Mais si, ça se vaut… tout se veau, d'ailleurs

Vous commenterez cet aphorisme tout récent (hier, 4 janvier 2012) du présent Ministre de l’Intérieur et des Cultes : « Toutes les civilisations ne se valent pas« . Vous éviterez de commenter l’autre, là, la faux risme : « Nous devons protéger notre civilisation« . Celui-là, bon, si on le démolit, ils vont penser qu’on veut les invasions barbares, ça n’est pas vendeur.

Voyons voir, voyons voir. « Toutes les civilisations ne se valent pas« …  en bon philosophe en culotte courte, vous définissez d’abord de quoi l’on traite. Qu’est-ce qu’une Civilisation ? keske c, en SMS. La tartine copieuse que vous propose wiki va vous éclairer, il y a à boire et à manger. Et vous précisez dans la foulée ce qu’est une « Valeur« . Ensuite, ayant choisi et affûté vos outils, vous entrez dans le vif du sujet.

Par exemple, tiens. Guerrier : civilisations disparues, valiez-vous celles qui vous ont submergées ? alors pourquoi avez-vous disparu, hein ?  est-ce que vous ne les valiez pas (sur l’échelle de Richter de la capacité à nuire) ? vu que vous vous êtes fait bouffer. Perfide : civilisations oubliées, avez-vous été oubliées parce qu’oubliables ? y aurait-il donc des civilisations plus oubliables que d’autres ? peut-on admettre une échelle de valeur de l’oubliabilité ? etc etc.

Mais vous perdez votre temps à discutailler, car vous venez de lire dans le Libé du dimanche matin que les Jeunes Socialistes ont déjà, ainsi que Cécile Duflot, rendu leurs copies ! il s’agit, dans leur conclusion (thèse-antithèse-synthèse) que c’est la Lepénisation qui parle par la bouche de monsieur Guéant. Et toc ! leur copie de philo rondement torchée, jetons-y un coup d’oeil.

Arguments : 1°) parce que c’est monsieur Guéant qui l’a dit. Eût-il dit « passe-moi le sel« , tiens, c’eût été hautement lepénisant. 2)° tout se vaut, c’est bien connu, même Roland Aron se vaut (*), il ne peut y avoir d’échelle de valeurs, c’est anti-socialiste et pas charitable. Les premières toiles de Van Gogh en Hollande, vers 1882, « valent » sa Nuit étoilée de 1889. La page maladroitement bâclée par un élève soulagé d’avoir expédié sa rédac’ en 12 minutes montre en main pour se précipiter enfin sur son Fesse-Bouc « vaut » le devoir construit et stylistiquement élaboré de ce « bouffon », ce lèche-cul de premier de la classe. D’ailleurs il ne doit plus y avoir de « premier de la classe » : tout se vaut. Exaltante perspective.

Tibert, parce que je le vaux bien

(*) elle est vaseuse ? elle en vaut bien d’autres.

Taxer plus pour gaspiller plus

Un rapport qui a fait très fugacement la page d’accueil du Monde-sur-Toile (pendant quelques heures, puis pffffft, à la trappe), mais qui reste encore ce jour partiellement lisible sur le site de Libé, nous en apprend de bonnes.  On nous y détaille quelques uns des postes de dépenses de la République française pour « bien » fonctionner.

J’ai intitulé ce billet comme vous pouvez le lire (en gros, là, au dessus du texte : le titre… vous voyez, là ? )  parce que, visiblement, si notre cher (très cher) Président n’aime pas augmenter les impôts et le clame bien fort, il adore inventer de nouvelles taxes. Le distinguo est subtil ; si en pinaillant on peut affirmer qu’un impôt n’est pas une taxe, en revanche dans le portefeuille ça fait les mêmes genres de trous, n’est-il pas ?

Ce point étant acquis, je voyais l’autre jour ( on peut le voir quasiment tous les jours, suffit de regarder la télé) le perron de l’Elysée, bâtiment qui comme chacun sait est gardé comme Fort Knox, interdit de passer sur le trottoir devant etc… une quelconque grosse légume descend d’une grosse bagnole pour monter les marches. Inévitablement la caméra cadre les « pots de fleurs » de chaque côté de la grande porte vitrée, à savoir des militaires, gardes républicains en grande tenue d’apparat, sabre au clair et figés façon pingouins. Demandez moi à quoi servent lesdits pingouins : à quoi ? à rien. On pourrait judicieusement les redéployer dans le 9-3 à la circulation, ça serait bigrement plus utile.

Vous allez me dire, ouais, ils ne sont là que pour ces brefs instants… juste le décorum, le prestige, la Grandeur de la France… le reste du temps ils sont à la circulation au carrefour de l’avenue Gabriel, ou ils font reluire les cuivres des casques. Soit, admettons. Mais bon, la Grandeur de la France, n’est-ce pas… tenir notre rang… toutes ces foutaises de mises en scène surannées et de décors grandioses nous coûtent fort cher. On s’en passerait aisément : vous et moi avons-nous un Garde républicain façon pot de fleurs devant notre porte ? on arrive très bien à faire sans. Que l’Elysée fasse donc le test : sans gardes républicains, ça fonctionne aussi bien. Allez hop, à la circulation dans le 9-3, les cuivres, que sais-je, il y a plein de boulot qui attend ailleurs.

Et si vous lisez le rapport – incomplet, nettement plus pauvre que celui du « Monde », mais bon – dont je vous cause dans Libé, vous découvrirez à quoi servent toutes ces nouvelles taxes inventives dont notre Chef nous bombarde. Vous y découvrirez qu’un ministre « coûte en moyenne chaque année 16,72 millions d’euros à la collectivité. Un total qui comprend les frais de personnel, la communication, le loyer théorique, les frais de fonctionnement et le train de vie« . Il y a plein d’autres chiffres tout aussi ébouriffants.

Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de plaider pour que monsieur Fillon fasse du co-voiturage ou prenne un billet « prem’s » en TGV de seconde à la SNCF  quand il va de Paris à, disons, Toulouse. Admettons qu’il ait besoin de sécurité et de ponctualité. Mais zut, quoi, on nous serine « austérité », « soyez courageux » : pendant ce temps le budget du Premier Ministre atteint 3,2 fois celui de la Présidence (lequel est déjà assez croquignolet !).

Forts de plus de députés et de sénateurs que les USA, avec presque 5 fois moins de monde, nous entretenons luxueusement une « armée mexicaine » de parlementaires logés dans des palais. Pour quelle utilité ? ah ça c’est sûr, ça brasse des lois en veux-tu en voilà. Mais comme elles ne sont pas appliquées – sauf les taxes, ne plaisantons pas avec les taxes –  à quoi ça peut-il nous servir ? à râler inutilement au long d’un billet.

Eh bien c’est toujours ça, en attendant une démocratie qui ne vive pas au dessus de nos moyens.

Bébert

PS : ah si,on a plus de détails – édifiants – sur le budget du Premier Ministre. Voyez ce site.

Papier, bitte (je like !)

Je lis ça dans une rubrique technique-geek-ordinateurs de Libé, le canard qui libère, à propos de Fesse-bouc, qui va entrer en bourses (son patron va se faire des couilles en or 😉 ) : « Dans les prochaines semaines, le nouveau profil du réseau social sera installé d’office chez tout le monde. Que ça plaise ou non. »

Mon sang n’a fait qu’un tour : comment, ces cons-là vont me mettre des petites bébêtes dans mon ordinateur ? et de quel droit ? bref, vous voyez, ça m’émeut. Je suis ému, quelque peu tourneboulé. Merde alors, et ma vie privée ? Et puis, progressivement, ça se calme, l’alerte passe. mais non, voyons gros bêta, si tu n’es pas inscrit chez Fesse-Machin, aucune raison qu’ils viennent te demander la marque de ton after-chèvre…

Mais je suis allé voir quand même sur l’excellent article dont je vous ai donné le lien ; je l’ai lu. Eh bien, ça fait froid dans le dos. TOUT ce que vous avez bien pu raconter comme âneries, blagues stupides, souvenirs crapoteux, histoires pas franchement reluisantes mais que vous avez cru bon de raconter sur Fesse-Bidule un soir de déprime ou de beuverie ou les deux… TOUT sera inscrit sur la page, VOTRE page, quand bien même ça remonterait à des années-lumière, quand bien même il y aurait prescription.

Moi je vous le dis : c’est bien fait. Bande de nazes, qu’avez-vous besoin de raconter vos secrets de peau de lapin partout sur la Toile ? on s’en tape, de vos salades intimes. Et tiens, c’est justice que ça vous remonte comme un hamburger-frites faisandé qui ne veut pas passer ; quand on pense que maintenant il y a un bouton de plus sur les écrans ex-cathodiques pour cliquer afin de signifier « J’aime » (vous aimez ? mais on s’en fout !), quand on apprend ensuite que vous avez liké… quel beau verbe du premier groupe, vraiment. Je like Fesse-bouc, vérie meutche.

Tibert, unlikely

Quand le bâtiment va… grossir de 30 %

On le sait depuis hier soir, les immeubles de France pourront désormais, violant allègrement les règlements et normes sur les COS, gagner 30 % de surface sans paperasserie gênante : s’ils sont coincés latéralement, comme hélas souvent en ville, il leur sera donc permis de croître en hauteur ! exemple : un 6 étages + chambres dites « de bonnes » réhabilitées (relouquées) façon bobo, genre « rav stud, poutr-app, vue impr, cachet » (*)… disons 20 mètres de haut, cet immeuble, donc, va gagner 6 mètres, soit largement 2 bons niveaux, plus des chambres « de bonnes » qu’il sera possible de restyler façon bobo, etc etc.

L’histoire reste cependant assez évasive, et je dirais même que ça frise l’histoire belge – je m’explique :  est-ce qu’on a le droit d’agrandir les immeubles de 30 %, une fois ? parce que si c’est récursif, si l’on peut rehausser de 30 % un immeuble fraîchement remonté de 30 %, et qui  venait justement d’être étiré etc…  on va construire des gratte-ciels pas terribles !

Autre interrogation : les voisins vont peut-être apprécier moyennement leur nouvelle vue imprenable sur un beau mur surélevé… leur restera à rehausser suffisamment leur immeuble et acquérir le dernier étage pour retrouver leur panorama grandiose sur les poteries de cheminées et autres toitures en zinc. Et donc, les voisins des voisins, eux-mêmes, etc etc…

Mais bon, c’était juste un détail : c’est à n’en point douter une excellente initiative de notre Président-en-Chef –  qui n’a pas oublié que « quand le bâtiment va, tout va« , ça c’est bien vrai ça !  – et laisse enfin augurer d’une évolution positive, d’une rapide et ébouriffante sortie de crise. Et, l’astre butte notre liste, la vraie bonne nouvelle, c’est que les promoteurs vont enfin pouvoir nous construire des hauteurs sous plafond décentes ! ça les chagrinait, vous pensez…  au lieu des minables 2,5 mètres rikiki où ma grande perche de fiston se cogne au plafond en se passant un coup de peigne, ils vont nous faire du 2,5 x1,3 = 3,25 mètres. Un rêve : on va même pouvoir se faire une mezzanine, mémé !

Bébert, 30 % plus haut

(*) … et 7 étages à monter à pied.

A peu prèspuce

Un passionnant article du Monde-sur-Toile reprend ce marronnier médical inoxydable, ce thème incontournable, cyclique et récurrent : l’ablation systématique et généralisée des prépuces.

C’est en effet grâce à l’Afrique et à ses tourments viraux que cette brûlante question revient en boucle. L’Afrique et son Sida galopant. Pas de capote (merci Benoît n° 16), peu d’hygiène, et il y fait chaud, et la chair est faible. Circoncire (les hommes, NDLR, ça va sans l’écrire mais bon…) les protège un chouïa des infections de type VIH transmises par les femmes. Tel est le constat statistique et scientifique qui permet aux sécateurs fous de prôner l’ablation prophylactique et universelle de cet astucieux et fort utile bourrelet grossièrement cylindrique qui coulisse et protège. Mais cela ne va pas sans soulever un certain nombre de questions…

– Dans cette hypothèse, je vois mal comment les Juifs et les Musulmans vont arriver à se différencier des mécréants, des Goyim et des Khoufars. Zut quoi, si l’on ne peut même plus se reconnaître entre confrères… leur restera à inventer une nouvelle et rituelle différenciation – je ne sais pas, moi, mais de ce côté là je suppose qu’ils n’iront pas plus loin dans l’ablation, ce serait carrément mutilatoire et dommageable.

– Quid des femmes ? pourquoi un rapport statistique et scientifique d’un quelconque organisme Onusien ne nous apprend-il pas que l’ablation systématique et chirurgicale de l’hymen dès le bas âge protège d’une ultérieure défloration douloureuse et sanglante, permet d’éviter de salir les draps lors de la nuit de noces, et – cerise sur le gâteau – évite de saigner un poulet aux fins de faire croire à la famille (*) que la mariée était vierge ? tout bénef’.

– Je me lave, tu te nettoies – et si ce n’est toi c’est donc ton frère, nous nous lavons le prépuce, sous le prépuce et le reste avec… tous les jours. Qu’on ne vienne pas me raconter que le prépuce, c’est sale. C’est sale si on ne le lave pas.

– Je suis né porteur de prépuce, comme beaucoup ; je n’en suis pas plus fier pour autant, mais je suis bien dans ma peau (de prépuce), nous vivons en bonne entente lui et moi, et la seule mutilation rituelle que j’aie jamais subie, c’est la section du cordon ombilical. Je suis d’ailleurs bien conscient que c’était nécessaire à mon indépendance physique. Donc, sécateurs rituels ou prophylactiques, passez au large, on ne vous a rien demandé. Dieu s’en fout, des prépuces, si vous saviez à  quel point ! allez donc couper vos rosiers, élaguer vos arbres fruitiers, rogner les ailes des poulets, châtrer les matous, il reste du pain sur la planche à découper sans emmerder les prépuces.

Bébert

(*) … famille qui n’est pas dupe, mais bon, c’est pour les voisins – quant aux voisins, personne n’est dupe, mais bon, c’est poli de faire semblant.

Barthes, Angelopoulos : tableau de chasse

Tout le monde sait que les piétons payent chaque jour un lourd tribut à la circulation auto-moto-bus’omobile. D’autant plus qu’en France, et spécialement à Paris etc… le piéton n’a que foutre des signaux de voirie, rien à cirer des passages qu’on lui a réservés, se contrefiche des flux de véhicules, et se prend pour le matador esquivant le toro, olé !!

Mais comme  dans la blague bien connue (*), ce n’est pas toujours le matador qui gagne, hombre ! Notre regretté Roland Barthes a payé de sa vie une rencontre inopinée avec un autobus, il y a de cela quelques lustres. Et nous apprenons, hélas, que le célèbre cinéaste Théo Angelopoulos vient de se faire  buter par une moto. C’est aussi une lourde perte : j’avais beaucoup aimé l’Apiculteur, Paysage dans le brouillard, l’Eternité et un jour… ça nous changeait agréablement des Bidasses en folie et de Retour vers le futur IV. Ce sont évidemment et comme toujours les meilleurs qui s’en vont.

Mais, quand même, on s’interroge : que foutait donc Théo Angelopoulos à 8 h 30 dans une rue improbable du XIV ème arrondissement à Paris ? par quel malheureux hasard un motard de l’escorte de la Ministre de l’Artisanat – grandissime poste, qui vaut bien DEUX motards, des gyrophares et une sirène hurlante –  a-t-il pu percuter ce génial et imprudent cinéaste ? quand on y songe, on est peu de chose. Je cite :

« Le convoi se composait d’une voiture berline Renault (**) escortée par deux motards de la police, et se dirigeait vers la porte d’Orléans. Il se rendait à l’aéroport militaire de Villacoublay pour rallier Toul, fief de Mme Morano ».

Voilà, c’est simple, et c’est tragique. Il eût suffi que le convoi de madame Morano se dirige, sirènes hurlantes, vers son fief de Toul (place, manants, place au convoi de la Ministre de l’Artisanat…) en empruntant – toutes affaires cessantes, sirènes hurlantes et gyrophares girotant – le boulevard Sébastopol, l’autoroute du Nord et l’aéroport du Bourget, et Théo Angélopoulos était sauvé ! qu’avait donc la Ministre de l’Artisanat de si urgent à faire dans son fief (***) de Toul, l’histoire ne le dit pas. Pourquoi une Ministre de l’Artisanat utilise-t-elle un aéroport militaire, nul ne le sait. Pourquoi le TGV Paris-Nancy-Strasbourg ne convenait pas à ce noble déplacement, on l’ignore. Ce tragique fait d’hiver gardera tragiquement ses zones d’ombre.

Tibert

(*) vous la connaissez ? c’est un type qui va dans un restaurant espagnol et y déguste un plat excellent à base de … ah vous la connaissiez ? eh bien alors pas la peine que je vous la raconte.

(**) Une Twingo Diesel jaune moutarde, selon nos informations ; madame la Ministre était à côté du chauffeur en costard-casquette et avait les pieds sur le tableau de bord.

(***) Fief : « Terme de féodalité. Domaine noble, relevant du seigneur d’un autre domaine, concédé sous condition… »

Médecine de (casque à) pointe

Une mienne connaissance, vieux corps mâle fatigué, a eu la mauvaise idée de se déclarer une méchante maladie veineuse sous l’équateur… à Singapour plus précisément. Impossible de rentrer dare-dare et ventre à terre sous nos cieux et la douce protection de la Sécu, on l’a donc soigné sur place. Et bien évidemment, anti-coagulants, mesure religieuse du taux de prothrombine, et du fameux indice international de « fluidité » du sang, j’ai nommé l’ INR. Là-bas, ils utilisent un petit appareil, de la taille d’un sabot de paiement Carte  Bleue – on vous pique le bout du doigt, on tartine une petite bandelette de réactif d’une goutte de votre précieux sang, on attend une minute en papotant… et zboinnnng, le résultat : avec de la chance, hopefully comme ils disent, ce sera entre 2 et 3, disons 2.8 comme sur mon illustration.

Un petit appareil très pratique et inconnu en France
Appareil de mesure INR instantanée

Notez bien que ces petits machins sont en vente libre sur la Toile, au Canada, en Asie, un peu partout. Autour de 1.000 dollars.

Bon, de retour en France, mon brave ami continue son traitement… ah non cher monsieur, ce truc là ? ça n’existe pas chez nous. Donc, aller au labo, faire la queue, se faire tirer une demi-pinte de sang à la saignée du coude – bien bleue, la saignée du coude, au bout de 4-5 trous – puis attendre 3 à 4 heures, téléphoner pour avoir les résultats. La routine, quoi…

On me dit – le toubib à qui j’en ai parlé m’a dit : « c’est politique, les labos blahblahblah.. » ;  on me dit – la laborantine à qui j’en ai parlé m’a dit : « les labos ne veulent surtout pas de ça, c’est du bon pain pour eux tous ces gens qui viennent se faire trouer la saignée du coude ».

On m’a dit – un vieux retraité depuis 15 ans sous anti-coagulants m’a dit : « il faut aller au labo tous les 15 jours… moi je peux pas y aller à pied, alors il faut appeler l’ambulance… mais pas de chance, il n’y a jamais d’ambulance « assis » disponible, alors on me trimballe jusqu’au labo en ambulance « couché », et je m’assieds à côté du chauffeur… ça doit coûter un max, tout ça ».

Eh oui, faites les comptes, les labos, les ambulances… bon, vous avez compris le film ? comme les diabétiques, qui sont maintenant et heureusement plus autonomes, les centaines de milliers de gens qui sont sous anti-coagulants pourraient se faire leur petit test INR tout seuls chez eux, comme des grands, ou à la rigueur chez un voisin, chez le toubib du coin, ça coûterait bien moins cher, ce serait bien plus pratique… meuuh non, enfin, nous avons une médecine DE POINTE, nous, en France.

Allez, faites passer, parlez-en à vos copains, ça finira peut-être par faire bouger les lignes…

Tibert

Le permis à joints (*)

J’ai une idée. Non que ça m’arrive si rarement, je vous vois déjà ricaner… non, une idée, une vraie. Une de celles qui font avancer l’humanité, genre la marmite de Denis Papin, la pomme de Newton, la côte d’Adam.

Je vous explique : bon, la délinquance, nous dit-on, « a baissé » d’un pouïème de chouïa, selon not’ Ministre, mais nous savons tous que c’est totalement bidon, tant les « petits délits » qui nous pourrissent la vie (bagnoles vandalisées, fracturées pour 2 CD, un jeton de supermarché et un carambar ; vols à la portière, à la roulotte, à l’arraché, à la tire (j’en oublie ?) ; vols de bicyclettes, de scooters, de mobiles  ; siphonnages de réservoirs ; cambriolages divers et variés) sont peu suivis, quand ils sont seulement consignés sur les registres des commissariats ! mais non, c’est pas la peine de porter plainte, on va vous faire un papier pour l’assurance.

Et je ne vous dis rien de la Justice, qui rame dans une mer de : 1° dossiers jusqu’au plafond et retard abyssal – 2° les prisons sont ras la gueule, à moins de 2 ans de punition y a pas de place libre en tôle, cassez-vous et faites-vous oublier – 3°  la victime ? bon OK la victime mais l’agresseur, le « pôvre », il faut le comprendre, il a eu une enfance difficile, il galère.

Mais il y a UN truc qui fonctionne bien, chez nous en matière de sécurité – enfin, plutôt bien – et que le Monde nous envie : les radars et les prunes avec double peine incorporée. La sécurité routière ! 2 km/h comme 35 km/h au dessus de la vitesse nominale, et c’est dans le tuyau, ça ne fait pas un pli : 90 euros ET (double peine) X points de permis en moins. Et ça marche ! ça marche même très bien, les radars d’aujourd’hui payent les radars de demain, c’est la radarisation de l’Hexagone par répartition.

Bon, vous voyez où je veux en venir ? le « petit » délinquant qui deale du shit, qui arrache les sacs à main, qui fracture les bagnoles, qui pickpockette… au lieu que monsieur le juge lui fasse les gros yeux et lui dise, paternel : allons, encore vous…  c’est très très vilain ce que vous avez fait, ça fait N fois que je vous le dis, bon, filez mais qu’on ne vous y reprenne plus ; au lieu d’une engueulade et d’un rappel à la Loi : 90 euros et 3 points de permis en moins.

Bon, les 90 euros, je ne suis pas sûr que le centre des prunes de Rennes en verra la couleur… mais le permis, alors ça le permis, ça fait mal, c’est dissuasif. Ne plus pouvoir sortir la Benz, la BMW, fruits du dur labeur de deal, pour frimer et draguer les meufs, c’est rédhibitoire.

Et s’il n’a pas le permis, le « petit » délinquant ? justement, on le lui fera passer en heures de Travail d’Intérêt Général, pour pouvoir les lui sabrer, ses points. Pédagogie ET répression,  le top.

Bébert

(*) En fait, mon titre était « Le permis à pjoints », mais impossible de barrer un caractère du titre. Tant pis pour l’astuce.

Fallait pas faire comme ça

Des trois comiques involontaires auto-proclamées « agences de notation », la plus ceci, la plus cela, la plus libéralo-libérale, j’ai nommé Standard & Poors, alias S&P, nous régale de ses remontrances et de ses bons conseils, après avoir – selon le scénario prévu, réglé comme du papier à musique, c’était écrit, il fallait le faire, pour le plus grand profit de la Finance Internationale, de la City et des Produits Dérivés – après avoir, donc, balancé sa célèbre équation AAA – A = AA.

Ahhhh… enfin, nous y voilà. Bon, et alors ? et maintenant ? hein? on fait quoi ?

Eh bien, c’est pourtant simple, il suffit d’apprendre… ils savent comment faire, eux chez S&P, et tel Moïse sur le Mont de Piété, écoutons et notons sur les Tables de la Loi S&P ce qu’il aurait fallu que nous fissions. D’autres oracles du même acabit nous donnent, et toujours après coup, de sages conseils, de bons préceptes : JP Morgan, un des fleurons de la Planète Finance, presque aussi éthique que Goldman Sachs, la banque qui vend à ses clients des produits dont elle  sait qu’ils sont pourris, la banque éthique que plus éthique qu’elle tu meurs, qui aidait la Grèce à maquiller ses budgets pourris.

Versons, au passage, une larme sur la défunte Lehman Brothers, qui n’aurait pas détonné au milieu de tout ce beau linge, mais n’a pas survécu à la crise des « subprimes » – en revanche, les agences de notation qui décernaient du AAA+ à Lehman Brothers, elles, paradent toujours et nous donnent de sages conseils de bonne gestion.

Bon, soyons pratiques et tirons les leçons de tout ça : virons ces ministres et ministresses incapables qui gouvernent nos finances, qui prennent les mauvaises décisions. Embauchons tout de suite et sans tarder quelques uns des ténors de S&P, de Moodys, de Fitch, de ces gars qui savent, eux, comment ça se gouverne, la finance, merde quoi. C’est vrai, enfin, ils savent comment il faut gouverner, suffit de suivre. C’est simple.

Evidemment, si c’était pour nous vendre, tel Goldman Sachs, et à l’insu de leur plein gré, des produits pourris dont ils savent qu’ils sont pourris, ça ne serait pas du jeu ; mais ils sont francs du collier, c’est probable. Que ces gens-là, usant de leur aura indue, claironnent partout « tel pays est dans la merde« , précisément afin de l’y mettre, dans la merde, rien de plus éthique, pas vrai ? c’est de bonne guerre anti-Euro.

Tibert

PS : J’ai hésité à intituler ce billet « Le dégradeur fou a encore frappé« . J’apprends que S&P, devenu dingue, ivre de son pouvoir de dégradation, dégrade urbi et orbi, la SNCF, EDF… toutes entreprises nationales. Les entreprises publiques, on dirait qu’il n’aime pas ça, S&P.

Aux tonnes (G. Appeaux linaires)

C’est un fait : l’orthographe fout le camp. L’orthographe, et la grammaire, et le passé simple, pour ne rien dire de l’imparfait du subjonctif. Plus il est simple et rapide de corriger un texte – un ordinateur à deux balles, un coup de traitement de texte, efficace et peu coûteux – plus il est courant de nos jours de trouver des coquilles, des fautes d’accord, des barbarismes, des à-peu-près, bref, des erreurs, dans les journaux et les livres.
Pire, on réécrit les livres pour la jeunesse – le « Club des cinq »… –  qui utilisaient logiquement le passé simple – le temps du récit, au présent : c’est plus facile, encore qu’avec ces putains de verbes du 2ème et 3ème groupe ça soye pas de la tarte. Il faut se mettre  à leur niveau, ces chers petits. Nous-mêmes, de notre temps, devions probablement ne rien comprendre à ce que nous lisions : le passé simple, fi donc, quel obscur charabia.

Bon, en matière de fautes d’orthographe, l’erreur est humaine, et personne n’est à l’abri d’une étourderie, même pas moi. Mais la relecture n’est pas pour les chiens, que je sache. Qu’on ne relise pas les quotidiens, ou à peine, ça peut à la rigueur se pardonner, le lendemain c’est oublié. Encore faudrait-il exiger des journaleux un niveau plus que moyen. Mais un livre, zut quoi ! un livre c’est pérenne, ça passe de main en main, c’est une balise.

Le « Que choisir » de ce mois-ci m’a fait hurler de rire, traitant de cette nouvelle tendance très moche des éditeurs à ne plus relire sérieusement leurs ouvrages (*). Il s’agit d’un opus de Stéphane Hessel, édité au Seuil en 2006, intitulé « Ô ma mémoire« . Dans ce texte que je n’ai pas lu, monsieur Hessel, l’indignateur professionnel, doit probablement citer des poèmes qui lui sont resté gravés en mémoire, justement, des vers qui nous parlent aussi, que nous avons aimés, que nous aimons  – tenez, Guillaume Apollinaire, « Automne » :

Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux

Monsieur Hessel cite donc ce poème, et ça donne aux éditions du Seuil, 2006 :

Dans le brouillard s’en vont un paysan khagneux…

Non mais, rassurez-moi, ils l’ont fait exprès ? c’est de l’humour ?

Thibaire

(*) Si la relecture pouvait se sous-traiter en Chine, au Pakistan, en Malaisie, payée 3 Carambars et un coup de pied au derrière, alors évidemment, ça pourrait se faire. Mais que voulez-vous, on ne sait pas encore délocaliser ça.