Rendons à César… (*)

Des acteurs de gros calibre (**) – Lambert Wilson et Juliette Binoche – ont vertement critiqué, l’un, le « lynchage » de Polanski lors des César(s), l’autre, la médiocrité et la bêtise du spectacle-monologue supposé humoristique assuré par madame Foresti. Il faut dire que cette « one-woman-showeuse » (horrible mot) ne faisait que débiter habilement un texte concocté pour elle par des « plumes » laborieuses, chargées de trouver les piques, potables ou poussives, propres à arracher des sourires au public : « taulards » pour « Césars » etc. J’écris ça sur la foi d’une déclaration du sieur Hanouna, autre « phare de la pensée » 😉 : « sachez que cette année, Florence Foresti a touché 130 000 euros dont 30 000 euros pour ses auteurs donc entre 100 et 120 000 euros pour elle« . C’est donc bien qu’elle a rémunéré des tâcherons de l’humour pour cette prestation césarienne (c’était laborieux comme accouchement), se montrant par ailleurs proprement ignoble à critiquer la petite taille de Polanski (gestuelle, sobriquet d’Atchoum…) : c’est minable, moche, c’est bas, sans jeu de mots.

Bref : quand un Darroussin abonde dans le sens de Foresti, bafouille et fait mine de ne pas savoir lire (quel humour ! ), d’autres gardent la distance nécessaire face à la polémique Polanski et aux condamnations féministes. J’ai ainsi vu madame Huppert citer Faulkner, comparant fort justement un lynchage à une forme de pornographie. Concluons : ne mélangeons pas tout ! la justice fera son boulot. Par ailleurs, virgule, il était question de juger de la qualité d’un film traitant des dessous de l’affaire Dreyfus, pas de se constituer en tribunal « populaire » auto-proclamé pour sanctionner  d’anciennes affaires de moeurs.

Tibert

(*) … citation bien venue !  Rendons aux Césars les remises de médailles de l’Art Cinématographique, et aux tribunaux les sanctions des délits et crimes sexuels. Chacun son boulot.

(**) Acteurs de premier plan, certes, ce qui ne les érige pas en « phares de la pensée » façon Pascal, Leibniz ou Foucault, ne nous emballons pas ! mais dans le milieu du chaubize, ils savent de quoi ils parlent.

Covid 49-3

( Je lis que l’un des principaux acteurs dans les bornes de recharge électrique sur les autoroutes, Izivia, va supprimer 189 de ses bornes sur les 217 existantes. Outre que… a) il n’existe pas de standard unique pour le format de ces bornes , b) la plupart des immeubles récents disposant de garages ou parkings couverts ne sont pas équipés en bornes de recharge, et rien ne se pointe à l’horizon pour que ça change, c) le prix du KWh aux bornes « publiques » est bigrement plus élevé que ce qu’on paye chez soi … je pense que les utilisateurs de bagnoles électriques ne vont pas être à la fête pour éviter de rester plantés en rase campagne. Eh oui, être pionnier ça se mérite ! pas toujours marrant… )

Mais ça y est, le gouvernement va utiliser la Grosse Bertha, le 49-3, pour faire passer sa réforme des retraites. C’était couru, je vous en ai déjà causé. Eh oui, si ils y tiennent – et ils ont l’air d’y tenir – et vu que le débat est impossible « grâce à » l’obstruction des députés LFI et PC, il reste à renoncer ou à passer en force : se coucher ou  violenter l’Assemblée Nationale. Se coucher devant la paire Méluche-Roussel, on voit mal le Philippe-Premier faire ça… le piège est grossier, était visible, mais il fonctionne, donc, comme c’était à prévoir.

J’ai déjà exprimé que cette réforme – ô combien utile pour faire enfin la peau aux rentes de situation choquantes des corporations « Avantages-Acquis » et autres Régimes Spéciaux – était maladroitement conduite, peu expliquée, trop massive : en abattant d’abord les quelques grosses bastilles obsolètes héritées des années 45-55 – genre RATP, EDF…-  ça devait passer plus facilement ensuite. Advienne donc que pourra ! et bonne retraite « à points » à tous.

Tibert

Confusion mentale

Je lis ça, à propos de la prochaine cérémonie franchouillarde des César(s) ce Wouiquinde : c’est le ministre de la culture-correcte qui s’exprime, là. Je cite : « Un César du meilleur réalisateur pour Roman Polanksi (*) serait « un symbole mauvais par rapport à la nécessaire prise de conscience que nous devons tous avoir dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ». »
De quoi traite-t-on ici ? de qualité des films. On condamne d’avance le travail de toute une équipe, parce que monsieur Polanski est soupçonné-accusé d’agressions sexuelles, il fut un temps (ça date d’il y a 44 ans, et il s’agirait d’un viol). Certes le temps « ne fait rien à l’affaire », mais justement si ! c’est bigrement ancien. Et quand bien même serait-ce d’un passé récent… qui peut sensément peser la qualité d’une oeuvre à l’aune des turpitudes privées de l’un de ses créateurs ?
Monsieur Matzneff est un piètre écrivain – c’est mon point de vue et je le partage – et fut un prédateur : ce sont deux faits, indépendants l’un de l’autre.  Précisons : il écrivait piètrement, et sur ses frasques, ce qui flattait la doxa de l’époque. Quand je fais la moue sur la qualité de la prose de monsieur Matzneff, je ne fais pas la confusion avec ses travers sexuels : c’est un autre sujet. Monsieur Polanski est un remarquable metteur en scène – c’est du moins mon avis – et on lui impute des délits (crimes ?) passés : ce sont, itou, deux faits indépendants. Et puis les Dujardin, Seigner, et tous ceux qui ont bossé à ce film n’ont pas à endosser les anathèmes, justifiés ou pas, accablant Polanski. Monsieur le ministre de la culture vient d’envoyer le Voyage au bout de la Nuit à la poubelle, puisque Céline était un collabo et un anti-Juifs forcéné.

Tibert

(*) Il s’agit bien entendu de l’Affaire Dreyfus, qui traite surtout du travail du colonel Piquard, qui à l’époque s’efforça de faire la lumière sur ce tripatouillage-montage malsain et mal fait.

Retards

( Il paraît que Louise Ciccone, chanteuse-danseuse (*) se faisant passer pour la Madonne, se prend aussi pour une reine ; des gens sont assez masos pour payer 300 euros et poireauter trois heures sans moufter (« une reine n’est jamais en retard« ) pour enfin apercevoir ladite Madonne – sans vergogne aucune pour ses retards horaires grossiers – se trémoussant et débitant ses chansonnettes au milieu de sa troupe de faire-valoir. Enfin… il en faut pour tous les goûts ! ).

Mais au fait : le débat sur les retraites à l’Assemblée… il y aurait, me suis-je laissé dire, environ 40.000 amendements, des rappels au règlement, des explications, etc : bref d’aucuns font tout pour enliser le débat, empêcher que ça se passe normalement. Le but avoué, claironné même, est simple : faire de l’obstruction. Se profile également une autre manoeuvre, d’une grande limpidité : si ça ne peut pas passer normalement dans un cadre de débat ouvert, discussions, retouches, amendements… les Chefs seront probablement obligés de passer en force : 49-3 et allez hop, vote bloqué, tout le paquet ou rien. C’est alors que les créateurs des 40.000 amendements se dresseront sur leurs ergots, hurleront comme il se doit au déni de démocratie, passage en force, gnagnagna. Bon, on a vu le truc, c’est noté : engluer le débat, puis protester qu’on ne peut pas débattre ; tout et le contraire de tout.

J’ai une autre suggestion… il reste deux ans à tirer, c’est court deux ans ; on fait en sorte (yaka… ) que Macronious se plante aux prochaines Présidentielles en 2022 et que soit élu un Président hostile à la retraite à points « pour tous » ; ensuite on casse tout ce qui a été bâti, on remet en selle les régimes spéciaux, etc etc. Exaltants progrès en perspective.

Tibert

(*) L’énergie à se trémousser sur scène est inversement proportionnelle à la qualité des textes qu’on soumet au public. Brassens ne gigotait guère, non plus que Barbara et des tas d’autres ; Cohen se contentait d’un feutre mou et de trois choristes statiques. Et les spectateurs n’avaient pas besoin de bouchons d’oreilles pour préserver la pérennité de leur ouïe.

Machintruc-cide

Le parricide, l’infanticide, le plébiscide… euh non pas lui… régicide, déicide, taupicide, raticide… on peut tuer (…cide) tout plein de trucs, avec chaque fois un terme précis-cide. Votre belle-doche vous insupporte ? un belle-mèricide y remédie.

Mais on a un cas bien particulier, le féminicide. Un féminicide c’est particulièrement affreux et ça doit être traité à part, prônent certain(e)s, du fait que,  a) une femme c’est plus faible, donc c’est un acte particulièrement lâche ; b) ce serait trop fréquent, plus fréquent en tout cas que le mâlicide, ce qui ne respecterait pas la symétrie. Sur cette dernière assertion, je me permettrai d’être dubitatif : y a-t-il vraiment plus de meurtres de femmes que d’hommes ? bien au contraire, disent les statistiques. La violence physique létale est principalement mâle, s’exerçant sur les mâles. Ce qui est vrai en revanche, c’est qu’il y a plus de femmes tuées par des hommes que l’inverse. Et c’est là que ça fait désordre : qu’attend-on pour rétablir l’équilibre, l’équilibre macabre des genres ?

Une étude diligentée par nos gouvernants devait statuer sur l’utilité de traiter spécifiquement le féminicide au plan pénal : des féministes virulentes le réclament. La conclusion vient de tomber : ben non ! pas la peine de traiter à part ce type de meurtre ou d’assassinat. Car tue-t-on une femme justement parce que c’est une femme, chromosomes XX ? parce que c’est SA femme ?  parce que c’est la femme d’un autre ? parce qu’elle passait par là et que c’est sur elle que ça tombe ? en fait, tuant une femme, on tue un être humain.

Tuer un être humain, mâle ou femelle  (et même les mammifères autres que les nuisibles, et encore !) c’est interdit, et heureusement ! sinon numérotons nos abattis et rasons les murs. Rayant le féminicide de la liste des trucs à traiter à part, Le législateur s’économisera un distingo douteux, voire pervers : quelle échelle établir ? est-ce plus supportable de tuer un ado qu’un retraité ? une jeune femme qu’une mémé ? un enfant que sa nounou ? peut-être, mais ce sont là questions abstraites et oiseuses : chaque meurtre est injustifiable par principe, et chaque meurtre a son contexte. Justement, il y a des juges pour en juger : laissons-les faire leur boulot.

Tibert

Coup de gueule et coup de chapeau

D’abord chapeau bas pour monsieur Graeme Allwright qui vient de tirer sa révérence dans sa maison de retraite du 7-7, à nonante-trois balais. Adieu à un chanteur-compositeur-adaptateur inspiré – de superbes traductions de Leonard Cohen, entre autres. Que Suzanne l’emmène écouter les sirènes et leurs chants jouissifs, et puis leur donner la réplique, si c’est possible.

Et puis comme Macronious a rendu visite au maire de Saint-Gervais, dans le 7-4 et dans les Alpes, ce dernier a reçu sur son compte Fesse-Bouc des monceaux d’ordures et d’insultes, menaces de mort etc… motif ? il avait reçu le président de la République. Ce qui justifie plus de 800 messages où sodomie, sperme et merde sont les motifs récurrents (et bien assortis, si l’on peut dire). Il va de soi que les auteurs de ces flatulences verbales se gardent bien de signer de leur vrai nom : orduriers mais prudents, des fois que… c’est chouette les pseudos genre « Paul Hochon » pour tartiner des insanités à connotation sexuelle. Ce qui ne fait que confirmer tout le bien que je pense des réseaux « sociaux », ces égoûts à ciel ouvert, où des gens très laids lâchent leurs sphincters.

Tibert

Le coût de l’application du règlement

( Les boules puantes dégueulasses balancées sur le parcours de Griveaux pour la mairie de Paris : j’écris LES, car la reddition du candidat au premier coup bas, alors que la Loi est avec lui – les Français en ont vu d’autres et ne sont pas des vierges effarouchées (*) – laisse supposer qu’il y avait d’autres munitions à suivre, au cas où… on pourra ricaner tristement en constatant que la vie politique française hérite de la pruderie faux-cul anglo-saxonne (la morale publique plutôt que les compétences) ET des méthodes poutiniennes pour flinguer les adversaires, à savoir les histoires de cul montées et arrangées. Ce qui ne grandit pas le débat… et tout ça pour rien : le char Griveaux était mal parti dans la course parisienne, de toutes façons. Un sale coup de surin dans le dos sur un candidat inoffensif… comprenne qui pourra. )

Mais, un peu d’air pur… je voulais mettre ici en lumière les nouvelles tendances de notre belle société moderne et branchée. La SNCF, qui a trouvé les noms les plus moches de la Planète pour ses TGV, façon Oui-Oui, a trouvé également le moyen de réinventer le transport en bétaillère. Les dispositions à deux fois deux sièges de rang, séparés par un couloir central, lui semblant trop commodes et communes, elle reproduit les installations à trois sièges accolés, comme dans les étroits avions lo-lo-coste, afin d’emmerder les passagers aux fenêtres ET leurs deux voisins, quand il faudra se déranger et déranger les autres pour aller faire pipi ou se dégourdir les jambes méchamment pliées. Ce qui permet de proposer des sièges isolés de l’autre côté du couloir : choisissez votre siège, et payez ! Cerise sur la pâtisserie industrielle à l’huile de palme, si vous voulez passer un moment peinard, siester, roupiller ou rêvasser tranquille, et que les voisins vous foutent la paix – ne pas parler fort, ne pas gesticuler, ne pas téléphoner de sa place, mettre des écouteurs pour sa zizique en conserve… tous comportements souhaitables, normaux et civils quand on voyage en commun – vous pouvez aussi payer : c’est cinq euros de plus (ça s’appelle « Place tranquille« ) pour que le contrôleur passe et fasse les gros yeux aux perturbateurs de la quiétude ambiante. On réinvente ainsi le bakchiche : vous souhaitez qu’on se comporte correctement autour de vous ? payez.

Tibert

(*) Que celui qui ne s’est jamais soulagé manuellement les burettes lui jette la première pierre, comme disait l’autre…

La femme du boulanger, bis (*)

Les dicos ont du souci à se faire : accusés de sexisme, quand la préfète est définie comme l’épouse du préfet, idem la boulangère (*), la bouchère, etc… Effectivement, préfète désigne en principe la femme-préfet, pas la meuf du mâle qu’on imagine classiquement dans ce rôle. Il y a des mentalités à changer, du vocabulaire à trouver… gros boulot ! il y a pourtant du vrai à la bouchère, qui trône – toujours les images sexistes, on n’en sort pas – derrière la caisse, tandis que son Jules s’active à parer les entrecôtes et ficeler les rôtis, « et avec ça ? » : c’est un équipage, une boucherie, très souvent un homme, une femme, chabadabada. Dans le même ordre d’idée, qui peut nier l’influence, l’assistance réelle et utile de l’épouse du préfet (ou du mari de la préfète, pour ne pas fâcher les pointilleuses gardiennes de la symétrie) dans les tâches de son conjoint (**) ? « quelque part », la meuf du préfet porte les épaulettes de son compagnon.

Allons plus loin : certes la Présidente n’est pas, au vrai sens du terme, « la femme du président« , mais une femme qui préside. Certes. Mais il y a de la métonymie là-dedans, qui fait sens : quand je dis que le boucher est ouvert (ça ne se dit pas de la bouchère, allez savoir pourquoi), je n’exprime pas que ce monsieur s’est éventré du haut en bas ; il s’agit, moins sanglantement, de son magasin. Le magasin enveloppe de son aura et désigne tout ce qui y est attaché, hommes, femmes et bêtes. Et, heureux hasard, les magasins ne sont pas sexués.

Tibert

(*) Marcel Pagnol était un précurseur du Sexuellement-Correct : il s’est bien gardé d’intituler son oeuvre La boulangère ; au reste elle ne boulangeait pas, se contentant de faire porter les cornes à son pauvre mari. On pourra en revanche épingler monsieur Rohmer, avec sa Boulangère de Monceau : en fait de boulangère, c’est une vendeuse ! Le film aurait pu s’intituler « correctement » La vendeuse de la boulangerie de Monceau, titre nettement moins vendeur.

(**) Je pose que conjoint est neutre, c’est comme ça, et le neutre, en français, s’exprime par le masculin. L’écriture inclusive, cette vérole, ne passera pas par moi.

Citations kif-kif statistiques

J’écrivais dans mon dernier billet « Les statistiques disent ce qu’on leur fait dire » : j’ajoute qu’il en est de même pour les citations. Tenez, on lance un film : campagne de pub dans la presse, assaisonnée comme il se doit de quelques bonnes critiques… « Indispensable (Téléramoche)… Grandiose (L’Officieux)… Un petit bijou (Les Unroc)« . Reprenons sans charcutage les phrases d’où sont extraits ces dithyrambes : « Un produit bâclé, vraiment pas indispensable »… « c’est d’une grandiose cornichonnerie »… « on est face, là, à un petit bijou de niaiserie »… malhonnête, évidemment, tripatouillage, mais faut ce qu’il faut, pas vrai ?

Dans le même esprit, une amie me signale – elle a apprécié l’humour – un article ironique du NouvelObs brocardant Macronious, qui au cours d’une interviouve au Monde le 30 janvier (*),  aurait sorti cette perle : « Je n’aime pas lire les mauvais romans« . Le NouvelObs en fait une tartine bien beurrée d’ironie et de second degré, « contrairement à vous, Macron gnagnagna…«  Contrairement à vous, c’est évidemment le journaleux qui l’ajoute, ce qui change foutrement le sens de la phrase, qui du coup exprime du mépris, de la morgue. Sinon ça passe pour un truisme grossier, une superbe lapalissade, plus plate que la Beauce en hiver. Qui, grands dieux, aime lire de mauvais romans ? (**) . Mais tout ça est tronqué, sorti du contexte, le journaleux se payant ainsi à bon compte la tête de Manu-les-Rouflaquettes. Je vous soumets un autre scénario, respectant la substance de la phrase incriminée :

– Monsieur le Président, que pensez-vous du dernier bouquin de François Ruffin : « Ce pays que tu ne connais pas » ? ( de François Hollande : « Les leçons du pouvoir », etc etc…)

– Je n’aime pas lire les mauvais romans…

Tibert

(*) Pas trouvé trace du texte original de cette causerie. On se perd en conjectures, dans les milieux bien introduits…

(**) Il arrive que, nonobstant sa répugnance, on doive s’obliger à lire : un traducteur pour gagner sa croûte, un étudiant pour une thèse, un relecteur pour traquer les coquilles… le boulot, quoi.

90 à donf’

Le Monde s’emmêle les crayons dans son début d’article sur le « département de la Nièvre renonce à revenir aux 90 km/h en raison de contraintes exorbitantes » : il intervertit 80 et 90… mais c’est pas grave, on a compris. Le gouvernement avait, du bout des lèvres, admis que cette mesure de limitation à 80 km/h était sans objet en région parisienne, dogmatique et absurde sur les départementales normalement « roulantes » – n’empêchant évidemment en aucun cas les fếlés du volant et les imbibés, très pressés ou louvoyants, de foncer comme si le code de la route était un chiffon de papier. Les autres ne roulent pas à 90 quand c’est 70 ou moins qui est raisonnable, voilà tout ; et de scruter amèrement leur compteur, car, 80 sur des voies dégagées et peinardes, c’est tout sauf naturel ; il y faut de la vertu et de l’abnégation !

Mais les conditions pour pouvoir revenir à une vitesse raisonnable sont, comme le dit le gars du Nord dans l’article cité plus haut, « du foutage de gueule » : en principe on peut, mais en fait non… il y aura toujours un chemin forestier, un arrêt d’autocar, un vicinal à croiser : ATTENTION !!! accidentogène !! nous sommes réputés infoutus d’évaluer les situations, de voir le tracteur là-bas, et donc à 80 au lieu de 90, croisant ce vicinal vicieux, on est sauf ! C’est débile mais c’est comme ça. C’est effectivement du foutage de gueule.

Cerise sur le gâteau, l’article du Monde en question renvoie à une tribune fort récente de monsieur Claude Got, « accidentologue » (toubib de formation, âgé de 84 ans ces temps-ci). Ce monsieur – qui a dépassé l’âge pivot de presque 20 ans, privant de boulot un plus jeune – vitupère les Présidents de Régions qui se soucient de rétablir les 90 km/h là où c’est raisonnable : ce serait du « mépris pour la sécurité publique« . Je cite un bout de sa tribune : Les décideurs s’opposant aux réductions des vitesses maximales (…) n’ont pas le courage de dire qu’ils apprécient la conduite rapide et qu’il est acceptable d’avoir 200 tués en plus dans une année, pour gagner de une à cinq secondes par kilomètre et faire plaisir à leurs électeurs pro vitesse.

Les statistiques disent ce qu’on leur fait dire : moi j’affirme, et je défie quiconque de prouver le contraire, la limitation à 80 n’y est pratiquement pour rien ; ce qui a sauvé plus de vies en 2019, ce sont des voitures plus sûres, des conducteurs plus sages, moins de pluie, moins de « crashs » de jeunes bourrés et entassés à six dans des vieilles caisses au petit matin, retour de boîte… et puis, si ça se trouve, enfin des sanctions contre les imbibés et les téléphoneurs au volant.

Il faut s’en convaincre, derrière les hypocrites concessions du gouvernement, qui en fait ne veut rien céder : 90 km/h c’est « de la conduite rapide« , si si. Vous réalisez ? ça décoiffe !

Tibert