Radio-débilo

Hier samedi, roulant sur une nationale bordée de ci de là de quelques baraques éparses, et l’oeil rivé sur le compteur pour respecter scrupuleusement la vitesse arbitrairement fixée à 50 km /h par un fonctionnaire facétieux, trop zélé ou mal renseigné (qui ? la DDE ? la mairie ?  la police ? le gouvernement ? on ne vous le dira pas), bref, roulant dans ma voiture, je mets la radio (excusez moi, j’ai détourné le regard du tachymètre quelques dixièmes de secondes, j’ai pu atteindre 52,3 km/h, aïe aïe aïe !!) pour avoir les « nouvelles » du jour sur France-Inter.

Ding-dung-dong, il est 9 heures, vachement important, le scoop du jour : la reprise du championnat de foot ! puis Bison Futé : attention ça roule mal, samedi rouge, noir, rose-bonbon dans le sens des transversales, etc.

Suivent : en Russie c’est la cata avec les feux de tourbe, et Tchernobyl n’est pas loin ! Au Pakistan on a les pieds dans l’eau, comme à Juan les Pins, mais c’est beaucoup moins rigolo, y a des morts  ! en Afghanistan, 7 ou 8 membres d’une ONG chrétienne ont été assassinés par les Taliban. Etc etc.

Bon,vous je sais pas, mais moi ça me les gonfle menu, ces infos de m… Quand les journaleux auront un peu de respect pour leur profession et pour leurs chers-z’auditeurs, quand ils arrêteront de les prendre pour des abrutis façon « allez l’O-M ! », on en reparlera. En attendant, vive donc la radio muette : encore un gadget inutile.

Tibert

Dérivées chinoises

« La croissance chinoise ralentit » titrent plusieurs canards électroniques, des très financiers et des pas très.

Voyons voir, voyons voir… quand on ralentit, c’est qu’il y a diminution de la vitesse, non ?  (*) –  la vitesse (la vitesse de quoi ? du PIB ? ça court, un PIB ? ),  la vitesse, donc :  distance parcourue par unité de temps. Diminution de la vitesse : moindre distance parcourue par unité de temps. La croissance : l’augmentation du PIB chinois par unité de temps… l’augmentation : le supplément de quantité par unité de temps. Voyons voir voyons voir… je reformule :

La différence de valeur du PIB chinois constatée par unité de temps, par rapport à l’unité de temps précédente,  enregistre une quantité de distance parcourue en une unité de temps, moindre que la distance parcourue au cours de l’unité de temps précédente.

C’est clair, non ?

Non ? c’est pas clair ? alors, autrement : la dérivée seconde de (la distance parcourue par rapport au temps) de la dérivée première (du montant du PIB par rapport au temps) est négative !!

Mais ici on se trouve face à une « image » journalistique : quand on nous dit « ralentit », on veut dire « se tasse », « est moindre ». Il ne s’agit pas de vitesse ni de radar mobile (vous suivez ? 90-110-70-50-90-70-etc etc…) : il s’agit de faiblissement de la croissance. Aaaahhhh bon. Ah ces journalistes, toujours l’image qui fait mouche !

Donc reformulons : la dérivée seconde de la dérivée première du montant du PIB par rapport au temps est négative. On peut en déduire immédiatement que la dérivée troisième du montant du PIB chinois par rapport au temps est négative – soit d3(PIB) /dt3 < 0.

Eeeeh ben fallait le dire tout de suite, on aurait moins perdu de temps.

Tibert

(*) Au fait, la vitesse : 90 – 70 – 50 – 70 – 90 – 50 – 30 – 50 – 70 – 90 – 70 – 50 – 70 – 50 etc etc : surtout ne loupez pas un seul panneau : crac dedans, moins 3 points et moins 90 euros, assassin de la route que vous êtes !

(**) au fait, hier sur l’autoroute – vachement chère d’ailleurs, cette autoroute, 2 fois trop chère – je double un camion… j’étais à 133 compteur, soit 128 km/h réglo-réglo, foi de GPS, et lui doit calculer ça correctement. Bon, je double… il se trouve que mon GPS me donne aussi la vitesse maxi sur la portion de route où je me trouve. Il affichait donc 130, et v’là qu’il se met à 110 !! aurais-je loupé une case ? mon GPS déconnerait-il ? eh non, le gros-cul m’a caché le panneau 110 pendant que je doublais ; confirmation un peu plus loin, avec un obligeant panneau « 110, rappel ». Donc : les panneaux de limitation de vitesse sont mal placés.

En fait si, ils sont très bien placés pour que les automobilistes se fassent b… avoir. S’ils étaient sur un portique au dessus des voies, on aurait la quasi-certitude de ne pas les louper, ces précieux panneaux… mais le fric, hein, le fric ?

Il était temps

C’est connu, en vacances on est vacant, on vaque à son inactivité, on perd son temps, on soigne son ennui. Je vous propose ici de soigner cet ennui en lisant et méditant ce magnifique poème : « Il est temps ».

Je sais c’est dur, mais hein, on n’a rien sans rien.

A chanter sur un rythme binaire, en tapant dans ses mains, autour d’un feu de camp, dans une clairière, le soir tombé. Tout autour, pour peaufiner le décor, on peut installer un large cercle de tentes, avec des serviettes qui sèchent sur les tendeurs.

Si l’un de vous a une gratte et sait s’en servir pour plaquer les 2-3 accords qui vont bien, c’est encore mieux.

Il est temps
Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Passer partout notre message
Il est temps de choisir
L’histoire qu’on veut écrire
Chanter pour les sans-voix
Donner tout ce qu’on a
Il est temps
Il est l’heure
Laissons la raison nous conduire
La justice en ligne de mire
Héritiers d’une Histoire
Progressiste et sociale
Enfants de la mémoire
Parents d’un idéal
Il est temps
Il est l’heure
Révoltés passionnés optimistes
En un mot disons socialistes
De clamer au grand jour
Les valeurs humaines pour
Faire la gauche solidaire
Unie et populaire
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Liberté Egalité Fraternité
Laïcité Solidarité
Volontaires répondez présent « présents » !
Faut du coeur de la sueur et du ciment
Santé culture éducation logement
Féminisme écologie ici et maintenant
Tout seuls on n’y arrivera pas
Mais ensemble solidaires, on a du poids
Il est temps
Il est l’heure
Il est là le choix des possibles
Si nous sommes un indivisibles
Il est temps de faire voir
Ce que sera l’histoire
Citoyennes citoyens
Prenons nos vies en main !
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est temps
Il est l’heure
Révoltés passionnés optimistes
En un mot disons socialistes
De chanter haut et clair
Les valeurs qui vont faire
Une gauche solidaire
Unie et populaire
Il est temps
Il est l’heure
Il est là le choix des possibles
Si nous sommes un indivisibles
Il est temps de faire voir
Ce que sera l’histoire
Citoyenne Citoyen
Haut les roses et les poings
On est là
On est venu tourner la page
On est là
Passez partout notre message
Il est temps
Un espoir s’est levé
Il est l’heure
Les couleurs ont changé
Ecoutez les gens qui s’impatientent
Donnons tout ce qu’on a
Chantons d’une seule voix
Il est temps Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Il est temps Il est l’heure
Passez partout notre message
Il est temps Il est l’heure
Il est temps de tourner la page
Il est temps Il est l’heure
Il est temps
Il est temps
Il est temps.

C’est dur, hein ? je vous avais prévenus.

Tibert

Comment qu'on fait l'info

On sait – on suppose – qu’un organe de presse, un journal par exemple, donne des informations. Machin a gagné Milan-San Remo, le prix du lait a augmenté, etc. Mais on a tort, tenez :

– Le figues à rôt – « Bettencourt : des versements à Woerth ?  » : L’ex-comptable d’André et Liliane Bettencourt affirme au site Mediapart que…

– Le Monde – « Les Bettencourt auraient financé des personnalités de la Droite française »  : même source de suppositions, l’ex-comptable cité plus haut par le Figaro, et pour cause, puisqu’il s’agit aussi des confidences faites au site Mediapart.

Le Figaro boucle et ficelle le truc : dans un article voisin de la même livraison du 6 juillet, on peut lire « Selon Le Monde, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, entend faire la lumière… [ sur un autre point de l’affaire Bettencourt].

En somme, on peut en conclure que les journalistes se renseignent en lisant les journaux. Mais comme ils sont prudents, veulent éviter l’effet « l’homme qui a vu l’homme qui … qui… qui a vu l’ours », ils mettent tout ça au conditionnel, ou avec une bonne bardée de points d’interrogation. On ne pourra pas les accuser d’affirmer à la légère, hein !

Reste au journaleux, ayant rassemblé ses sources, à mettre tout ça en musique, bref, en bon français : c’est là le plus difficile ! tenez, Le Monde du jour, dans le même article sur l’affaire Bettencourt, je cite texto : « Ces nouvelles accusations surviennent alors qu’une enquête sur la fraude fiscale présumée de Liliane Bettencourt, héritière de L’Oréal. Le procureur Philippe Courroye entend toutefois…« . Ah zut on a oublié de finir une phrase ! pas grave, c’est du jetable, coco, dans trois quatre heures ça aura disparu.

Moralité : Sic transit… (intestinal).

Tibert

Solstices

Vous je sais pas, mais moi ça me fait quèque chose le solstice d’été, tous les ans ça me fait quèque chose. Va savoir pourquoi, en fait si je sais bien pourquoi, j’attrape le cafard avec le solstice d’été : dès demain ma parole les jours vont raccourcir. De pas grand’chose, qu’ils vont raccourcir, des pouièmes, des riens du tout de deux trois minutes, mais ça va finir par se voir, et justement on n’y verra plus, et on aura pas profité des longues soirées de juin, que cette année je vous dis pas le temps pourri qu’on se tape.

Allez va quand même au solstice d’hiver c’est bien le contraire : ah ça oui on en prend un bon coup de moral quand arrive le solstice d’hiver : plus que six mois et c’est l’été qui va arriver, et que les jours rallongent, oh pas boucoup, à la Sainte-Luce le saut d’une puce, comme on dit.

Allez, bon été quand même ! pourvu qu’on ait pas la canicule !

Tibert

Pfffff, encore du sport !!

Je cite Le Monde : « Athènes (métonymie pour « le gouvernement grec », NDLR) s’attaque à l’évasion fiscale, sport national« .

Je reformule donc : l’évasion fiscale est un (le ? ) sport national en Grèce. Bien.

Et tiens, lisant les croustillants compte-rendus du procès Kerviel-Société Générale, je lis ceci de la plume du plumitif Figaresque : « Il [monsieur Kerviel] a cette formule sidérante : déjouer les contrôles, c’était «un peu le sport national dans les salles de marchés» ».

Et cela, un paragraphe plus loin, toujours de la bouche du même Kerviel – on semble pratiquer plusieurs sports nationaux dans les salles de marchés :

« Transférer des bénéfices d’année en année, c’est un sport national« .

Récapitulons : le contournement des contrôles, l’évasion fiscale et le transfert de bénéfices d’année en année sont trois sports nationaux. De pays différents, hein ! attention, ne confondons pas les sports grecs et les sports de la Société Générale.

Maintenant, allez savoir pourquoi on n’inscrit pas ces sports au programme des Jeux Olympiques, pourquoi il n’y a pas de Coupe du Monde du contournement des contrôles ? la réponse est simple, limpide ; ce sont des sports NATIONAUX, comme le cricket, la pétanque et le palet vendéen. Des règles trop complexes, faible popularité, peu d’amateurs… quoique, la fraude fiscale…

Tibert

Le fakir et les meneurs

Un site que je fréquente volontiers – savoureux, instructif, vous en reprendrez bien un peu ? – j’ai nommé « Langue sauce piquante« , le blog des correcteurs du monde.fr, et si vous me suivez, vous avez déjà été y tremper votre mulot, vu que je l’ai référencé dans mes « favoris », ce site, donc, nous régale d’un titre suggestif : « Les meneurs arrivent par la Chine« .

Façon de gloser sur le mot « meneur », qui sent bon son syndicalisme persécuté et ses manipulations policières ; façon aussi de nous remettre en mémoire, d’un clin d’oeil, certains petits bijoux de contrepet. Les commentaires des lecteurs du billet dont je vous entretiens ici montrent que ledit clin d’oeil n’est pas passé inaperçu ! Moi, j’étais resté sur la citation classique et célèbre « le fakir est arrivé à pied par la Chine » ; les meneurs arrivent eux aussi par là, sans qu’on nous dise si c’est à pied, à vélo ou en pousse-pousse, mais bon…

Ceux qui arrivent aussi par la Chine (0-1, but des Chinois), ce sont les footballeurs de l’équipe de France qui sont, paraît-il, arrivés en Afrique du Sud pour y participer à la toute proche Coupe du Monde. Ne lisant pas dans le marc de cahoua, je ne puis prédire quelle équipe sortira vainqueure (vainqueure… quelle horreure !) de ce cirque, mais au vu des miteuses prestations des footeux français (*) je puis sans risque prognostiquer un rapide retour au pays dès la fin des matchs de poules. Chouette, on va pouvoir passer à autre chose.

Hélas, il va y avoir le Tour de France… là on ne pourra pas y couper : nous allons vivre assiégés par le sport (le sport des autres, bien entendu) et la caravane Miko et Merlin-Plage. En coupant la radio et la télé, peut-être ?

Tibert

(*) Disons le : parmi les 23 footeux partis chercher en Afrique du Sud leur prompt billet de retour , tout n’est pas à jeter, notamment certain petit ailier gauche remuant et vif, qui joue d’habitude en Allemagne – lui honore son salaire et son maillot. Mais globalement, c’est une équipe confondante d’inefficacité et de mornitude (merci, Ségolène, de me l’avoir soufflé). Je croyais, moi, que le sport était joyeux.

Paroles, paroles

Je lis ce matin, à propos de militants pro-palestiniens débarquant à Roissy-Charles de Gaulle hier – en provenance de Tel Aviv, expulsés qu’ils étaient par les autorités israéliennes après leur virée navale et meurtrière vers Gaza – que des groupes d’individus les attendaient pour manifester leurs convictions, individus de deux camps distincts et qui ont failli en venir aux mains : les uns criant « Israël vivra, Israël vaincra » (ce qui sous-entend que vivre c’est vaincre, drôle de façon de vivre en paix), les autres clamant « Allah est grand » dans une langue que je n’entends point, sans doute de l’Arabe.

Je ne comprends pas qu’on puisse se quereller ainsi : ces deux affirmations ne sont pas contradictoires. On peut très bien prédire qu’Israël vivra et vaincra (je vais bientôt gagner au loto, demain on rase gratis…) sans que cela empêche d’affirmer péremptoirement qu’Allah est grand – ce que personne n’a jamais pu vérifier.

Tibert

Noms d'oiseaux

Ce clair et beau matin de pluie, il pleut, l’équipe de France de football continue de faire ce qu’elle peut, mais elle peut peu, et le pétrole labellisé BP continue de couler à flots dans le golfe du Mexique ; si les bains d’hydrocarbures vous tentent, c’est le must des spots, comme on dit.

A part ça, tout baigne. Juste une phrase pour vous résumer l’ambiance du week-end de la fête des mères… la première secrétaire du PS, madame « 35 heures »  :

«J’ai un peu l’impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c’est un peu M. Madoff qui administre quelques cours de comptabilité».

Malgré les deux coquetteries destinées à alléger le propos : « un peu l’impression« , « c’est un peu » (un petit peu, c’est ça, voilà voilà !), madame Aubry a un peu poussé, et, bien évidemment, dans les rangs de la majorité, on la somme de s’excuser. Elle ne s’est pas excusée, pour le moment. Je ne vois pas, moi, où est l’offense : si ça se trouve, ce monsieur Madoff, escroc, certes, et quel escroc, est un excellent comptable, doublé d’un pédagogue hors pair.

C’est pourtant, chère madame Aubry – si je puis me permettre un commentaire désobligeant – nous resservir une Nième mouture du bon vieux discours : « on est peut-être mauvais, mais les autres en face sont aussi nuls que nous ». Les sportifs, eux, au moins, ont des formules plus lucides, plus positives : « on a été mauvais, mais on tâchera de faire mieux la prochaine fois ». On peut toujours faire semblant d’y croire.

Tibert

Merputations

Je lis dans une édition électronique du « Monde » que « le droit au logement opposable n’a pas fait baisser le nombre de sans-logis« . C’est une nouvelle navrante, certes ; vous pensez bien que si ça ne tenait qu’à moi, on aurait relogé tous ces pauvres gens vite fait, allez hop,  y a qu’à. Mais là n’est pas mon propos, ni celui de redire avec véhémence combien me mettent en rogne tous les députés-maires et sénateurs-maires de notre beau pays, professionnels du hold-up électoral et de la retraite à 82 ans. Non, je veux juste ici soulever une question, on étaiera (on étayera, si vous préférez) pour éviter qu’elle retombe trop brutalement.

Voilà : « droit au logement opposable » : qu’est-ce qu’un logement opposable ? je ne saisis pas très bien ce concept. Je perçois bien le sens de « logement exigu », « logement de fonction », « logement fastueux », « logement délabré », etc etc, mais « logement opposable » ? vous voyez, vous ?

Mais ne me prenez pas pour une bille, je sais pertinemment que c’est le droit qui est opposable, pas le logement. C’est « droit opposable au logement » qu’il eût fallu écrire. Contrairement au « poulet au vinaigre balsamique« , qui n’est bien évidemment pas un « poulet balsamique au vinaigre« .

Mais pourquoi le journaleux qui a commis cet article a-t-il commis également cette inversion de termes ? c’est là le fond de l’histoire : « droit au logement » est devenu une expression insécable, UN mot… comme « cor au pied » ou « Réaumur-Sébastopol » : on écrit « cor au pied volumineux », pas « cor volumineux… ». Donc « droit-au-logement », mettons-y les tirets. Manque le pendant : quid des devoirs au logement ?

Tibert