Rien à dire !

Aujourd’hui 3 janvier, je n’ai rien à vous dire.

Ce qu’écrivant, je m’aperçois que je ne le dis pas, ce rien que je dis vous dire pour ne pas rien vous dire, mais l’écris ; j’écris rien, ce qui n’est pas rien. L’écriture comme prothèse verbale du rien à dire, et qui cependant, pourtant, néanmoins, produit des mots, des phrases, des paragraphes, noircit du papier, pour ce que mon écran d’ordinateur veut bien se prendre pour du papier.

Rien : le frère jumeau du néant, « frère » neutre car asexué, ni singulier ni pluriel – et qui pend dans le vide comme une pensée non encore ébauchée. Là où zéro aucun nul signifient car qualifient (zéro faute, aucune pitié, nulle ironie), rien ne signifie qu’une vacuité de signifié.

Vacuité de signifié, donc… mais vous avez le droit d’y répondre. A vous, chers blogophiles.

(Silence assourdissant)

Beau nannéa tousse !!

An c tant 2 cons fusion horto gras fique et 2 peau vreuté dex pression aussi bien que Saint taxi queue, jeu tiens (*) quand m’aima vouza dressé mes méyeure veut allo allo ? allo casion du jour 2 lent.

Et surtout, la santé, hein, la santé ! C’est le plus important.

Allez, à +, cherzôditeurs. Long live 2008 !

(*) … voilà du boudin !

Où l'on enfonce des portes ouvertes

Tout en changeant les cylindres des serrures de deux portes d’entrée d’un domicile (opération d’une simplicité enfantine, si les mécanismes sont suffisamment en bon état), je m’étonnais de la pauvreté de notre langue quant à la description de l’état d’un huis, quel qu’il soit : porte, fenêtre, volet, trappe, vasistas…

Car, chers amis topologues, vous êtes certainement de mon avis, la forme de l’huis, on s’en bat l’oeil ! ce qui le caractérise pour nous, ce sont ses états ! Pas ses états de saleté ou de propreté ; peut nous chaut que l’huis luise ! En fait, les états de l’huis, on en dénombre trois, et je prends l’exemple d’une porte pour concrétiser mon propos :

– la porte est ouverte, c’est-à dire qu’elle bée. Si c’était une baie, on dirait que la baie bée. Si cette baie appartenait à un abbé (quel qu’il soit, appelons-le « B » ; vous préféreriez l’abbé C ? certes, c’est aussi un joli nom,  mais quelqu’un a déjà déposé le copyright) on pourrait énoncer que la baie de l’abbé B bée. Mais poursuivons.

– la porte est fermée, c’est à dire qu’elle ne bée pas, sans pour autant être verrouillée. Il est donc loisible à quiconque d’actionner sa poignée, puis de pousser sur ladite porte pour l’amener à l’état béant. Par exemple, si la porte est verte, on peut ainsi voir ce qu’il y a « derrière la porte verte ».
– la porte est verrouillée, c’est-à dire qu’il est impossible de l’ouvrir par simple action sur la poignée. Il faut une clé. Ou un pied-de-biche. Soyons clairs : verrouillée, une porte est ipso facto fermée. Car, pinailleur que vous êtes, vous allez m’objecter que oui mais, on peut verrouiller la porte si elle est ouverte… certes on peut actionner la clé, porte béante. Mais elle béera de plus belle. Elle béera verrouillée, oui, mais béera. A quoi bon le verrou dans ce cas-là, hein ?

Donc, précisons : verrouillée = fermée à clé. Pas ouverte à clé.
Eh bien, mes amis, combien de fois entendons-nous demander « as-tu fermé la porte ? » ou « la porte est-elle ouverte ? » ; et chacune de ces questions en amène immédiatement une autre : que veut-on dire par là ? En fait, ces questions sont obscures car mal formulées. Et donc, nécessitent reformulation.

Si la première question peut aisément être clarifiée – il faut préciser « elle est fermée à clé », ce qui finalement est à peine plus long, et aussi clair que « verrouillée », il n’en va pas de même de la deuxième. Car « la porte est-elle ouverte ? » nécessite des développements pénibles, du fait qu’y sont sous-entendues deux possibilités : soit la porte est béante, soit elle ne bée pas mais est susceptible de devenir béante sans clé ni effraction. D’où des dialogues de sourds, surtout si la porte bée sur le vacarme de la rue.
Je sens que votre intérêt faiblit, je m’empresse donc d’achever mon billet : là où les Rosbifs n’ont aucune difficulté à décrire l’état d’un huis – opened, closed, locked – nous nous gâchons l’existence avec des termes approximatifs. Donc, de même que je milite pour le « mobile » (ou « cellulaire ») pour éviter qu’on confonde le téléphone cellulaire avec un ordinateur portable, je fais campagne pour « ouvert (= béant), fermé (= non-ouvert, non-verrouillé), verrouillé« . Ainsi soit-il.

Tiens, pour vous récompenser d’être allés au bout du billet, une porte béante ouverte à grands coups de pied par un article du Monde : « Une bonne connaissance du français est indispensable à l’apprentissage des autres disciplines : c’est ce que confirment deux études sur les acquis des élèves en histoire, géographie et éducation civique rendues publiques, mercredi 26 décembre, par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation. » Ca alors, quel choc ! Je n’en reviens pas, j’en suis tout esbaudi.

Transféritude

Les membres de l’équipe de l’Arche de Zoé ayant été jugés et condamnés au Tchad, et en vertu d’un accord franco-tchadien en vigueur, vont très probablement être transférés en France pour y purger leur peine, après traduction / adaptation : 8 ans de travaux forcés, en prenant ça au pied de la lettre, ça voudrait dire rouvrir Cayenne ou Biribi, trouver des cailloux à casser, des boulets à river aux pieds, ou bien construire une galère, acheter une grosse caisse pour donner le rythme, trouver des fouets, embaucher des garde-chiourme… allez hop, trop compliqué, ce sera de la prison, comme tout le monde.

Là où c’est mignon, c’est d’ouïr le journaleux en mission nous annoncer le transfèrement des condamnés ; et de s’excuser « ben ouais, c’est le terme juridique, j’y suis pour rien, nous on dirait transfert… »
Ah quel beau pays que le notre, où les textes de lois sont des millefeuilles de ratures Flaubertiennes (*), où le vocabulaire juridique jargonne joyeusement pour tromper le clampin moyen ! Et le brave citoyen, muni de son bac’ « 80% d’une classe d’âge » à deux sous, qu’il se démerde avec ça, qu’il n’y comprenne que pouic ou pas grand’chose, tant pis pour lui, « Nul n’est censé ignorer la Loi« , nananè-re.

Ségo la Melloise à la Justice – faudrait que Rachida boug’de là – dans le cadre de l’ouverture sarkozienne, ça procurerait un peu d’air frais dans la terminologie absconse, rance et racornie de la Justice : elle nous trouverait de jolis néologismes, à défaut de termes clairs et appropriés.

(*) qui sait ? dans trente ans peut-être, un éminent légiste découvrira le « couper-coller » en bidouillant son traitement de texte ?

Songs don't need to be translated

Ce souér au JT de la 2 (il m’arrive de finir mon verre de Juliénas devant les nouvelles de la 2ème à 20 heures, j’ai cette faiblesse) ils causaient du chanteur que, du chanteur qui… bref, le dénommé James Blunt qui nous gratifiait, muni de sa gratte sèche, d’une chansonnette. En rosbif, évidemment. Bon. Il y était vaguement question (faut suivre !!) de déclaration, d’humeur (????) allez savoir… il articulait comme ça pouvait, pas trop, quoi, et pas de sous-titres, ni de traduction à la volée, démerdez vous.

Huit minutes plus tôt le présentateur du JT, soi-maïïme, interviouvait Condolizza Rice elle-même, et, bizarre, dès qu’elle l’ouvrait (en articulant merveilleusement, celle-là sait parler, et on avait toutes ses chances de la comprendre sans béquilles) un gus en voix-off nous traduisait sa prose. De sorte que Condy Rice pouvait s’époumoner, on ne risquait pas de l’entendre.

Moralité : dès que ça chante, il est communément admis que ce qu’énonce le gus (ou la nénette, rayez la mention qui est en trop), on n’en a rien à cirer, il (elle) peut glapir, on se fout de ce qu’il (elle) dit ou chante : tout le monde s’en tape.

Pareil au cinoche : on parle, c’est doublé (ou sous-titré) ; on chante ? démerdez-vous. De quoi apporter de l’eau (le pôvre, il n’en usait guère) au moulin de feu Gainsbarre, lequel professait – avec lucidité et modestie – que la chanson était « un art mineur » (et une rasade de 51, et une taffe). Tellement mineur que, dès lors que vous chantez en Rosbif, ce que vous dites n’a rigoureusement aucune importance. Ce serait du yaourt, ce serait pareil.

Ki C ? C l'plombier !

Un excellent t’article du ‘Monde‘ (comme souvent, allez, un coup de brosse à reluire) nous apprend ce que nous pressentions de longue date, et ceci au vu notamment des blogs, forums, textes échangés ici et là et un peu partout : le niveau scolaire en France est plus mauvais qu’avant. Avant quoi ? avant.

Mon propos n’est pas de vitupérer les classes de français où l’on fait l’exégèse des immortels textes de NTM ou similaires ; d’autres que moi font ça mieux et avec plus d’arguments. Personnellement, je ne suis qu’un pauvre scientifique, j’ai pas mal bourlingué, oh hisse eho, et je puis dire ceci, ouvrez le ban :

Il y a de moins en moins de nos compatriotes capables de s’exprimer de manière claire. Remplacent ces analyses, des formules fourre-tout, des qualificatifs vagues, des exclamations du style « trop cool », « super », « la gerbe », « les boules », « fait chier » etc.

Ceci, c’est l’oral, mais c’est nettement plus grave avec l’expression écrite, car il y manque la gestuelle, qui aide, tout de même. Qu’un ingénieur (de niveau Bac + 5, pas moins) ne soit pas foutu de rassembler de manière cohérente ses idées, les structurer et les exposer avec clarté et précision (et concision, c’est encore mieux), ça fait problème. Certes, il développe en séries de Fourier comme un dieu, il diagonalise une matrice pas diagonale du tout en deux coups les grosses, mais le FAIRE SAVOIR, alors là…

Bref, nous communiquons mal ; l’école a la rude tâche de nous fournir tous les outils pour le faire correctement, mais visiblement ça foire sec.

Un de mes amis a pu enseigner quelque temps ; il s’agissait de maths… eh bien il fallait qu’il passe un temps fou à faire comprendre ce qu’il énonçait, non pas parce que c’était fortiche, trapu, trop elliptique, au dessus du niveau, mais parce que les phrases de français qu’il utilisait n’étaient pas correctement interprétées. Le connaissant, je parie un paquet de cahuètes que ça ne venait pas de lui.

Géométrie de la saucisse

Dans le cadre de nos rubriques légères et récréatives, et puisque l’actualité ne nous donne rien de saignant à nous mettre sous la dent, ce billet traitera aujourd’hui de cuisine, et plus exactement de cuisine ardéchoise. Cherzôditeurs, je vous devine déjà salivant à l’évocation de toutes ces bonnes choses, pour n’en citer que deux ou trois, le Big’Mac de Lamastre, le steak-frites de Privas, sans oublier bien entendu le glorieux couscous d’Annonay.

Je lisais hier au soir une de ces recettes précieuses et alléchantes de notre terroir : « saucisses aux oignons », laquelle stipulait dans son protocole : « Faites chauffer à feu vif une poële, y laisser fondre une noix de beurre(*) ; y jeter ensuite les saucisses, les griller en les retournant pour les faire dorer uniformément… » – et là je fronçai le sourcil : c’était une recette infaisable ; non point infaisable comme ces absconses recettes de grand chef qui sur trois pages vous enjoignent de lever des filets à cru, réduire et passer au chinois, émulsionner, parer et monter un sabayon avec du beurre clarifié ; non, là c’était mathématiquement infaisable.

En effet la saucisse ardéchoise est courbe, à l’instar de la saucisse de Morteau, de Montbéliard, de Toulouse, de… bref. Courbe, et plus exactement – soyons précis – elle se présente comme un segment de tore, sur les deux sections verticales extrêmes duquel on aurait collé des demi-sphères de diamètre égal au diamètre de ces sections. Poursuivant mon exposé, je comparerai la surface d’une poële non cabossée à un plan ; certes il en est des poëles comme de nous tous, elles s’usent et se déforment à l’usage, mais – comme le bon ouvrier se reconnait au bon état de ses outils – nous assumerons l’hypothèse d’une poële plane, du moins son fond ! Et faisons donc abstraction des bords, qui ne feraient que brouiller la clarté du propos, quoiqu’utiles au confinement des projections de beurre chaud.

Eh bien cherzôditeurs, il est IMPOSSIBLE de faire dorer uniformément une saucisse courbe dans une poële plane, et la géométrie dans l’espace (non pas celle de Lobatchewsky, ni l’une de ces théories fumeuses basées sur la courbure de l’espace-temps) vient à mon secours pour le démontrer. Pour faire dorer, il faut qu’il y ait contact de la surface de la saucisse avec la poële ; or entre un segment de tore, fût-il coiffé de ses deux demi-sphères d’extrêmité, et un plan, il ne peut y avoir au mieux qu’une courbe plane de contact – plus précisément un segment de cercle – jamais une portion de plan.

L’expérience triviale vient d’ailleurs à l’appui de mes dires : il n’existe que deux positions stables d’une saucisse courbe dans une poële plane, et ces deux positions sont symétriques de part et d’autre de l’axe circulaire du tore. Hors ces deux figures, jamais une saucisse ardéchoise – comme ses consoeurs, d’ailleurs – n’acceptera de se laisser dorer de manière statique ; elle roulera irrémédiablement vers l’une de ses deux positions stables, et la triste conclusion de cette expérience sera une saucisse non dorée uniformément sur sa surface. Gâchant ainsi cette alléchante recette de « saucisse aux oignons », qui, soyons objectifs, nous promettait de grandes satisfactions gustatives, nous laissant deviner la délicieuse et surprenante alliance de l’oignon et de la saucisse ardéchoise. Servie avec un St Joseph rouge 1998 de bonne extraction, ou, soyons fous, un Hermitage bien charpenté et capiteux, c’eût été un grand moment culinaire.

(*) La noix ardéchoise n’est pas, tant s’en faut, le fruit le plus connu de cette belle contrée ; la chataigne eût été plus en situation ; mais une « chataigne de beurre » eût choqué les lecteurs de Grenoble, alors… et puis, avouons le, ces recettes ne sont pas diététitiquement irréprochables, et ici le beurre cuit nous interpelle ! mais au diable les coronaires bouchées, quels risques ne prendrait-on pas pour une saucisse ardéchoise aux oignons ?

Slow food et street food sont dans un boat

Un article du dimanche d’un de ces journaux lisibles sur la Toile : « Slow food à Seoul« . On y apprend que « C’est au hasard des échoppes, qui apparaissent et disparaissent sur les trottoirs, qu’on découvre les délices de la street-food coréenne ». Bon, je comprends, certes, la bouffe lente (*) ce n’est pas vendeur, pas mode – on dit tendance, je sais, mais mode me plaît, ça me fait irrésistiblement saliver, je pense au boeuf du même métal – et en Rosbif c’est évidemment bien mieux : « Slô’oufoude », ça le fait, ça dénote tout de suite quelqu’un de bien plus averti que bouffe lente, ou bouffe douce, ou bouffe peinarde, ou repas paisible, ou… on a du choix pourtant. Personnellement, s’il faut absolument trouver un substantif pour désigner le fait de manger sans se presser, en savourant, je vote pour la « pépère bouffe« .
Qui plus est, « ils » ont créé tout un ensemble de mots tous plus franglais les uns que les autres pour parler de la bouffe, notre pays étant nul à table, comparé aux Anglo-saxons, les rois du blanc-mange, du hamburger et du pudding à la graisse de boeuf : le « fooding », les frères ennemis « slow food » et « fast food« , le terrible et angoissant « World food« , et comme vous avez pu le lire, la « street food », qui est incomparablement plus goûteuse que les restos de rue.

Vous noterez que la bouffe à vitesse normale – qui comprend les sous-catégories petite bouffe et grande bouffe – n’est pas traduite, elle peut rester française et n’intéresse pas les journalistes chics et frangli-chiants. Personnellement, ringard de chez Ringard, je ne ralentis ni n’accélère, je m’entête à manger à vitesse normale, je ne vois pas pourquoi je me presserais ou laisserais refroidir.
Ah, si ce pauvre Marco Ferreri avait sorti un film intitulé « The big food » avec George Clounet, Brade Pitte, Tomme Crouze, là oui, on ne dit pas, mais « La grande bouffe« , c’est nul !

(*)la lente bouffe ? eh oui certes, il faut bien qu’elle bouffe, vite ou pas, la lente, pour devenir pou.

Deux brèves = une longue

Eh non cher lecteur, ce titre n’annonce pas une nouvelle mouture de ces courriels indésirables, vantant à qui mieux-mieux le médoc’ miracle qui vous l’allonge comme le nez de pine-occhio – tout ce qu’il y a de gros là-dedans, c’est l’arnaque, les affirmations délirantes et le prix des soi-disants médoc’s, nous sommes bien d’accord.

Non, juste deux brefs billets : ça fait le taf, comme un seul gros billet, ceux que nous affectionnons tous.

1 – On peut lire ça dans la presse du style TV-canard de cette semaine, à propos de feu le vainqueur du Tour de France à vélo Marco Pantani, grand champion mais utilisateur avéré de la dope et de la piquouze, mort il y a quelques années d’une overdose de cocaïne : « En tous cas, quel as, blahblahblah (…) à niveau de dopage égal, c’était le meilleur ! ». Pas mal, non ?
2 – Le langage sportif abuse du leadership. Lyon va-t-il conserver son leardership ?? (il appert ainsi que c’est UN leadership, pas UNE leadershipe, bien que pour les Rosbifs ce soit neutre et basta). Les chroniqueurs économiques en usent également beaucoup, de même que les commentateurs politiques. Le leadership de François Hollande sur le PS est-il remis en cause ?
J’ai un vieux néologisme assez bien ficelé à leur proposer pour éviter ces termes importés, peu harmonieux dans les bouches latines, et que nous utilisons autant par paresse de chercher le mot juste et précis, que par snobisme : donc, au lieu de leadership, je verrais bien primauté. « Lyon va-t-il conserver sa primauté ? » ça le fait, non ? ça veut bien dire la même chose ?
Ah mais, j’entends d’ici les protestations des syndicalistes belliqueux de tous poils, remontés comme des coucous : « Ouais, il veulent encore nous supprimer notre prime, y en a marre… » Mais « Leader chippe », c’est aussi dégueulasse, non ?

Grévisse sans fin

Allez, c’est dimanche, l’air est doux (mais le fond de l’air est frais), on va se faire une séance de pinaillage, façon vieux schnock radoteur. Je lisais dans une revue régionale de l’Ouest, assez élitiste (2.900 exemplaires tout de même) axée sur la consommation, style « ne nous laissons pas entuber, mes frères », je lisais donc, dis-je,  une vengeresse chronique sur un conflit avec un fournisseur d’accès Internet (en abrégé FAI), vous savez, celui qui a un nom de jeune fille, et qui nous montre cette jeune fille en robe décolletée, rouge, à tous bouts de champ. Appelons-le Aline. Bref, voici, je lis sans sourciller « … et peut-être à la suite d’un malentendu, Aline a refusé de lui faire profiter de cette offre, et le client s’est acheté lui-même blahblahblah« . Bon, je continue ma lecture, mais dans un coin de mon pauvre cerveau (voyez tout de suite la planche de BD, la loupiote qui s’éclaire dans une bulle au dessus de ma tête) une alarme retentit, et… je m’arrête, je reviens, je tourne autour… et elle est mal foutue, cette phrase !!!

Voyez, c’est pernicieux, parce que c’est à peine visible. Mais « … refusé de lui faire profiter de… » c’est mauvais ; c’est « … refusé de LE faire profiter de cette offre » qu’il eut fallu écrire.

« Je le fais pistonner à ce poste » : oui certes, grammaticalement ça ne se discute pas. Personne ne penserait à écrire « je lui fais pistonner ». C’est du direct, du C.O.D en jargon des pédagos.
Je lui écris une lettre = j’écris une lettre à lui. Evidemment, écrire à… ça se comprend bien comme ça. Ce n’est plus du C.O.D. C’est de l’indirect, ça madame.
Je fais profiter qui ? lui , de cette offre : C.O.D. de nouveau. Donc « je le fais profiter ». Que ce soit d’une offre d’Aline, on s’en bat l’oeil, ça ne change rien.
Bon, c’est clair, donc, il y a un loup dans « lui faire profiter de » ; mais pourquoi ça ne saute-t-il pas aux yeux comme « dont au sujet duquel je vous cause » ? Eh bien, cher lecteur, c’est là que le bât blesse. Implicitement, on entend « à lui » … eh oui, c’est du parler écrit qui refait surface : « je le fais profiter, à lui (putaing, cong, diraient les toulousains), de cette offre mirifique ».

Et wouala, ici finit ce billet carrément pénible, j’en conviens.