Fouquet's : ça bégaye dans le rizotto

Un des reproches les plus cons et qu’on ressort ad nauseam à  l’encontre de notre futur-ex-Président, c’est sa soirée d’investiture au Fouquet’s, un resto plutôt cher et typé « gastronomique » des Champs-Elysées, à Paris. Con, car où est le mal d’aller fêter ça ? de s’en jeter un avec des amis, de manger un morceau – un rizotto crevettes-artichauts – tout en commentant les matchs de la dernière soirée de Ligue 1 ?

Si ç’avait été chez Roger-la-frite, au Couscous-de-Constantine, au Bosphore-Kebab, à la Pizza du Marais, on aurait hurlé à la démagogie. Le seul comportement « neutre » du Petit Nicolas aurait été de s’envoyer subrepticement et en vitesse un jambon-beurre-cornichons et un Fanta-Light (burp) dans un coin sombre derrière sa bagnole. Encore se serait-il trouvé quelques papas pas rasés pour immortaliser ces instants inoubliables.

Donc, le Fouquet’s, hein, qu’on les lui lâche avec ça. En revanche, qu’on reproche ses copains à monsieur Sarkozy, soit, il ne les choisit pas à la CGT ni sur le boulevard de Belleville, excusez le, il vient de Neuilly. Monsieur Mitterand, lui, fréquentait entre autres d’anciens fonctionnaires Vichystes – René Bousquet par exemple – et cultivait ses propres amis milliardaires ; il avait, paraît-il, son rond de serviette chez Le Divellec – autre cantine assez dispendieuse – et au Fouquet’s, justement, au Fouquet’s, table numéro 83. Qui le lui reprochait ?

J’en sais un rayon, hein, sur les comparatifs biaisés Mitterand-Sarkozy, Mitterand l’icône rose et Sarko le fils maudit. Et j’en sais des tartines sur les coulisses de cette fameuse soirée du Fouquet’s qui fait tant scandale chez les borgnes de l’indignation unilatérale. Et comment je le sais ? par les journaux, tiens.  Je lis dans le Figues-à-rôts que monsieur le Président « regrette le Fouquet’s » ; ah bon, voyons voir les commentaires des lecteurs… il y en a un qui a l’air super-informé, ma parole, il devait y être ! le menu, les boissons, tout ça… la table 83 de monsieur Mitterand… je veux en savoir plus… un coup de moteur-cherche-cherche, « Mitterand Fouquet’s« , rien de probant, et je m’obstine, « bing » (le moteur de recherche : Bing, car j’en ai marre des abus de Gougueul ) « risotto Robert Hossein« , et bingo, toute une tartine sur le même article ! pile-poil le même topo de mon lecteur du courrier des lecteurs, repris N fois par différents auteurs : « Aux crevettes, pas aux langoustines, ni aux gambas, comme le classique de la maison, le fameux risotto « Robert Hossein« , qui aurait fait exploser le food cost (*), car... »

Vous ferez l’expérience vous-même si vous voulez : 5 fois exactement la même citation dans la première page de résultats de « Bing ». Il semble que tout ça soit une série de copié-collé flemmards et abusifs d’un article de Jean-Claude Ribaut dans le Monde daté du 16 février… à moins que ça remonte à encore plus loin.

Deux conclusions possibles :

– De nos jours, on n’invente plus rien, on copie. L’authenticité des commentaires de lecteurs, j’ai des doutes.

– Le risotto (rizotto va bien aussi) plus c’est réchauffé, meilleur c’est.

Tibert

(*) Ridicule et con. « L’addition », « la douloureuse », « la note », eh anglomane de mes deux.

Schizo schizo mad'mazelle

« Une demoiselle sur une balançoire… » on ne l’entendra plus. Adieu Mireille et Jean Nohain, ce terme est rayé du dico. Ou plutôt, c’est « mademoiselle » qui disparaît : sexiste ! « Demoiselle » suivra bientôt à la poubelle des mots malvenus, m’ayez crainte, les zélés raboteurs de l’Expression Correcte vont nous faire une langue toute propre, lisse, sans saveur.

Sexiste aussi, « UN vagin », annexé abusivement pendant des siècles par le genre masculin. UNE vagin serait plus correct politiquement ; rendons aux femmes ce qui leur est propre. Et LA bite ? en sens inverse. « Noir » ? raciste, encore un mot malvenu, à la poubelle ! on ne dit pas « un petit noir« , on dit « un nabot de couleur« . Culinairement parlant, notre français étant un camembert – au lait cru, what else ? –  et odorant, un livarot bien mûr, il s’agit de nous en faire un « Bêle des chants » bien blanc et pasteurisé, l’équivalent pseudo-fromager des pseudo-tomates hydroponiques en provenance de Hollande.

Mais bon, tâchons de rester calme… tiens, pour finir, un petit truc marrant, schizophrénie de nos institutions et de nos politiques : madame Le Pen, Marine, candidate à la candidature à la Présidence, rame pour rassembler 500 signatures d’élus. Gageons que la publicité des noms des signataires est un frein puissant au coup de stylo en bas du formulaire de parrainage : ce serait, paraît-il, mal vu de signer pour que madame Le Pen puisse concourir. Pendant ce temps, il se trouve que la Gauche, toute la Gauche bien rouge, on un peu rouge, ou rosâtre, et y compris celle de couleur verte, clame qu’il faut faire voter les étrangers, si si, y a pas de raison.  En résumé, une représentante d’un courant politique d’environ 20 % des Français  va peut-être se trouver réduite au silence ; en contrepartie, on presse les étrangers de s’exprimer. Je caricature ? je caricature. C’est la liberté du caricaturiste, qui hélas fait rarement dans le propre et lisse.

Tibert

Nicht inhauslehnen / E pericoloso sporgersi !

Un sujet léger pour récupérer de toutes ces émotions – le verglis ça glasse et ça fait mal, le Président est candidat, quelle surprise, vraiment, et son siège de campagne est à Paris, le croiriez-vous ? quel jacobinisme obtus, alors que Fécamp, Dreux, Aire-sur-Adour ont de si beaux sites. Mais bon…

Sujet léger, sujet léger… tiens, les Lettons se sont fendus d’un référendum, hier. En voilà qui l’utilisent, la consultation populaire, pas comme chez nous où l’on propose d’en ressortir une de la naphtaline tous les 25 ans à la veille d’élections. La Lettonie, un peu moins de 65.000 km2, langue  d’alphabet latin, 37 % de russophones, donc 63 % de lettonophones si vous me permettez ce néologisme hardi.

On leur posait la question suivante : Voulez-vous (Oui /Non) qu’on fasse du russe notre deuxième langue officielle ?

La réponse est NON, à environ 81 %. Et je gage que  là-bas la volonté populaire fait force de loi. Exit donc le russe en deuxième langue officielle. Je ne sais pas si vous réalisez, mais la Lettonie, c’est 3,7 % de la superficie de la Russie, c’est peanuts face à la Russie, quasiment Monaco face à la France – le fric mis à part. Ce n’est pas un bras d’honneur au russe et aux Russes, mais c’est encore, à n’en pas douter, une de ces réactions frileuses, xénophobes – pour ne pas dire racistes – face aux gentils Russes qui ne veulent que du bien à leurs voisins, pas du tout hégémoniques, et j’ai Monique au téléphone, excusez-moi un moment.

Bon, où en étais-je ? reste que 37 % des Lettons parlent russe, mais officieusement : ce qui veut dire que la liste des ingrédients sur les paquets de biscuits lettons ne figurera pas en russe, et toc ! et que les notices de montage des meubles Ikea en agglo de peau de lapin resteront, impavides, à base de schémas, dessins et pictogrammes, démerdez-vous, vous les avez voulus.

Pourquoi je vous raconte tout ça, hein ? on s’en fout, des Lettons (le cuivre, en revanche, avec les prix qui grimpent…).

Parce que le russe a failli devenir la 419 ème langue officielle de l’Union Européenne ! eh oui. Les lettons sont dans l’Europe, et TOUTES les langues officielles des pays membres sont valables. Donc si les Lettons avaient dit OUI au russe, nous aussi, et paf, on se serait retrouvés avec 2.627 traducteurs à Bruxelles, une fois, au lieu de 857. On l’a échappé belle, je vous le dis. Déjà qu’on se cogne l’alphabet grec, il aurait fallu assimiler itou le cyrillique, vous voyez le tableau ?

Encore heureux que les Chinois soient encore assez loin. Quoique…

Tibert

Arithmétique et logique, termes en hic

Un peu de maths, ou plutôt de calcul. Et de la logique pour finir.
Un  député de l’UMP, monsieur Vanneste, parle « de la fameuse légende de la déportation des homosexuels » pendant l’occupation allemande. On le flingue donc et le marque du sceau de l’infamie, car en France de nos jours il n’est plus possible de prononcer certains mots sans se voir clouer au pilori. J’y reviendrai.

Moi-même j’étais resté sur des informations extrêmement sommaires – le triangle rose, la persécution des homosexuels par le régime hitlérien. Je suis donc « tombé de l’armoire » en apprenant la teneur du discours de monsieur Vanneste. Il déraillait ou quoi ?

Et puis je suis donc allé voir plus creux, et notamment les chiffres donnés par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, laquelle, vous me l’accorderez, n’est pas suspecte d’apologie du nazisme. Ces gens sont a priori crédibles, et ont travaillé en historiens. Bon, voyons voir, et allez-y donc voir vous aussi, car c’est précis à l’unité près.

Il ressort que 7 Français homosexuels, non résidents d’Alsace-Lorraine, ont été emprisonnés puis déportés en camp de concentration (un nombre nettement plus grand – quelques dizaines – est à déplorer au total en incluant les départements annexés par le Reich). Mais ce qui est frappant, c’est que ces 7 Français ont en fait été déportés avec un convoi de « politiques », et épinglés du triangle rouge – pas rose.

Résumons nous :

– Les chiffres sont effectivement minuscules au regard des statistiques mortuaires de la seconde guerre mondiale. Vis à vis des morts de froid et de faim en Russie, vis à  vis du massacre des Juifs, c’est peanuts, et de ce point de vue monsieur Vanneste peut effectivement parler de « légende » –  si l’on considère que la déportation « en masse »  est communément et aveuglément admise.

– De nombreux homosexuels avaient d’autres activités que celle-là  (être homosexuel, ça laisse du temps libre), et aussi des opinions politiques, figurez-vous. Ils pouvaient même se trouver être Juifs, francs-maçons, communistes, résistants…  la déportation en tant qu’homosexuel et rien d’autre est donc chose délicate à comptabiliser. De ce point de vue c’est le flou le plus complet.

– Il n’est nulle part question des homosexuelles : ça n’existait pas sous le IIIème Reich ? c’était non répréhensible ? tant mieux pour elles, mais c’est bizarre, et assez « macho ». Sujet à creuser, donc.

– Monsieur Vanneste n’a pas explicitement affirmé qu’aucun homosexuel n’a été déporté en tant que tel ; non, mais c’est cependant un peu ce qu’on croit lire : une légende, c’est du domaine de la fable, de l’irréel. Mais n’y aurait-il eu qu’UN seul homosexuel « français de France » (non résident en Alsace-Lorraine) déporté – on en a compté 7 – cela aurait constitué une déportation, pas une légende. Quant aux homosexuels allemands ou annexés, là on n’a pas de doutes, ils ont effectivement été persécutés.

Voilà les pendules remises à l’heure quant aux faits, aux chiffres objectifs. Restent deux questions :

– Pourquoi monsieur Vanneste lance-il cette polémique ? pourquoi maintenant ? dans quel but ?

– Si l’on fait le parallèle entre les idées reçues – déportation massive et systématique des homosexuels pour ce seul motif – et les chiffres des historiens, on peut effectivement se poser des questions sur cette erreur d’échelle, de perspective. Et, au lieu de diaboliser monsieur Vanneste, de crier au loup, au lepénisme, au révisionnisme etc, si l’on argumentait ? car on peut argumenter, réfuter, les faits sont assez précisément établis. Mais on traite là d’un des thèmes répertoriés à l’inventaire de la Pensée Unique : l’anathème et le pathos tiennent lieu d’argumentation. C’est regrettable.

Tibert

Parcours du fou sur la diagonale des soins

Les économies avec la Sécu, c’est facile.

J’ai déjà proposé qu’on mesure les taux de coagulation des gens qui ont des problèmes (de coagulation) avec des appareils légers, déplaçables, rapides, et n’appartenant pas à l’ère néanderthalienne des labos d’analyses médicales. Voir mon billet « Une médecine de (casque à) pointe. Aux dernières nouvelles, on aurait nommé une commission…

Mais v’la aut’chose ! tenez, vous avez des soucis de coeur. Pas à cause de la Saint-Valentin, tant mieux, et votre médecin traitant officiel – appelons le « Dr Référent » vous donne une ordonnance pour aller consulter un cardiologue, échographie des coronaires, que sais-je. Bien … vous y allez donc.

Ledit cardiologue vous trouve ceci, cela, ouais mais… faut voir…  vous fumez ? vous faites du sport ? à votre âge… je vais vous prescrire un test d’effort. Et de téléphoner à son pote Schmurz de la clinique Des Forts, qui fera ça très bien etc. Il vous fait une ordonnance pour. Et vous raquez, disons 70 euros.

Vous allez donc, muni de votre ordonnance du cardiologue, pédaler à la clinique Des Forts chez Schmurz, le copain du cardiologue, qui vous donne vos résultats, pas mal, c’est pas Anquetil mais bon, rien de pendable mais soyez prudent gnagnagna. Et vous raquez, disons 80 euros.

Vous avez une mutuelle, la Sécu fait donc suivre à la mutuelle, laquelle vous pond un décompte – on est moderne, ça se fait par email ; on vous retient 10 euros ! 10 euros de votre poche…

Ah mais, pourquoi ? Vous téléphonez, outré, car c’est le circuit nominal, une chaîne d’ordonnances bien motivées, pas des fantaisies de votre part. A la mutuelle, on vous répond que « ce n’est pas dans le parcours de soins ». Ce n’est pas le bon Dr Référent qui vous a prescrit ce test d’effort ? donc pas le parcours de soins. Dans le baba !

Mais c’est le Dr Référent qui m’a dirigé vers ce cardiologue, lequel m’a ensuite…

Mais non mais non mais non. Pas valable.

Moralité : il faut TOUJOURS repasser – connement, c’est clair – par la case du Dr Référent. Vous auriez dû opérer ainsi :

Le cardiologue : « je vous fais une ordonnance pour un test d’effort »

Vous : « non merci, sans façon, je vais y être de ma poche ; faites-moi plutôt un mot pour mon médecin référent dans ce sens« .

Puis vous reprenez dare-dare rendez-vous chez le bon Docteur Référent- 23 euros(*), merci – lequel, au vu du mot du cardiologue, vous fait, lui, une ordonnance pour un test d’effort. Là, vous avez bon ! là, vous avez perdu votre temps, fait perdre son temps à votre toubib, mais vous ne serez pas pénalisé de 10 euros. Vous ne serez pénalisé que de la retenue forfaitaire du toubib référent. C’est chouette, non ? merci la Sécu !

Tibert

(*) s’il est conventionné secteur 1, bien entendu. A vous de refuser les autres.

Fouzitout du lundi

C’est dingue, je découvre de jour en jour de nouveaux talents en matière de chanson. Après Amy Winehouse, dont j’ignorais totalement l’existence avant qu’elle parte en voyage sur les rives du Styx, c’est au tour de Whitney Houston de me révéler et son ex-existence et son défunt talent à l’occasion de sa mort tragique dans une chambrette de l’hôtel « Formule 1 » de Beverly Hills, à la Garenne-Bezons. J’ai eu longuement l’occasion de rattraper mon retard culturel hier devant ma télé, les chaînes d’information – sauf Al Jazeera en arabe – rivalisant d’hyperboles dans l’hagiographie Houstonienne.

J’ai eu bien évidemment droit à la « scène culte » (‘est comme ça qu’il faut dire, paraît-il) d’un vieux « Sacré soirée » d’archives, avec Michel Drucker, la défunte Houston et monsieur Gainsbourg, chanteur-compositeur ; « culte » car ce monsieur s’y montre d’une goujaterie rare, marmonnant assez clairement à l’adresse du présentateur « I want to fuck her« , et ce devant madame Houston, qui comprend l’anglais, et la France qui digérait – y compris les mouflets, et sans carré blanc. Il y a des claques qui se sont perdues ce jour-là.

Mais bon… continuons notre revue du week-end : l’annulation, 5 minutes avant l’heure,  du match de rugby prévu samedi soir à St-Denis (93) vers 21 h,  pour cause de pelouse gelée. On va siffler le début du match, et… putain, good Lord ! la pelouse elle est gelée ! quelle surprise ! quelle  cruelle déception inattendue, par ce froid polaire et à la nuit noire ! Il paraît que les annonceurs n’auraient pas admis, eux qui avaient déjà réservé, payé  et préparé pour cette tranche horaire leurs pub’s connes, débiles et inutiles – mais coûteuses – que l’on avançât à l’après-midi les hostilités sportives ; pourtant vers 14-15 heures ce samedi, ou le lendemain à la rigueur, on aurait eu de bonnes chances 1°) de trouver une pelouse accueillante et souple 2°) de rassembler le public qui de toutes façons avait payé et réservé sa demi-journée pour l’occasion – notamment tous ceux qui avaient fait le déplacement depuis l’Irlande.

Mais les impératifs des écrans publicitaires sont  impitoyables. Ce samedi après-midi, il y avait à la téloche un autre match de rugby, entre Soustons et La 1ère réserve de La Réole. Il eût été impensable de diffuser simultanément DEUX matchs de rugby, on aurait confondu les pub’s, vous pensez… il y a des pub’s pour l’après-midi (la bière, les biscuits pour l’apéro, les perçeuses à percussion…) et les pub’s pour le soir (fuites urinaires, mari qui ronfle…) : ça ne se mélange pas ! le désordre et l’à-peu-près  dans la réclame ou, pire, le rien du tout – pas de pub’, grands dieux ! ) , quelle  insoutenable perspective. Tiens, rien que d’y penser, le sang me caille.

Mais on le jouera, ce match, si si. Les spectateurs irlandais n’auront qu’à reprendre des billets d’avion, et les Français itou par le train. Quand on aime on ne compte pas, c’est bien connu.

Tibert

Vieux motard que j'aimais

Les Suisses, les Helvètes, ces veinards d’habitants d’un pays dont on peut dire qu’il est la Suisse de l’Europe, à l’abri de leurs remparts de fric et des portes blindées des coffres replets, que même Hitler leur a fichu la paix – si ça se  trouve, il avait ouvert en douce un compte numéroté à Zurich – les Suisses, donc, votent, font des votations régulièrement, souvent, pour des questions importantes ou moins importantes. Et naturellement, on se fout de leur gueule, vu que c’est, selon les canons de la Pensée Correcte, faire oeuvre de démagogie, faire appel aux réflexes identitaires, xénophobes, rétrogrades, bref tout plein de vilains sentiments.

Pourquoi cette levée de boucliers ? parce que les Suisses votent généralement de vilaines décisions. Expulser les criminels étrangers, interdire la construction de nouveaux minarets… et le pire, c’est que leur choix fait force de loi. Réflexe xénophobe ou pas, lamentable décision ou pas, on ne peut plus construire de minarets en Suisse, et vous admettrez qu’il reste néanmoins tout à fait possible de prier malgré l’absence de minaret, et plus généralement de tout chapeau pointu architectural.

Chez nous le référendum est de deux types : tel que prévu par la Constitution, et le Grand Charles l’utilisait avec talent, jusqu’au jour où il lui a pété dans les doigts ; ou d’ « initiative populaire », selon les voeux de certains à Gauche et ailleurs – là où la pensée est plus verte. Et c’est là que le bât blesse. Il s’agit de « consulter le peuple » – pas de le laisser décider, eh oh ! les élus n’ont aucune envie qu’on leur pique leur boulot.

Et voici que notre Grand Chef, bien tardivement, à quelques encâblures de la votation décisive pour sa réélection ou pas, découvre tout d’un coup que le référendum ça existe, que ça peut aussi se faire chez nous. Chic alors ! nous sommes bien d’accord, même à plus de 1.000 parlementaires, on ne représente que très imparfaitement les sentiments et les opinions des citoyens. Il faut nous demander notre avis, direct depuis l’isoloir, et souvent, et pas seulement 2 mois avant une élection présidentielle. Votons donc, votons, cher Président, sur les devoirs de chômeurs, sur le droit de vote des étrangers, sur… tous ces thèmes si porteurs.

Reste  à savoir : c’est pour nous demander de décider, ou juste pour prendre la température ? chiche qu’on fait comme les Suisses, ces veinards qui votationnent tous les quatre matins – pas seulement pour prendre la température.

Tibert

Sans guirlandes ni confettis

Mon tableau de bord brodé de mes armoiries « Le Chef Chat »  me l’annonce : j’en suis au millième billet.

Putain, 1.000 billets… wahooo… depuis le 7 mars 2006… on ne se voit pas vieillir. Quasiment 6 ans moins un mois. Ce qui nous donne une moyenne de 1000/71 = 14 billets par mois. Presque un tous les deux jours, dites-donc, ça décoiffe. Et si vous décomptez les RTT, les congés payés, les congés de maladie, les ponts officiels et les jours de grève, vous arriverez grosso modo à 1 billet par jour ouvré-ouvré – vraiment travaillé, quoi.

Vous me direz, c’est quelconque comme  performance, c’est à la portée de tout le monde de pondre 3 lignes totalement sans intérêt tous les deux jours calendaires. Oui, mais de beaux billets comme ça ? tiens donc, essayez-voir pour voir.

Bon, pour le millième billet, on fait quoi ?  ben, ça se marque. Je sais pas, moi…  je  vais vous faire un petit laïus. « Mes amis, je suis ému ! bien conscient que sans vous je ne serais jamais arrivé à de tels chiffres, je vous dois ce succès éclatant. Je remercie en particulier ma femme, à qui je dois tout et sans qui etc etc… ;  je remercie tout spécialement l’équipe  technique, le perchman, le comité de relecture et le correcteur orthographique embarqué. »

Et puis non, zut. Tiens, c’est trop con. Pas envie de célébrer ça. Les bisous des dames et les claques dans le dos des messieurs, ces discours convenus où tout le monde s’emmerde en se demandant quand c’est qu’on va boire un coup, pouvoir s’humecter la glotte… les éloges à la gomme  « je te passe la brosse à reluire, tu me rends ça la prochaine fois », et puis le mousseux à deux balles camouflé en kir royal, les cacahuètes et les chips… non,  je ne le publie pas, ce millième billet.

Mais, the show must go on :  le spectacle continue. Attendez-vous à être épatés ! bon, vous loupez le millième, mais vous ne perdez rien pour attendre, le prochain va débouler – incessamment sous peu.

Tibert

Humour à froid

Allez, une courte, pour nous changer des tartines philosophico-politico-sociologiques sur civilisations histoire cultures et traditions. La dénommée Nora Berra, Secrétaire d’Etat états-unienne, en a sorti une bien bonne, par ces temps de froidure, et qui réchauffe les zigomatiques. Avec un peu de pot vous la retrouverez mercredi prochain dans le Canard Déchaîné.

Au coeur de cet hiver rigoureux qui affecte aussi la côte Est des USA, elle recommande aux personnes fragiles, et notamment aux SDF, d’éviter de sortir en cas de grand froid.

Si elle-même pouvait éviter de sortir des âneries…

Bébert

Tristes zones tempérées

Une polémique de chez Paul-et-Micque est née des propos – de bon sens selon messieurs Sarkozy, Arno Klarsfeld et nombre d’autres ; imprégnés de l’idéologie nazie selon un député apparenté P.S. – des propos, donc, de monsieur Guéant , qui estime que « toutes les civilisations ne se valent pas« . Remarquons que si l’on superpose absurdement ces divers points de vue, on en conclut que l’idéologie nazie est toute de bon sens !

On lit  de tout et du n’importe quoi…. ça délire fermement ! certains ont ainsi traduit cette citation : [selon monsieur Guéant], la civilisation occidentale est de loin la meilleure, et de toutes façons bien préférable à la civilisation arabe. Vous lisez ça, vous, dans la phrase que je vous ai citée ? vous non plus ? Je vous l’avais pourtant bien dit : si ledit ministre avait déclaré  « passe-moi le sel« , on aurait aussitôt protesté chez les Fervents Gardiens de la Pensée Correcte contre cet ignoble appel du pied aux électeurs du Front National.

Polémique bien venue, donc, qui nous permet de lire toute la passionnante prose qui se rédige et s’édite sur le sujet. Notamment un article de monsieur Laurent Gervereau dans le Monde. « Pas de civilisation pure, pas de civilisation supérieure« . Notons tout de suite ce paradoxe : si la civilisation à l’état cristallin, « pure », n’existe pas, alors de quoi traitons-nous ? et si malgré tout nous nous obstinons à gloser sur un concept boîteux, qu’il n’y ait pas de civilisation supérieure (à quelle aune ? quelle échelle de valeur ?) implique qu’il n’y en a pas d’inférieure, donc que toutes les civilisations sont égales, se valent.

A quoi bon, dès lors, nous fatiguer à changer ? restons comme on est, puisque notre civilisation vaut les autres, et lycée de Versailles. Cramponnons-nous à notre modèle, puisqu’au moins nous y sommes habitués, confortables, comme dans des charentaises bien rodées.

Et justement, ce monsieur Gervereau apporte de l’eau au moulin du ministre, qui souhaitait aussi défendre notre civilisation. Et de nous citer l’incontournable Lévi-Strauss : « J’ai pu observer en tournant des films au Laos, au Mali, chez les Inuit ou les Wayana, combien nous détruisions à vitesse de quelques années des civilisations et des traditions séculaires. Ce que Claude Lévi-Strauss constatait dans Tristes Tropiques avec désolation se réalise en un ou deux ans par les effets conjugués du commerce et du tourisme« .

Justement ! vous avez bien raison monsieur Gervereau ! notre modèle occidental européen est menacé dans ses traditions séculaires. Il nous faut défendre notre saucisson sec, notre béret, notre baguette de pain contre le hamburger et le kebab envahissants. Défendons idem pied à pied le petit salé dans les cantines face au blanc de dinde ou au tofu ; boutons les locuteurs anglomanes hors de France ; résistons au rap et au R’n’B ; entêtons-nous à nommer les vacances de Noël « vacances de Noël », et pas « vacances de fin d’année ». Notre mode de vivre – notre civilisation, « pas pure », certes, mais il n’en est point – est menacé de jour en jour. Défendons nos valeurs, qui valent celles des autres, vous en êtes bien d’accord ?

Tibert-Egalité