Y a comme un défaut

Le regretté Fernand Raynaud, l’Auvergnat le plus populaire en son temps (*) nous le disait : « Y a comme un défaut« . Il en est ainsi, en effet, du costard mal cousu que Fernand refuse timidement qu’on lui fourgue, comme de la pratique des religions : c’est mal foutu, dissymétrique, bancal. La démocratie et les paroles de paix d’un côté, la manière forte, les persécutions et la chape de plomb de l’autre. Quand le Papam se balade en Jordanie et assure que c’est juste pour la paix, quand il redouble de précautions pour ne pas sortir une nouvelle bourde, pour ne pas froisser les populations musulmanes du coin, quand il agite son mouchoir blanc (blanc, forcément) au bout de la crosse de sa canne de pélerin pour désamorcer les tirs de barrage ( » J’ai un profond respect pour la communauté musulmane « , prévient-il, en d’autres termes,  « ne tirez pas, je ne suis pas armé » ), quand nos beaux pays occidentaux se prennent les pieds dans les tapis de prière, quand on construit des mosquées gauloises… pendant ce temps au Moyent-Orient les Chrétiens, Juifs, mécréants… et globalement tous ceux qu’il est commode là-bas de désigner par « les Infidèles » n’ont qu’à la boucler, fermer leur gueule, faire le gros dos et raser les murs.

C’est bien normal, certes, qu’on construise des mosquées gauloises pour les Gaulois qui vénèrent Allah… la liberté de croyance et des cultes est inscrite dans nos lois. Normal, oui, mais il semblerait que ça soit moins normal, voire carrément suicidaire d’être Chrétien ou Juif pratiquant en Irak, en Algérie, ou en Arabie Saoudite. Le simple bon sens voudrait pourtant qu’il y ait un minimum de réciprocité, non ? il faudrait à nos gouvernants un peu de courage pour le faire admettre. Mais il est des sujets qui fâchent, qu’on n’aborde qu’en murmurant… le Tibet ? chuuuut, ça fâche les Chinois. La liberté de culte au Moyen-Orient ? mais taisez-vous, bon sang ! vous voulez nous faire avoir des histoires ?

(*) L’autre plus populaire des Bougnats, là, Giscard… 80 balais, et il y en a qui pensent à lui pour présider l’Union Européenne !! avec Benoît numéro 16, c’est vraiment la gérontocratie galopante. Au secours, les vieux prennent le pouvoir !

Parano, mais presque

On va le devenir, « parano », si ça continue. Et à juste titre : quand vous voyez tous ces gens vous regarder en ricanant et chuchotant, hein… bref, on nous conte qu’un vol Air France Paris-Mexico, vol direct en principe, donc sans escale, a dû aller se poser en Martinique, et du coup a perdu 4 heures, a dû se ravitailler en kérosène, bref que des emmerdements, tout ça parce qu’un passager Franco-Colombien de ce vol figurait sur la liste noire « no fly list » (*) des gens à ne pas laisser monter dans un avion… aux USA.

Comment les responsables Etats-Uniens de la Sécurité aérienne sont-ils à même de savoir qu’un gus va aller de Paris à Mexico par un vol d’Air France en passant au dessus de chez eux ? ben, parce qu’on leur a communiqué l’information au préalable, pardi. Parce qu’ils nous la demandent gentiment. Ou pas gentiment.

D’ailleurs on leur communique aussi les Brest-Rodez et les Milan-Nantes, des fois que des individus de la no fly list détourneraient le Fokker de Brest-Rodez ou l’Embraer du Milan-Nantes pour aller faire exploser le Capitole, à Washington. En refaisant le plein de kérosène à Clermont-Ferrand.

(*) « non vol liste« , en français. On peut pas lutter, c’est toujours plus court dans leurs termes, bien plus court que « liste des individus interdits de vol aux Etats-Unis« , alors, forcément, on dit « no fly list« , la règle c’est de faire court, très court, faut que ça claque !  Vous noterez cependant que ça peut aussi vouloir dire « non mouche liste », mais bon…

Repu de vresse

Ce frais matin, tout plein de neuves nouvelles, trop plein d’informations, tendancieuses bien entendu, à lire, toutes, avec des lunettes filtrantes !

Le présumé initiateur des sabotages de caténaires : on a fouillé la bibliothèque de Tarnac où il crêchait avec ses copains… c’est Libé qui l’annonce, et conclut : « Finalement, point de petit manuel du parfait saboteur de TGV. Mais une collection de brochures et de textes disponibles sur Internet ou en librairie« . Oui, sussure Libé, vous monsieur, vous madame, vous pourriez vous faire reprocher vos lectures, voire passer un sale quart d’heure, tout le monde possède des livres séditieux, de Lafargue à la Comtesse de Ségur. En revanche, aucun livre séditieux ne dit de quelle heure à quelle heure le 25.000 volt est coupé sur les caténaires.

Les prix des grandes marques auraient baissé, paraît-il, en un an, de 0,39 %, allez, soyons fous, 0,4 %, soit 4 pour 1000 : sur un paquet de pâtes « Rabilla » (grande marque s’il en est ! ) à 3 euros, je vais économiser 1,2 centimes, on arrondit à 1 centime, soit 2,99 euros : mais voilà !!! c’est donc pour ça que tous les prix sont à « virgule 99 » !! Sauf que depuis l’arrivée de l’euro les prix ont augmenté en gros de 35 à 40 %, on a encore du temps devant nous avant de retrouver les prix en Francs divisés par 6,55957. Et puis des produits « grande marques », il y a longtemps que je n’en achète plus, je fais mes courses à Lideule ou Lideur-Praïsse, le casse-coûts du coin.

Les « Conti » se fâchent : fâchés, donc, que le tribunal de Compiègne les déboute dans leur demande de suspension de fermeture de leur usine, les salariés de Continental-Clairoix ont saccagé la sous-préfecture de la ville. Très vilain, ça, pas bien du tout. Il faut savoir souffrir en silence, cacher sa peine. Et voilà que maintenant les salariés de l’industrie se mettent à imiter les agriculteurs ! mais sans discernement, « petit bras », pourrait-on dire : à voir les photos, ça a nettement moins de gueule que l’incendie du Parlement de Bretagne, à Rennes.

Dur ban à Genève

D’abord, savez-vous où se situe Durban ? hein ? à Genève ? c’est pas la bonne réponse, quoique… mais non, Durban… En Afrique du Sud, sur la côte Est, état du Natal, bande d’ignares. Et le racisme, en Afrique du Sud, on connaît, on a vécu ça, avec Travaux Pratiques, si le passé composé suffit ici… l’Apartheid, ça c’était du racisme pur jus, dur de dur.  Pas beaucoup plus affreux d’ailleurs que dans les Etats du Sud des USA avant que ça change en pratique, mais presque (fermez le (dur) ban).

Mais Durban II ? la foire, messieurs-dames. La foire prévisible, organisée, préméditée, annoncée. Pas la peine de venir à Genève pour s’en rendre compte… ! tout cuit, le bide de Durban II-Genève !

Et pourtant… par delà les déclarations provocatrices du Président Iranien (*), il faut constater qu’il ne s’agit plus de négationnisme, car M. Amadinedjabe (ortografe fonétique, je n’écris pas en Persan) a cette fois-ci cité l’Holocauste sans en remettre en cause l’authenticité – gros progrès. Il a juste affirmé qu’on (les pays occidentaux)  l’avait instrumentalisé (le génocide), et qu’Israël est un « gouvernement totalement raciste en Palestine Occupée« .

Là dessus, disons que quitter bruyamment la salle de conférence en signe de protestation, non seulement ne sert à rien, car de toutes façons ça n’est pas assez fort aux yeux des Israéliens, qui auraient voulu nous voir boycotter cette conférence – ils savaient ce qui allait se dire, mais on n’est pas obligés de voir les choses comme eux   – mais ça nous prive de toute possibilité de réponse. Mais bon, soit, on pouvait boycotter… point de vue « pur et dur », et façon d’évacuer la polémique.

Monsieur Amadinedjabe dit des insanités à propos de « gouvernement totalement raciste« , certes. Mais sa hargne ne vient pas de NULLE PART. Il n’a pas inventé la situation actuelle, monsieur Amadinedjabe ; en 1948 il n’était pas né. Car il y a une zone géographique qui pose problème, quelque part entre la Syrie et l’Egypte, entre la mer Méditerranée et la Jordanie. Non,  là-bas tout ne va pas très bien madame la Marquise, et ce n’est pas une histoire de racisme, c’est juste une histoire de haine, une histoire qui occupe tout l’espace. Et il faudra en sortir, y imposer une solution – humaine, pacifique, évidemment ! – pour pouvoir enfin passer à autre chose.

(*) Je cite : « Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils (les Alliés, NDLR) ont eu recours à l’agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive (…) Ils ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et du monde de l’Holocauste pour établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée« 

C'est meilleur quand c'est fait maison

Le rejet du projet de loi « anti-piratage sur la Toile et protection des auteurs » (alias HADOPI, acronyme ridicule qui sentait déjà sa petite Beresina) montre, preuves à l’appui, que mesdames et messieurs les députés ne travaillent pas sérieusement, malgré tout le fric et les avantages en nature que nous leurs payons : ils battent la campagne au lieu de siéger, comme c’était leur boulot. Bien fait.

Deuxièmement, il montre que Mme la secrétaire d’Etat Kosciusco-Morizet, alias NKM, directement chargée de  ce dossier avec Mme Albanel, et qui énonçait « être déjà dans l’après-Hadopi« , a pris trop d’avance. D’accord, il faut anticiper, mais… elle devrait attendre le gros de la troupe.

Troisio, et c’est ça le plus clair, c’est que la musique en conserve, malgré tout le plaisir qu’elle peut nous procurer, n’est que de la conserve. On le sait, les éditeurs de zizique se foutent de notre frimousse en nous fourguant des CD à des prix indécents, et il est moral qu’ils boivent le bouillon : je l’ai déjà exprimé dans de précédents billets. Il reste que les artistes qui se produisent en direct (en direct live, comme ils disent maintenant, sinon ce n’est pas assez redondant) continueront à se faire correctement payer, sans piratage, et c’est très bien comme ça.

Moralité : la musique c’est comme le sport et la bouffe, c’est meilleur quand c’est fait « maison ». Plutôt que de vous passer la 628 ème mouture sur CD de la Petite Musique de Nuit, essayez donc d’en jouer un bout vous-même ; apprenez à jouer d’un instrument, c’est autrement chouette. D’accord ce sera moins pro, mais autrement plaisant ! Idem pour le sport : un match à la télé devant une bonne bière ça peut être agréable, mais ça ne fera jamais de bons abdominaux – mieux vaut donc chausser ses baskets et aller trottiner, faire une virée à vélo ou taper dans un ballon.

Et au diable, HADOPI.

Assez, un détail

Je réagis ici aux propos de Mme Royal, en tournée africaine au Sénégal. Elle a fait un tabac au PS local en demandant pardon – presque 2 ans plus tard – pour les paroles prononcées par Monsieur le Président de notre République, lors d’un discours à Dakar, en juillet 2007.

La phrase incriminée : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire« . Discours de M. Sarkozy, donc, discours rédigé en fait par la « plume » habituelle, Henri Guaino, qui s’en explique, et persiste.

Les termes de Mme Royal : « Quelqu’un est venu ici vous dire que « l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire » « .

Bien… si vous avez un poil de curiosité, vous lirez la défense que fait M. Guaino de son texte, texte que M. Sarkozy a endossé sans états d’âme.

Vous penserez aussi ce que vous voudrez des propos de Mme Royal, qui – selon moi – a perdu une occasion de se taire ; on est encore dans la repentance, là, et c’est fatigant. Critiquer les propos de M. Sarkozy, pourquoi pas ? c’est dans l’ordre des choses, et ça pourrait donner lieu à une explication de texte. Mais demander pardon pour lui, c’est de la pose christique – je prends les péchés du monde sous ma casquette – et ça, ras la casquette, justement ! S’il y a UNE personne qui serait fondée à demander pardon, c’est M. Sarkozy, et personne d’autre.

Mais bon, je glisse, ce n’est pas le propos central de mon billet ; j’y viens…

Assez ?? où est passé assez ? Miss Chabichou a escamoté assez.

Un détail ? un « détail de l’histoire », comme dirait l’autre ? voire…tenez, un exemple : »Je n’ai pas mangé » – « Je n’ai pas assez mangé ». Vous saisissez la nuance ? non ? alors vous êtes un foutu menteur, ou sérieusement atteint.

« Il n’est pas entré » – « Il n’est pas assez entré (dans l’histoire) » : pas tout à fait pareil. Que je vous explique, Mme Royal : si si, selon notre Président, l’homme africain y est entré, dans l’histoire ; mais pas assez ! Vous saisissez ?

Foisons

Vous noterez que « foison » n’est pas fréquemment utilisée au pluriel. La foison, en effet,  est en elle-même suffisamment abondante pour qu’on n’en ait besoin qu’en un exemplaire. C’est d’ailleurs aussi une entité insécable : autant il est aisé d’obtenir des morceaux… de discours, disons (par exemple, « Fragments d’un discours amoureux« ), autant la foison ne se découpe pas, ou alors très difficilement… en fait je n’ai jamais essayé. Je travaille avec UNE foison, entière, et ça fonctionne bien comme ça.

Et ça foisonne, donc, au singulier :

– M. Obama nous recommande chaudement d’intégrer la Turquie dans l’Union Européenne. Puis-je lui suggérer de préparer concurremment l’intégration de Cuba aux Etats-Unis ? Guantanamo verrait ainsi son statut évoluer très favorablement. En tout cas moi je suis pour, je le lui recommande chaudement.

– La Corée du Nord envoie une fusée en l’air : ça a marché. Ah ? c’était le lancement d’un satellite ? alors ça a foiré. Reste à la Corée du Nord de nous dire ce que c’était : je suppose qu’ils vont nous dire que c’était une fusée.

– Les Verts (et le PCF itou) s’indignent que la police française ait été aussi inefficace contre les casseurs à Strasbourg ; ils réclament donc une commission d’enquête. Ils y étaient, eux, à Strasbourg, pacifiques et verts, défilant dans le calme ; après avoir vivement protesté du fait que la ville était quadrillée militairement, ils constatent que tout compte fait il en aurait fallu un peu plus…

La police se défend, elle, arguant du fait que pour atteindre les casseurs, il leur a fallu fendre pacifiquement les rangs des manifestants pacifiques, perdant ainsi un temps précieux. Il est évident que si les manifestants pacifiques n’étaient pas venus en masse à Strasbourg, les casseurs n’y seraient pas venus non plus : le casseur est au manifestant pacifique ce que la puce est au toutou, elle voyage sur son dos.

– Cinq policiers blessés à la Foire du Trône, à Paris : pourtant il n’y avait pas de manifestation anti-quelque chose, à la Foire du Trône ? alors ? les puce se déplacent sans le chien, maintenant ?

– Manifestations violentes à Bastia, 10 CRS blessés. Aaaah si, il y avait une manifestation pacifique, juste devant les casseurs. Vous voyez, les puces, le chien… je vous le disais bien.

Action-réaction

Tiens, j’ai appris ces jours-ci un nouveau mot. Sur un panneau de chantier du bâtiment, parmi la liste des lots et des sociétés et corps de métiers impliqués, « températion » : avec la plomberie. Joli, non, températion ? au lieu de chauffage/climatisation. Plus court, simple, clair. Températion, tu me plais.

Bon, on n’est pas là pour  tempérer, mais pour écrire sur des sujets qui en valent la peine. Des sujets qui fâchent, donc !

Par exemple, Sartre et Céline, les deux frères ennemis de la littérature française, avaient tous deux compris l’importance de l’image, du look, comme on ne disait pas, le mot n’existant pas à l’époque, sauf chez les Rosbifs. Tous deux vêtus de peaux de bêtes, immuablement : Sartre, l’ « agité du bocal »,  avec son éternel gilet marron clair mi-tricot, mi-suède, Céline avec son mouton retourné sans manches tout mité, sale et débraillé, sur un pull sans âge ni couleur. Nos vedettes littéraires, par delà leurs différends, se rejoignaient sur la gestion de leur image ; à croire qu’ils avaient le même agent.

Des agents, tiens, parlons-en ! Trop d’agents, se dit-il dans les canards, trop de flics, de keufs, en parler-cités. Chaque fois que Maître Nicolas Le Petit se déplace – et qu’est-ce qu’il peut se déplacer ! – des nuées de flics, une marée de cars de flics, le centre-ville bouclé, la ville quadrillée, la thrombose en ville. Dernièrement, hier donc, Chatellerault : ficelée, Chatellerault ! camisole de force. Et les râleurs de râler : ouais, pour qui il se prend ? mais qu’est-ce qu’il se permet, ce petit monsieur, déni de démocratie, mégalomanie, état-policier, tout ça… on arrive même plus à lui envoyer des oeufs pourris et des tomates sur sa bagnole, on peut même plus le siffler d’assez près, le conspuer de visu, l’approcher pour l’invectiver, lui mettre nos pancartes insultantes sous le nez…

Faudrait se montrer un poil logique : ou bien on pratique la démocratie pacifique, visites policées et consensuelles genre René Coty – ou Vincent Auriol, ou un inaugureur de chrysanthèmes quelconque – sans autre enjeu que de faire le guignol, et alors on peut lui toucher le bas du manteau, lui serrer la paluche, crier Vive la France, Vive Vincentauriol, dans une ambiance pépère, sous une surveillance policière légère et bon enfant… ou bien chaque fois que Sarko se déplace, des milliers de « démocrates de gauche », furieux que ce soit lui qui ait été élu, et qui font une fixation sur sa personne, décident de lui pourrir la visite, de lui montrer combien ils le détestent, à quel point ils lui souhaitent tout le mal possible : et que devrait-il faire, ledit supposé ennemi de la démocratie prétendûment menacée  ?  venir tout seul à poil en robe de bure tel le Bourgeois de Calais ? offrir ses fesses à la foule pour se faire botter le cul ? serrer stoïquement les dents sous le déluge de tomates pourries, tout en marmonnant dans sa barbe « cassez-vous, pôv’ cons » ?

Bon, bref : si tous les « démocrates » lanceurs de cocktails-molotov et de pavés renonçaient à leurs projectiles, leurs insultes… éventuellement, peut-être, allez savoir… qu’on n’assisterait pas à de tels déploiements policiers. En somme, pour faire simple : il s’agirait de démilitariser, des deux côtés !

Vieilles casseroles

Libé (ration quotidienne) fait mousser les vieilles casseroles : débat daté, querelle d’anciens combattants, « j’y étais, moi monsieur », il trouve intéressant de prolonger une polémique à propos du supposé, possible, éventuel passé d’extrême-droite d’un actuel membre du gouvernement – M. Hervé Novelli, qui doit bosser comme sous-ministre au service du commerce, de l’artisanat, des PME, du tourisme et de quelques autres bricoles.

Donc, un reportage de France 3-Orléans a eu l’idée étonnante de remonter à la surface le passé militant de M. Novelli, du temps où il était jeune et membre du Front National… c’était dans les années 1973, par là. Libé cite le site (ce n’est pas un site Scyte) mediapart, qui dit prouver, vieux document jauni à l’appui, qu’effectivement, M. Novelli y était, au FN, et se déclarait « ancien militant d’Occident ».

Tout d’abord, on peut se demander pourquoi ressortir ces vieilles lunes ? quelle mouche a donc piqué France 3-Orléans ? pourquoi brandir sous notre nez un scoop de 35 ans d’âge ? on se demande donc combien de crypto-trotskystes, ou pas crypto, sont salariés de France 3 ? et que vient faire Libé dans cette mauvaise vieille querelle ? Serge July est toujours là, et rame pour la Gauche Prolétarienne ?

Ensuite, M. Novelli est loin d’être seul dans son cas. Il pourrait facilement exciper du fait que moult parlementaires actuels, anciens ministres ou pas, ont été des militants extrêmes, à droite des Madelin, Longuet, à gauche des Jospin, Dray, Weber… et que cela ne fait pas d’eux, actuellement, de dangereux extrêmistes. Ils ne se saluent peut-être pas chaleureusement d’un bord à l’autre, certes, mais ils se comportent en démocrates raisonnables, du moins en apparence.

Enfin, on est atterré de constater que M. Novelli se défend comme un manche, qu’il n’assume pas, mais du tout, d’avoir été jeune et de droite – très à droite. « Et alors ? bande de neus-neus », pourrait-il dire, « on n’a pas le droit d’avoir été jeune ? d’avoir eu des emballements peu clairvoyants ? des choix trop radicaux ? n’est-ce pas le propre de la jeunesse d’être entière, bouillonnante, sans nuance ? nos parents n’étaient-ils pas, au temps de notre adolescence boutonneuse, des vieux cons ?

Eh oui, quand on a été jeune et sans nuance, et, pire, 😉 de gauche, on a pu professer que nos « vieux » étaient des vieux cons. Je n’ai en revanche aucune capacité à préjuger des sentiments nourris à l’égard de leurs « vieux » par des jeunes, mais politiquement très à droite, quand l’ordre, la discipline, les Valeurs (avec une majuscule) sont des refrains plus en vogue que l’internationalisme et la justice sociale. Ont-ils osé penser ça, dans leur jeunesse sans nuance ? que leurs glorieux aînés étaient des vieux cons ?

On rejoint ainsi le débat, via chansons interposées, entre Brel et Brassens… à ma gauche, « Les bourgeois, c’est comme des cochons » ; à ma droite, « Qu’on ait 20 ans, qu’on soit grand-père / Quand on est con, on est con ». Ou vice-versa.

Colonial masochisme

Par un retournement ironique de l’histoire, là où, il fut quelques lustres, les colonisés se battaient pour leur liberté, leur autonomie, leur indépendance, bref pour que les puissants leur laissent vivre leur vie – ce qui semble aller de soi -, ces mêmes territoires sous protectorat se cramponnent maintenant à leurs tuteurs, ne veulent plus lâcher la rampe, ne se sentent pas le moins du monde colonisés, veulent ardemment rester sous l’aile protectrice.

Tenez, Mayotte, dans l’archipel des Comores : ils votent, savoir s’ils veulent devenir le 101 ème département français, ou rester entre eux, Comoriens des Comores, quoi. Et que croyez-vous qu’ils vont voter ? les sondages sont assez clairs… nous allons donc nous retrouver, nous Français, sans qu’on nous ait demandé notre avis, avec Mayotte en prime. Et quand je parle de « prime », je veux dire charge, fardeau, et au pluriel, charges. Quarante millions d’euros de charges en plus dès 2009, selon les officiels. Et un surcroît d’immigration clandestine plus que probable – et très majoritairement musulmane – puisque, si vous jetez un regard sur l’article dont je vous ai donné le lien ci-dessus, un tiers des 186.000 habitants seraient des clandestins des Comores voisines, Comores qui, d’ailleurs, revendiquent, et à juste titre, leur souveraineté sur cette île, qui se situe quand même un peu plus loin de nos rivages que Ré, Houat ou la Corse.

Bref : le colonialisme a largement fait son temps, nous en sommes revenus ; c’était, pire qu’un crime, une erreur (c’est une citation, je ne l’ai pas inventée, celle-là). Monsieur Bouteflika, en Algérie, nous somme d’ailleurs régulièrement de nous excuser, de nous confondre en repentance (*). Et nous irions, à contre-courant de l’histoire, persister dans nos errements colonialistes, priver les Comores de leur bien légitime, au mépris de l’identité profonde de ces peuples ?

Mayottaises, Mayottais, ne vous laissez pas berner par des discours d’un autre âge, vivez votre liberté au sein de votre communauté, refusez le colonialisme de la France, restez Comoriens ! et bon vent.

(*) 47 ans plus tard, les comptes devraient être soldés, non ?  Ce n’était pas déjà assez douloureux ? il faut en remettre une louche ? Je propose qu’on passe à autre chose.