modestie, ça apprend à écouter les autres, à faire avec… parce que si l’on entonne « Viens Poupoule » en Si bémol majeur pendant qu’à côté on joue « Ne me quitte pas » en Ut mineur, ça donne un bel exemple de ce que donne la politique aujourd’hui : de la daube.  Vive donc l’Orchestre Debout, avec, soyons sympa, les violoncelles assis.

Tibert

PS : Ceci étant, j’avoue n’avoir rien compris à l’  « Etat d’urgence » et à ses subtiles modulations : les manifs, les rassemblements massifs – et leurs casseurs, of course, une manif sans casseurs c’est comme la Huitième de Schubert, ça a comme un goût d’inachevé –  c’est autorisé, pendant l’état d’urgence ? bizarre.

Conne ivences journalistiques

Monsieur Finkielkraut occupe beaucoup beaucoup les médias (c’est médias en français francisé, mais ce serait media en latin puisque c’est du latin, medium, pl. media). Non que ce soit lui qui brasse excessivement l’air et nous pompe l’oxygène : il fait son boulot, pense et exprime ce qu’il pense, anime ou nourrit entre autres des émissions de radio – dont « Répliques » le samedi matin sur France-Culture, qui devrait vous intéresser – bref il fonctionne. Il fut, il y a peu, chahuté et viré à « Nuit Debout », ce happening  vespéral et très parisien (*).  Il en tira des conclusions verbales claires (« gnagnagna, petite conne« ), sans doute excédé par une militante hostile et véhémente ; puis il s’exprima là-dessus – en exclusivité, ce que je regrette – dans le Figaro du 19 avril. Je n’ai pas lu l’article : il fallait payer, alors payer pour lire un contenu globalement déjà connu, non merci.

Mais là où ça devient rigolo, c’est que le Monde revient sur cet article : au Monde, ils ont payé pour lire, ils ont les moyens, ou entre journaux ils s’arrangent, et ils ont lu l’article de Finkielkraut dans le Figaro. Et, chouette, ils tartinent dessus ! va-t-on savoir, gratos, ce que le Figaro nous cache des déclarations finkielkrautesques ? des clous, l’article est payant, je suis coincé.

Bref j’ignore toujours, sinon les positions grosso modo, du moins le verbatim de  l’article de Finkielkraut dans le Figaro, et ça me chagrine. Reste à espérer qu’un jour à « Répliques », qui s’écoute gratuitement,  Finkielkraut (**) reviendra sur ce « papier » ; ou alors, ultime espoir, que le Monde Diplomatique nous régale d’une reprise de cet article ?  Si vous passez le soir tard sur le terre-plein de la place de la République – à  Paris, ça va sans dire – il semble, il paraît, amis radins, qu’on distribue gratuitement cet estimable périodique à Nuit Debout.

Tibert

(*) Vous vous demandez, perplexe, qui émerge, qui pilote, qui sont les têtes pensantes de Nuit Debout ? voyez cet article du Figaro, peu suspect d’apprécier ce mouvement. A vrai dire l’article en question met clairement en cause le « Monde Diplomatique », cité  cinq fois. Notez, ça expliquerait la grande tendresse du « Monde » pour Nuit Debout.

(**) Tenez, une astuce pour vous éviter la pénible épreuve d’écrire 17 fois « Finkielkraut » : vous mettez AF à la place. Et puis, le billet terminé, ficelé, vous faites un « chercher-remplacer » sur AF : d’un seul coup d’un seul, un magnifique « Finkielkraut » sans coquille dans votre texte, et sans effort.

Le roi, le géant, et puis quoi ?

Les seules nouvelles que la presse daigne nous communiquer en titres concernent le décès à cinquante-huit balais du chanteur états-unien Prince. Et mort mystérieuse par ci, et surdose par là, et son avion a fait demi-tour, hommages unanimes, quel talent, quelle perte, un multi-instrumentiste de génie, musicien de génie (plein de trucs de génie), quelle bête de scène, il aimait la France, le géant de la pop…

Oh, oh, là, on se calme. Michael Jackson « le roi de la pop », Prince « Le géant de la pop », qu’est-ce qui va rester aux autres ? les adjectifs, les hyperboles vont manquer. Déjà que David Bowie nous a quittés dans une envolée de superlatifs, où va-t-on ? on va crever les nuages. Du calme !
Ce type, là, Prince Rogers Nelson, a brûlé la chandelle par tous les bouts : naturellement, il meurt jeune, c’est assez normal, prévisible, pas de quoi pousser des hurlements. A contrario, tenez, prenez Elisabeth II : quatre-vingt-dix balais, et encore tous ses chapeaux aux tons chatoyants : la reine tout court, et la reine des chapeaux. Elle s’économise, elle, elle dure. Et, soit dit en passant, elle évite de chanter trop fort, et elle articule : des phrases en anglais qu’on comprend, c’est assez miraculeux.

Je sais, Prince mort, c’est dur, je compatis. Ce qui me rappelle l’anecdote de Desproges, qui à la mort de Brassens en avait perdu l’appétit, tandis que pour celle de Tino Rossi il avait repris du cassoulet. Moi, je vais vous dire : si j’additionne tout le fric que j’ai dépensé pour les trois éééénormes vedettes mondiales qu’étaient Prince, Jackson, Bowie, j’arrive à zéro + zéro + zéro = la tête à Toto. Si encore ces types avaient chanté des textes intelligibles, je ne dis pas, mais moi le yaourt, la bouillie sonore, j’évite. Parlez-moi d’amour, ah dites-moi des choses tendres, mais sans hurler, et distinctement, merci.

Tibert

Tu vas la lire, ma pub, saleté ?!

(Parenthèse liminaire : Mme Cosse, la très récente ministre du logement, projette de faire étendre les encadrements de loyers à de nouvelles grands villes… en voilà une qu’a tout compris, et qui ne travaille pas avec des oeillères idéologiques  😉 mais bon, si tout va bien, acceptons-en l’augure, dans quinze mois maximum elle aura fini de nuire, de plomber encore un peu plus le marché du logement. Fin de la parenthèse).

Mais, revenons à mon sujet : depuis une semaine, c’est l’épidémie, pas un canard-sur-Toile (sauf Libé, allez, Libé est sympa, nonobstant son contenu consternant) qui soit lisible sans ennuis au pluriel. Il faut, me disent-ils tous, que je désactive mon bloqueur de pub, car, paraît-il, il doivent pouvoir m’infliger leurs placards de pub, c’est de ça qu’ils vivent : des placards de pub. Or, ils ont constaté, justement, navrés, que j’utilisais un bloqueur de pub.

Il est vrai que j’utilise ce truc, ce petit module additif à mon « butineur », mon esquif sur la Toile, bref mon navigateur-Internet : un « adblock ». C’est fou comme on navigue mieux avec un adblock, disparues toutes ces tartines colorées, criardes, répétitives de placards (des tartines de placards ! n’importe quoi…) qui envahissent l’écran, tout ça pour me vanter une bagnole, un séjour sous les palmiers, des fringues des godasses des chemises du parfum des grolles des costards des voitures des montres, etc etc. Pourquoi ? d’abord ces panneaux de pub plombent et ralentissent gravement l’affichage des pages, et moi justement mon accès Internet est poussif, car campagnard ; forcément, je n’intéresse pas les opérateurs de réseaux. Et puis j’ai une aversion non feinte pur la pub, c’est lourd, pénible, fatigant, contre-productif.

Donc, le Parigot refuse d’afficher ses pages, le Figaro se met à flouter les textes, Le Monde me culpabilise : ils me demandent instamment de désactiver mon bloqueur de pub ! eh bien, je vais vous dire, je l’ai désactivé pour eux. J’ai cédé – aaahhh se disent-ils, les annonceurs obstinés et invasifs, on a gagné. Oui, ils ont gagné de me faire ch… un peu plus encore : disposition d’esprit particulièrement favorable aux  achats impulsifs, vous pensez bien.

Tibert

Overdose (oups ! surdose)

Je lis ça, ce matin…

« Les bons conseils make-up pour aller travailler : Concilier job et féminité… un vrai challenge pour les working girls à l’agenda de ministre. Pas besoin d’un MBA maquillage pour être au top grâce aux conseils de pros et aux astuces des femmes actives. »

C’est l’accroche d’un  article du Figue-haro, je vous épargne gentiment le nom de la journaleuse anglo-dingue qui a sorti ce poème. Je traduis :

make-up = maquillage, et rien d’autre. « make-up » est plus court de trois lettres, c’est sans doute son intérêt.

job = boulot, très exactement.

challenge = défi… là le français est plus court, nananè-reu.

working girls = femmes au travail, à peu près. Impropre et très approximatif, aussi bien « girl » (fille) que « working » (au travail).

être au top ? allez, celui-là on lui laisse si l’on cherche un mot-à-mot ; mais je mettrais « rayonner » ; c’est français, élégant et plus imagé. Faut chercher, un peu… écrire, c’est un travail.

Bon on ne va pas gloser sur cet article hors-sol façon soyez riche et pétée de thunes, « Top managers women, votre coach-beauty vous conseillera pour votre make-up, et allez donc au spa Chanel qui va ouvrir au Ritz » (je n’invente rien) ; mais si ça vous amuse, c’est là… le make-up des power-girls. Waouuu !

Dans son premier et dernier bouquin, Fabrice Luchini conte un entretien avec des éditeurs de presse… ils discutent de la couverture de la revue à paraître… la cover, disent ces messieurs les journalistes. La cover par ci, la cover par ça… comment dit-on journaliste, en anglais ?

Tibert, au top

Gérontocopinage

Tenez, lisez-moi ça : une bio d’une membre du Conseil Constitutionnel, madame Nicole Belloubet : « … présidente du groupe de travail « la réussite scolaire pour tous » auprès du comité de pilotage chargé de piloter la concertation sur l’avenir de l’école, ministère de l’Education nationale… »

D’abord, qui a entendu parler des immortelles productions du groupe de travail « La réussite scolaire pour tous » (*) ? allez, je vous aide, c’était en 2012… personne ?  ça vous étonne ?

Et ce libellé ! « … le comité de pilotage chargé de piloter… » !  ça vous a l’air d’un enfonçage de porte ouverte de première, non ? moi j’aurais été au Ministère de l’Educ’Nat, j’aurais biffé en rouge, exigé une formulation moins enflée, moins conne : « le comité de pilotage de la concertation sur l’avenir de l’école » : ça suffit bien et c’est plus clair – mais c’est toujours aussi creux et vain, encore du vent, un comité pour brasser de l’air histoire d’avoir l’air occupé.

J’ai trouvé cet extrait savoureux en consultant le site du Conseil Constitutionnel : en fait je calculais la moyenne d’âge des neuf membres nommés pour neuf ans – excluant, par honnêteté, l’ex-président VGE qui pointe à 90 ans cette année et n’est pas nommé, lui. Allez, je vous donne le chiffre : à la grosse, c’est 71 ans, septante-un ans en Suisse. Pas mal, non ? Trois femmes, six hommes, les femmes nettement plus « jeunes », 64 ans en moyenne, les hommes ça donne 75 ans. La plus « jeune » ? justement, Nicole Belloubet, 61 ans. Le doyen hors VGE : Lionel Jospin, bientôt 79 ans – on sait qu’après sa veste des élections de 2002, il s’est retiré définitivement de la politique 😉 . Monsieur Fabius, lui, né en 1946, vient de rejoindre cette institution pour la présider : il démarre à 70 ans une nouvelle carrière pour neuf ans. Ce qui devrait lui permettre de joindre les deux bouts jusqu’en 2025 – après, ce sera, eh oui, la retraite des Vieux, l’hospice, tout ça.

Il remplace d’ailleurs à ce poste Jean-Louis Debré, né en 1944, lui. Atteint par la limite d’âge ? elle est bien dépassée, la limite d’âge, mais il rempile aussi sec à bientôt 72 ans à un poste moins exposé et peinard : le Conseil  Supérieur des Archives. Ce truc « doit se réunir au moins une fois par an« , c’est vous dire comme ça turbine. Vous avez entendu parler des productions du Conseil Supérieur des Archives ? des Conseils Inférieurs, alors, peut-être ?

Voilà-t-y pas un beau pays, où plus de quatre millions de chômeurs battent le pavé de Popaul-Emploi, mais où l’on ne laisse pas tomber les vieux potes dans le besoin, issus fourbus et sans le sou des rouages parlementaires et étatiques. L’âge de la retraite ? dans la fonction publique, c’est au plus tard 66 ans. Sauf les vieux copains de la politique.

Tibert

(*) Ce comité a brillamment réussi : on va bientôt tendre vers les 99, 95 % de réussite au Bac. Comme quoi le niveau monte, monte… le niveau de remontée des notes trop faibles, bien entendu.

Le sociologue (de gauche, forcément) et la femme-objet

Que je vous fasse partager mes lectures… Je lis, ce  matin tôt, comme d’hab, le Monde et autres canards gratuits sur la Toile ; et je tombe sur cette tribune. J’avais lu, il fut un temps – début février – un billet de Kamel Daoud (l’auteur de « Meursault, contre-enquête« ) à propos des agressions massives de femmes Blanches lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne : « Cologne, lieu de fantasmes« . Il y disait clairement son point de vue, j’étais d’accord avec lui. Je résume grosso modo : Cologne, collision culturelle… le monde arabo-musulman a du chemin à faire – et il y gagnera – vers la reconnaissance des femmes comme êtres humains, au même titre que les hommes.

Badaboum, dix-neuf types lui tombent sur le râble : « Jamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés« . Je résume encore à la louche : Daoud alimente l’islamophobie avec ses lieux-communs sur l’image de la femme dans l’Islam, en fait le noeud du problème c’est que c’est la faute à la société… Navré, je constate que Daoud prend ça dans les gencives, se tait…

Aujourd’hui, autre son de cloche, un journaliste du Monde reprend tout ça de manière assez synthétique : « Kamel Daoud ou la défaite du débat« . Outre, chers lecteurs, qu’au long de son article (lisible gratos et in extenso, allelouïa) on vous donne les liens vers les précédents billets – ce qui allège mon travail – ce journaliste, Michel Guerrin, vient à la rescousse de Daoud, et replace le débat dans son contexte politique. Un beau travail de synthèse…

…et une belle illustration in vivo de cette ligne de fracture entre la lucidité et le Politiquement-Correct, ce baillon de la pensée et de l’expression. Je suis ravi, évidemment, parce qu’on remet les dix-neufs contempteurs de Daoud (*) à leur place. Leur billet collectif méritait une mise au point, voilà qui est fait, et bien fait.

Certes, chers auditeurs, il pourra vous sembler ardu de vos taper la lecture de quatre textes assez exigeants : le mien, c’est fait ; il vous reste 1) Daoud, mais vous l’avez sûrement déjà lu ; 2) ses dix-neuf contradicteurs ; 3) le dernier intervenant, objet de mon billet : du pain sur la planche, mais ça vous stimulera les méninges, ça vous changera des « Feux de l’Amour ».

Tibert

(*) Contempteur, mazette ! ça change des métaphores sportives. Tenez, je lisais ça hier à propos de matches de foot : « Toulouse crucifie Saint-Nazaire » (ou l’inverse, ou Beauvais, je m’en fous) : ça va loin…

 

Raiformon l'ortografe, suite

Je n’y résiste pas ! je sais, c’est compulsif, mais bon…

Voyez, en rubrique Politique, au sommaire-chapeau des articles, Le Monde de ce jour titre sur « Najat Vallaud-Belkacem : « La réforme de l’orthographe n’existe pas« .

Corps du texte : « La ministre de l’éducation nationale juge la polémique « absurde » et dénonce le rôle des anciens ministres de l’éducation nationale qui l’ont, selon elle, alimenté. »

Alimenté, é : masculin singulier, c’est donc… voyons voir…. le rôle, pas d’autre choix dans la phrase. Donc les anciens ministres ont alimenté leur rôle… houlala… vous suivez ? Ah si c’était la polémique qu’on avait alimentée, évidemment, ça aurait un sens…

Allez, avant de réformer, il serait bon de maîtriser un chouïa, pas vrai ? sinon on va faire n’importe quoi. Et non, n’imputons pas méchamment cette erreur d’accord à la ministre  ; c’est sans doute le journaleux qui aura transcrit phonétiquement.

Tibert

Referendum est !

En latin le pluriel de referendum ce serait referenda, – merci maître Capello – mais c’est ici une question oiseuse : en France on a tous les ving-cinq ans au mieux UN referendum sur le feu, jamais deux, et c’est quand vraiment on est coincés, que toutes les solutions gouvernementales, autoritaires, politicardes, démagogiques ont été essayées et ont échoué. Allez je vais vous le franciser : « référendum(s) ». Parlons-en donc, et au singulier, comme de bien entendu.
Donc, voyons voir, ce futur référendum unique et exceptionnel, qui doit sortir Normal-Premier du bourbier de la querelle sur l’aéroport grand-nantais. Bonne idée : qu’en pensent les habitants du coin ? Idée stupide : si c’est d’intérêt national, ou même seulement régional, à quoi ça sert qu’on ait un exécutif ? hein, monsieur Hollande, à quoi ça rime ? un gage aux écolos de la dernière promotion ? C’est bien flou, tout ça… Je m’en vais tâcher d’éclairer votre lanterne. Un aéroport grand-nantais à 25 km de Nantes, contre 12 actuellement, pourquoi faire ?

Au fait, oui, pour quoi faire, cet aéroport ? si enfin les Français et nos visiteurs avaient le choix de quitter ou regagner leur pays en vol long-courrier ailleurs que par Roissy, Roissy le cauchemar, ça vaudrait le coup… alors nous aurions, au large de Nantes, un « hub » international ?  hélas ça ne se décrète pas, les compagnies se posent là où ça les intéresse, là où est le marché, et les étrangers s’agglutinent spontanément à Paris. Qu’iraient-ils foutre au large de Nantes, à 400 kms de Paris ? prendre un train pour s’y rendre en deux heures ou plus ? une navette pour visiter la Grande-Brière en barcasse ? la maison natale de René-Guy Cadou ? le Passage Pommeraye ? c’est au Moulin-Rouge qu’ils rêvent d’aller.

Pour les malheureux Rennais qui prennent l’avion à Nantes ? ça leur ferait plus court, ça éviterait de traverser la Loire… sauf que les Rennais ne vont plus guère prendre l’avion à Nantes, ils atteindront Paris par le TGV en moins de 1 h 30 dès 2017. Les Sarthois ? pas concernés, trop près de Paris. Les Angevins ? comme Rennes, Paris est si vite atteint… les Mayennais ? encore plus près de Paris que les Rennais.

Pour les Nantais ? l’aéroport nouveau sera nettement plus lointain, avec des liaisons non encore définies, alors que le tramway les amène actuellement à un jet de navette (courte et gratuite) de leurs avions pour le prix d’un billet urbain. Enfin, les Vendéens sont chauds partisans du statu-quo, ça leur fait bien plus court.

Pour permettre un trafic plus important ? il y a encore boucoup de marge à l’aéroport  actuel avec sa piste unique : voir Genève, et d’autres, à piste unique et qui ont un trafic bien supérieur. Tenez, lisez ça, ça confirmera ce que j’avance, ils sont d’accord avec moi.

Pour éviter de survoler Nantes à basse altitude ? (quant au lac de Grandlieu les jours où les vents ne sont pas de Sud-Ouest : on s’en fiche, ça n’effraie que les aigrettes et les pluviers). Excellente raison, sans doute la seule qui vaille. Eh bien demandons aux habitants de la communauté urbaine de Nantes, c’est eux seuls que ça concerne… qu’ils cochent la case :

– Oui –  ils veulent qu’on éloigne ce putain d’aéroport, pour qu’enfin on ne voie plus les avions faire du rase-toitures au dessus de la Tour de Bretagne ; ça coûtera ce que ça coûtera.

– Non – ça ne les empêche pas de dormir, et les inconvénients (béton à gogo, circulations chamboulées, éloignement, coûts d’accès…) seraient plus importants que les avantages.

Voilà, cher Président…  c’est-y-pas plus clair comme ça ? hein ? heureusement que Tibert, LE-Tibert-le-Chat est là, et qu’il veille.
————
Je change de sujet… un joli néologisme, ça vous irait ? je lisais ceci hier dans un bouquin espagnol – ‘L’imposteur’, de Javier Cercas : « Le pire ennemi de la gauche est la gauche elle-même ; c’est à dire : le kitsch de la gauche ; c’est à dire : la conversion du discours de gauche en une coquille vide, en un sentimentalisme  hypocrite et de pacotille que la droite a qualifié de bonisme« . Ce bonisme me plaît, ça dit bien ce que ça veut dire, ça ne dépare pas dans le groupe lexical de la Bonne-Pensée : bien-pensance, bien-pensisme, politiquement-correct, bref le discours culpabilisant à oeillères intégrées. Tenez, je vous en fais un aperçu : C’est 1) la faute de la société ; 2)  ou alors la nôtre ; 3) ou bien les deux.

Tibert

L'ortograf nouvel est tarivé

Tel le beaujolais nouveau du troisième jeudi de novembre, l’orthographe nouvelle arrive, gouleyante à souhait. Sauf que ça fait trois lustres que l’on l’a (*) préconisée, et qu’elle arrive maintenant… pourquoi maintenant ? parce que. Et puis ça fait diversion, ça change de sujet, on ne stigmatise aucune catégorie de la population, il n’y est pas question de double nationalité.

Pourquoi cette nouvelle mouture ? en principe pour rationaliser, simplifier, corriger des incohérences – qu’ils disent. L’oignon va perdre son i, sa coquetterie, sa pelure d’oignon, pour donner un bête ognon… à quoi ça ressemble, un ognon ? pourquoi pas onion, tant qu’on y est ? il nous manque ici le tilde espagnol, le « ngnie »…  qui donne justement assez bien le « gn » de l’oignon (tenez, la preuve dans Astérix chez les Ibères : « Soupaloñion Y Croùton« , pas « Soupalognon« ) : on pourrait emprunter le tilde ibère pour l’oñion. Mais je divague…

Toute une histoire, l’oignon. Wiki vous la raconte, cette saga ; la Gaule du Nord y a vaincu les Romains, et ailleurs qu’à Gergovie : le latin populaire gaulois « unionem« , précurseur de notre oignon, a prévalu sur le latin classique « caepa« , conservé partout ailleurs (ciba, cipolla, cebolla, cive, ciboulette…). Mais je vois que vous vous en foutez, vous baillez ostensiblement, j’abrège.

Donc on veut nous rationaliser l’orthographe ; supprimer les traits-d’uñon des mots composés… « entretemps » et « portemonnaie », bof, à la rigueur… et puis il n’y a pas là dedans que des âneries avec un â, « évènement » rejoint « avènement » et reproduit mieux les sons du terme parlé que « événement », mais…

Mais pourquoi diable faut-il mettre en vrac notre orthographe ? cahotique, illogique, contrastée, mais qui nous parle, avec son histoire – ça fourmille de références historiques – et surtout, qui s’apprend. Oui on peut apprendre l’orthographe, du grec ancien oρθός (orthós), et de γράφω ‎(gráphō), l’écriture droite. La preuve, il y a des compétitions d’orthographe, et il y a même des gens qui font zéro faute à la dictée de Pivot. Perte de temps ? pas plus que de se taper des CandyCrush, des Tetris ou des casse-briques sur son smart-faune dans le métro ; ou alors allons-y pour carrément en gagner, du temps, et ménager les circonvolutions cérébrales : « T ou la ? » ; « ki C ki i va ?« .

A vouloir simplifier et raboter le excroissances du langage, on va y perdre notre âme et notre histoire. On peut faire bien plus simple, tenez, un pluriel à la malaise ou à l’indonésienne : en malais, mon livre, buku saya ; mes livres, buku-buku saya. Vous en déduisez que buku c’est livre (de racine latine 😉 : bouquin, book, buch…) et saya : mon, mes. Pour le pluriel ? on redouble le mot, buku-buku, beaucoup donc. On pourrait ainsi faire table rase des pluriels en s, en x, des chevaux et des festivals : « mes livres » ? : « mon livre-livre ». Chouette, non ?

Je conclus et j’aborde ma péroraison : le français est complexe, plein de pièges et d’exceptions. Les nouvelles dispositions orthographiques aussi ! tenez, je cite : « Devant une syllabe muette, on écrit donc toujours è, sauf dans les préfixes dé- et pré-, les é- initiaux ainsi que médecin et médecine. » On est bien avancés, pas vrai ? C’est censément plus logique et plus simple, sauf… et… et puis… et encore… et qu’il faut se taper une bordée de nouvelles règles et d’exceptions. Pffff… autant garder l’orthographe actuelle : celle-là au moins on en connaît des bouts.

Tibert

(*) J’aime bien ces sonorités là, « l’on l’a », lonlère, ça chante.