Zéro pointé

L’actualité se bouscule, on ne sait plus où donner du blog, alors que ces derniers jours c’était le grand rien ! Oh bien sûr, on pouvait gloser sur la politique… écrire des billets sur la politique politicienne… fumée au vent !  jouez, fifres et tambourins, vous pouvez flûter, tiens ! Non, sérieusement, de vrais sujets de blog, c’est rare, mais en voilà maintenant à la pelle, ça se bouscule, ça bouchonne, allez savoir pourquoi ça fait ça, c’est comme les caisses au SuperMegaBigDiscount.

Bon, il y a la promo du recrutement alternatif de l’ENA… qui échoue au concours. On écrira quelque chose là-dessus, ça le vaut bien, comme dit l’autre. Mais pour le moment, cette perle du Monde-sur-Toile : « Plus de 10 % de morts sur les routes en un an au premier trimestre 2011. » Ben mon colon (et non pas « mon côlon », attention à l’accent, c’est signifiant !), ben mon gars, ça en fait du monde, ça… 10 % de morts… 10 % de la population française ? pas possible, ce serait le fin du Monde… non… voyons voir… 10 % des gens « sur les routes », ceux qui roulent, pardi ! Vous prenez 10 voitures, eh hop, 1 qui part en vrille, tous morts à bord. Affreux, non ? C’est l’hécatombe, la guerre de 14 multipliée par 2.

Ah mais non, le titre était alarmiste, ce n’est pas ce que vous croyez – moi je crois ce que je lis – c’est « plus de 10 % de morts en plus sur les routes », en comparaison glissée, par rapport au premier trimestre de l’année précédente. Ah bon… donc c’était une ânerie, ce titre… à vrai dire, je m’en doutais un peu… à vrai dire aussi, on aurait pu faire plus simple, par exemple : « Plus 10 % de morts sur les routes en un an au premier trimestre 2011« . Là c’est imprécis, on omet le « au dessus de 10 % », mais l’idée y est… une augmentation de 10 % des tués sur la route. Voyez, entre « plus de 10 % » et « plus 10 % », il y a un gouffre, un abîme.

Et, sur un autre plan, cette nouvelle alarmiste n’en est pas une : c’est du réchauffé, et comment ! car, souvenez-vous, c’est le mois de janvier 2011 qui a pété la barrière statistique, on a déjà largement glosé en haut lieu sur la mauvaise performance de janvier ; donc, tout naturellement, ça se répercute sur le trimestre, c’est mathématique. C’est un scoop d’il y a 3 mois, donc…

Janvier 2011 : verglas, congères, routes-patinoires, DDE impuissantes, plus de sable, de sel, aéroports bloqués par le givre, plus de glycol… la cata ! mais, on vous le dit, le redit, vous êtes – mauvais Français que vous êtes – de mauvais conducteurs, des criminels de la route ! vous auriez dû faire un stage de conduite sur glace, conduire un 4 X 4 équipé de pneus à clous et d’une sableuse sur le pare-choc avant. Inconscients que vous êtes, incorrigibles Français.

Tibert

L'insoutenable durabilité du développement

Tandis que la pluie martèle les lattes des volets roulants, en ce dernier jour de mars 2011, je suis perplexe, perdu dans des pensées vagabondes. Je viens de lire – dépêche du Fig’machin pompée texto du site Web du Parisien-aujourd’hui en France, c’est ça le journalisme d’auteur – que madame Duflot, Cécile, par ailleurs Secrétaire Nationale des Verts Ecolos Européens, a démissionné de son poste d’adjoint(e) à la mairie de Villeneuve-St-Georges… « elle y était chargée de l’urbanisme, de l’aménagement et du développement soutenable« .

Bon, passons – ou plutôt, tiens, parlons-en ! – sur le fait que cette annonce ne nous dit absolument rien sur les raisons de cette démission. Elle a craqué, madame Duflot ? « burn-outée (épuisée, en français, mais burn-out au lieu d’épuisement, ça le fait mieux, non ? ), burn-outée par les cantonales ? ou bien elle a soudain pris conscience des âneries que la politique politicienne fait faire aux femmes-et-hommes politiques ? par exemple sa copine Voynet, presque aussi verte qu’elle, et qui cumule sans vergogne un poste de sénateur et un poste de maire d’une grande ville ? ou elle a pris conscience de son incapacité à remplir sa mission ? ou elle attend un heureux z’évènement ? ou… bref vous ne le saurez pas, et moi non plus. Tiens, si ça se trouve, elle veut se donner du temps pour préparer sa candidature aux Présidentielles, doubler mâame Joly dans la ligne droite des tribunes ? va savoir !

Mais ce qui est neuf, surprenant, ce sont les termes : le développement n’est plus durable, il est devenu soutenable !! Arrêtons-nous, si vous le voulez bien (parce que vous le valez bien, mais si, mais si…) sur cette terminologie : on en a donc fini avec le durable, ce qui est un aveu d’échec. Il n’y a pas d’amour heureux, disait le poète, et il n’y a pas non plus de développement durable ; en d’autres termes, le développement ne dure pas. Du moins, pas assez, pas longtemps, pas comme on le voudrait (à Villeneuve-St Georges, précisons-le ; ailleurs je ne sais pas). On développe, et zut, ça ne tient pas. Pffffff…

En revanche, on peut le soutenir, le développement, de même qu’on soutient un tas de choses qui en valent la peine, ou pas. On soutient des thèses ridicules, on soutient son équipe… on soutient un développement que je vous dis que ça, vous m’en direz des nouvelles ! dans l’hypothèse contraire, ça devient alors insoutenable, vous en conviendrez. L’insoutenable développement de Villeneuve-St Georges… de quoi craquer, non ? eh ben voilà… elle a craqué  ! c’était pas soutenable.

Tibert

Qu'est-ce qu'on pourrait bien raconter ?

Le Figues-à-rôts ne sait pas trop quoi aligner sur ses pages électroniques, il faut bien faire de la copie, c’est le cas de le dire, et alors il va pêcher en copié-collé les dépêches de l’AFP, qu’il nous ressert telles quelles, à nous de voir…

Et ça donne ça : « Halliday ne votera jamais pour le FN« . En voilà une information qu’elle est capitale !! on s’en étouffe, on se tape sur les cuisses : Johnny Halliday, ce phare de la pensée politico-sociale, nous désigne le bon choix, ou plutôt celui qu’il ne faut pas faire ! merci monsieur Johnny H., on est maintenant plus lucides, plus forts, avec vous la France ne sombrera pas.

Mais lisez mieux, ou tout simplement, lisez-la, cette dépêche de l’AFP, reproduite brut de fonderie – ce serait fatigant de la paraphraser : vous alliez vous dire, comme moi, que décidément ce malheureux sexagénaire  pathétique dans son déclin ne savait plus quoi inventer pour se faire mousser, pour exister, qu’il ferait mieux de se contenter de chanter ? pas du tout ! tenez :

« Les Français font ce qu’ils veulent mais moi personnellement… »,

« … mais c’est pas à moi de dire aux gens ce qu’ils ont à faire »,

« un artiste n’est pas là pour suggérer politiquement le vote des Français ».

L’AFP, et subséquemment le Figaro, reproduisent ici des extraits d’une entrevue accordée par l’artiste à France-Inter. Monsieur Halliday dit et redit que son avis est personnel, ça ne concerne que lui, il n’est pas habilité à donner des consignes, il est juste un chanteur… mais, tu peux flûter, mon gars, il faut quand même que France-Inter, l’AFP et le Figaro claironnent que Johnny ne votera pas FN, c’est vachement important.

Monsieur Halliday, vous remontez dans mon estime, et votre modestie – normale en l’occurrence – vous honore. Mais que dire de ces scribouilleux à la gomme, qui tartinent ainsi de la copie accrocheuse, abusive, et pour tout dire malhonnête ?

Tibert

…gais ou …guais ?

Faudrait savoir ! Le Monde, au sommaire, ce tôt matin :

« Le premier ministre portuguais sur la sellette« . Ah ? voyons voir, voyons voir… clic… mouline mouline… ça s’affiche… voilàààà…

« Le principal parti d’opposition portugais a annoncé qu’il présenterait, mercredi 23 mars… » : vous voyez ? on se demande vraiment ce que foutent les correcteurs de ce canard. Il est notoire que « g » n’est doux qu’avec « e » et « i » ; avec « a », « o » et « u » il est dur ! dur de dur. Guttural et tout et tout.

Garage, tiens… ça se prononce « guaraje », pas « jaraje »… « guirlande » pour dire « guirlande », pas « jirlande »… « argument », pas « arguument », etc… vous voyez ?

Tiens, une bien triste : Maître Capelo est mort… j’aimais bien maître Capelo. Lui au moins il défendait notre langue (pas lange, langue !), et comment ! un de ses bons trucs:  « un tableau, ça ne s’efface pas, ça se nettoie« . Ou encore – je l’avais dit avant lui – « on ne rentre pas en 6ème, on y entre« . Sûr que lui aurait pointé du doigt les âneries de la page web du Monde, et comment !

Bon, alors c’est clair, c’est « …gais », portugais, pas « …guais ». Et, à propos de « gais », ou pour faire branché, « gays », la société à la pomme mordue, celle qui a des ordinateurs tout blancs, là, a des soucis parce qu’elle a validé une application informatique destinée à remettre les homosexuels dans le droit chemin (comprenez : l’hétérosexualité classique, la normalité, quoi !). Il se trouve qu’un groupe intitulé « Exodus international » a développé un programme qui propose aux homosexuels « de se libérer de l’homosexualité grâce au pouvoir de Jésus« . Jésus en super-héros anti-homos, vous voyez le tableau… il y a décidément des gens qui ont, comme on dit, « un pet au casque », hein ! les groupies de Jésus… le Christ, roi des hétéros… n’importe quoi…

Mais voilà, la maison Apple a donné son imprimatur (*) à cette application – stupide, certes, conne et malintentionnée – et quelle erreur ! quel scandale ! on ose mettre en doute la parfaite normalité de l’homosexualité ! ça pétitionne à tout va, bien évidemment… comment ça, on nous aime pas ? c’est pas possible, pas légal… homophobie… interdiction… censure… procès…

Vous voyez où je veux en venir ? où ça nous mène ? vous aurez sans doute un jour à certifier par écrit et sur l’honneur la pureté et la conformité de vos opinions quant à la sexualité, les races, les ethnies, l’identité nationale, les religions, la délinquance, et tout un tas de sujets qui normalement font débat. Les gardiens du Temple de La Bonne-Expression veillent au respect du dogme. D »ailleurs, Jésus lit dans vos pensées, alors essayez pas de tricher !

Tibert

(*) on a donc peu de chances d’y trouver des bugs, à défaut d’y trouver une pensée cohérente et rationnelle.

Japon ? jappons

Un commentaire à mon dernier billet, immédiatement poubellisé car en anglais – ce pourrait être du Paul Auster, du Dickinson, du Woolf, je m’en fous, ce site est « de base » en français – « Japan is in crisis right now » : Le Japon est en crise en ce moment !… le scoupe du mois !… vous le saviez, vous ? les 4 heures de reportages en boucle tous les jours sur le réacteur numéro (au choix, de 2 à 4)  ne vous ont pas permis de prendre la mesure de l’ampleur du problème ? faut-il que ce blog se joigne au concert de commentaires vaseux et approximatifs sur les dangers du nucléaire, sur la neige, le sort qui s’acharne, la hauteur et la puissance des vagues, la détresse des Japonais du Nord-Est ? Oui ? alors : une minute de silence sur ce blog, en témoignage de solidarité avec le Japon, ça le vaut bien.

(……….. une minute…………….)

Bien, passons à autre chose. La Lybie ? ah non, pas la Lybie ! maintenant que les astucieux Russes et Chinois (pétrole, pétrole !), les très très prudents Allemands (pétrole, gaz !!), les machiavéliques Italiens (Berlusconi, ENI), les attentistes-mais-pas-pour-rien Etats-Uniens (mieux vaut un bon dictateur que des va-nu-pieds plus ou moins fondamentalistes et dont on ne sait rien) ont mis des bâtons dans les roues, joué la montre ou traîné les pieds avec assez d’efficacité, maintenant que les « rebelles » n’ont plus que la frontière égyptienne derrière eux, et que les seuls Français et Rosbifs (*)  se sont aventurés en terrain miné et à découvert, quel coup reste-t-il à jouer pour sauver l’honneur ?  comme diraient mes amis québecois – désolé il manque l’accent – :  » ça a point d’allure !« .

Eh bien, chers auditeurs, c’est ici la fin de notre chronique. Il resterait beaucoup à gloser, mais c’est l’heure de mes gouttes.

Tibert

(*) Et les Suisses, donc ! ils ont un vieux et méchant contentieux avec monsieur Kadhafi, et je parie un paquet de cahuètes qu’ils seraient ravis de le voir dégager… mais que faire ? ils sont neutres, irréductiblement neutres.

Mac Carthysme à France-Téloche

On peut le lire dans l’édition Toilesque du Monde de ce matin : « Affaire Zemmour : la CGT envoie une lettre ouverte au PDG de France Télévision« . Et la CGT de réclamer la tête de monsieur Zemmour, au motif que celui-ci a été condamné pour incitation à la haine raciale. Je ne sache pas (marrant, ça ‘je ne sache pas’… c’est chié, comme expression !) que la CGT soit en position de donner des leçons de vertu en matière d’information – voir ses contorsions, de conserve avec le vieux PCF, pour justifier les ignominies staliniennes, les anathèmes de « crapules », « social-traître », « rats », « poubelles de l’Histoire » etc…, voir son comportement monopolistique sur la distribution de la presse écrite… – mais là n’est pas le propos.

Voilà : si je ne m’abuse, monsieur Zemmour n’est pas fonctionnaire assermenté, et son statut ne requiert pas un casier judiciaire vierge, tel un policier, un magistrat etc. Monsieur Zemmour est chroniqueur, point. Rien donc n’oblige le PDG de FT à le virer, non ?  et ledit PDG a son libre arbitre, oui ? donc s’il juge que la liberté d’expression reste un bien précieux (et menacé, note du claviste) je l’approuve vigoureusement : c’est son droit le plus strict.

Mais la CGT d’écrire : « les mots portent les choses » : vaste programme, que je recommande comme sujet au bac’ philo lors de la prochaine session. Le poids des mots, le choc des retournements : du temps de monsieur Rivette et de son film « La religieuse », d’après Denis Diderot, le ministre de la Cu-culture de l’époque, dûment chapitré par Tante Yvonne, avait refusé le visa de censure… et la Gauche unanime avait violemment protesté et manifesté, à juste titre selon moi, au nom de la Liberté d’Expression. La liberté d’expression… ça existe, ça ?

France Télévision, l’ex-ORTF : « la voix de la France », disait monsieur Pompidou. Avec la CGT, « La Voix de la France » reprend du service.

Tibert.

T de trop

Comme quoi, une lettre  de trop… c’est difficile, l’écriture. Tenez, hier, sur un canard gratoche (« 2o minutes », mais à mon avis en 2 minutes c’est torché) : « Eric Zemmour applaudit à l’Assemblée« .

Allons bon, pourquoi monsieur Zemmour – fin statisticien mais mal avisé de le faire savoir – applaudit-il à l’Assemblée (« Nationale », l’Assemblée, what else ?) ? quel besoin a-t-il d’y aller claquer dans ses mains ?

Ah mais non pas du tout ! le corps de l’entrefilet journalistique nous informe que monsieur Zemmour a été applaudi par les députés- pas par la Gauche, eh oh, ne rêvons pas – car il était venu appuyer une proposition de mettre à la poubelle des lois que personnellement je considère aussi comme mal fagotées, Gayssot Taubira etc… tant il est  absurde de punir pénalement les propos spécifiquement antisémites, tandis qu’on peut insulter à loisir et traîner dans la boue les Asiatiques et les Blancs, par exemple.

Bref : Zemmour applaudit ? non, Zemmour applaudi. T, t’étais de trop. D’ailleurs, la version « Toile » du même canard gratoche a rectifié le tir… comme quoi il y en a qui ont encore quelques notions d’orthographe. Mais si vous Googlez quelque chose du genre « Zemmour Assemblée » vous tomberez encore sur des liens où le « t »  s’entête au bout de son « applaudi », n’est-ce pas France-Soir ?  c’est dur la culture !

Tibert

Deux mauvais goûts

(Pas le temps, pas le temps… vite vite, tel le lapin d’Alice ) : deux infos qui se télescopent :

1° premio : ceci : un groupe « rock » japonais pris en flagrant délit d’apologie du nazisme (ils l’ont pas fait exprès, c’est pas une faute, c’est une regrettable erreur…) avec de magnifiques uniformes SS à la télé, croix gammées, têtes de mort etc. Penauds, les petits Nippons amateurs de mauvais goût nazi tentaient d’expliquer que leur apparition costumée « n’était pas destinée à envoyer un quelconque message idéologique« … tiens donc ! ils ont dû trouver un sac de fringues de la 2 ème guerre mondiale qui traînait par là.

2° deuxièmo : cela : le championnat de groupe de cri du cochon, remporté haut la patte par un groupe fermier de l’Ain. L’article ne dit pas si les artistes étaient costumés en Naf-Naf . Mais ce talentueux groupe de rockeurs groin-groin n’a pas fait de déclaration de repentance publique : rien pour s’excuser d’avoir fait usage des attributs d’un animal devenu de nos jours très incorrect politiquement, déjà banni de nos dinettes en avion, souvent absent de nos cantines, bref carrément mal vu dans certains milieux sourcilleux.

Qu’en penser ? rien. Le jour où les imitateurs du cri du cochon le soir au fond de sa soue devront s’excuser de leur mauvais goût et de leurs provocations, je serai très très triste.

Tibert

Vaste sujet !

Dans la rubrique des lapsus les plus ceci, les plus cela,un petit dernier fera les délices de celles-z’et-ceux (merci la langue de bois) que le rugby, la démission de MAM, le retour de monsieur Hortefeux en Auvergne, les sabotages de voies SNCF indiffèrent. C’était mâame Aubry qui s’y collait cette fois-ci : « le projet socialiste (…) est extrêmement vague !… [un temps…] vaste ! » et le journaleux qui lui tenait le crachoir de sauter là-dessus à pieds joints, bien évidemment.

Point n’est besoin de plonger dans les profondeurs psychanalytiques du lapsus pour en inférer que la Première Secrétaire en Chef du PS a du vague à l’âme. Mais bon, ‘vague’ et ‘vaste’ ne sont pas antinomiques, et je ne prends pas ça pour un lapsus de chez Lapsus, mais plutôt pour une  expression nuancée de la vaguitude (merci mâame Ségolène, celui-là restait à inventer) qui caractérise le projet socialiste – si l’on peut se permettre de le mettre au singulier, tant il y a de variantes !

Le contraire de vague, ce serait plutôt ‘précis’, ‘affûté’, non ? la vastitude rejoint souvent la vaguitude, par exemple dans le vêtement des personnes affectées de surpoids. Et puis le ‘vaste’ permet d’entasser un tas de fourbi dans le sac à propositions socialistes, et si c’est ‘vague’ ça ne fait pas trop désordre, pas vrai ?

Reste que sa copine ou  rivale – c’est selon – la souriante madone des Charentes-Poitou, n’aura pas besoin de trouver un néologisme en ‘..ude’ pour caractériser ledit projet socialiste : trop vague, trop vaste, ça fait vide, ça sonne creux, ça évoque la vacuité.

Tibert

Aucuns

Surprenant, cet « aucuns », dérangeant, incongru. Car « aucun » c’est rien, pas du tout, nada, en maths : zéro ! Et comment mettre le rien au pluriel ? Bien entendu, on m’objectera, je l’entends d’ici, le sketch du regretté Raymond Devos « trois fois rien, c’est déjà quelque chose« , on me jettera dans les pattes des « petits riens« , bien pluriels quoique riens, quoique petits.

On en viendrait presque à supposer qu’un rien, singulier – certes ! nommer l’absence, la vacance, le manque, le « rien » c’est tout à fait singulier – à supposer qu’on en aligne un certain nombre, ça va finir par donner une masse non négligeable, voire significative. Disons-le tout cru, c’est une horreur mathématique et un cauchemar ! mais trêve de fadaises dominicales – c’est dimanche, il pleut, parfait pour un dimanche – nous sommes ici pour débusquer un « aucuns », braquer les projecteurs de l’actualité et du buzzz médiatique sur cet animal à 6 pattes, l’Aucuns.

Je puis en témoigner, j’ai fréquemment rencontré Aucuns. Vous aussi ? c’est peut-être un quiproquo : écartons de notre champ d’études l’usurpateur, ce lointain cousin nommé D’Aucuns ; rien à voir ! D’Aucuns est partie prenante de ces formules vaguement Vieille-France qui jabotent, « …d’aucuns s’autorisent à penser que … », eh va donc, D’Aucuns, c’est pas de toi que je cause, dégage ! Non, « Aucuns » est un animal qui a ses tanières, ses repaires , qu’on peut donc repérer fort commodément dans son habitat favori – le mot est bien trouvé, habitat ! – car « Aucuns » est quasiment toujours fourré dans l’immobilier, par exemple dans les pages du Figues-à-rôts où l’on tente de nous vendre à des tarifs parfaitement déraisonnables des biens pas si bien que ça avec, tenez, des accroches du style « aucuns travaux« .

Aucuns travaux ! d’abord c’est évidemment faux, il y en a toujours, des travaux ! mais passons, ce n’est pas le propos. Essayez donc de me trouver un autre « aucuns » que … travaux : il n’y en a pas ! aucune idée, aucun individu, aucune bête au monde, aucun… ne cherchez pas, c’est peine perdue. « Aucuns » ne navigue de conserve qu’avec « travaux ». « Aucuns travaux », c’est Philémon-Baucis, Roux-Combaluzier, Alfa-Giulietta, Popaul et Virginie.

Disons-le crûment, c’est l’immobilier qui a engendré ce monstre. Il y en aurait bien un pire, « aucuns travails » mais ce serait carrément insoutenable ; ce l’est largement assez comme ça. Reste à se poser la question du pourquoi ? pourquoi « aucun » est-il toujours immuablement singulier (j’exclus « d’Aucuns », c’est un intrus, vu ? ) sauf dans « aucuns travaux » ?

… parce que  1) premio  : « aucun travail » ça fait flemmard, cossard,et pour tout dire cancre, ça évoque carrément les bulletins de notes catastrophiques. 2) deuxièmo : dans le bâtiment c’est toujours au pluriel, parce que lorsqu’il faut changer un joint ça entraîne immanquablement :

– le démontage du chauffe-eau, qui de toutes façons est foutu, on fait plus ce modèle-là, allez hop poubelle,

– d’importants travaux de soudure, avec carbonisation du papier à fleurs qui était là par inadvertance,

– l’installation d’un nouveau chauffe-eau avec gravats, cochonneries, fuites et retouches diverses aux différentes malfaçons constatées,

– la réfection du papier peint, peinture, plâtrerie, menuiserie, plus dégâts des eaux chez le voisin du dessous,

– enfin, et surtout, d’importants travaux de facturation.

D’où la formule « aucuns travaux ».

Tibert