Quand c’est Les pour Des, et autres contes

( George « What else » Clooney se rebiffe, et à juste titre, contre le sultan de Brunei, ce monarque d’un petit état pétrolier rétrograde et que peu savent situer : oui, bonne réponse, merci wiki, c’est sur la face Nord de Bornéo, une enclave de 5.700 km2 dans une province malaise. Malaise, justement, car le sultan « éclairé » (je dirais « allumé ») de ce royaume veut désormais lapider, couper des mains, exécuter etc… comme au défunt califat de Daech. Clooney, courageux, appelle à boycotter les hôtels détenus par des fonds de Brunei, notamment le Plaza-Athénée et le Meurice, à Paris. Je le suis à fond à fond sur ce point, car – 1) il a raison, c’est dégueulasse ce qui se prépare ; 2) mieux que Clooney : je ne suis même pas tenté de fréquenter ces hôtels, j’y mettrais mes finances en très grosse difficulté ! il se trouve que « Le Lion d’Or, à Troumieux-sur-Gartempe, n’est pas visé par cette liste d’infâmie, et ça me rassure pleinement. )

Et puis Le Monde, jamais biaisé, d’une objectivité remarquable, titre « Les enseignants dans la rue pour protester contre le projet de loi Blanquer« . Et de poursuivre : « Plusieurs milliers d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires, de collèges et lycées ont défilé gnagnagna…« . Les enseignants sont environ 1,5 million (le mammouth, disait Allègre), et l’on a compté plusieurs milliers de protestataires, soit DES enseignants, pas LES enseignants. Sans doute emporté par son enthousiasme, le journaleux aura quelque peu gonflé son propos…

… et je termine cette très brève revue de presse pour citer un commentaire d’un lecteur du Monde sur cet article : « Quand les enseignants étaient pour la dernière fois d’accord avec une réforme ? Ah si en 1969 quand la semaine est passée de 10 à 9 demi-journées de cours« … je n’ai pas vérifié mais ça semble assez bien vu.

Tibert

William S. à la poubelle

Je lis ça… une pièce d’Eschyle, qui n’est pas toute jeune – environ 2.500 ans avant chez nous -, Les suppliantes, ne sera pas jouée ; ça n’aura donc pas lieu, à Paris, évidemment (*). Le metteur en scène avait eu la sale idée, lors d’une précédente représentation, de grimer certains de ses acteurs en noir ! c’est paraît-il raciste, ce serait du ou de la (genre indéterminé) « blackface » (c’est surtout de l’anglais ! disons que chez nous ce serait de la « tête noire » **), clament les militants du CRAN, le Conseil Représentatif des Associations Noires. Donc, il semblerait que les têtes noires, c’est une locution raciste… Les comédiens, conciliants, disent que ce coup-ci ils joueront sans grimage, avec des masques : ce n’est pas assez anticolonialiste, il y aura des masques noirs ! donc on ne jouera pas la pièce… Eschyle, ce sale colonialiste. Il vous reste la possibilité de lire cette oeuvre antique et classique, avant que l’éditeur la retire prudemment de son catalogue, vu qu’elle a été entachée de blackface. Les autodafés et farenheit 451 ne sont pas loin.

Jadis, Shakeaspeare – c’est nettement plus récent, mais pas trop – avait eu, lui aussi, le culot, l’impudence de mettre en scène un blackface : Othello… boycottons Shakeaspeare, ce sale raciste, qui n’avait même pas l’excuse que c’était pas lui, mais le metteur en scène. A la poubelle, donc, William !

Tibert

(*) Essayez donc de jouer Les suppliantes à Bouzenvoir-Sur-Orge, tiens. La Culture, c’est toujours aux mêmes qu’elle vient. C’est pas juste !

(**) Et non gueule noire, qui est une AOC déposée par les mineurs de charbon – en attendant que d’aucuns s’avisent que ça a des connotations racistes.

PS – Une histoire triste : des malfrats déverrouillaient des pompes à essence la nuit dans les coins peinards et sombres, et se servaient abondamment pour eux, leurs copains et clients sans factures. Pour déverrouiller lesdites pompes, il faut un boîtier de télécommande (on en vend des faux sur la Toile) et entrer un code à 4 chiffres… pas boucoup, quatre chiffres, pour protéger des dizaines de mètres-cubes de ce précieux liquide qu’est le carburant. Surtout quand par défaut c’est livré avec le code 0000, et… que personne ne se donne la peine de le changer !

Mais sénat rien à voir !

( Sur le massacre dans les mosquées de Christchurch (les mosquées de l’église du Christ !! ) : c’est bien que les  citoyens de là-bas aient massivement condamné clairement le terrorisme, affirmé leur empathie et leur solidarité avec la communauté musulmane meurtrie. Mais plein de femmes l’ont marqué concrètement en se voilant la tête… se conformant ainsi explicitement à l’équation femme musulmane = femme voilée. Eh non, l’équation c’est femme voilée = femme soumise (au mâle, ça va sans dire !). Et la transitivité (*) se démontre aisément. Et les féministes néo-zélandaises, qu’en pensent-elles ? )

Mais, au fait : le sénat balance une grosse boule  dans les papattes de l’Elysée, étirant tel un inter-minable chewing-gum le filandreux et subalterne feuilleton Benalla : c’est trop d’honneur ! Qu’en dire ? que ça semble assez clair. Trois importants sbires de la structure élyséenne sont visés : c’est le lanceur de poignards qui encercle ainsi la figure au centre du plateau, le Macronious. Le Macronibus qui  a énoncé clairement qu’il y a trop de parlementaires et qui veut y remédier – là dessus, tout le monde dans ce pays est bien d’accord, sauf les parlementaires, justement ! et tout particulièrement le sénat, poussiéreux et affligeant reflet de la France très Profonde et très plan-plan – et d’une utilité qui ne saute pas aux yeux. Un tiers de sénateurs en moins… non mais, vous vous rendez compte ? et le sénat d’entrer en résistance, se saisissant de tout projectile contondant à sa portée. C’est le feuilleton Benalla, le projectile contondant, en l’espèce.

Tibert

(*) Vieux rappel de maths : transitivité…  A°B et B°C –> A°C. Exercice : appliquer aux deux équations énoncées plus haut.

Streetmedics et workshops

Un mèl que je reçois d’un magasin que j’ai eu le tort de fréquenter, y laissant hélas la trace informatique de mon passage : on me propose des Workshops Street Photo MachinTruc [une marque connue] à … (ici le nom de la ville). Il est clair que si c’était Ateliers photo de rue à … ça ne le ferait pas ! des workshops pour shooter avec sa camera dans les streets de Blésieux-les-Gonesse…  on se sent tout de suite plus anglais, c’est tellement meilleur ! J’aurai vécu assez vieux pour lire des merdouilles comme ça.

Mais on nous annonce que l’armée va sécuriser les bâtiments sensibles, lors des manifs possiblement violentes à venir (19, 20… n+1… oups ! XIX, XX…) : comme bien évidemment il est exclu qu’elle utilise ses flingues pour flinguer – ce qui règlerait rapidement la question, mais ça ferait désordre – il restera les bons vieux combats corps à corps et bourre-pif, coups de boule, gnons et genoux dans les « parties »… ça promet ! ou alors blindés déployés, déroulés de barbelés et chevaux de frise devant les édifices, comme pendant l’occupation ? on reste perplexe devant cette initiative hardie.

Et puis le gouvernement s’avise, quatre mois après le début des saccages récurrents et hebdomadaires, qu’il est possible de marquer les manifestants d’une sorte d’encre-empreinte indélébile, genre ADN coloré, permettant plus tard de les confondre : oui, ils y étaient, à tel endroit à tel moment, indubitablement, inutile de nier. Mais qu’allez-vous imaginer ? ils ne faisaient que passer là fortuitement par hasard et impromptu, ramassant au gré des trouvailles des pavés, boulons et autres objets durs et projetables pour en faire cadeau à leur vieille mère, qui fait la collec’. Les tas de fringues neuves avec leurs anti-vols dans le sac à dos ? ça traînait par terre dans la rue, c’est pas propre, ils allaient les rapporter à l’Armée du Salut pour les pauvres et nécessiteux. Braves petits !

Bref : le mieux, ça serait que ça s’arrête, la très grande majorité en a plus que ras la casquette. Mais pour ça il faudrait renoncer à se marrer tous les samedis, se fournir en denrées gratuites, donner du boulot aux artisans qui réparent les dégâts ; ce serait dommage, pas vrai ? et puis ça augmente le PIB !

Tibert

PS – A propos de l’anglais de m… qui nous envahit – merci les journaleux – je lis ça sur Le Parigot à propos des trottinettes, vélos… en libre service à Paris : « Les vélos en free floating, eux, sont les moins taxés (…) ; à ce jour, la Ville de Paris estime à plus de 15 000 le nombre d’engins en « flotte libre » déjà présents sur son territoire« . Ce sont les termes français qui sont entre guillemets !

 

 

Barbarie et surdité

La démocratie paisible a vécu ; on fait mine de commencer à s’en apercevoir… quoi ? des barbares saccagent La Plus Belle Avenue Du Monde ? (AOC franchement chauvine, faut pas pousser !). Eh oui, et c’était prévisible, au vu des appels guerriers des divers dirigeants historiques des GJ. Un détail : le mot ultimatum a-t-il un sens ? on a posé un ultimatum à Macronious ce samedi n° 18, modestement nommé ACTE XVIII. Et l’on apprend ça benoîtement, pas de problème… « Ultimatum et Démocratie : vous avez deux heures« .

D’un autre côté, on a des dirigeants  – ce n’est pas Macron qui a inauguré ça, il suit le sillon, c’est peinard – qui pendant des décennies nous ont fait du « chante beau merle, tu peux flûter, ça ne changera rien ». Des qui sont bien confortables dans leurs bulles dorées – et il y a en plusieurs, des bulles moëlleuses, des tas, même ! Tristement, on a constaté au début du mouvement des GJ que, hélas, ce n’est que lorsque ça pète gravement que là-haut ça finit par s’intéresser à ce qui nous soucie. Ah tiens ? il y aurait un problème ? le peuple gronde ? qu’est-ce ?

La démocratie est très mal armée pour résister aux voyous : elle prend trop de pincettes, fait trop de ronds-de-jambes. Il va falloir muscler les moyens de riposte, arrêter de jouer les Bisounours : faire les gros yeux, ça ne suffit pas. Il est clair, d’un autre côté, que les institutions doivent se réformer vite, vraiment, sévèrement, vers plus de sobriété, moins de décorum et plus d’écoute : les Scandinaves savent faire, eux, donc c’est possible. On a des progrès à faire ! C’est dur, je sais, la soupe sera moins épaisse, mais ça urge. Et ne demandez surtout pas aux sénateurs s’ils sont d’accord : ce sera non. On prend les paris ?

Tibert

Gérontologie et plafonds bas

Tout d’abord : on apprend que le chenu mannequin de la maison Smalto, Jack, 80 balais aux prunes cette année, est actuellement toujours Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) , à Paris, ceci en contradiction formelle avec les dispositions sur l’âge de la retraite des fonctionnaires. Au fait, les costards sur mesure, le célèbre couturier rital s’en est collé pour environ 200.000 euros, mazette ! Fillon fait vraiment petit joueur à côté. Ce ne sont pas des cadeaux avec ou sans renvoi d’ascenseur, meuuh non, qu’est-ce que vous allez chercher ; c’est pour les défilés de mode à l’IMA. Ben quoi… le cadre est chouette, et il y a même un restau au sommet sur la terrasse pour organiser des coquetels face à la Seine. Feu Lagerfeld, qui lui n’était pas fonctionnaire, n’aurait pas imaginé mieux.

Et puis cet article éclairant sur l’urbanisme nul de chez Nul de chez nous. Figurez-vous que les Français ne veulent décidément pas densifier correctement le tissu urbain ; ça fait de la peine aux écolos. Le rêve, le credo des écolos-logiques et ayahtollesques, c’est… 1) le maximum d’espace terrestre pour cultiver des légumes évidemment bio (*) ;  2) et puis des grandes tours dans des conurbations, pour y loger tout le monde, comme ça plus besoin de prendre sa bagnole, pas de place perdue, convivialité gnagnagna… eh bien c’est loupé ! ces cons de Français s’efforcent de miter le paysage en faisant construire leur petit « Sam’suffit » ou « Mon repos » un peu partout, de préférence en pleine cambrousse au milieu de nulle-part, pelouse, allée gravillonnée, portail et haie de tuyas (voire barbelés, miradors et doberman), toiture deux-pentes en tuiles-béton marron foncé avec casquette sur l’entrée, deux chambres rikiki mais suite parentale royale comme le couscous, terrasse pavée en grès non-gélif, et puis grand garage ; on y met la tondeuse, la table de ping-pong, les vélos et le barbecue en hiver, en attendant de pouvoir se construire la chapelle à merguez en parpaings, enduit taloché. Et, forcément, le matin pour aller au boulot – quand ils ont du boulot – ils prennent leur bagnole (pas le choix) : eh bien c’est la-men-ta-ble. Mais c’est comme ça.

C’est comme ça et ça démontre tout bonnement que ce qu’on nous propose pour habiter collectivement est tout sauf engageant. Des parallélépipèdes rectangles d’un conformisme consternant, des balcons étriqués et miteux donnant sur le parking en dessous, des plafonds de plus en plus bas – en dessous de 250 cm maintenant ! (**) -, les voisins qu’on entend péter, des WC et des salles de bains aveugles, des parties communes aussi plaisantes qu’une journée chez Roblot, les chambres où pour pouvoir poser le pied le matin il faut d’abord pousser le lit contre le mur ; peu ou pas de rangements… il manque plein de choses, outre des architectures un peu chouettes, spacieuses et lumineuses : le vestibule ! le quoi ? le vestibule : les godasses, le parapluie, les manteaux, tout ça… et puis une arrière-cuisine, si si, la souillarde ! pour les provisions, le congèle, les confitures, le stock de PQ, les bassines et l’aspirateur. Des prises électriques dans les parkings, pour les futures bagnoles rechargeables. Et des prix corrects, des syndics pas trop gourmands, des charges supportables, des… autant flûter, tiens. Alors ? alors on fait construire, comme on dit. Dans des lotissements et des paysages aussi enthousiasmants qu’une journée aux PFG.

Tibert

(*) et puis des élevages bio de volaille bio en plein air, et des fermes bio d’aquaculture bio, avec recyclage bio des déchets – si les vegans n’ont pas pris le pouvoir.

(**) Les différents ministres du logement ont tous été incapables – ils s’en foutent, eux n’habitent pas là – de fixer une norme nationale, pourtant indispensable pour contrer les manips des promoteurs tendant à nous empiler de plus en plus serré. Deux-cent-soixante-cinq centimètres MINIMUM sous plafond, ça serait trop demander ?

Three billboards outside Garat, Charente

C’est un billet pour cinéphiles – pas cynophiles ; les klebs, plus tard ! On a peut-être vu ce film réjouissant avec Frances McDormand dans le rôle-vedette, « Three billboards outside Ebbing, Missouri » ( Trois panneaux d’affichage à la sortie de Ebbing, Missouri). Une femme dont la fille a été violée et tuée, excédée de l’inertie de la Police, loue ces grands panneaux quatre-par-trois pour dénoncer, justement, l’inertie, l’inefficacité des reherches. Eh bien on l’a fait en France ; ici c’est à la sortie de Garat dans le un-six, la Charente.

Le Parigot-en-France vous en parle, bien que Garat ne soit pas de sa sphère géographique : un plombier retraité passe au tribunal pour avoir affiché, lui, ses avis tranchés sur Hollande, Valls, Fillon, Cahuzac… « Hollande, le plus grand menteur de France« , clamait-il. Et c’est là que le bât blesse : le plus grand menteur de France ? c’est douteux… y a-t-il eu de plus grands menteurs que Pépère-Normal ? difficile à dire, tant ça se bousculait – ça se bouscule, encore –  au portillon ! « les yeux dans les yeux, je n’ai jamais eu de compte en Suisse« , ç’en était un de compétition, celui-là, par exemple.

Mais bref, notre accusateur sur panneaux routiers s’est vu proposer un « stage de citoyenneté », pour apprendre qu’il y a des choses qui ne s’écrivent pas impunément au bord des routes. On peut louer, encenser ; pas de problème ! critiquer ? avec des pincettes, en termes soigneusement édulcorés et châtiés – pardon, châtrés. Il a refusé ! obstiné qu’il est… à ce sujet, combien ça coûte un stage de citoyenneté ? deux-cents euros. Pas cher : pour le prix de deux-trois gueuletons, on apprend qu’il est des constats qu’il est prudent de garder pour soi.

Tibert

Pour quinze euros de haine

J’ai déjà titré jadis un de mes billets « Pourquoi tant de haine » ; ici je ne m’interroge pas sur le pourquoi, mais sur la mise en valeur de cette haine, son marquétinge, en quelque sorte. Car, on le sait, si aux Insoumis monsieur Mélenchon souffre gravement du complexe du candidat n° 4 qui se voyait déjà n° 1 et brâme sa peine – c’est pas juste ! – et sa rancoeur depuis bientôt deux ans, son collègue François Ruffin (*), lui, vante et vend sa haine envers Macronious (15 euros, « Ce pays que tu ne connais pas « ). Le Monde, qui curieusement prend ça avec assez de recul, vous détaille quelque peu le sujet.

D’abord, une précision : je ne filerai pas 15 euros (dont X % pour l’auteur) à un libraire pour avoir ce bouquin. J’en traite donc « du dehors », je sais, c’est inconfortable. Je l’emprunterai peut-être à une médiathèque, à un groupie du Ruffin, mais bon, ce sera une perte de temps, on connaît le contenu : c’est tout noir, y a rien à garder, au total 208 pages et un tombereau de haine. Avec des arguments, sûrement ; on peut formuler des tas de critiques pertinentes envers le Big-Chief, ce n’est pas un président blanc-bleu, mais là c’est autre chose : c’est viscéral. Et ça interroge.

Notons au passage que si le titre tutoie, « … que tu ne connais pas« , le corps du texte vouvoie : « je vous avais classé “salopard de banquier ultralibéral”, comme vous ironisez vous-même » (ah, il lui reconnaît des capacités d’auto-dérision, c’est déjà ça). Mais je vous parle de ça, et pourquoi ? eh bien j’avais, en son temps, vitupéré les haineux qui insultaient bassement Sarkozy (« le nabot » et autres amabilités) ; je ne suis pas un fan de Sarko, loin de là, mais le brocarder sur sa taille, c’était haineux, oui haineux, bas de front, et sans jeu de mots, c’était petit. Et puis on a eu Pépère-Moi-Normal, et à ma connaissance – détrompez-moi au besoin – nul n’a exprimé de haine à son égard. De la pitié, oui, de l’aversion envers un homme-savonnette et une politique d’immobilisme au son du « changement (vers où ? alors là…) c’est maintenant « . Bref je pose la question : la haine ouverte serait-elle une valeur « de gauche » ?

Tibert

(*) avec 2 ff ; ne pas confondre avec l’excellent romancier Jean-Christophe Rufin, dont j’ai tout particulièrement aimé Le collier rouge, mais pas que. Bouquin de prix similaire au brûlot de Ruffin avec 2 f, mais à le lire on prendra du plaisir !

Bailleurs et râleurs

( Les Césars du cinoche… le « Grand Bain » a fait quasiment plouf et c’est bien normal ; cette histoire de cabossés, de loques et d’épaves engagés dans une victorieuse thérapie de groupe grâce à la natation synchronisée est un remake de remake de remake de la toujours vieille même histoire – un exemple, nettement meilleur,  parmi des tonnes : « The full monthy » – et à la fin ils sont champions du monde, vous ne l’auriez pas cru ! d’ailleurs on n’y croit pas. Enfin, les acteurs sont bons, quoique caricaturaux pour certains, mais alors le scénario… pfff… )

Mais le Parigot (*) se fend de TROIS articles sur les locataires parisiens des HLM de luxe, là-bas à Paname. Les trois disent la même chose : il y a eu les bienheureux loyers très-très modérés dans des immeubles « à loyer modéré », justement ; rupins, bien propres et super bien situés à Paris (Place de la Catalogne, dans le 14ème, par exemple) pour une clientèle pas vraiment nécessiteuse, voire carrément aisée, et sacrément veinarde. Il n’y a plus ! c’est fini, paraît-il. Les locataires aisés vont devoir payer nettement plus : ils bénéficiaient de loyers « dérogatoires », et la loi Elan dit que c’est illégal, le loyer dérogatoire… alors…

On notera que dans l’article que je vous cite, il y a un hic : la dame interviouvée, qui habite son chouette petit nid HLM depuis perpette au prix de 1.115 euros/mois, et concède avoir une bonne retraite avec son mari, déclare ceci :  » le nouveau surloyer de 820 € de ce mois-ci (…) représente pile-poil 30 % de nos revenus » : alors 820 / 0,3 = 2.734 euros… c’est pas boucoup ! ça doit être autre chose… en revanche, si avec 820 euros de plus ça fait un loyer à 30 % des revenus, 1115 + 820 = 1935 = 0,3*X, ça donne X = 6.450 euros : c’est confortable et moëlleux pour deux, et l’on conçoit bien que 1.935 euros de loyer pour un 86 m2 avec terrasse dans le quartier Champerret, ce n’est pas délirant. La cote donne entre 22 et 44 euros du m2, moyenne 32 ; ici ça donne 22,5… le prix plancher, quoi, et avec la terrasse ! pas cadeau-cadeau, mais pas loin.

Reste une question, lancinante : les beaux immeubles HLM de Paname sont menacés, nous dit-on, de devenir glauques, pisse dans les ascenseurs – cassés, les ascenseurs – tags, détritus, mecs chelous etc… car le départ des « riches » bien polis et propres va amener les « pauvres » : les pauvres c’est mal-éduqué, c’est sale, ça braille, ça respecte pas le matériel etc. C’est en tout cas ce que je crois comprendre, à lire les articles. On en apprend de belles… si en plus la concierge –  portugaise, forcément – se plaint que ses étrennes c’est plus ça…

Tibert

(*) Le même Parisien se demandait, en UNE de vendredi matin, « A quoi va ressembler l’acte 15 des GJ ? « . Outre qu’il abandonne la noble et royale numérotation romaine qui sied à des Actes – XV en l’occurrence, ça devient trop compliqué – le Parigot cire les pompes et sert la soupe ! la soupe aux GJ : quelles brillantes initiatives vont-ils encore nous trouver ? on est tout émoustillés.

Petite cuillère contre raz-de-marée

Les sujets sérieux sont si nombreux… tenez, Benalla a couché en taule, quelles sont ses premières impressions ? La Santé, comment l’a-t-il vécue ? la bouffe, tout ça… c’est un scoop du Parigot, rubrique pipôle, captivant. Mais zut, ça fait un bail que je n’ai pas abordé de sujet léger, genre mâdâme Firagots, « Comment masquer ses cernes matinaux ? » Mais j’ai justement  cet article du Monde sur les atteintes supposément constatées aux droits des « migrants » – puisque c’est le terme oh combien choisi, lisse et propre, pour désigner pêle-mêle les demandeurs d’asile en détresse et les jeunes mâles en quête de cocagne européen sans visa valable – qui me procure un chouette sujet léger. C’est parti…

Les migrants fuient l’Italie de Salvini & Co, nous dit Le Monde : eh oui, là-bas c’est assez tendu, on a pris des mesures pour éloigner les immigrants illégaux – et peut-être aussi les demandeurs d’asile légitimes, mais je n’ai pas les billes pour en discuter. Et où vont ces migrants qui fuient l’inhospitalière Italie ? traverser l’Adriatique à la nage pour gagner l’Albanie, la Boznie, le Kosovo ? eh non, c’est la dèche, là-bas, pas l’Eldorado… à pied, alors : L’Autriche ? presque aussi ronchon que l’Italie. La Suisse ? on oublie. La Slovénie ? tout petit, pas bien riche. Qu’est-ce qui reste ? chez nous, pardi ! Par la route, les sentiers, le train, il y a le choix.

On fera son profit de l’article dont je vous ai donné les références plus haut ; comme d’hab’ « des associations » (rendons grâce au journaleux qui nous a épargné l’abusif « les associations ») dénoncent des pratiques pas belles, illégales, cruelles. Tenez, les policiers font des « contrôles au faciès » dans les trains qui passent la frontière à Vintimille : ils vérifient surtout les Noirs, c’est quand même dingue, où vont-ils chercher ça ? Bref… et l’Anafé, l’assoce en pointe sur le sujet, de dénoncer : « Les procédures expéditives sont notifiées en quelques minutes seulement », sans qu’il soit procédé à un entretien individuel ou à un examen approfondi de la situation et « sans information sur les droits », comme celui de bénéficier d’un interprète, d’un médecin, de faire avertir un avocat ou de bénéficier d’une assistance consulaire».

Voilà : c’est mal organisé, c’est mal fait, c’est injuste, nous dit-on. Pensez, ils n’ont même pas droit à la scène classique de tout polar états-unien, « je vais vous lire vos droits » en V.O.,  swahili, arabe, albanais… Certes… mais voyons les volumes… on a déjà eu des vagues d’arrivées… les Polonais (*), et puis les Italiens (**), les Ritals, qui dans les années 50 venaient chercher du boulot à l’Ouest des Alpes ; c’était calme… pas de menace terroriste ; et puis on avait besoin de main-d’oeuvre, vraiment. On a connu de 36 à 39 des situations dramatiques, l’afflux dingue, au Perthus et ailleurs, de centaines de milliers d’Espagnols fuyant la victoire de Franco… interprètes ? médecins ? avocats ? information sur les droits ? on était dans l’urgence, on a fait, et effectivement mal fait – des camps de concentration, littéralement – comme on a pu. Il s’agissait pourtant de vrais demandeurs d’asile, qui eussent risqué leur peau à rester chez le Caudillo.

Ici et maintenant, ce ne sont pas 25 petits gars par ci par là qui tentent de se faufiler chez nous : ils sont tous les jours des milliers, et quand ils se font refouler ils reviennent le lendemain, des fois que. Alors, « Les procédures expéditives sont notifiées en quelques minutes seulement ». Eh oui, les journées n’ont que 24 heures ; à respecter pile-poil les procédures, on n’y arrivera pas. Ou alors on y met les gros moyens, et ça va (nous) coûter un pognon dingue, comme disait quelqu’un.

Résumons : il y a un afflux de migrants tel qu’il est humainement impossible de respecter les procédures nominales. Le contexte est maintenant très dur : notre chômage massif et qui ne veut pas régresser, l’inadéquation culturelle criante, évidente, des arrivants, et des menaces terroristes par dessus le marché. C’est tout ça, le problème, et on ne voit pas comment ça va s’arranger – sauf à tarir ledit flux, mais là…

Tibert

(*) 700.000 Polonais, tout de même, à la fin des années 30. Mais les procédures étaient moins lourdes, le pays bien moins peuplé, le contraste culturel minime, sauf les S Z C Z W tout partout.

(**) La France a reçu jusqu’au milieu des années 1970 1,8 million d’immigrés italiens ; elle est devenue, à partir des années 1930, le premier pays d’accueil. Les Italiens y sont maintenant invisibles : « ils sont accueillis comme des cousins un peu turbulents, mais fréquentables », cf wikipedia. Des Latins comme nous, quoi, avec des noms prononçables.