Attention à ce que vous dites

Les Etats-Uniens nous guettent, la NSA aux grandes oreilles. Qui sait ? pendant que je claviote sur mon ordinateur, il y a un espion qui machouille du chewing-gum, boit du Koka en rotant, direct dans le trou de la canette en alu, et note tout ce que je divague ? c’est inquiétant. On ne va pas pouvoir tout mettre noir sur blanc, j’en ai peur.

Les procès nous guettent. Madame Taubira offensée, le FN offensé aussi sec, c’est le ping-pong judiciaire. A Marseille la Droite des élus monte sur ses grands chevaux car leur futur adversaire désigné par le PS aux Municipales a qualifié sa collègue et camarade de parti, madame Ghali, de, tenez-vous bien, « arabe » ! C’est désormais, paraît-il, une injure, « arabe ». La péninsule a…ique ? la gomme a…ique idem ? la musique a… ? l’alphabet a… ? que des injures, je vous jure, on s’en doutait pas. Dans la même logique, il convient urgemment de décréter indicibles et proscrits des mots abjects tels que « Blanc », « Européen », « Caucasien », « Asiatique », j’en oublie… si ça se trouve, « passe-moi le sel« , ça va se révéler un gros mot – et pendant ce temps-là la NSA prend bonne note.

Glaçage sur le millefeuilles, le PDG de Titan, ce cow-boy texan fabricant de pneus, qui finalement, faut voir… il se tâte… va peut-être reprendre l’usine Goodyear d’Amiens en déshérence chez nous, il s’y colle, lui aussi : il « insulte la CGT » !  qu’a-t-il donc dit ? « La CGT, ce sont des timbrés« . C’est inadmissible, comme dirait monsieur Valls. Cependant, voyez, il se rattrape un peu, il a perçu qu’il est allé trop loin, traîné dans la boue amiennoise l’avant-garde éclairée du Prolétariat ; il adoucit alors son propos, il met des cubes de glace dans son Merlot : « Il doit bien y avoir quelques leaders à la CGT qui ont un cerveau« , concède-t-il. Vous voyez, le bon sens finit toujours par triompher.

Tibert

La i-Catastrophe, ou mon i-chéri

Il en est parfois des textes comme de ces mots qu’on prononce dans le calme feutré d’un cabinet, allongé et tournant le dos à une silhouette supposée attentive et flottante, bien que carrée dans un fauteuil : ils font sens.

Tenez : le Figues’areu areu, encore lui, nous régale d’un scoop réchauffé sur la catastrophe ferroviaire de Brétigny : il y aurait bien eu des dépouilleurs d’accidentés, des chacals de déraillement, des vautours de scène de désolation, contrairement aux dénégations officielles « dormez braves gens, tout est calme, la situation est sous contrôle« . Des salopards ont volé des effets épars sur les voies, ou sur les cadavres, allez hop,  pas de sentimentalisme.

Et volé quoi ? « Il s’agit de vols de téléphones portables, d’iPhone, d’appareils électroniques ou encore de bagages« , écrit le journaleux. Voilà qui est extrêmement vague (des bagages…) et extrêmement précis : des iPhone ! (et aussi des téléphones mobiles, ou cellulaires, bref des « portables », selon la désignation courante et ambigüe).

Des IPhone et des téléphones portables… qu’est-ce qu’un iPhone ? un téléphone portable. Mais pas n’importe quel téléphone portable, pas de ces Samvung de mes deux ou de ces Suny à la noix : non, des iPhone, excusez du peu. Des montres et des Ronex, des bagnoles et des Portsch, des foulards et des carrés Herpès.

Ils ont volé des iPhone… La Marque A La Pomme. C’est épouvantable.

Tibert

PS : ça s’appelle en termes de journalisme du « publi-reportage », ou de la « publi-information ». Combien ça rapporte au canard qui passe ainsi la brosse à reluire à la maison MaPomme ? ça vous ne le saurez pas.

Gentils Lupins et vilains buralistes

Un de ces récents soirs (*), à la télé, où l’on nous serine la soupe des infos vespérales – bien prémâchées, les infos, digestes et lisses :  un braquage de plus, le 72.527 ème, c’est un bureau de tabacs dans le Sud-Est : « Le braquage s’est mal terminé… », dit en substance la spiquerine, « …le buraliste a tiré avec un fusil chargé de balles en caoutchouc et blessé un des braqueurs gnagnagna…« …

Qu’est-ce qu’un braquage qui « se termine bien » ? on aimerait avoir des éclaircissements là-dessus, que la spiquerine nous explique comment on s’y prend pour un braquage sans éclaboussures, un braquage « happy end ».

Autre : ce matin, Le Figues’haro nous en sort une autre qu’elle est savoureuse : dans l’Oise, quatre cambrioleurs de jour, cagoulés et gantés, qui trouvent les enfants à la maison… c’était pas prévu au planning… ils improvisent, les ligotent, les parquent à l’étage pendant qu’ils foutent la maison à sac à la recherche du fric supposé. « Ils les ont surveillés tout en fouillant la maison, mais n’ont commis aucune violence physique sur eux. ‘ Ils leur ont même apporté du lait et des biscuits. Il n’y a pas eu de violences physiques proprement dites. Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser ‘, assure le parquet. »

Donc se pointer cagoulé et ganté, agripper et ligoter ce n’est pas de la violence physique ? c’est juste pour de rire, pour jouer aux cow-boys et aux Indiens ? on se fout du monde, là. Le parquet, l’anonyme parquet de l’oise qui nous sort cette connerie, je voudrais voir la trombine du communicateur « Ils ont fait attention à ne pas les traumatiser» si on lui faisait le même coup.
Le prochain braquage, les mecs, mettez des nez rouges, apportez des mirlitons et des amuse-gueules, et puis surtout faites gaffe à pas traumatiser vos victimes, faut que « ça se termine bien », comme on dit.

Tibert

(*) Vous entendez comme ça sonne ? c’est pas beau  ?  « récents soirs » : récensoir… sssss… j’adore ces allitérations. Pour qui sont ces serpents qui sifflent gnagnagna…

Sac de noeuds-noeuds

Je relis les livraisons journaleuses obsolètes qui le méritent, certains jours de désoeuvrement, savez-vous. Ce matin tôt, donc, c’est un bon vieux Libé épais et fourni, celui de samedi-dimanche dernier (avec une grosse accroche en Une sur le terme  islamophobie, auquel est consacré tout un cahier). Surtitre en page 10 :

« Nombre de sites dénonçant les actes anti-islamophobes sont l’oeuvre de personnages controversés« .

Oulà oulà…

Voyons voir, voyons voir…. reprenons.

Un islamophobe, ça n’aime pas les Musulmans.

Un anti-islamophobe, ça combat ceux qui… (voir plus haut) : en gros c’est donc favorable aux Musulmans, vous suivez ?

Soit un islamophobe… disons un gars qui va partout se moquant, par exemple, des femmes voilées dans la rue. Les pointant bêtement du doigt en s’esclaffant. Un islamophobe assez rustique, disons-le. Appelons-le Albert.

Un anti-islamophobe, c’est donc quelqu’un qui combat Albert. Un acte anti-islamo-gnagnagna, c’est par exemple un grand coup de latte dans les chevilles d’Albert l’islamo-chose.

Dénoncer les actes anti-islamophobes, c’est protester contre les violences envers Albert : « Garnements, pourquoi vous en prendre à ce pauvre Albert, qui pourtant ne fait qu’être islamophobe« .

Il paraît donc qu’il y a des sites Houèb qui sont spécialisés là-dedans : dans la dénonciation des actes anti-islamophobes – entre autres dans la défense d’Albert, pour terminer sur notre exemple. C’est ce que titre Libé. Et ce seraient des sites tenus par des personnages controversés, mais bon, ça on s’en moque, restons concentrés sur notre noeud logique.

Sites cités par Libé  : Islametinfo, Islamotion, Al-Kanz, Saphirnews (« proche des Frères Musulmans », dixit Libé). Que des sites favorables à l’Islam, très clairement. Qui sont paradoxalement, toujours suivant le titre, engagés dans la défense des islamophobes.

Résumons-nous : Libé titre exactement le contraire de ce qu’il développe dans l’article. On s’est pris les pieds dans le tapis, à Libé. Vous suivez toujours ? vous êtes bien bons.

Tibert (pcc Kurt Gödel)

Touit-touit rien pu dire

Un article bien tendancieux, façon Noël Mamère l’amer me fait bondir, tant c’est faux, trafiqué, bourré d‘a priori, d’antiphrases, de supposées évidences, de racolage de gôche : vous vous ferez une idée, c’est dans Rue-89. Infect, quoi.

Bon, je vais pas laisser passer ça, je clique donc, irrité, indigné, sur l’icône Touitteur en bas de l’article pour balancer un commentaire bien senti accompagnant l’adresse de la page Wouhèb où niche la tribune mamèresque. Vous en déduisez immédiatement que l’ai un compte Touitteur, bravo, vous suivez.

Et donc la petite fenêtre Touitteur habituelle apparaît, et m’affiche l’habituel cadre où je suis fondé à inscrire 140 caractères, pas un de plus – à la suite de l’adresse de l’article incriminé, évidemment (et mon identifiant-mot de passe, gnagnagna)…

…ma parole, le compteur de signes m’indique – 11 : j’ai déjà dépassé et j’ai rien écrit ! C’est ignoble : on ne peut pas commenter, on en a déjà trop dit, rien qu’avec l’adresse http://blogs.rue89.com/chez-noel-mamere/2013/09/23/bijoutier-de-nice-la-france-peur-et-nous-sommes-tous-des-assassins-en-puissance-231199 : je suis sûr qu’il l’a fait exprès, Samère. Il aurait mis un titre plus court, j’aurais pu lui voler dans les plumes ; mais là, macache. j’en suis réduit à protester sur mon blog – heureusement que c’est moi qui fixe les limites, c’est MON blog.

Tibert

Phobie : …u-e

« Pour beaucoup, l’islamophobie est devenu un racisme acceptable« , titre ce matin en gros, assez gros et en détail le Libé du lundi.

Et voilà ! une fote d’ortograf en gros titre à la Une, qui aurait dû ne pas échapper au regard attentif des correcteurs dudit canard, s’il en existait. Devenu-u-e, pas -u.  Islamophobie, mot féminin, et donc « devenu », qui ? l’islamophobie, s’accorde au féminin, devenu-e, c’est pourtant pas compliqué.

Pourquoi « islamophobie » est un mot féminin ? parce que « nimportequoiphobie » est féminin, vu que la phobie est féminine, et à juste titre : c’est bien des femmes de tomber en pâmoison à la vue d’une araignée.

Quant à ce titre mal écrit et tendancieux, quant à ce qu’il véhicule, disons qu’il mérite un bon coup de gueule, et pour trois raisons :

– Premio, l’islam est une religion – très très politisée, d’ailleurs, mais bon… – et rassemble des Blancs, des Arabes, des Asiatiques, des Noirs… toutes les couleurs. Où est le racisme là-dedans ? quelle « race » est visée ? Remarquons, en outre, qu’il n’y a pas un, mais des Islam(s) : Sunnites et Chiites, par exemple, et en plus ils ne s’aiment pas.

– Deuxièmo : avoir de l’aversion pour, « phobir » (merci Ségolène pour ce néologisme hardi), c’est bien normal. On ne peut pas tout aimer, sinon « aimer » ne signifie plus rien. Je persiste : j’ai horreur de, je déteste la musique de Wagner, et ce n’est pas du racisme musical, et c’est bien normal, tant c’est mauvais.

-Troizio, le jour où les Musulmans normaux et raisonnables protesteront en masse et vigoureusement contre les attentats, les attaques-suicides, les massacres dans les églises, les prises d’otages commises au nom d’Allah par des fanatiques se déclarant Musulmans, on pourra commencer à considérer cette religion comme fréquentable. Les derniers évènements ne sont pas encourageants de ce point de vue : avant-hier, attentat devant une église, 53 morts et plein de blessés à Peshawar, au Pakistan. Et ça ne les défrise pas, au Grand Islam de France. Ils sont bien trop occupés à préparer la fête du mouton en octobre.

Tibert

Sont-ce des laïks laucoste ?

Phénomène de société avancée (comme l’escalope restée trop longtemps dans son emballage au soleil), le Fesse-Bouc national bruit de ce fait divers affreux, de ce 4.827 ème bijoutier braqué depuis le début de l’année, cette fois-ci à Nice. Il se trouve que là le « cave » s’est rebiffé trop fort, proportionnant mal sa riposte à l’agression : menacé de très réels fusils à pompe mais juste humilié et frappé à coups de crosse, il aurait dû se contenter de les humilier en retour, les menacer de son calibre, sans en faire usage, une fois qu’ils avaient tourné casaque et enfourché leur scooter, l’affaire faite. Vous connaissez tous l’histoire, reportez-vous à vos canards chéris, qui défendront l’un (14 condamnations au compteur, certes, mais c’était un bon petit gars, un peu paumé… il allait être papa, il avait besoin d’argent…) ou l’autre (il demandait juste à pouvoir travailler en paix, fallait pas venir lui chatouiller les doigts de pied…).

Notons tout de même cette ahurissante déclaration d’une soeur de la victime (le bijoutier agressé c’est l’agresseur, le braqueur c’est la victime, ne confondez pas), qui déclare dans le Figues-haro « nous avons été élevés ainsi, dans le respect de la justice« … le sens qu’elle donne au « respect de la justice » pose manifestement problème : nous n’avons pas les mêmes valeurs, comme disait l’amateur de rillettes.

Mais bon : 1,2 millions de « J’aime » pour la page Fesse-Bouc qui prend la défense du bijoutier : c’est boucoup ! et naturellement les sceptiques font dans le dénigrement, c’est bidonné, ils ont acheté des « Likes » par paquets de 10.000, c’est une manip’ du FN, etc. Vous pourrez voir ce genre de réactions partout. Je ne prends pas parti, je n’en sais rien, n’ayant pu compter. Ce qui est rigolo, c’est que, discret comme on le connait, Fesse-Bouc permet de savoir QUI a « aimé » (laïqué, en fessebouquien). Décoiffant !

Cerise sur le bateau, on se gargarise d’anglicismes à ce propos. Rue-89 y va d’un savoureux  likes low-cost d’une grande élégance. C’est bien la peine que Fesse-Bouc Corporécheun se soit fait suer à mettre des boutons « J’aime » en vrai français : ces votes achetés en masse, qui sait ?  ce sont des J’aime pas chers, ma chère, et ça vous a tout de suite une autre gueule.

Tibert

PS : parcourant le Monde quelque peu après avoir publié ce machin, je ne puis résister au plaisir de vous recommander cette délicieuse lapalissade, en forme de truisme, de notre Ministre des Phynances :  » la dette publique va atteindre un maximum, puis décroître« . Les matheux apprécieront…

Dislikitude

Il paraît, à lire l’excellent article du Monde dont je vous fournis le lien et vous recommande la lecture, très chères lectrices et estimés lecteurs (entre les deux je ne sais pas, c’est au coup par coup), il paraît que Normal-Premier dislike les asperges. A vrai dire je force un peu le trait, l’article ne déclare pas qu’il  « dislike les asperges« , mais – je synthétise :  « Les chefs [ les chefs cuistots des Présidents, NDLR ] se gardent aussi de communiquer publiquement sur les dislikes de leurs « patrons » ; un peu plus loin, on nous annonce : »...le nouveau chef de l’Etat [ Normal-soi-même, NDLR ] avait trouvé, dans son assiette berlinoise, des asperges. Un légume qu’il déteste« . Perfide Angela, qui offre des asperges honnies à Normal-Moi ? quand on connaît l’engouement des Berlinois pour ce légume du mois de Mai !

Mais là git le problème, et le loup aussi d’ailleurs : dislike est, dans l’article cité, pris en tant que substantif, et au pluriel. Et alors ? et alors ? et alors le journaleux qui a commis l’article n’avait pas sous la main de dictionnaire Français-Anglais et vice-versa : répugnant à téléphoner à Ségolène, la madonne des substantifs en -ude pas faciles à trouver, répugnant à y aller d’une détestation, d’une détestitude, d’une haine – excessif, la haine des asperges, ça devient freudien, et l’on voit tout de suite que c’est sexuel : que vous évoquent donc les asperges ? – notre rédacteur y est allé d’un anglicisme, et allez hop, un petit dislike vite fait, personne ne va s’en offusquer.

Meuhh non, enfin ! trop facile, l’anglicisme inutile, snob et malvenu. L’aversion se fait très bien, » j’ai de l’aversion pour les asperges » (pas moi, mais Moi-Président) ; l’antipathie, bof, c’est trop personnel ; la détestation, un peu long en bouche, comme les asperges, d’ailleurs. Le dégoût ? comme la haine, freudien. Bref, c’est clair, l’aversion pour les asperges, c’est ce dont souffre notre Président, et qu’une bonne thérapie comportementale pourrait soigner. Vous ignoriez, vous, qu’il dislikait les asperges ? avouez, vous n’auriez pas voté pour lui si vous l’aviez su.

Tibert

De la délictuosité du non-amour

Je ne vous aime pas ? c’est inadmissible, et passible de sanction pénale – exécutoire s’il y a de la place en taule, bien évidemment. Ou à la rigueur un bracelet électronique…

Oui, je vous écris ça, car je m’interroge, avec la présidentE d’Act-Up (prononcez Akt’heupe, c’est du simili-Rosbif), sur la propriété de la définition de  « homophobe« . A qui appartient la définition de ce terme ? notez au passage que tous les adjectifs sont féminisés chez Act-Up, les « militantEs » etc. Après tout, le langage est à la disposition de tout le monde, si ça les satisfait comme ça, va pour la fémininE dominantE, il suffit de se mettre s’accord.

Notez que je suis d’accord également sur une partie du message, cité ci-dessus, de la présidentE d’Act-Up, visant à dénoncer les violences anti-homos. Que ce soit en Russie, au Gloubotiskan ou en France, les homos (LGBT si ça vous fait plaisir, voir ce terme dans le Littré) ont droit à vivre en paix et à ce qu’on la leur foute, la paix ; c’est un droit élémentaire. A condition qu’ils ne se fourvoient pas dans des actions délictueuses, réactionnairophobes ou hétérophobes, évidemment. Et, notez le bien, tartiner de sang les locaux d’une association légalement déclarée, c’est délictueux.

Mais  – un billet sans « mais » ce serait un baiser sans moustache – je diverge, là, sur cette phrase : « La définition de l’homophobie n’est pas à la disposition des réactionnaires: elle continue à désigner l’ensemble des violences, discriminations, stigmatisations qui frappent les LGBT « .  D’abord, qu’est-ce qu’un réactionnaire ? mot qui fleure bon la glose PCF des années 50-60, le discours Georges-Marchaisien, « les réactionnaires de tout poil« , « les forces progressistes« , etc. Un réactionnaire ? c’est sans doute quelqu’un qui n’aime pas Act-Up. Et donc, à qui appartient la définition d’homophobie ? pas à Act-Up, pas aux réactionnaires, mais à la langue française. « Phobie » c’est le rejet, la répulsion (*). Supposez que je déteste la musique de Richard Wagner : je suis alors, pour faire court, Wagnerophobe – et alors ? pour autant que je n’aille pas mettre le feu au FestSpielHaus de Bayreuth, c’est mon droit le plus strict.

Il est en effet licite, dans notre beau pays, de penser : les pensées homophobe, Wagnerophobe, etc, ne sont pas punies par la Loi, c’est techniquement infaisable – et si vous saviez à quel point mes pensées sont coupables ! On a aussi – théoriquement – le droit de dire, mais sans « stigmatiser ». Je le dis donc, et même, tiens, je l’écris : la musique de Wagner est pompeuse, lourdingue, grossière. Et c’est mon droit de l’écrire, non mais. En revanche, si j’appellais à saccager le FestSpielHaus au nom de ma Wagnerophobie, ce serait délictueux, ce serait une incitation au délit, et, en termes à la mode, de la stigmatisation – référence cocasse à la Passion du Christ, les militantEs d’Act-Up étant peu suspectEs de piété christique.

Bon, résumons-nous : il y en a qui ne vous aiment pas, et cela vous chagrine, ou, pire, vous fâche ? il faut donc tâcher de vous faire aimer, si vous y tenez, de vous rendre aimables. A défaut, et pour autant qu’on vous laisse vivre légitimement en paix, faites-vous une raison. On ne peut pas forcer à aimer, ça deviendrait totalitaire, voire louche.

Tibert

(*) terme utilisé de manière généralement péjorative, mais la racine grecque ne l’exprime pas.

Plus plus ? plus ?

Ce matin tôt (au fait, avez-vous comme moi le bonheur d’entendre le concert des oiseaux sur le coup de 5h 15- 5h 30, quand Potron-Minet montre le bout de son museau ? tiens, une chauve-souris qui volète, elle va bientôt se rentrer et se mettre au plume… fin de la parenthèse naturaliste – mais vous pouvez dormir la fenêtre ouverte, vous entendrez les piafs depuis votre lit, c’est moins fatigant), bref, disais-je, tôt ce matin, virgule, je lis dans la presse du matin (celle de la veille au soir est, ce matin, identique à son contenu de la veille au soir) deux points ouvrez les guillemets Plus de femmes chez France-Télévisions à la rentrée fermez les guillemets point

Et, comme j’étais dans l’incertitude de la date de début du Ramadan, était-ce hier ? était-ce ce jour ? les théologiens musulmans se déchirent sur ce point, et je m’en désole, j’en étais à me demander, peu après le concert des oiseaux, si j’allais me taper le reste du rosbif froid du repas d’hier midi, sur une belle tranche de pain frais, avec de la mayo, de la moutarde (*) et une tasse de thé, ou si ça valait la peine d’attendre l’heure officielle de la rupture du jeûne nocturne – ça s’appelle communément « petit déjeuner », la rupture du jeûne nocturne – muni de la seule tasse de thé. Mais vous vous en foutez, je le sens, je n’insiste pas. Avouez, tout de même, c’est quèque chose qu’on soit aussi incertains sur la date d’ouverture du Ramadan, en 2013, zut quoi.

Et donc, je lis « Plus de femmes chez France-Télévisions à la rentrée » et je me demande : Plus ? ils ne veulent plus de femmes à FT ? ou ils veulent plus de femmes à FT ? eh bien le titre est infoutu de me dire ce qu’il en est, et on ignore, le lisant, si on n’en veut plus (plu), ou si on en veut plus (plusse). Alors je vous le demande : à quoi ça sert un titre, si ça peut signifier tout et le contraire de tout ? faut aller lire les articles, maintenant ? où on va, là ?

Mais bon, le Politiquement Correct veillait, et, ouf, c’est « plusse » qui valait, bien évidemment. Des femmes en plusse à FT à la rentrée, donc. Ahhh ! vous pensez comme je suis heureux de l’apprendre. Reste à savoir comment elles vont gérer, avec leur mec, à la rentrée, avec leur boulot à FT, ces femmes, la garde du loupiot ou de la loupiotte (ou alors loupiote ? le dico est muet sur ce point) qui ne contrôle pas encore ses sphincters. Car, madame Pécresse l’a dit, le congé parental pour les hommes dans les premiers mois du bébé, c’est un mauvais plan, « Pensez-vous que le plus grand nombre sont les pères qui ont envie de changer des couches ? « .  C’est bien un truc de femme, ça, d’avoir envie de changer des couches.

Tibert

(*) et à cette heure matinale encore quelque peu obscure, précision importante, on pouvait distinguer le jaune de la moutarde issue de l’industrie agro-alimentaire dijonnaise du jaune de la mayo, qui était, faut-il le préciser, une mayonnaise Maison.