Referenda et salons de thé

( Tandis que des Français étaient collés à leur télé, leur tablette, leur ordi… à suivre le feuilleton « Elections, Acte 1 » , des cambrioleurs en rupture de stock de tronçonneuses en profitaient pour se refaire gratis. Le magasin ainsi dépouillé en est environ à sa douzième visite discourtoise ; à ce stade on ne compte plus… une idée : que le propriétaire lésé et nerveusement très atteint – on le comprend – se reconvertisse en salon de thé ou crêperie bretonne : les malfrats – sans doute un peu toujours les mêmes, ils ont maintenant leurs repères – sont indifférents aux stocks de Lapsang-Souchong, de Darjeeling ou de blé noir, qui se revendent mal, « tombés du camion » , chez leurs clients habituels, arboriculteurs ou forestiers. Ils iront dévaliser ailleurs ; d’autres gendarmeries, qui sait ? se taperont les paperasses et les enquêtes ardues à venir. Bon, s’il s’agissait du vol du scooter du fils d’une huile de la République, l’affaire serait résolue en quelques jours ; on a bien entendu une idée assez précise du profil des indélicats, on sait où chercher… Mais bof, hein, il n’y a pas mort d’homme, et puis l’assurance paiera. )

Mais autre chose : Macronious, grande nouvelle, envisagerait même un référendum ! sur l’âge de la retraite… mais non, il n’y est pas hostile ! du moins en attendant d’être élu, si vraiment ça coince… interroger les Français, mais pourquoi pas ? On sait pourtant que la boîte à référendums (referenda, en latin, allez, un peu de pédanterie) a été égarée, le couvercle est rouillé, ou bien on a perdu la clé, depuis le dernier qui date de… 2005 : dix-sept ans, donc, et puis on se souvient comme le « Non » d’alors, à 54 % , avait été peu clair, inaudible en fait, sûrement un malentendu, et les décideurs en avaient déduit que c’était probablement « Oui ».

Avant l’élection, donc, monsieur Macron est tout à fait disposé à organiser un référendum. On verra ce qu’il en adviendra… tandis que madame Le Pen ne voit que ça, le référendum, cette solution « populiste » – si si, les Suisses sont terriblement populistes, on leur demande leur avis, enfin quelle idée ! – car elle se sait coincée : à supposer qu’on l’élise, et pour pouvoir agir comme ses électeurs le lui demandent, elle devra faire légalement – donc par référendum, what else ? – péter les barrages des très sourcilleux Conseils d’Etat et Constitutionnel, ces gardiens de la pureté des textes – quelle que soit la mocheté du réel.

Tibert

PS – Tiens, juste pour illustrer : Le Monde pousse les hauts cris, on (madame Le Pen) veut violer l’Etat de Droit avec son projet de référendum. Donc poser une question aux Français, à tous les Français, et non à leurs subrogés théoriques, c’est affreux ? le problème est bien là : on (nous, les Français), on s’égosille, on peut flûter, mais on n’est pas légitimes à s’exprimer… alors qui a peur du référendum ? et que penser de l’adjectif « illibéraux » que Le Monde attribue aux régimes polonais et hongrois ? illibéraux, ou non démocratiques ? le libéralisme n’est pas la démocratie ; c’en est une version laxiste – chez nous, carrément laisser-faire, derrière le rideau de fumée du respect des textes, pieuse fiction.

Faut faire comme on dit

( Ce matin, ne cherchez pas d’informations sur l’Ukraine : il n’y en a pas, ou alors tout au fond du placard à gauche, derrière les balais et les serpillières. L’Ukraine ? céhoùça ? On aura sans doute loupé le soutien indéfectible du patriarche orthodoxe de Russie à Poutine et à ses infectes initiatives : le papam François se montre nettement plus mou dans le sens opposé ! allez, un peu de gniaque, François ! )

Car en effet (*) c’était soirée électorale, et ma foi le suspense fut nul, on savait le résultat avant de le lire, sauf à constater qu’à arriver troisième on est troisième, d’un pouïème ou plus largement : fallait arriver deuxième ! et madame Royal en est donc pour ses frais avec son appel au « vote utile » , et plus si affinités (une ambassade aux Galapagos ? la présidence d’une Commission Théodule ?). Pour pousser l’analyse, disons que le PS est en miettes – dire que monsieur Hamon, pourtant plutôt bas de gamme, a fait il y a cinq ans trois fois mieux que madame Hidalgo hier… au fait, à Paris elle a néanmoins amélioré sa moyenne : 2,17 % des votants, la maire de Paris, 25 % de mieux que sur la France entière : un plébiscite !

Ceci étant, la droite « classique » n’est pas en meilleure forme. Outre que madame Pécresse s’est révélée affligeante à l’oral – un Mélenchon, reconnaissons-le, y excelle), outre que les abonnés au LR ont fait un mauvais calcul en privilégiant la femme plutôt que le meilleur candidat, la droite classique a fait la preuve, depuis des lustres, de son inefficacité aux manettes, et ça a fini par se savoir. Des moulinets, des phrases percutantes, des effets de manches, mais dans les faits, pas grand-chose. Alors, à quoi bon s’entêter à la soutenir ? même les anciens – Sarkozy, en l’occurrence – sont restés en retrait, d’autres ont rallié les LREM. Voilà comment on se retrouve au niveau des écolos, même pas remboursé de ses frais de campagne.

Moralité : quand on annonce quelque chose, il faut s’y atteler, ou au moins faire semblant. Macronious a soigneusement évité, lui, de parler de sécurité et d’immigration, misant toute sa très mince campagne sur le Pouvoir d’Achat : eh bien voilà, personne n’attendra donc rien de lui sur les sombres problèmes de sécurité et d’immigration.

Tibert

(*) Désastreux pléonasme, « car en effet » , à proscrire, donc. Je rectifie : « En effet c’était soirée… » . On se sent tout de suite mieux, car « car » eût été maladroit, amputé de son argument introductif.

Au fait, « Introduc’tif » , ça ferait une chouette enseigne de coiffeur, non ? (Créa’tif, Infini’tif, etc…). En prononçant un peu maladroitement, on entendrait presque « Un trouduc’tif » , mais je n’aurai pas le mauvais goût d’insister.

Compétents de plein droit

( Je l’ai lu ce matin sur Le Parigot, mais un Houèbe-maître trop zélé l’a effacé : des bonnes volontés citoyennes ont fait du nettoyage des espaces publics, hier à Paris… bravo les petits ! et belle récolte de masques souillés, de mégots, de canettes, de plastiques divers et variés. La nature sera un peu plus propre pendant quelques heures, le temps que les négligents y re-jettent leurs déchets malotrus. Citation de mémoire d’un courageux nettoyeur : « Ouais c’est bien, mais il reste encore beaucoup à faire pour éduquer les gens... » . Objection votre Honneur, il ne « reste » pas beaucoup à faire, car on a renoncé, on a baissé les bras, on a démissionné à éduquer. Il faut constater tristement qu’on est face à deux types de populations, celle qui peu ou prou se soucie de respecter les règles de la vie en société, et celle qui n’en a rien à cirer, bien au contraire, avec doigt d’honneur pour ponctuer la chose. Pas de masque dans le métro, mégots par terre, emballages idem, pieds sur le siège d’en face, téléphone à voix haute n’importe où, crachats dans la rue, et je vous en passe : il suffit d’observer. Et sans espoir que ça change. (*))

Mais autre chose : le Monde, hier, nous régalait d’un article sur le vote des artistes aux Présidentielles. J’écris artistes sans guillemets car, admettons, écrivains, acteurs, cinéastes… ce sont des artistes ! Mais là où ça me grattouille, c’est le message sous-jacent : ils comptent, ils imposent, ils importent, ces artistes, de par leurs choix électoraux. Madame Carole Bouquet, mazette ! a choisi Macron ; madame Romane Bohringer, fichtre ! en tient pour Mélenchon, et monsieur Laurent Binet, waou ! même choix. Cependant que madame Valérie Donzelli a choisi Hidalgo. J’estime diversement ces personnes en tant qu’artistes, de « bof » à « magnifique » – appréciations toutes personnelles – mais je vais vous dire : la compétence de madame Donzelli (c’est tombé sur elle au hasard, c’est idem pour les autres) en matière de choix politique pour la France me laisse de marbre : on peut citer des tonnes d’artistes plus nuls politiquement les uns que les autres. Tenez, Gropius, D’Annunzio, Aragon… Bref, que le grandissime metteur en scène Dugenou, cet immense artiste, veuille voter pour le candidat Machintruc est pour moi aussi important, voire moins, que le cours du tourteau de soja sur la place boursière de Minneapolis.

Tibert

(*) Vieil adage cynique qui tient lieu de principe moral : c’est le plus gêné qui nettoie.

Plans orientés

( Il semble que Sputnik et « RT » (Russia Today, en français 😉 ) ne soient plus très bien vus, par chez nous, et on le comprend. Mais voyez un peu… J’ai butiné sur le Houèbe, partant d’un article de Ouest-France qui détaillait le plan (raté) de monsieur Poutine et de ses inspirateurs ; et je suis tombé sur un truc en accès libre et sans garde-fous. Accrochez-vous, les infos qui sont distillées là à gros traits épais sont effarantes, renversantes. On croit à un bobard, mais non, c’est du premier degré ! Ou comment d’aucuns avaient, sous couvert de soi-disant dénazification – mot qui revient comme un mantra – planifié la refonte politico-géographique de l’Est de l’Europe « à leurs bottes » . Le reste des infos qui y sont dispensées est à l’avenant… )

Mais, autre chose : C’est peut-être passé inaperçu, mais le gouvernement a dissous, le 30 mars dernier, après avoir sévi contre des groupes étiquetés extrême-droite, un groupe violent lyonnais « antifasciste » (c’est du moins le credo annoncé ), le GALE. On dissout les groupes violents, c’est normal – sans trop se faire d’illusions sur l’apparition d’un clone deux rues plus loin, sous un autre sigle – et le bon sens veut que, quel que soit le côté politique où ça se situe, on sévisse contre ces énergumènes. Bien… mais pas du tout ! tenez, sur Le Monde, on revient sur cette dissolution, donnant la parole aux avocats de ce groupe, qui veulent faire invalider la sanction. Un des avocats s’inquiète, c’est très grave ce qui se passe, dit-il, car « Le GALE a pour objet la dénonciation des discours et des violences d’extrême droite qui gangrènent notre pays, et il est réduit au silence. Le groupe a énoncé des critiques, certes fortes et marquées, en particulier contre l’usage de la force publique… » Ah… des critiques « fortes et marquées » ( on est dans la litote, là…) … contre « l’usage de la force publique » (contre les flics, donc, qui y vont vraiment trop fort contre des gens pourtant « de gauche » , donc fondés à cogner ! ).

Bref : on retrouve là l’effarant sophisme selon lequel la violence « de gauche » serait légitime, normale, puisqu’elle s’exprime – c’est du moins son argument – contre celle de droite ! Eh non, l’expression pacifique d’opinions désagréables, rebutantes, voire nauséabondes (*), est encore permise dans ce beau pays, et ne justifie pas qu’on fasse usage de la violence pour s’y opposer. Tenez, monsieur Mélenchon répète en boucle qu’un « autre monde ( à sa sauce, NDLR) est possible » : eh bien, même si l’on a de fortes craintes concernant cet avenir radieux – glauque à n’en pas douter – on le laisse flûter ; on ne va pas lui caillasser sa permanence ! C’est la démocratie, que voulez-vous…

Tibert

(*) Un bémol : à l’exception des incitations à la haine raciale, à la violence, loi Gayssot, etc. Il y a forcément des bémols, sinon où irait-on ?

Prophétiques stocks

Il me souvient avoir vu circuler des blagues assez rigolotes, au temps du Covid (*), en 2020… vous vous souvenez – vous y étiez, vous en étiez aussi, de la panique générale des courses au supermarché ! avec vos masques anti-virus sur le museau, le numerus clausus et le filtrage au compte-gouttes à l’entrée des magasins, et votre justificatif-papier de déplacement autorisé à partir de 15h30, et puis vos caddies bourrés à ras bord d’huile, de beurre, de pâtes (s’il en restait), de riz, de PQ, de sucre, de… bref les Français stockaient tout ce qu’ils pouvaient. Une blague là-dessus, c’était par exemple, en 2040, une mère de famille confiant à sa voisine, « Tiens, hier on a entamé le dernier rouleau de PQ qu’on avait acheté pour le confinement de 2020 » . Eh bien, si vous en avez stocké vous aussi pour une vingtaine d’années, vous avez fait une très bonne affaire ! surtout ne revendez pas cette manne sur http://LePetitCoin. La guerre en Ukraine + le réchauffement climatique + le froid glacial actuel ont cet effet catastrophique, de renchérir abominablement le prix des énergies, et par ricochet, le PQ !

Monsieur Leclerc, des centres Leclerc, nous l’affirme donc, le prix du PQ va sérieusement augmenter. La pâte à papier, ça ne pose pas trop de problème, mais l’horreur c’est que les industriels de la chose consomment une énergie dingue à sécher ce p… de papier ! on doit en effet le sécher avant de le commercialiser, eh oui…. Une suggestion : en Auvergne, on fait sécher les saucissons au grand air, c’est très sain ! en Gascogne c’est idem avec les feuilles de tabac : pourquoi ne pas en faire autant avec le PQ ? Mais bon… le papier-toilette, en fait, c’est idiot, quand on songe que l’hygiène voudrait qu’on se lave les fesses plutôt que de les essuyer à sec, ce que les Japonais ont bien compris avec leurs WC futuristes « Toto » . Mais c’est un autre débat. En attendant la généralisation des WC japonais, vous avez fichtrement bien fait de stocker du PQ, réalisant ainsi de substantielles économies.

Au fait, le WC japonais est un gouffre énergétique, pompe à eau, bras articulé, séchage à air pulsé tiède, lunette chauffante, sono 2 x 20 watt « Chevauchée des Walkyries » ou « Carmina burana » … l’écologie devra passer là aussi ! Juste une idée : pourquoi ne pas installer un pédalier sur les flancs de la cuvette, pour actionner, ainsi assis, une dynamo qui produirait du courant électrique, vous voyez le truc… et puis de l’eau recyclée en local, évidemment. L’alliance de la saine pratique du sport, de l’hygiène bien comprise et de la préservation de la biomasse. Désolé pour les industriels du PQ, il va falloir qu’ils se recyclent.

Tibert

(*) C’est du passé, ce sera bientôt dans les manuels d’Histoire, on dira « J’y étais, moi monsieur, au Grand Confinement de 2020″ ! Le Covid, tout le monde s’en fout en avril 2022, sauf pour les attestations encore indispensables ici ou là.

Debunker toi-même !

Je me baladais, promenade de santé bien fraîche, cet après-midi… eh oui ça caille ces temps-ci. Au frais, donc, et préoccupé. D’abord et d’une, la dernière livraison de « Télémara » – en termes de niveau général et culturel, c’est hélas le seul canard « télé » qui se tient – m’avait un peu chauffé, y trouvant un ensemble massif et sans nuance de thèmes rebattus et « de gauche » , sur les effectifs de fonctionnaires, sur le « grand remplacement  » (meuuuh non ça n’existe pas), la chronique d’un nommé Gontier, masochiste pervers qui se tape les émissions où Zemmour est invité chez C8 (double peine !) aux fins de se répandre ensuite en commentaires sarcastiques et désagréables… que ne se visse-t-il sur les intervious de madame Hidalgo, de monsieur Jadot ? il faut arrêter de se faire du mal… Bref… ah oui, on y subit aussi l’article a-genre qui fait fureur chez nos progressistes attrape-tout, le/la iel, supposé(e) désigner une personne de genre ambigu, il ou elle, va savoir. Quand l’infecte écriture inclusive ne peut pas passer par la porte, elle passe par la fenêtre, ici par la fenêtre de Télémara. Je propose un truc simple : que la personne concernée nous dise comment il faut l’appeller, et puis on s’y tient, et basta !

Mais je diverge, là… Télémara nous assure que de « Grand Remplacement » il n’y en a pas plus que de beurre dans un croissant à l’huile de palme hydrogénée. C’est bien entendu en réponse aux affirmations zemmouriennes (Le Peniennes ?), le livre de Renaud Camus, etc. Et, justement, en devanture d’une vitrine de libraire, me baladant dans le froid, donc, je vois un bouquin d’un nommé Hervé Le Bras, démographe, titre : « Il n’y a pas de grand remplacement » . Aaah… on est donc devant des affirmations contradictoires. Tenez, l’article de Slate sur le bouquin de monsieur Le Bras. Au passage, cette revue du Houèbe et de gauche nous inflige un « débunker » détestable, du pur rosbif pour ne pas écrire démystifierdémystifier c’est français, c’est banal… Il faut, mordicus, que les journaleux nous étalent leur superbe niveau d’anglais.

Un point de grammaire, d’abord : au présent, « il n’y a pas » (de Grand Remplacement), correspond bien à la réalité visible et actuelle – à part de petits remplacements ici ou là. Mais ça ne dit rien du futur : et si c’était un processus évolutif ? on pourrait étayer ça avec des chiffres, peut-être ? essayer de mesurer sans a priori idéologique ce qu’on perçoit subjectivement. Tenez, puisqu’il s’agit essentiellement, paraît-il, d’immigration de populations musulmanes… les chiffres sont assez fiables sur un point, on s’accorde à dénombrer environ 2.500 mosquées déclarées. Il n’y en avait qu’une poignée en 1970, et en termes d’évolution, c’est calculable, depuis 1970 « le nombre de mosquées a été multiplié par 24 » . C’est loin d’être négligeable, c’est loin de l’ épaisseur du trait, n’est-ce pas ? Et dans le futur, qu’est-ce que ça va donner ?

Mais si l’on peut compter les minarets, on ne peut pas compter les personnes. Monsieur Le Bras, pas plus que monsieur Zemmour et les autres polémistes, ne peuvent avoir accès aux vrais données sur les populations, parce que c’est, non pas strengt verboten, Drès Zéfèrement Indertit, mais en pratique, tout comme (en outre, et par définition, l’immigration illégale n’est pas quantifiable). L’article cité ici de Libération éclaire le sujet : pour interroger l’origine ethnique (*), il faut marcher sur des oeufs, demander la permission à la CNIL, détailler la démarche, et puis justifier de la pureté de ses intentions. Péroraison de l’article : « il est faux de dire que de telles statistiques sont illégales : elles sont contrôlées » !

Elles sont contrôlées, donc. Et l’on est, si l’on veut poser scientifiquement la question Grand Remplacement oui ou zut, face à des imprécisions terribles, je cite : « Selon que l’on croie l’INED ou le Conseil Français du Culte Musulman, le nombre de personnes de culture musulmane (c’est à dire issues de pays musulmans ou qui en tirent leurs origines familiales) oscille entre 2,3 et 7 millions » . Cet article est assez circonstancié et donne, précisément, des fourchettes… mais larges, les fourchettes ! Je résume : c’est le rideau de fumée et l’incantation, la France à propos de l’immigration : surtout ne rien mesurer sérieusement, c’est dangereux ; et puis psalmodier haut et fort et à tâtons ses credos politiques, mais si, et que non, mais pas du tout, mais vous fantasmez…

Tibert

(*) Les Etats-Unis, et d’autres, n’ont pas ces pudeurs de chaisières. On sait assez précisément là-bas la composition ethnique des populations, même si c’est exprimé en pouces et en pieds-carrés.

Au frais, aux frais

( Non content de ne concevoir les rapports qu’en termes de dominants-dominés, ce type (*) ment comme il respire ; aussi fiable qu’un maquignon, on a pu s’en rendre compte. Et vindicatif, avec ça ! en représailles des sanctions prises contre lui et sa bande, il vient de donner une liste de dirigeants européens interdits d’entrer sur le territoire russe ! moi si j’étais interdit de Russie, j’en pleurerais : ça va être super dur. Terminé le café Pouchkine, pour y passer un moment à siroter un chocolat chaud en compagnie de la mignonne et blonde et obligatoire guide-interprète de l’Intourist, comment elle s’appelle déjà ? … Nathalie, ah là là… )

Mais autre chose : on vient d’interdire, c’est tout frais, les chauffages des terrasses de bistrots et restaurants. Les professionnels sont inquiets : et si ça décourageait la clientèle, hein ? Vous pourrez lire, sur l’article du Fig’ragots cité, les chiffres étonnants de ce que ça coûte en pollution : presque 14 tonnes de CO2 en quatre mois pour une terrasse de 75 m2. Etalez 14 tonnes de CO2 sur ces 75 m2, soit 187 kilos/m2, ajoutez-y 2 consommateurs, soit 200 kilos tout habillés – à Paris on serre les tables, faut que ça rapporte : on peut boire le verre du voisin sans tendre le bras – et ça vous fait du presque 400 kilos/m2. Et les chaufferettes par là-dessus, le plancher va craquer.

Mais pourquoi va-t-on en terrasse quand ça caille ? hein ? on est pourtant bien mieux installé douillettement au chaud, à l’intérieur. On va en terrasse pour y fumer et donc augmenter le tonnage de CO2, ou regarder circuler les passants sur le trottoir : c’est agréable, exposé au regard des passants, de regarder passer les passants. Trottoir amputé des terrasses, car la terrasse empiète sur le déjà maigre territoire des piétons, que disputent également les motos, scooters, vélos, trottinettes électriques, le tout explicitement interdit, mais cause toujours, il n’y a jamais de contravention.

L’article le dit, cette interdiction des chauffages de terrasses, c’est une décision courageuse qui aurait dû être prise bien plus tôt : c’est une aberration écologique, monsieur Jadot le dirait comme moi. En Suède les bistrotiers prêtent des couvertures chaudes aux amateurs de terrasses, terrasses non chauffées : de quoi relancer l’industrie textile nationale, bouclette, laine des Pyrénées, etc… mais hélas on va probablement nous fourguer des couvertures importées de Chine.

Tibert

PS – Celle-là, je l’ai trouvée sur Le monde, et je la trouve amèrement excellente : le chef-d’oeuvre de Tolstoï, là, vient d’être rebaptisé selon les récentes directives : « Opération spéciale et haute trahison » (et non, ce n’est pas « Anna Karenine » ).

PS Bis -Je cafte, c’est pas beau, je sais ! Tant pis… hier place de la Contrescarpe – à Paris, forcément – vers 16 heures : du soleil, un froid bien vif, et des terrasses de bistrots très peuplées : chauffées, les terrasses ! au gaz et /ou à l’électricité. En toute impunité

(*) au fait… si vous devinez de qui je cause, là, vous avez bon.

Méli-mélo de valeurs

La saga Poutine continue… monsieur Biden, en visite en Pologne, l’a qualifié de « boucher » et s’est exclamé « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir. ». Que vient faire Dieu là-dedans, grands dieux ? on n’est pas assez stupides, sur cette Terre, pour s’entretuer consciencieusement sans invoquer Dieu ? sans doute ce même Dieu qui inspire les billets verts du Dollar, « In God we trust » , « Nous faisons confiance à Dieu » , qui visiblement a entendu le message ! Mais c’est aux Russes de se débarrasser de ce dictateur manipulateur, cynique et agressif, pour qui tout rapport se résume à la dualité dominant-dominé, comme chez les canidés. Ils vont avoir du mal, les Russes, qui n’ont eu depuis les années 1900 qu’une brève « fenêtre » de démocratie avec Boris Eltsine, avant de se retrouver avec le KGB derechef aux manettes, et la chape de plomb qui va avec.

Mais je suis frappé par ce téléscopage de « valeurs » qui apparaît dans cette guerre d’agression. J’ai pu voir à la télé des ultras-droite Serbes se féliciter de l’action poutinesque, souhaitant qu’il « libère toute la Planète » : on sait la Serbie, orthodoxe, alphabet cyrillique, etc, voisine de coeur de la Russie, bien que candidate à l’Europe. C’est un raccourci contrasté et saisissant de ce qui se joue : Poutine, sa propagande bien cadrée, ses popes, disent oeuvrer pour défendre les valeurs « européennes » , la famille, la chrétienté, la morale… bref : l’Occident ! Face à quoi ? un peu à tout… d’une part, la décadence des moeurs, la déliquescence des valeurs, l’invasion ethnique ; mais aussi la mainmise des USA sur ce même monde occidental.

Il n’est d’ailleurs pas si aberrant, ce dessin – censuré – du compte Thouitteur de l’ambassadeur russe qui montrait les Européens léchant servilement les fesses de l’Oncle Sam : c’est vrai que la plupart de nos pays de l’UE se fient au bouclier militaire des USA ; que le Dollar fait la pluie et le beau temps ; que l’anglo-états-unien est devenu ipso facto le langage de référence. Même sur des trucs aussi basiques que les mesures, 220 ans après le Système Métrique, on en est encore à traîner ces boulets, les pouces, les pieds, les gallons, les PSI et les BTU, tout ça parce qu’un seul pays au Monde, les USA, a décidé que ça lui coûterait trop cher de changer.

Bref, en déclarant la chasse aux prétendus « néo-nazis », Poutine fait un paradoxal, curieux amalgame de ce qu’il prétend combattre, tout en se regardant dans la glace : décadence des démocraties – sapées par l’immigration incontrôlée, la débandade des religions – de la religion chrétienne, en fait -, la perte des repères moraux, famille, genre… -, inféodation aux USA, menaces militaires « à 800 km de Moscou » (*) ; à ses compatriotes, il serine un refrain « obligé » dont on a déjà entendu des variantes : Russie über alles, Valeurs, Valeurs ! (Travail, Famille, Patrie…)

Tibert

(*) A l’époque des missiles intercontinentaux, quelle est la distance « de sécurité » qui contenterait monsieur Poutine ? combien de kilomètres ?

Copie et délivraison

Persistons à causer d’autres trucs que de la glauquitude ambiante… les bombes… les villes détruites… les réfugiés : je m’en vais vous entretenir de journalisme. Quelque chose de léger, d’abord. Enfin, léger… on enterrait hier un ancien rugbyman argentin de haut niveau, établi au pays Basque, assassiné il y a quelques jours. La presse flemmarde a recopié tel quel le papier de l’AFP : c’est tout cuit, y a pu qu’à, copié-collé, clic-clic, et hop on envoie. Du coup le lamentable niveau littéraire dudit papier se retrouve un peu partout, de Paris-Match au Figaro : « A l’issue d’une cérémonie délivrée en français et en espagnol par un prêtre ami de la famille… » : on a délivré la cérémonie ! la liturgie par porteur à vélo, et bilingue, avec ça ! Quel malfrat la tenait prisonnière, cette cérémonie, ce n’est pas dit. Bref, ça délivre massivement, c’est le couteau suisse (rosbif, en fait) du verbe, équivalent au schtroumpfer des Schtroumpfs : le boulanger vous délivre une baguette, untel délivre son avis sur le temps qu’il fait, le curé délivre sa messe – si encore il se contentait de la livrer ! Certains, cependant, ont entrepris de traduire ce galimatias en langage correct, tenez, le Progrès : « La cérémonie a été célébrée en français et en espagnol par Don Arnaud, un prêtre biarrot… » : eh oui une cérémonie, ça se célèbre… bon point, le Progrès… des efforts…

Et puis des articles qui, sous les mots, disent autre chose que ces mots… à Sevran, dans le 9-3, les flics sont à la poursuite d’une camionnette volée (avec son chargement) quelques instants plus tôt… à un feu rouge, ils interviennent, contrôle… pour des raisons encore non déterminées – l’examen des vidéos des caméras municipales devrait éclairer les circonstances – un des flics tire sur le conducteur. Voilà le cadre ; il y aura enquête, bien sûr, et l’IGPN, la police des polices, devra établir les faits, comme toujours quand ça canarde. Mais Le Parigot y va de son topo :

« En tout cas, l’un des policiers fait feu a priori une seule fois. Le père de famille de 32 ans, grièvement blessé, aurait roulé ensuite quelques centaines de mètres jusqu’à ce que la camionnette qu’il conduisait heurte une voiture en stationnement, près d’un parc où jouaient des enfants. Les pompiers ont prodigué les premiers soins à la victime… » .

Voilà… le conducteur décédé était « connu des services de police » , défavorablement, faut-il vous le préciser ? il conduisait un véhicule volé de frais, on ne sait pas ce qui s’est passé quand les flics sont intervenus, mais on vous a délivré quelques informations : on a tiré sur un père de famille ! (*) juste à côté d’un parc de jeux ! vous vous rendez compte ? et puis, la « victime » …

Tibert

PS – Hier soir au journal télé de FR3, la présentatrice a traité ainsi le sujet, très brièvement : échauffourées à Sevran (images de ces échauffourées) à la suite « de la mort d’un père de famille, tué par un policier » . Et voilà comment on vous informe !

(*) Pablo Escobar, Al Capone, Pol Pot étaient pères de famille. Au fait, comment reconnaît-on un « père de famille » au volant d’une camionnette volée ?

Détournement par négligence

On va essayer d’échapper à la guerre en Ukraine, de regarder un peu ailleurs, où la vie continue. C’était d’ailleurs l’étrangeté de la Première Guerre mondiale, totalement bouchère et apocalyptique au front, tandis qu’à l’arrière ça vivait peinardement. Juste un petit truc… on me souffle que le Bibendum de Corée du Nord, le Kim, là, se verrait bien faire du simili-Poutine et envahir son voisin du Sud, arguant qu’il vole au secours de ses compatriotes persécutés… mais, comme disait Irwin Molyneux-Michel Simon dans Drôle de drame, « À force d’écrire des choses horribles, les choses horribles finissent par arriver ». Donc, passons.

Oui, aujourd’hui c’est jour de grève à la RATP. Eh oui, encore… désolé. Mais au 21ème siècle ce dinosaure de fonctionnaires du transport en commun doit bientôt disparaître pour faire place à des entreprises où la concurrence va jouer. Pas trop, en fait… c’est un secteur largement concentré, quelques grosses boîtes, deux essentiellement… Transdev, Keolis, et puis des petits poucets. Mais le fonctionnariat, vous connaissez mes convictions, c’est pour les fonctions régaliennes, et basta ! conduire un bus n’est pas régalien pour deux ronds. Pas plus que servir des repas dans une cantine scolaire, débroussailler les talus au bord des départementales, ou seriner aux potaches « begin began begun » . Ceci dit, un gros bémol : pour border les excès de la concurrence malsaine ou biaisée (le fric, le fric !) il faut aussi un secteur public fort et régulateur, c’est indispensable, par exemple dans les domaines de la santé, de l’enseignement.

A propos des fonctionnaires de mairies… les très très nombreux territoriaux : vous avez peut-être vu, à Marseille, monsieur l’ex-maire Gaudin (25 ans aux manivelles !) s’est vu condamné dans une histoire de « détournement par négligence » : des fonctionnaires de ses services faisaient des heures, des heures… qu’ils ne faisaient pas ! L’article de Ouest-France ici indiqué souligne que monsieur Gaudin a plaidé coupable. Il a plaidé coupable, monsieur Gaudin, eh oui, ça valait mieux, car sinon, ça risquait d’aller fouiller beaucoup plus dans les dossiers de la mairie, étalant au grand jour des trucs susceptibles d’émouvoir les âmes sensibles. Mais songez un moment au curieux objet qu’est un détournement par négligence ! à l’insu de son plein gré, en somme : une filouterie par inattention.

Tibert