Il est de ces tartes à la crème meringuées, de ces pièces montées ruisselantes de crème patissière et de caramel que, malgré toutes vos préventions, vos réticences, votre conscience d’agir en gogo, vous ne pouvez vous empêcher de goûter, ne serait-ce que des yeux. Ainsi des Césars et Oscars – Molières, Victoires etc… – lointains cousins un peu ridicules, vieillots, pitoyables mais attendrissants.
D’abord il y a « nominé » !! ah, nominé… stupide, moche et vaguement porno. J’ai glosé en son temps sur le terme, n’y revenons pas, ce serait lourd. Et puis les bons mots de Monsieur Loyal, les larmes de ces dames, les « Je remercie l’équipe technique, sans qui… », « Je dédie cet Oscar (ce César, ce Molière…) à untel, sans qui… ». Bref, ces embrassades de toute la profession, du sérail, des Happy Few – mecs fringués en tristes pingouins obligatoires, nanas en tout ce qu’on voudra, waaaouw, quel décolleté, pourvu qu’on les remarque – sont revenues, telles les cigognes en Alsace, et on nous en tartine plein les pages Web.
Disons-le tout net : qu’une actrice française, 50 ans environ après Simone Signoret pour un opus obscur et vite oublié, ait obtenu un Oscar de premier plan, on s’en bat l’oeil joyeusement. Soyons clairs : à l’aune de la qualité des productions cinématographiques états-uniennes, ne pas être primé relève du normal, voire du souhaitable ! Je ne sais plus quel homme illustre déclarait : « Quand mes adversaires applaudissent, je me demande quelle connerie j’ai bien pu dire. » Eh bien, grosso modo c’est ça… ne sont pas en cause les compétences professionnelles des industriels du cinéma amerloque ; non, ils sont absolument excellents, très pros, etc. C’est justement que ce sont des industriels, là où l’art (le 7ème, dit-on) exigerait une autre approche.
Bref, ça aidera les producteurs de « La môme » à rentrer dans leurs sous, c’est toujours ça de gagné.
Mais vous attendiez peut-être de ma part un commentaire sur « casse-toi, casse-toi, pauvre con » ? Vous allez être déçus.
Un, c’est indigne d’un Président de s’exprimer comme ça, cet homme qui est supposé incarner blablabla…
Deux, le type qui d’emblée le tutoie et lui balance une insulte est d’une grossièreté inacceptable ; un doigt d’honneur n’eût pas été plus ignoble.
Trois, un homme bassement insulté qui réplique, c’est humain, normal. Notre Président a la réplique verte et facile ? eh bien ça change des cadavres grisâtres que nous avons pu connaître auparavant.
Quatre, j’admire la manière dont la réplique est partie, calme, souriante, lisse : quasi un aparté dans la foule.
Cinq, il y avait bien évidemment les Grandes Zoreilles de la presse pour faire monter la mayo. Eh bien, elle est réussie, la mayo. Vous êtes contents, ça mousse bien ?