Je m’impose, souvent de bonne heure-de bonne humeur, de relire régulièrement mes billets d’un oeil critique (en fait, j’en ai deux, mais « un oeil critique », c’est une image : je ne suis pas borgne, ni cyclope, soyez rassurés). Pas pour singer Flaubert, ni pour satisfaire aux innombrables remarques, ajouts, critiques que vous m’adressez, chers lecteurs – vous pouvez y aller encore un peu, il y a de la place – mais pour ma propre satisfaction personnelle, comme on se rase le matin non pas pour son aspect extérieur, mais pour se sentir propre.
Bref, je relis « Avant l’heure c’est pas l’heure », et y trouve cela : « caténaires bourgeois ». Mon dieu mon dieu, quelle horreur. Ciel ! ma doué ! by Jove ! En effet : caténaire : mot féminin !!! C’est « caténaires bourgeoises » qu’il eût fallu écrire. D’ailleurs j’ai rectifié.
Et dire qu’aucun de mes lecteurs ne m’a alerté sur cette erreur…
A vrai dire, plus ça va, moins je suis capable – et vous, ça vous le fait aussi ? – d’affecter correctement le genre idoine aux substantifs un tant soit peu inhabituels. Bon, LA verge, féminin, ça va, LE vagin, LE sein, pas de problème, c’est en quelque sorte normal, de même que LA pluie, LE matin. Mais LE, LA ? coriandre ? UN, UNE ? amphibole ?
Pas simple. Langue difficile que la nôtre, de même que l’Italien, l’Espagnol, l’Allemand, qui ne nous aident pas : DER Mond : LA lune ; LA mattina : le matin ! c’est fou, non ? Dire que pour les anglophones, c’est tout pareil. Heureux anglophones.
Consolons nous, si c’est difficile pour nous, c’est encore plus difficile pour eux. Là où « UN chapeau » nous paraît évident, pour eux, c’est l’enfer. Au point que les plus astucieux échappent – pas partout, mais ça marche assez bien – à cet horrible dilemme masculin / féminin en traitant tout au pluriel : au lieu de « donnez moi UNE kilo de carottes (UN ? UNE ? who knows…) ils disent tout bonnement : « donnez-moi deux kilos de carottes ». Et paf, pas de problème. Ensuite, évidemment, il faut manger les carottes.