Complots, défiances et déviance

La chanteuse amateuse (amateur, amatrice, amateure ? rayez les mentions inutiles) Mennel a boucoup plu paraît-il au télé-crochet « Ze voïsse » (en français). Mais je rapporte ce que j’ai lu, n’ayant pas du goût pour stationner devant ma téloche à zieuter ce genre d’amuseries. Il s’est dit qu’elle a divinement interprété « Alleluïa » du regretté Leonard Cohen. Belle chanson,  et puis clin d’oeil aux trois religions monothéistes, semble-t-il…

Mais voilà elle était voilée, ce qui n’était pas forcément pertinent et en a rebuté beaucoup – à mon avis c’était naïf et inopportun – et pour enfoncer le clou on lui a trouvé moult casseroles, en l’occurrence de vieux touïtts où elle tenait des propos de type complotiste sur les attentats islamistes, notamment celui de Nice (*). A mon humble avis elle a là (elle a là, lalala) sans trop de jugeote emboîté le pas à tout un tas de salades abracadabrantesques – merci Jacques : personne ne serait jamais allé sur la Lune, les tours de Manhattan étaient en fait des hologrammes, c’est le Maussade qui aurait opéré au Bataclan, etc etc… je vous fais grâce du reste. Mennel s’est excusée, désolée, grosse erreur, tout ça, mais elle a jeté l’éponge : elle chantait faux, là, et plutôt que d’assumer et faire avec cette dérangeante dissonance, on lui a suggéré amicalement de laisser tomber le télé-crochet…

On rejoint là le débat mal emmanché sur Polanski le metteur en scène : s’il traîne lui aussi ses casseroles, en l’espèce des accusations de viols, son cinéma en est-il critiquable pour autant ? ben non. Idem pour cette chanteuse (chantrice ? chanteresse ?) amateuse : elle exhibe sa religion, elle a relayé des thèses complotistes absurdes, c’est piteux et critiquable ; mais elle chante bien – on le dit, du moins – et puis elle ne chante pas le Horst Wessel Lied ou Cara al sol,  mais des trucs qui ont de la gueule. Alors ? c’est un télé-crochet, ou un procès en sorcellerie ?

Et nous voilà avec Robert Faurisson, négateur obstiné des chambres à gaz du 3 ème Reich : il vient de se faire envoyer dans les cordes lors d’un n-ième procès, une fois de plus. C’est bien fait, ce type défend des thèses infâmes. Mais… mais ce qu’on lit dans Le Monde à ce propos laisse perplexe : «  La loi Gayssot établit la vérité des crimes contre l’humanité. Ça n’empêche pas les historiens de faire des recherches, mais le génocide, c’est une vérité. La contester, c’est être un faussaire ». C’est donc une loi qui établit la vérité, telle la loi de la pesanteur ? on touche au divin, à la Révélation, là : Gayssot-Dieu dictant les Tables de la Loi Eponyme… eh non, la vérité est historique. Le génocide (des Juifs, en l’occurrence) est une réalité historique, pas une Vérité Révélée. Et, je l’ai déjà dit, rejoignant humblement moult historiens illustres, cette loi est absurde et liberticide.

Tibert

(*) Sur Nice, justement, l’incroyable concours de négligences et de jemenfoutisme qui a permis au terroriste de balader son camion en repérages autant qu’il a voulu sans qu’on lève le petit doigt… a fini par susciter des questions et une enquête. Négligences ou complicités, l’avenir le dira peut-être.

Petits bricolages sans conséquences

On ne va pas gloser sur la neige, non ? elle était annoncée deux jours avant, avec du froid, elle est arrivée bien ponctuelle : sur les grands axes non payants – les autoroutes à péage, je ne sais pas –  c’était le grand bazar (bien ponctuel lui aussi) et les services d’entretien des routes de lever les bras au ciel : « Ah c’est bien malheureux, qu’est-ce qu’on peut y faire ? « … faites rien, les gars, faites rien, de toutes façons c’est trop tard. Il y a des pays où ils sablent préventivement, ils salent, ils déneigent, ils mettent des pneus d’hiver… chez nous on n’a pas besoin de ça, pensez !

Mais je voulais ici mettre l’accent sur une info qu’elle est passée un peu à la trappe, et je trouve que c’est pas juste : en inversant les rôles, ça aurait déclenché de graves émeutes dans les cités. Voilà : sur la départementale 3, à Salles, en Gironde, un gendarme chargé de contrôle de vitesse veut arrêter un motard de 15 ans chevauchant un « cyclomoteur » « de cross ». Bizarre, un cyclomoteur (cylindrée maximale 49,9999 cm3) ça roule en principe à 45 km/h maxi, c’est la loi : pas de quoi verbaliser, en principe. Alors il n’avait pas de casque, le motard ? on ignore. Ce qui figure dans le canard local, Sud-Ouest, et qu’on ne trouve pas ailleurs dans la presse, c’est que la bécane était bruyante, et kitée, customisée, bref modifiée avec une cylindrée de 88 cm3, largement plus que le maximum légal. Il existe des tas de boutiques qui vendent ce genre d’adaptations, soi-disant pour rouler « sur circuit », mais ça ne trompe personne. Vous entrez « kit Peugeot 103 » par exemple sur votre butineur préféré, vous trouverez. En tous cas cette meule « n’était pas homologuée pour circuler sur la voie publique« . Qu’en pensent les parents du djeune ? bof, il faut bien qu’il s’amuse, quoi.

Bref un petit gars roulant là où il n’a pas le droit avec un « cyclomoteur » qui n’a plus rien d’un cyclomoteur… ce genre de machine améliorée atteint sans problème les 90 km/h en faisant un bruit d’avion (le plus souvent, on trafique aussi le pot d’échappement pour augmenter les perfs et réveiller le quartier), soit le double de ce qui est stipulé dans les textes réglementaires. On veut l’arrêter ? non mais sans blague ! il fonce sur le gendarme, le percute, se blesse lui-même un peu d’ailleurs, pas de pot. Le gendarme, lui, en est mort. Le djeune a dû se croire devant sa console de jeu…

Moralité, comme dans les fables : Il est patent, connu, de notoriété publique que les « cyclomoteurs » des djeunes sont très largement modifiés et trafiqués, et dangereux, en plus de faire un boucan insupportable. C’est clairement illégal, mais tout le monde s’en fout, là-haut : la loi elle est là, c’est l’essentiel, le législateur a fait son boulot, dém… faites ce que vous en voulez. Eh non, les lois on les promulgue, et on les fait respecter – et on s’en donne les moyens. Sinon c’est du vent, et on est des charlots, des bouffons, comme ils disent.

Tibert

Cherche boulot mais pas vraiment

Huit-cent-vingt-six  (826) réactions de lecteurs au moment où je vais mettre le point final à ce billet : non ça ne traite pas de la promo pharamineuse que la chaîne  Enterre-Marché annonce sur les boîtes de sardines en escabèche par lots de quatre-vingt-seize. Il s’agit du Marronnier des marronniers, the sujet, le seul, le vrai, celui qui chavire le coeur des foules : « Garder ou ôter son voile, le dilemme des jeunes musulmanes en recherche d’emploi« . On peut dire que c’est un très gros succès ! bravo Le Monde, décidément bien dans sa ligne politico-éditoriale.

Extrait : « Dans le huis clos de l’entretien d’embauche, les femmes voilées ressentent durement l’obstacle invisible qui leur est réservé sur la voie de l’emploi salarié« . Sans doute, mais qui d’abord a disposé sur sa chevelure un obstacle bien visible et significatif ? J’image mon propos : si vos règles de vie vous obligent à vous mouvoir chaussé de semelles plombées de scaphandrier, pas la peine de courir le cent mètres plat… j’en ai lu plein, des réactions des lecteurs patentés du Monde… si je puis donner une tendance « à la grosse » (il faudrait un boulot de fou pour être exhaustif sur plus de 800 interventions), la voici : elles cherchent vraiment du travail ? la recherche de travail requiert des accommodements avec la réalité des entreprises.

Effectivement, l’entretien d’embauche n’est pas précisément un moment marrant ; mais il faut en passer par là, et les recruteurs étant ce qu’ils sont, il faut éviter de faire désordre : il me souvient avoir souvent ciré mes pompes noires, enfilé un costard et m’être étranglé d’une cravate, tout ça pour aider à suggérer au type assis en face de moi que j’étais bien l’homme de la situation : j’avais VRAIMENT besoin de trouver du travail.

Bon, certes, les recruteurs sont des ballots, ils sont craintifs, ah la la ! et pleins de préjugés contradictoires : ils vous veulent jeunes mais pleins d’expérience, dynamiques mais prudents, loyaux mais débrouillards… et surtout ils ne veulent pas se gourer ! Alors devinez qui ils choisissent entre deux nanas de qualités voisines, dont l’une est lisse dans sa mise tandis que l’autre agite son étendard ? et que vient proclamer l’appartenance religieuse dans une entreprise ? c’est tout simplement incongru.

Mais on assiste à de drôles de trucs, et les lecteurs du Monde l’ont bien vu : dans le même temps, en Iran, des femmes courageuses osent maintenant, au risque de finir en taule, ôter le voile que les mâles leur imposent manu militari depuis des décennies. Curieux télescopage !

Tibert

Quand ça ne fonctionne pas, on continue !

Je rebondis malgré mes vieilles ankyloses sur cet édito du Monde, qui pointe la pusillanimité de nos Chefs sur le sujet du cannabis, pour « plusser » (affreux néologisme pour abonder dans le sens de…) les nombreux lecteurs de cet article qui critiquent la co… bref l’obstination stupide dans la politique pénale actuelle du cannabis et dérivés. Certes le gouvernement réfléchit à remplacer cette répression irréaliste et inopérante par des contraventions… certes… c’est moins idiot que le traitement actuel – quasi jamais appliqué, comme tant d’autres – mais c’est terriblement timoré, petit joueur.

Bref : ce gouvernement supposé moderne, actif et incisif se comporte face au problème des drogues dites « douces » comme une assemblée de chaisières. Allez, un peu de courage, que diable !

Quant à défendre le système actuel théoriquement-répressif-mais-en-fait-pas-du-tout, en invoquant l’indispensable maintien de l’économie parallèle du deal qui fait vivre des tas de cités… autant justifier a posteriori la prohibition aux States dans les années 30 par la bonne santé financière des bandes de gangsters et des distilleries clandestines ! ou bien, plus près de chez nous, remettre en route le projet inutile de l’aéroport NDDL : si si c’est utile, ça va faire des tas d’emplois, ça fera tourner le BTP ! c’est bon, ça, coco, tiens, il y a même un adage pour ça : quand le BTP va…

Tibert

 

Macédoine de salmigondis

C’est un truc assez ringard et vieille cuisine, genre pour fourrer un cornet de jambon blanc avec de la mayo : la macédoine est un mélange de bouts de légumes divers et (a)variés ; ça permet : 1) aux industriels ou aux industrieux de récupérer des raclures de fonds de frigos ; 2) de justifier la fabrication et la dégustation d’une mayonnaise pour faire passer tout ça sans trop de mal. Bref…

  • Il semble que les flottes de vélos en libre service dans les grandes villes de France et de Belgique, ça ne fonctionne pas très bien. Le problème, c’est que par exemple vous mettez 400 vélos neufs-neufs à disposition du chaland sur la chaussée, pensant aller dans le sens de l’Histoire et faire de bonnes affaires, 50 centimes les 30 minutes de biclo… trois mois plus tard, 380 de vos 400 vélos étant foutus – volés, jetés à l’eau, roues tordues ou pneus tailladés, cadres sciés, selles disparues etc… vous n’avez plus qu’à jeter l’éponge. Moralité : à Singapour, à Osaka, à Berne ça pourrait le faire, mais pas chez nous. Vous en tirerez les conclusion qui s’imposent : comme on dit par doux euphémisme, on est des Latins, pas vrai ? Idem, les « Autolib » parisiennes ont bien de la misère, car les portières n’étant pas blindées, les SDF de certains quartiers y dorment, fument, bouffent et biberonnent, les drogués s’y droguent etc… imaginez l’allure et l’odeur des bagnoles-poubelles après ces traitements délicats. Bon, je n’insiste pas, il paraît qu’on peut rien y faire ! à Singapour ils savent comment y faire, mais pas nous… c’est comme ça, on est des Latins, quoi…

 

  • Mais aussi, le Sénat a enfin la bonne idée de montrer qu’il remue encore : il va lancer une étude contradictoire sur la prochaine limitation stupide à 80 km/h sur les routes « dangereuses », et elles le sont toutes, paraît-il ! Comme quoi il va y avoir peut-être enfin quelqu’un qui va découvrir ce que tous les conducteurs qui conduisent savent d’expérience : les limitations ne briment que ceux qui les respectent ; les accidents graves sont la plupart du temps le fait de gens qui se contrefoutent du code de la route et des limitations, que ce soit de vitesse ou d’alcoolémie.

 

  • Enfin, pour la bonne bouche, nous avons des hommes politiques – les femmes, je ne sais pas – qui regardent l’heure à leur montre française, cocorico ! tenez, monsieur Macron, c’est une discrète info mais bien placée pour caresser notre fibre patriotique dans le sens du poil, monsieur Macron, cet homme de bon goût, a une montre MERCI française, référence LMM01, eh oui, et, dites un prix ? à moins de 400 euros !! en fait 399 €, vous connaissez l’astuce, c’est largement moins de 400 euros 😉  Bon, c’est une mécanique suisse qui tic-taque dedans, nobody’s perfect… on est infoutus de faire des mécanismes qui fonctionnent, mais l’habillage est français, tout de même. Pour l’habillage, ou dans l’autre sens, nous les Français on est champions. On est des Latins, quoi…

Tibert

Fallait l’oser

je l’apprends tout frais tout neuf : l’abandon du futur super-méga-aéroport du « Grand Ouest ». Le titre ci-dessus résume ma réaction : c’est, paradoxalement, courageux ! courageux d’admettre que les zélus, les zénarques, les zélés bétonneurs ont porté un dossier mal foutu.

Ce n’est pas gagné pour autant, les « pour » vont essayer que cette décision soit invalidée. C’est vrai qu’à Nantes les avions atterrissent en survolant la ville plutôt bas, c’est dérangeant – comme dans tant d’autres endroits sur la planète (*). Saisine en justice, manifs, pétitions… ce n’est pas fini. Mais on est enfin arrivés à une borne : non, le bétonnage n’est pas inéluctable, non les gros-mahousses-rouleaux compresseurs ne sont pas une fatalité.

Les « pour » sont rouges de colère et crient à l’infamie, c’est bien normal : de toutes façons toute décision aurait déclenché des protestations. C’était un projet d’affrontement, un symbole de lutte à mort entre les « aménageurs-bétonneurs » et les agro-anarcho-écologistes. Là ce sont les aménageurs qui rouspètent… sinon ça serait les autres.

J’ai écrit des tas de billets pour expliquer que ce projet était idiot : obsolète, pas pertinent, surcalibré, trop cher, mal foutu. Adios NDDL-sur-tarmac, et au diable les toupies à béton. Ou plutôt nettement plus au Nord, un aéroport bien breton, tiens ! à Rennes par exemple, où les élus ont maintenant une excellente raison d’entreprendre de moderniser et dynamiser, si nécessaire, LEUR aéroport à eux, puisque Nantes-Atlantique, loin-loin au sud de la Loire, ne leur convient pas.

(Au fait : il y a un aéroport peinard de chez Peinard, près d’Angers : ça roupille doucement là-bas… celui-là n’a pas échappé aux bétonneurs, mais les racines de pissenlits poussent pour crever le tarmac).

Tibert

(*) Il est des nuisances non aéroportuaires, sévères, pénibles, qu’on pourrait éradiquer si on en avait la volonté, là-haut : tous ces deux-roues aux pots trafiqués qui divaguent dans les villes, accompagnés de leur épouvantable vacarme. Evidemment, s’attaquer à ce fléau est moins sexy que de déménager un aéroport…

Quand César surine Brutus

Pas gêné, le directeur de l’opéra de Florence qui a obtenu qu’on refasse la fin du Carmen de Bizet qu’on donne là-bas : femme valeureuse de 2018, féministe façon « metoo » face aux immondes porcs palucheurs lubriques, Carmen flingue Don José au moment où il veut lui faire la peau. Pas gêné, et je vais vous dire : un iconoclaste et un saboteur. Mais c’est bien dans l’air de ce temps de politiquement correct et de bien-pensance tartuffienne, quand Janet Jackson provoque une émeute avec un nichon qui se met à l’air, « cachez ce sein que je ne saurais voir « .

On avait déjà vu des fins réécrites à des créations jugées trop négatives : on sait, ou pas, que Julien Duvivier, pour son film sorti en 1936 La belle équipe (Gabin, Vanel, Charpin…) avait conçu une fin sombre et funèbre : Gabin-Jeannot y tue Vanel-Charlot… échec de la belle aventure, Bérézina de la ginguette des bords de Marne… et tout ça à cause de pas d’chance et puis de Viviane Romance-Gina, cette faiseuse d’embrouilles, que Jeannot et Charlot chérissent également, d’où leur règlement de comptes entre mâles rivaux.
Et puis zut non, l’exploitant du film y fera greffer une fin souriante. le Front Populaire le veut, la classe ouvrière doit en sortir la tête haute, et Gina va s’effacer, la queue entre les jambes si j’ose dire, face à l’amitié indestructible de Jeannot & Charlot. Fin heureuse, le spectateur sort donc béat de la salle obscure, allume sa goldo et tire une bouiffe en soupirant d’aise, c’était bath. Mais c’était le sabotage d’une oeuvre…

Il va falloir que Tintin au Congo soit réécrit genre Black-is-Beautiful ; que Zola reprenne son Assommoir… J’arrête là : il y a tant d’oeuvres pas correctes, et du boulot pour des décennies, à refaire bien propre par exemple tout Balzac en féministe « écriture inclusive », La lys dans la vallée pour commencer, non mais ! Dans la même veine trouillarde et protégeuse, tenez : Gallimard renonce à ressortir, octante ou quatre-vingt années plus tard, les pamphlets de Céline. C’est inutile, d’ailleurs, ils sont déjà  réédités ici et là, et les lecteurs peuvent y constater qu’effectivement, Louis-Ferdinand avait un « pet au casque », un problème d’ordre pathologique avec les Juifs – mais c’est un fait historique, une oeuvre inscrite dans un contexte et une époque, comme Tintin au Congo et comme la femme dans l’opéra classique de la fin du 19ème siècle.

Gommons donc les faits historiques dérangeants, redressons l’Histoire et la littérature, faisons leur la toilette, que tout ça soit propre, lisse et positif : scénario vivement recommandé, les Bonnes-et-les-Bons triompheront et les Méchants seront punis, comme au Guignol pour les petits n’enfants.

Tibert

Candide aux States

… ou Simplet, si vous voulez. Donald T., First Guy in the United States, fait souffler dans les couloirs des ambassades, des cabinets gouvernementaux etc… un vent de fraîcheur qui décoiffe (pas lui, sa chevelure paille d’or tient au petit poil). Il y avait des lustres, que dis-je, des décennies (une décennie dure environ deux lustres) qu’un telle langue n’avait pas été utilisée. « Deubeliou » Bush lui-même paraît bien pâle face au génie calme qu’incarne Donald, face à sa prose décapante, novatrice, littéralement inouïe.

Pensez : des « pays de merde » ! shit countries... et le pire c’est que c’est assez vrai ! des pays de misère, des pays qui n’arrivent pas à se sortir la tête de l’eau, des pays où la population – qui n’est pas plus conne qu’ailleurs mais qui n’en peut mais  –  rame pour survivre tandis que quelques roitelets, présidents à vie, politiciens inamovibles se les roulent dans le luxe et l’opulence… et voilà quelqu’un qui le dit à haute et claire voix (et non pas à claire-voie), tout cru, tout brut ? On a déjà vu des fictions où les personnages énoncent en voix-off leurs pensées les plus dérangeantes, avec des conséquences possiblement terribles. Au théâtre c’est banal… à haute voix :  » Vous me voyez ravi !  » ; puis sotto voce mais assez clair pour que le poulailler tout là-haut l’entende :  » la peste soit de l’importun ! « . Eh bien Donald le fait, mais pas du tout sotto voce. On va pouvoir s’envoyer des noms d’oiseaux, se traiter comme des harangères : bienvenue dans la diplomatie 2.0.

Reste que Donald voit la paille dans l’oeil du voisin mais pas etc etc… : il s’en est pris avec sa verdeur verbale coutumière au maire de Londres – qui est musulman – lui reprochant l’insécurité dans sa ville et les horribles attentats islamistes… mais voyez que, hors attentats terroristes, islamistes ou autres, la bonne ville de Chicago a connu en l’an 2016 758 homicides « standard », pourrait-on dire, tandis que Londres en additionnait 112 : y a pas photo, comme on dit.

Tibert

Vous venez souvent danser ici ?

Aaahhh ? ça bouge ? la carapace du consensuel #metoo se craquelle ? il semble que, passée la vague du féminisme sans nuance, revenchard-belliqueux-vindicatif, après #balancetongoret et autres initiatives résolument anti-mecs, un bémol se fasse jour (*). Une centaine de nanas, dont des pointures, signent un manifeste qui dit, en substance, que la drague c’est bien normal, c’est humain, pas délictueux, ça relève de la liberté sexuelle. Chapeau de ce texte : « Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste« .

Godiche et timide comme je fus, je suis conscient d’avoir été souvent maladroit dans mes initiatives d’approche – même par ci-par là assez lourd, j’en ai peur. Dois-je me faire hara-kiri ? m’inscrire moi-même sur la liste d’attente au pilori des abominables mâles #dénoncetonpourceau ? la tribune dont je vous parle ici me rassure : il y a des femmes, tout de même, qui apprécient qu’on les courtise, qu’on les sollicite autrement qu’avec un prudent QCM – présenté si possible par un chaperon revêche pour éviter toute ambiguïté mal perçue : « Accepteriez-vous de venir boire un pot avec moi ? Oui-Non / Rayez la mention inutile« .

Bon, ceci ne dédouane pas les frotteurs maladifs du métro, les obsédés palucheurs, les harceleurs indécrottables, encore moins les violeurs, évidemment. Mais, disons-le, on n’est pas faits pareils, c’est justement ça qui est chouette, motivant, et plus si affinités. Il faut donc bien, pour que ça puisse coller, pour que la mayonnaise prenne, que quelqu’un se manifeste, non ? dans le respect du libre choix de l’autre, oeuf corse.

Naturellement, les féministes combattantes-militantes pures-et-dures sont montées au créneau :  c’est lamentable, on leur casse leur baraque etc… mais les réactions des lecteurs du Monde (presque 700 à cette heure !) sont assez positives ; je n’ai pas tout lu, c’est trop long, mais visiblement les signataires de ce manifeste ont tapé juste : il faut bien que les femmes et les hommes se rencontrent, ça paraît sensé… et ça implique, pour que ça reste humain, voire agréable, de le faire autrement que par voir d’huissier ou en faisant signer une décharge.

Tibert

(*) de jour à jouir, il y a l’épaisseur d’un i : une faute de frappe est si vite arrivée ! d’où la nécessité de relire – et non reluire.

« Soyez riche, ayez de l’argent », rebelote ; et plein d’alarmes

Je lis ça dans le Parigot : « à partir de Mai (…) le contrôle deviendra annuel pour les véhicules de plus de 6 ans. « Il est prouvé qu’entre 5 et 6 ans d’âge, le nombre d’accidents graves dus à des défaillances techniques augmente notablement », souligne la Commission européenne. Désormais, un premier contrôle technique sera obligatoire après quatre ans, puis deux ans plus tard et ensuite chaque année. »

Moralité : suivez donc la Commission Européenne, qui, elle, s’en fout puisqu’elle n’utilise que des bagnoles de fonction : achetez une voiture neuve tous les 4 ans, ça vous évitera des contrôles techniques de plus en plus chiants, chers et inflationnistes. Bientôt on vérifiera si la boîte à gants ne se déverrouille pas inopinément, des fois que ça causerait un accident.

Autre : le Premier Philippe se résigne « à être impopulaire pour sauver des vies » – 400 vies, qu’ils disent ! (*) il va annoncer la limitation à 80 km/h sur les routes accidento-gégènes, cédant, après un pilonnage médiatique intense et indécent, à l’amicale pression des… 1) adeptes de la diligence, 2) des perspectives de rentrées de fric des radars, qui vont être bien plus productifs.

Faut-il préciser que, bizarrement, l’expérience récente et limitée faite de cette mesure sur quelques routes n’a jamais été invoquée, exploitée, commentée ? et pour cause : ça n’a rien donné ! mais on va le faire tout de même… Tout ça pour dire que cette mesure débile met en lumière l’angélisme et l’hypocrisie régnants. Les radars vont cartonner, ça oui ! mais les fadas de l’accélérateur continueront à foncer, les buveurs et fumetteurs impénitents à zigzaguer, et ça ne fera pas baisser la mortalité ! J’ai fait il y a peu 270 km sur des routes éligibles à ce stupide 80 km/h : doublé très souvent – je roulais à la vitesse nominale si possible  – et pas un seul contrôle policier (mais quelques radars). Et ça fait bien 15 ans que je n’ai pas soufflé dans un éthylomètre. Des lois de plus en plus répressives, mais jamais les moyens de faire respecter des lois sensées, réalistes…

Ah là là… mais au fait : on va sans doute, 57 ans après la mort du responsable,  rééditer les pamphlets de L-F. Céline, L’école des Cadavres, Mea culpa, Les beaux draps, etc… avec moult bémols, warnings, attention danger chers lecteurs, sachez que… !!! Je signale qu’au Québec et sans doute dans pas mal d’autres endroits, ces pamphlets sont en vente libre en librairie, et que ça n’a jamais mis la Planète à l’envers. Une fois  de plus cette société prétend protéger, prévenir, « pour votre sécurité« … « aïe aïe aïe danger, âmes sensibles, sachez que ces textes gnagnagna… » mais nous prend pour des faibles d’esprit. Les aficionados de Céline l’antisémite maladif, de Rebatet, Drieu-La-Rochelle, Doriot et autres tristes sires de la Collaboration ont depuis longtemps ces pamphlets en bibliothèque. Une préface recadrant sans pathos le contexte historique de ces écrits et le personnage du docteur Destouches suffirait, mais on nous prépare l’artillerie lourde…

Bon, ben c’est pas gai aujourd’hui. Et  en plus il pleut, et c’est lundi…

Tibert

(*) Vous verrez : ça ne donnera pas les résultats escomptés, et ils vont nous dire que 80 km/h c’est trop vite ! tandis qu’à rendre obligatoire le contrôle technique de la prostate tous les 3-4 ans, on sauverait des milliers de vies – d’hommes, certes – mais ce genre de mesure, évidemment, ça ne donne pas satisfaction à la Ligue contre la Violence Routière et aux radars.