Lever la papatte pour laisser une trace

La pyramide du Louvre a 20 ans, et il s’en trouve qui jugent utile de marquer le coup. Marquons donc le coup…

Outre qu’elle est aussi naturellement posée dans le cadre du Louvre qu’un égoutier parmi des danseuses en tutu, elle est fort peu fonctionnelle, puisque qu’incapable d’abriter des intempéries les visiteurs faisant la queue pour entrer au Musée. En gros, c’est un énorme abribus pyramidal, sans abri ni bus, prétendument transparent mais quasiment opaque.

Il est remarquable, à ce propos, que deux de nos présidents aient absolument voulu laisser leur signature sur Paris, y lever la papatte, Evidemment pas De gaulle, qui s’en foutait, ni l’auvergnat Giscard, qui, lui, s’est focalisé sur Clermont-Ferrand, pas plus que Chirac, trop occupé à placer ses arts primitifs.

Mais Voyez Pompidou : les autoroutes des voies sur berges, erreur majeure, contresens historique, et Beaubourg, l’exception, allez, soyons juste,  ça a de la gueule. Mitterand, lui, s’est acharné sur Paris, Opéra-Bastille, grosse mocheté qui perd sa peau par plaques sous ses bas résille, la Grande Bibliothèque, construction aberrante sur le plan fonctionnel et sans aucun intérêt esthétique – c’est encore un moindre mal-, la pyramide du Louvre…

Bref, vingt ans après, marquons le coup, tirons-en les leçons : ce n’est pas parce qu’on est un homme politique de premier plan qu’on a bon goût. Laisser une trace sur cette terre, nous en avons tous le besoin vital ; mais pourquoi s’en prendre aux édifices, à notre cadre de vie ? les demoiselles Tatin ont bien laissé leur trace, trace savoureuse, elles, et sans gâcher le paysage. Laissons donc l’actuel président méditer là dessus, nous mijoter une recette de sa façon, un truc qui restera… je ne sais pas, moi… d’un Hadopi loupé pourrait naître un plat savoureux, qui sait ?

Je change de sujet : passant hier devant une enseigne baba-coût, « Hard-discount », comme on dit, horrible assemblage de phonèmes, blasphème linguistique, je pensais à « casse-coûts » : ça serait déjà mieux, non,  « casse-coûts ? et puis ça fait hardi, jeune, entreprenant… Lideul le casse-coûts, ça sonne bien, non ? … non ?

Voyons voir, voyons voir…

Je ne sais où donner du clavier d’ordinateur ce matin. Ca fuse, ça foisonne d’informations toutes plus craquantes les unes que les autres. Celle qui suit me plaît assez…

MAM (la ministre de l’Intérieur et des Cultes) songe à interdire les cagoules dans les manifs. C’est vrai, quoi, quand on a quelque chose à hurler en masse, on ne se cache pas, au contraire ! Mais pour être exhaustif, et éviter un nouveau millefeuille législatif, je lui suggère de proscrire, dès le premier jet du texte, les masques (de Zorro, de Mickey, de Chirac, de…), les écharpes relevées sur le nez, les cols roulés relevés itou, les capuches de duffle-coats, de sweaters, de survêtements, les hidjabs, les burqas afghanes, les faux-nez de clowns, les maquillages trop appuyés, les casques de moto intégraux, et j’en oublie sûrement.

Et ça : un policier est en garde à vue pour avoir présumément divulgué une video de camera de surveillance dans un bus, montrant une violente agression. Evidemment, aussi sec ladite video se retrouve sur la Toile, vous pensez, avec tous ces voyeurs…  On se demande bien où est le coeur du délit, ou plutôt on subodore que le fond du fond du problème, c’est qu’il ne faut pas inquiéter les braves gens. Oui, braves gens, dormez tranquilles, tout est calme. Comme à Strasbourg, où il ne s’est rien passé, puisque les membres de l’OTAN n’ont rien entendu.

Mais je me dis que le circonstanciel est trop fugace, évanescent, et que les seuls billets qui resteront, que la postérité retiendra, sont ceux qui savent se détacher de l’actualité immédiate, au ras des feuilles de chou, pour atteindre l’universel, l’intemporel. En parlant de feuille de chou, tenez, ce titre du Figarôt tout frais du jour – encore du circonstanciel, direz-vous – qui interpelle à plus d’un titre :

Saisi en 2007 par l’ex-premier secrétaire du PS, le Conseil d’État a annulé, «pour une erreur de droit», le refus du CSA de ne pas comptabiliser le temps d’expression présidentiel dans les médias.

L’ex, c’est Monsieur Hollande, François. IL se réjouit d’avoir gagné devant le Conseil d’Etat, pour la raison exposée plus haut. Mais alors, si le CSA (les sages de l’audiovisuel public) refusait de ne pas comptabiliser le temps de parole… voyons voir, voyons voir… deux négations égalent une affirmation… les ennemis de mes ennemis sont mes amis… moins par moins donne plus… donc le CSA voulait comptabiliser le temps de parole, c’est clair ! mais pourquoi faire aussi compliqué ? c’est un test de logique ?

Hélas, cher lecteur, si Monsieur Hollande se réjouit d’avoir gagné, c’est – on le lit dans le corps de l’article – que le CSA s’est fait gronder car il refusait de comptabiliser le temps de parole présidentiel. Vous suivez ? on vous dit le contraire de ce qu’on veut vous dire, et c’est à vous de suivre. C’est rigolo, non ?

Assez, un détail

Je réagis ici aux propos de Mme Royal, en tournée africaine au Sénégal. Elle a fait un tabac au PS local en demandant pardon – presque 2 ans plus tard – pour les paroles prononcées par Monsieur le Président de notre République, lors d’un discours à Dakar, en juillet 2007.

La phrase incriminée : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire« . Discours de M. Sarkozy, donc, discours rédigé en fait par la « plume » habituelle, Henri Guaino, qui s’en explique, et persiste.

Les termes de Mme Royal : « Quelqu’un est venu ici vous dire que « l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire » « .

Bien… si vous avez un poil de curiosité, vous lirez la défense que fait M. Guaino de son texte, texte que M. Sarkozy a endossé sans états d’âme.

Vous penserez aussi ce que vous voudrez des propos de Mme Royal, qui – selon moi – a perdu une occasion de se taire ; on est encore dans la repentance, là, et c’est fatigant. Critiquer les propos de M. Sarkozy, pourquoi pas ? c’est dans l’ordre des choses, et ça pourrait donner lieu à une explication de texte. Mais demander pardon pour lui, c’est de la pose christique – je prends les péchés du monde sous ma casquette – et ça, ras la casquette, justement ! S’il y a UNE personne qui serait fondée à demander pardon, c’est M. Sarkozy, et personne d’autre.

Mais bon, je glisse, ce n’est pas le propos central de mon billet ; j’y viens…

Assez ?? où est passé assez ? Miss Chabichou a escamoté assez.

Un détail ? un « détail de l’histoire », comme dirait l’autre ? voire…tenez, un exemple : »Je n’ai pas mangé » – « Je n’ai pas assez mangé ». Vous saisissez la nuance ? non ? alors vous êtes un foutu menteur, ou sérieusement atteint.

« Il n’est pas entré » – « Il n’est pas assez entré (dans l’histoire) » : pas tout à fait pareil. Que je vous explique, Mme Royal : si si, selon notre Président, l’homme africain y est entré, dans l’histoire ; mais pas assez ! Vous saisissez ?

Diffamer une religion nuit gravement

Un lecteur assidu de mes petits billets me signale un fait qui est passé plutôt inaperçu dans l’actualité actuelle (je sais, « actualité actuelle », c’est un pléonasme ; mais moi j’appelle ça une chouette redondance du discours, doublée d’une allitération) . On sait que l’ONU est un « machin » (merci mon Général) qui vote des résolutions, résolutions suivies d’effet ou pas, c’est selon… par exemple toutes les résolutions critiquant le rôle d’Israël dans le conflit Israélo-Palestinien sont lettres mortes, les USA y mettant systématiquement leur véto. Autant pisser dans un violon ! Dans d’autres cas (Corée du Nord, ex-Yougoslavie) c’est la Russie qui bloque tout. Bref ces résolutions ont des succès variables, c’est clair.

Mais en l’occurrence, aucun pays n’ayant mis son véto, la résolution dont je vous entretiens a été adoptée par 23 voix pour, 13 contre, 11 abstentions. Pour, entre autres : la Russie, la Chine, Cuba, le Pakistan ; contre, entre autres, l’Union européenne, la Suisse… Il s’agit de religion, je cite une des sources, et une autre, légèrement différente :

« Le Conseil [ des droits de l’homme de l’ONU ]  a adopté d’autre part une résolution sur la lutte contre la diffamation des religions dans laquelle il se déclare profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l’islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l’homme.

Il engage instamment les États à prendre des mesures énergiques pour interdire la diffusion d’idées et de documents racistes et xénophobes visant toute religion ou ses fidèles, qui constituent une incitation à la haine, à l’hostilité ou à la violence raciale et religieuse. Il a aussi adopté une résolution portant sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction. »

La deuxième source diffère légèrement, mais surtout nous informe que des tas d’ONG ont fait campagne pour que cette idée de condamner toute « diffamation des religions » soit combattue ; en fait c’est l’OCI – Organisation de la Conférence Islamique – qui ramait pour faire aboutir ce texte. Les ONG, elles, énoncent – ce qui tombe sous le sens – que c’est l’homme qu’il faut protéger, pas les religions.

Ce texte, non contraignant légalement, énonce qu’il est condamnable de diffamer une religion.  Diffamer ? du latin di-, privatif, et fames, renommée : diffamer, c’est littéralement « porter mauvaise renommée ». Il est donc répréhensible de nuire à la renommée, à la réputation d’une religion. Donc de la critiquer, ce qui nuit évidemment à sa réputation.

Texte qui nous dit aussi :critiquer une religion, c’est être raciste ou xénophobe ! En somme, religion = nation = race !  Et « raciste », c’est l’injure suprême, le top de l’infamie.

Voilà qui ouvre des horizons, ou plutôt qui les bouche bien. La liberté d’expression n’a qu’à bien se tenir.

Mais en matière de répression de la « diffamation » des religions, rien n’est nouveau sous le soleil : Marx (Karl, pas Groucho), dans un texte intitulé « Critique de la philosophie du Droit de Hegel » – février 1844 –  énonçait que « Elle [ la religion ] est l’opium du peuple« . Ce n’est pas de la diffamation, ça ? Allez savoir s’il ne ferait pas aujourd’hui l’objet d’une ferme condamnation de l’ONU, voire d’une fatwah ? en tout cas, la revue où ce texte était publié fut interdite en son temps en Allemagne et en Autriche, et les auteurs poursuivis. On n’a pas beaucoup progressé…

Yvette et son body

Tiens, une expo ( pour les Parigots, forcément ! prenez le train, les autres, voir http://www.sncf.lunapark.con, le site feu d’artifice qui vous propose un week-end à Kuala-Lumpur en chambre double quand vous voulez acheter un billet aller-retour pour Chateaudun), qui vient de s’ouvrir : « Our body« . C’est une exposition en Rosbif, donc. C’est en Rosbif, parce que c’est beaucoup plus clair, « Our body », que « Notre corps »  : aucun mystère dans « Notre corps », tandis que « Our body », ça le fait. Et puis c’est une expo de viande, donc Rosbif, évidemment ! De viande humaine, chinoise, plastifiée. Beurk. Des Chinois volontaires, je vous rassure, pour être plastifiés. Ah bon, ça me rassure. Donc, si malgré tout vous avez encore envie d’aller voir ça, bon courage et bon appétit !

Autre chose, pour se changer les idées : au lieu d’aller s’agglutiner à Calais, coin venteux et inhospitalier, dans le vain espoir de passer la Manche planqué sous une bâche quelconque – les Britanniques sont donc si peu accueillants ? si mauvais chrétiens ? ils n’ont pas la Cimade, là-bas ? Télérama ? ils ne peuvent donc pas se serrer un peu ? – il y en a un qui a eu la bonne idée d’aller poser son baluchon à Bures-sur-Yvette.  Et on l’y a accueilli à bras ouverts, car il était extrêmement calé en géométrie : le théorème de Pythagore, tout ça…

Donc, si vous êtes bons en maths, arrêtez-vous donc à Bures sur Yvette, c’est sur la route de Calais : Yvette vous recevra avec le sourire.  Elle pourra même vous faire naturaliser Français en deux coups de cuillère à pot.

On touche le fonds, là

Si vous empruntez la très pénible nationale Cholet-Poitiers  (camions, camions, camions, bandes blanches continues à gogo « pour votre sécurité », micro-hameaux à traverser religieusement à 50 km/h, les yeux braqués en alternance sur l’éventuel gamin qui pourrait traverser en courant après son ballon, et sur l’aiguille du tachymètre, et j’en passe) – route nulle quant aux paysages traversés, bref moche de chez Moche – vous ne pouvez pas rater l’usine Heuliez, gros machin trapézoïdal près de Bressuire, à gauche en venant de Cholet. Eh bien, cette superbe entreprise bat de l’aile, n’a plus de sous. C’est dans tous les canards, je ne vous apprends rien. Et alors ?

Et alors, l’Hibernation nous conte que Ségo et Jean-Pierre, les ennemis du Poitou (ne vous méprenez pas, ils n’ont rien contre le Poitou, ils seraient plutôt pour, mais ils sont du Poitou, et ennemis), Raffarin et Royal, donc, tous différends mis en berne, volent au secours d’Heuliez.

Je cite le journaleux : « Au coeur du débat, il y a le fameux FSI, le Fond d’investissement stratégique, créé par Nicolas Sarkozy pour venir en aide aux entreprises en difficulté. Ségolène Royal, dans son intervention sur le site d’Heuliez, en a profité pour demander des éclaircissement sur le fonctionnement de ce fond… »

Oui, comment ça fonctionne, ce machin, là, le FSI ? y aurait pas un double fond ? et l’orthographe aussi, elle est à double fond ? fonds, alors, s’il est double ???

Allez, fond, fonds, c’est pas grave… surtout quand on est en fonds. Le FSI, mesdames-messieurs, c’est en fait un fonds ; mais à piquer dedans, il font, et on en atteindra bientôt le fond. Le fond du fonds… le fond du Poitou, pardi. Le fin fond.

Crisologie et solubilité

La crise (prononcer Kkkriîse) sera-t-elle soluble dans les flots de fric que les états – dont le nôtre – abreuvent les sillons des banques ? cette thérapie semble en tous cas avoir des effets bénéfiques sur le niveau des primes versées aux cadres des institutions financières, responsables de la mouise où ils se / nous ont mis : belles primes, de quoi arroser ça, donc, voyez AIG aux USA.

Autre question, la crise sera-t-elle soluble dans les cortèges de manifestants et les beuglements « Sarko des sous » ? entendra-t-elle les voix qui montent vers elle, les complaintes itératives et chroniques des enseignants, les états d’âme des chercheurs, aura-t-elle pitié des fonctionnaires et assimilés, partis aujourd’hui pour leur 4.974 ème République-Bastille, ou Nation-République ?

A vos statistiques syndicats-police, ce soir… comme d’hab.

Après le sommet, ça descend

« Alain Bashung était au sommet de son art« , nous balance-t-on dans un vibrant hommage (*).

D’abord, on n’aurait pas eu droit à ce genre de littérature si Bashung était toujours de ce monde. Le journaleux aurait trouvé totalement inintéressant de nous tartiner un article sur Bashung.

Donc, premio : si l’on vous tartine des hommages, dites-vous que c’est posthume.

Deuxièmo : « au sommet de son art » ? vraiment ? il progressait donc encore, Bashung ? ou bien se déplaçait-il « en palier », sur un plateau ? De fait, s’il progressait toujours, il est bien évident qu’il a atteint le sommet de son art… puisque dorénavant il n’aura plus guère l’occasion de l’exercer, son art.

Troisio : C’est le bon moment pour partir et tirer sa révérence, « le sommet de son art ». Après, on ne pourrait que débiner, se répéter, décliner… après le sommet, ça descend. Chapeau, donc, M. Bashung, c’était pile le bon moment pour partir.

Quatrio : Chapeau, justement, et lunettes… exactement le même chapeau que Leonard Cohen. Pile poil. J’ai été frappé, le lendemain des Victoires de la zizique 2009, de la ressemblance scénique entre Bashung et Cohen, le Cohen d’il y a quelques années, tout de même – c’est une remarque élogieuse, je vous le dis, je révère Cohen – mais personne ne s’en est avisé… nous avions notre Leonard Cohen, et ne le savions pas.

Il nous reste l’autre, le vrai, un peu décavé, évidemment, mais la voix est toujours là, et lui ne fume pas.

(*) Vous avez remarqué ? les hommages sont parfois appuyés – sur quoi ? – mais plutôt vibrants : ils  vibrent très facilement. Au point qu’il est interdit à la troupe de marcher au pas cadencé devant un hommage.

Faudrait savoir

On nous conte ce matin (voir, encore – je m’acharne, mais ils le font exprès, ma parole – le Figarôt !!) qu’une femme, dramatique erreur médicale, a été « amputée du mauvais sein« .  Bon, et alors ? c’est classique, quand une glande mammaire est cancéreuse, on procède à l’ablation du sein concerné si rien d’autre n’est envisageable. Bien… rien que de très normal, on ne voit pas pourquoi c’est en « Une » du canard… on garde le bon sein, on ampute du mauvais. Archi courant, hélas.

Ah oui mais non, c’est pas le mauvais sein, c’est le mauvais, pas le bon, çui qu’y fallait pas ! l’autre, quoi ! le mauvais, pas le bon, le bon c’est le mauvais, pas l’inverse.

Clair, donc, l’erreur vient de là. Le chirurgien, qui pense à ses vacances à la neige :

« C’est çui-là, le mauvais ?

– oui oui c’est çui-là, c’est le bon sein !

– ah bon alors, si c’est le bon, OK, on prend le mauvais ».

Et paf, une erreur médicale.

En fait, il fallait écrire « une femme amputée du sein sain« , ou, à la rigueur, « une femme amputée du sain sein« . Petit exercice, pour voir si vous suivez, réécrivez les dialogues en remplaçant « mauvais » par « pas sain », et « bon » par « sain ».

Le mot le plus long

Ce n’est pas un jeu malin, c’est un jeu de con : trouver le mot le plus long là où court serait bien plus efficace, et précis. Mais on est mauvais, on s’entête bêtement et on en redemande.

L’hibernation de ce matin titre « 58 millions de Français possèdent un téléphone portable« . Le chiffre importe peu ; il signifie que plein de bébés areu-areu dans leur berceau, plein de mamies dans leur fauteuil à relevage électrique pianotent nerveusement sur les touches de leur téléfonino, de leur cellphone, de leur mobile, de leur celular, de leur handy. Mais par chez nous, les journalistes, d’habitude si prompts à tronquer, à raccourcir, abusivement même, en sont à nous sortir du « téléphone portable ».

Evidemment, si les ordinateurs portables (les « portables », en un mot, les vrais) n’existaient pas, le mot « portable » serait libre ; mais c’est ainsi, la place est prise, donc, par l’ordinateur (portable), qui a lui aussi son utilité, vous en conviendrez. Donc… ce petit machin qui sert à se décrisper les doigts dans le métro, ou à annoncer à toute la rame du TGV qu’on est dans le TGV : c’est un mobile.

Bon sang, mais c’est bien sûr !