Vents et marrons

( Saluons le bref épisode de lucidité qui a permis au Premier Philippe de découvrir la co… la stupidité et l’inutile complexité ( ça va ensemble) de l’âge d’équilibre dans son projet, louable par ailleurs, de réformer notre système cacochyme et injuste des retraites. Gageons que, courageux jusqu’au bout, il admettra s’être bêtement entêté, comme il en a hélas l’habitude – voir les 80 km/h, sur lesquels il continue à ne vouloir rien lâcher, contre toutes les évidences et les statistiques ).

Mais je lis ce titre sur France 24  : « Face au Brexit imminent, les indépendantistes écossais vent debout« . Point de verbe dans cette phrase, comme il se doit quand on est journaleux : les verbes c’est quand on a le temps, c’est pour les écrivains. Et puis « vent debout« … le vent de bout, et non debout (*), c’est quand on est sur le bateau et qu’on l’a en face, le vent : pour progresser ce n’est pas de la tarte !  Curieusement, le wiki afférent nous sort ceci, à propos du sens figuré de cette expression :

  1. (Figuré) Farouchement opposé.
    • Les brasseurs sont vent debout contre la taxe sur la bière.
  2. (Rare) Farouchement favorable.
    • Les élus sont vent debout pour sauver cet hôpital.

Bon, alors… pfffft… putain de vent… ils sont farouchement contre, ou pour le Brexit, les indépendantistes écossais ? ni pour ni contre, bien au contraire : l’article cité plus haut nous informe de leur volonté de quitter le Royaume-Uni. Ils ne sont pas du tout vent debout ; ils ont le vent en poupe, les indépendantistes écossais, le vent dans le dos, ils se sentent de nouveau pousser des ailes. Mais c’est pas grave, debout ou en poupe, bof, c’était juste le titre de l’article.

Nous rejoignons ainsi le célèbre tirer les marrons du feu : initialement, ça traitait du pauvre naïf qui sortait du feu les marrons grillés à point pour les donner, cet imbécile, à celui qui les dégustait, peinard, sans se fatiguer ni se brûler les doigts. Et ça se dit de nos jours – on a changé tout ça – pour celui qui, guidé par la bonne odeur et avisant de superbes marrons grillés sur les braises, les sort pour se les goinfrer lui-même. La morale de cette histoire, c’est que, quel qu’en soit le bénéficiaire, il faut les tirer, les marrons du feu, sinon ça va devenir immangeable.

Tibert

(*) Idem, une droite de bout, dans la géométrie descriptive de ma jeunesse – tombée largement en désuétude, c’est ringard, complètement out, Gaspard Monge ! – c’est une droite perpendiculaire au plan frontal de projection : bref, on l’a pile-poil en face. Sur ledit plan frontal c’est juste un point, c’est tout.

Deux France, un Slip

Vous avez lu, peut-être, l’édito du Monde qui fait suite à l’allocution de Macronious du 31 décembre dernier : c’est en lecture libre, et ça m’a laissé pantois. En gros, je vous le fais simple, ce serait l’affrontement de deux France, celle de Macron face à celle de la CGT-Martinez. On pourra méditer sur la représentativité et l’universalité du modèle économico-social porté par le chef syndicaliste à la moustache Groucho Marx (sic), celui des salariés haut de gamme « emploi à vie + avantages catégoriels + nivellement par le haut (*) »… modèle étatique qui date des années PCF. C’est bien d’honneur qui est fait là à un syndicat qui ne représente guère plus que des régimes spéciaux – au fort pouvoir de nuisance, certes.

Et puis j’ai constaté qu’en revanche, il n’y a qu’un seul Slip Français ! mais ce Slip-Cocorico a du souci, car trois de ses employés, au cours d’une soirée privée, se sont connement marrés à se grimer en Noirs, avec facéties, pitreries… le tout enregistré pour amuser les amis. Grave erreur ! c’était privé mais ça s’est su hors le cercle des copains et de la famille, et le Politiquement Correct veillait : délit de blackface ! (**) L’entreprise du Slip-Tricolore, mise en cause bien que totalement en dehors de cette soirée festive, a cru devoir s’indigner publiquement et vertueusement. Le Slip-Franchouillard, sachons-le, veille à la bonne tenue morale de ses salariés, y compris hors les murs de l’usine.  On touche le fond, là…

Tibert

(*) Nivellement Par Le Haut / Par Le Bas : débat stupide, voyons ça avec une métaphore de travaux publics. Vous avez un terrain bosselé, et vous souhaitez le niveler, mais sans apport externe de terre (je traduis : améliorer globalement le sort des travailleurs sans disposer, hélas, d’une pompe à fric miraculeuse). Il s’agit donc de boucher les trous (améliorer le sort des plus défavorisés), et pour ce faire, vous devrez raboter les bosses ! (rogner sur les avantages des mieux lotis), car avec quoi d’autre peut-on boucher les trous ?

(**) En revanche, un clown blanc « face de plâtre », dont on raille le ridicule et la niaiserie, ne soulève aucune polémique.

Le fouzitout du Nouvel An

On se régale au Monde, qui décidément se surpasse depuis quelques temps. Le grand n’importe quoi, bien écolo-de gauche évidemment. Et ça va se loger partout, jusqu’aux recettes de cuisine. Tenez, cette superbe intro :

Titre : « Repas du Nouvel An : trois recettes pour un réveillon vegan« .

« Autour de la table du 31, pour contenter tous les invités – et au passage faire du bien à la planète –, pourquoi ne pas opter pour un menu 100 % végétarien ? Trois idées de recettes « légumes-friendly »  »

Tout est dit, et voilà deux journaleux qui mélangent tout, le végan et le végétarien pour commencer. Le militant-activiste végan, tolérant comme on le connaît, va hurler. Atroce et impardonnable confusion, l’on retrouve en effet, dans les ingrédients du dessert proposé pour ce réveillon végan mais presque : du lait de vache, du beurre… c’est épouvantable !

Mais l’accroche qui suit le titre va très loin (*), politiquement, car, oyez braves gens :

  • On contente tout le monde en faisant du vég(an)étarien.
  • Et ça fait du bien à la Planète !

J’ignore comment les bouffeurs de tout – de légumes, de viande, de poisson, d’oeufs etc… bref les omnivores nombreux que nous sommes – réagiront, mais moi ça me rebiffe. Non les menus végan (**) ne me contentent pas, surtout quand on vocifère, menace et prétend me les imposer ; oui le consensus mou proposé pour ce menu de Saint-Sylvestre est lâchement complaisant, une vraie soumission aux diktats prétentieux des  ayatollahs du véganisme.

Quant à faire du bien à la Planète, alors là… ça ne mange pas de pain de l’écrire. Pour les preuves, on devra attendre, surtout quand on va chercher de belles tomates bien mûres un 31 décembre. Du Chili, peut-être ? par avion ?

Tibert

(*) Notez le superbe « légumes-friendly » : ça vous classe un reportage classieux.

(**) Au singulier, végan : c’est une marque, un label. Mais, du végétarien pourquoi pas ? avec plaisir si c’est bon. Du moment qu’on ne prétend pas m’imposer cette ligne de conduite…

Et n’oublions pas les tailleurs de pierre gauchers

( A l’heure où je mets sous presse, on ne m’a toujours pas expliqué l’âge d’équilibre, alias âge-pivot. Il est vrai que je comprendrais mieux si l’on appelait ça âge recommandé. Je comprendrais encore mieux si l’on s’en tenait sagement à la notion de nombre de trimestres travaillés, et basta. La retraite par points : quand on sait combien de points on a ou aura accumulés, multipliés par la valeur du point, on a toutes les billes, non ? pas la peine d’aller chercher la racine de la valeur absolue du cosinus de l’angle sous-tendu par l’arc hyperbolique de mes deux… On a assez de sous pour partir ou on en a marre ? on part. Sinon on continue, du moins on essaye, vu que les vieux – ooups, les séniors – se font assez systématiquement mettre au placard, ou au rencart)

Ah, ce pays où il faut que tout soit compliqué ! Mais bon, passons… je lisais il y a deux jours, dans le Monde – j’ai perdu la référence de la page houèbe, mais je vous livre texto le lien sur lequel il était loisible de cliquer, vu que ça m’a frappé et que je l’ai copié-collé dans ma boîte à perles :

Article réservé à nos abonnés : Présence d’ados LGBTQ + dans les séries : un retard qui commence à être comblé.

Notez bien que c’est  « +  » , LGBTQ+ : il y a donc tout le monde, vu qu’on n’a pas encore répertorié de manière exhaustive les lettres de l’alphabet désignant les catégories sexuelles, physiques et / ou mentales. Et nous sommes, lecteurs du canard susnommé, rassurés de savoir que la proportion d’adolescents  LGBTQQIAAP (*) dans les séries-téloche se rapproche de, tend à être l’exact reflet des variétés et sous-variétés qui peuplent notre belle société : 0,4 % de Queer génétiquement mâle, 1,2 % de ceci, 2,3 % de cela… ça promet ! c’est sûr, ça va stimuler l’inspiration des scénaristes. On va passer de belles soirées dans nos chaumières, blottis devant l’écran blême et de plus en plus correct, politiquement.

Tibert

PS – A quoi reconnaîtrons-nous les ados « bi », « queer », « pansexuel » etc… dans les séries-télé correctes ? bonne question. On pourrait leur attribuer des couleurs ? avec des sous-titres pour les daltoniens.

(*) C’est la définition la plus complète et récente dont je dispose. Faites excuse si j’ai oublié quelqu’un.

Tutus exclusivement parisiens

C’est Noël (je n’ai jamais vécu un Noël aussi terne, morne, même pas athée : sans âme) et hier pour Noël les artistes de l’Opéra de Paris ont, bannières de grève en guise de décors derrière eux, interprété un extrait de l’incontournable et rebattu saucisson tchaïkovskien, « Le lac des cygnes » (« Casse-noisettes » ou « Gisèle »  auraient pu le faire aussi, bref, un truc de fond de répertoire, ça se met en place par automatisme).  C’est qu’ils ont du souci pour leur retraite, les danseurs de l’Opéra de Paris, qui ont un statut à part et datant de 1698 ! C’est vrai, quoi, devoir partir moulu et claudiquant pour la retraite à 42 ans, ce n’est pas le lot de tout le monde…

Question : les machinistes, costumières, musiciens,  éclairagistes, décorateurs… de l’Opéra de Paris ont-ils le même statut ? rien ne le dit dans le superbe article du Monde cité ici. Si oui, les machinistes etc… auraient-ils aussi des exercices à la barre ? des tendinites professionnelles ? (*)

Autre question : les opéras de Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes… font exactement le même genre de truc, Le Lac des Cygnes y compris. Mais ils n’ont pas ce statut. No comprendo… deux poids deux mesures. C’est plus au Sud, c’est pour ça ?

Et encore : les sportifs professionnels, footeux, rugbymen, cyclistes, tennismen… font aussi des carrières brèves, exigeantes, et qui laissent des traces. Ils font SDF ensuite, ou quoi ? il me semble pourtant que certains se reconvertissent, ils ne sont pas pour autant finis pour la société.

Derechef : il me souvient avoir bien connu un adjudant-chef de gendarmerie qui, parti comme il se doit à la retraite vers ses 50 balais, s’est reconverti aussi sec – c’est très courant – en Chef de la Sécurité dans un grand immeuble de bureaux… et a fini comme ça dix-douze ans plus tard, avec deux retraites additionnées. Les danseurs de l’Opéra de Paris et d’ailleurs ne se reconvertissent-ils pas, retraite atteinte, en profs de danse ? ou bien j’aurais mal été informé ?

Il est question de mission régalienne, dans cet article du Monde… soit. Admettons, bien que le régalien soit ici tiré par les cheveux. C’est de culture qu’il s’agit, de prestige, de rayonnement, si l’on veut. On subventionne, donc, et le contribuable y va de son obole obligatoire avec patriotisme 😉  : faut ce qu’y faut. Mais en quoi cela interdit-il une retraite par point(e)s ? les flics, les magistrats, les agents des Impôts, les contrôleurs divers et variés… tous ces métiers nettement plus régaliens permettront d’accumuler des points en bossant. Ils ont des spécificités ? évidemment, danger, pénibilité, horaires, gnagnagna… ça se négocie, ça s’aménage ( il n’y a guère que pour les militaires en opération qu’on peut se poser la question ; quand les balles sifflent aux oreilles, la retraite, hein… ce n’est pas la préoccupation du moment.)

Bref : charmant spectacle que cet extrait de ballet au grand air – pour les Parisiens exclusivement, du moins ceux qui pouvaient y assister. Pour signifier que puisque Louis XIV a octroyé un statut comme celui-là, il est hors de question d’y toucher : ça va de soi, non ?

Tibert

(*  PS – Plus tard…) Il appert qu’en fait les différentes catégories de personnels de l’Opéra de Paris ont différentes dispositions… extrait significatif :

Les droits sont ouverts à 40 ans pour les danseurs, à 55 ans pour les chanteurs de chœurs, à 60 pour les musiciens et à partir de 55 ans pour les techniciens.
Le droit à pension est ouvert après un minimum de trois mois de services.
La durée maximum des services validés est de 37,5 annuités ou 40 avec bonifications.
La pension est calculée sur la moyenne revalorisée des salaires soumis à cotisations vieillesse perçus durant les trois meilleures années consécutives pour les personnels artistiques ou les six derniers mois pour les autres personnels.

Voyez : outre les âges de départ, tous plus favorables que pour le commun des mortels, les pensions ne sont surtout pas calculées sur la base des 25 moins mauvaises années du vulgum pecus ! au pire, les trois meilleures (danseurs, musiciens), sinon les six derniers mois… on peut comprendre que ces braves gens n’aient pas envie de se retrouver au même statut que, justement, le vulgum pecus, telle la technicienne de surface qui nettoie pour le compte de « Clean-Omnium » des bureaux vacants et blafards, de 4 h à 8 h du matin et de 19 h à 22 h 30. Il est vrai que souffler dans un hautbois, un oeil sur la partoche, un oeil sur le Chef d’orchestre, est nettement plus crevant !

Des les pour des des

La bataille des grèves longues, impopulaires et mal barrées, c’est assez souvent la fatigue et le baromètre qui la gagnent. Le baromètre « Soutenez-vous les grévistes ? oui / non / ne sait pas« . Le Monde, dont l’objectivité intransigeante ne fait pas débat 😉 s’est fendu à ce propos (*) d’une enquête « Appel à témoignages : dites-nous comment, quoi, que…« . Et l’on découvrait hier le résultat des courses, je cite :

Les non-grévistes assurent « ne pas pouvoir se permettre » de cesser le travail et manifester, évoquant des raisons financières, mais aussi pratiques.

Belle unanimité ! les non-grévistes… pas le partitif « des non-grévistes« , non ; l’article défini, sans nuance. Si l’on suit bien, donc, aucun des témoignages, nous dit le Monde, n’invoque une autre raison de ne pas faire grève ! par exemple, je ne sais pas, moi… le désaccord avec les syndicalistes SNCF-RATP « Nos avantages acquis » : ce serait possible, ça ? ou bien, la réprobation de cette prise d’otages massive et cynique… l’accord avec le projet de simplifier, unifier, en finir avec des systèmes de niches inégalitaires et archaïques… la volonté d’équilibrer les comptes… de ne pas financer les retraites de luxe de certains par le régime général… de réduire l’écart effarant entre le régime des fonctionnaires et celui du secteur privé… de proposer enfin une retraite décente aux commerçants et artisans… j’arrête là. Non non, écrit la journaleuse commise à ce panégyrique pro-grève, les non-grévistes, tous les non-grévistes, soutiennent la grève, nonobstant les apparences et leurs empêchements.

Le Courrier des Lecteurs afférent, riche et varié, et dont je vous recommande la lecture, remet largement les pendules à l’heure, comme quoi les articles biaisés ne trompent pas tout le monde… une citation parmi moult autres dans le même sens rectificatif : « Je cherche toujours l’article du Monde sur la France non gréviste ET favorable a la réforme – pour reprendre la formulation initiale. Un lien? Mais j’ai quelques doutes… »  – moi aussi !   😉

Tibert

(*) On traite de l’actuelle grève SNCF-RATP, essentiellement parisienne, en fait : les provinciaux sont largement à l’écart de ces emmerdements dans leur vie quotidienne ; pour leurs déplacements à travers le pays, évidemment, c’est plus coton, grâce aux conducteurs SUD-Rail, CGT et consorts.

Systémique et Paramétrique sont dans un bateau

La Grosse, la Mahousse Réforme, le truc que personne n’avait osé envisager avant Lui, sauf le tandem Chi-chi-Juppé  qui s’y était cassé les dents… eh bien malgré la hardiesse du projet et les casseroles en grappes que traîne derrière lui (*) monsieur Delevoye,  qui a tant de cordes à son arc que ça ressemble à une harpe… malgré ça donc, monsieur Berger, de la CFDT, n’en veut pas ! pourtant la CFDT, hein, c’est pas le couteau entre les dents, juste un Nôpinel plié dans la poche. Il a raison, monsieur Berger.

Car le paramétrique + le systémique à la fois c’est relou, indigeste, pas malin pour deux ronds – il faut savoir saucissonner – et puis surtout c’est idiot. Le systémique oui, et vigoureusement ! à la poubelle, c’est pas trop tôt, les régimes spéciaux iniques (**) et obsolètes, ces niches dorées. Enterrons les aberrants écarts de carrière entre les fonctionnaires et les salariés du secteur privé : c’est d’un autre âge, c’est de l’époque du Mur de Berlin, sur une idée de Walter Ulbricht. Mais le paramétrique ?  l’âge-pivot (d’équilibre…) ? une trouvaille de technocrate compliqué dans sa tête. C’est pourtant simple : on fixe, non un âge de départ, mais un nombre d’années de travail ! on travaille, disons, 40 ans, 42…, moins pour certains boulots contraignants, pénibles, usants, spécifiques… et puis voilà.  On part avant d’avoir fait tout le parcours ? décote. Après ? bonus.

Si 42 ans d’activité ne suffisent plus à équilibrer les comptes, on remontera à 43, etc. Où est le pivot, là ? y a pas de pivot. Qu’on arrête donc de vouloir pivoter, on va tourner en bourrique.

Tibert

(*) Il a septante-deux ans, monsieur Delevoye. Certes la sagesse de l’âge bien mûr, certes, certes, la « bouteille » et l’expérience du politicien au long cours… mais à cet âge on devrait avoir raccroché ! place aux jeunes, zut quoi. Et le chômage ? encore un qui prend au minimum la place de deux-trois chômeurs. Et les émoluments d’une demi-douzaine.

(**) Iniques, oui, parfaitement. Non égaux, selon la racine latine.

Les transports et l’énergie…

… sont les deux mamelles qui font plier les gouvernements (*). Si vous détenez ces leviers, vous avez le Pouvoir. Et pas n’importe quels leviers : les conducteurs de trains, pas les comptables ou les lampistes. Si le syndicat CGT (SUD, FO, etc…) Ebénistes & Tapissiers avait les moyens de faire mettre une grosse réforme à la poubelle, ça se saurait…

Tout ça pour dire que le noeud gordien est là : depuis moult années, les syndicats ex-révolutionnaires (de fonctionnaires et assimilés d’abord, et puis l’énergie) se sont appliqués à structurer des noyaux durs là où est le plus fort pouvoir de nuisance ; et ça marche, ça fonctionne. Prendre les Français en otages et les emmerder un max – en tout bien tout honneur et pour la bonne cause  😉  puisque c’est, paraît-il, légal ; ça fait des tas de réformes pourtant indispensables qu’ils ont ainsi vidées de leur substance ou carrément renvoyées aux calendes grecques.

Les calendes grecques, voilà ce qui attend donc la Grosse Réforme annoncée, qui ne toucherait pourtant, aux dires du Philippe Premier, que les futures générations. Et avec ce stupide âge pivot, agité comme un chiffon rouge, histoire de faire kss-kss aux syndicats les plus modérés. Bosser, c’est le temps qu’on y a passé qui compte, pas l’âge atteint ; avec les éventuels coefficients de pénibilité pour corriger le tir, histoire que les ouvriers sidérurgistes puissent passer quelques années à taquiner le gardon, comme les autres. Et puis que les régimes spéciaux financent donc leur propres retraites, sans piquer dans les caisses des autres, puisqu’ils sont spéciaux ; et puis inscrivons dans la loi la liberté de circuler, avec les moyens ad hoc pour la faire respecter : ce sera déjà un début de commencement dans le bon sens.

(A me relire, ça pourrait faire une liste pour le Père-Noël…)

Tibert

(*) comparaison probante, c’est d’abord avec les transporteurs – avant les mitrailleuses – qu’au Chili la clique de Pinochet avait saboté le socialisme enthousiaste, foutraque et irréfléchi de Salvador Alliende.

Le mur du çon, vu d’ailleurs que du Coin-coin Ligoté

Je l’ai lu, et j’espère que vous avez pu goûter vous aussi tout le sel de cette information. Sinon voyez par vous-mêmes, dilatez-vous un moment la rate, c’est gratuit. Sauf que c’est totalement sinistre, vu sous un autre angle.

Extinction-Rébellion, alias XR, ce groupuscule à multiples faux-nez, gaucho-écolo-rosbif importé d’Outre-Manche, estimant que les trottinettes électriques sont des briseuses de grèves, vu que ça aide les gens à dépasser les emmerdements des grèves RATP, en a neutralisé/ saboté tout un tas – des milliers, selon son communiqué – à l’occasion de la grève de jeudi dernier. Les trottinettes électriques, « ces jouets des capitalistes verts », je cite. C‘est nouveau, ça vient de sortir, le Capitalisme Vert !

Et les vélos, chers camarades d’XR, hein, les vélos ? volés tous les quatre matins et à la brèvissime durée de vie, surtout les plus beaux, évidemment… et les patins à roulettes, les planches du même métal, les monoroues, les godasses de jogging ? dévoreuses de kilomètres et de ressources de la Planète, les grolles de chez Mike, Adibas, Ribouck et consorts ! de courte durée de vie, briseuses de grèves, et, détail atroce, fabriquées par des esclaves du Capitalisme Sportif, autre avatar du Capitalisme Protéiforme… de grands chantiers de démolition attendent les justiciers d’XR.  Espérons qu’ils épargneront les sabots de bois ; du moins ceux « issus de forêts gérées durablement ».

Tibert

Peaux de saucissons

Hier jeudi 5 décembre j’ai acheté deux beaux saucissons artisanaux – excellents, une tuerie, selon les termes en vogue chez les chroniqueurs gastronomiques : mon boucher n’était pas en grève. Alleluïa.

L’épicier non plus, qui vendait ses salades et ses boîtes de petits pois, et puis le pharmacien, les deux boulangers, le bistrotier d’à côté qui tirait des mousses derrière son comptoir. Les guichets de l’autoroute n’étaient pas en grève, et j’ai fait le plein de gasoil (*). L’usine d’injection de pièces plastique fumait… bref : des Français bossaient.

A la radio, en revanche, c’était sens unique : les grévistes, les grévistes, la grève, la grève… durera, durera pas ? grave question, et d’évoquer les mânes de 1995. Voilà qui va faire de la copie, là, coco. Mais personne n’a interviouvé mon boucher, pourtant remarquable avec ses saucissons, ni moi d’ailleurs. J’aurais pu déclarer deux-trois trucs dans le micro baveux du journaleux, mais je suppose que ça aurait été coupé au montage : l’antienne standard c’était d’encenser la grève et de faire ksss-ksss.

Deux-trois trucs donc, pas plus… Premio,  traiter d’abord le plus gros, hiérarchiser les problèmes, pas tout en même temps ! Un truc aveuglant, évident, un éléphant dans un couloir : les Français sont plus qu’excédés des grèves SNCF-RATP, depuis des lustres, à tout bout de champ, pour un oui ou un non, une grille de roulements pas trop chouette, un pet de travers, paf ! les Français privés de train, de métro.  Un pays « de merde » brocardé partout à l’étranger, invivable, quasi légendaire. Il est essentiel et urgent de faire la peau au « système SNCF », au « système RATP », usines à prises d’otages. Il est d’autres régimes spéciaux, certes, la Comédie Française, les clercs de notaires… il peuvent attendre deux-trois ans de plus, nous survivrons. Oui les régimes spéciaux sont  inégalitaires et largement injustifiés de nos jours, mais il y a des petites pailles, et des grosses poutres !

Deuxio, si l’on s’attaque, ENSUITE,  à la refonte de la retraite… on débat, on écoute, on prend le temps. C’est super-important, anxiogène, vital. Le parlement, le patronat et les syndicats – minables syndicats, archi-minoritaires ailleurs que dans l’administration – n’y suffisent pas. Les GJ ont bien contraint Macronious et ses ouailles à descendre de leur cheval et dans l’arène, à débattre avec les Français, à les entendre : c’est un excellent exercice ! ça assouplit les articulations et ça permet de coller au réel. Il faut continuer, et surtout pour un sujet comme celui de la retraite. On va perdre un temps fou ? ben oui, c’est comme ça… mais les bruits et les n’importe quoi qui entourent le projet actuel sont insupportables.

Tibert

(*) Je sais, je suis un pollueur, affreux ! ma bagnole pollue, particules fines NO2 gnagnagna. J’ouvre donc une cagnotte de de financement populaire (oups ! de crowdfunding) pour m’acheter enfin et au plus vite un modèle vertueux. Mon n° de compte bancaire : 45678HGJ7643-347.  C’est à vous.