Pleure pas mon petit Alain, toi aussi t'auras une suçette

J’étais en train – et en voiture, miracle de notre langue, ce n’est pas incompatible – d’écouter à la radio de bord, tout en conduisant, car ce n’est pas encore interdit « pour votre sécurité », et sur le vif – in vivo, en d’autres termes, ou « en live« , pour les rosbifiants – la proclamation du palmarès du Festival de Cannes. Ah que de beaux moments, où l’on remercie l’équipe technique, le perchman, l’assistante au maquillage et surtout, surtout son producteur, sans qui ce film n’aurait pu se faire.

Et, c’est connu, j’ai un faible pour Isabelle H, l’actrice, s’entend, car sur le plan personnel nos routes ne se sont jamais croisées, ou alors ça s’est fait incognito, derrière des lunettes noires, ce qui ne me pose pas de problème existentiel. On n’ignore pas que cette année, c’est elle qui présidait la mouture 2009 du festival… je prêtais donc une oreille complaisante à l’énoncé des prix, appréciant la nomination de Machin, et Schmurz-Bidule aussi, etc. Bon, et le suivant ?

Bon, et le suivant ? voilà qu’on nous sort du chapeau, exceptionnellement, un « prix exceptionnel » pour monsieur Resnais ! Monsieur Resnais qui présentait en compète un nouveau film, « Les herbes folles », n’ayant pas été jugé digne de recevoir la palme d’Or, on lui a donc vite fait confectionné une palme de Bronze, ou de Fer Blanc. C’est qu’il fallait le ménager, lui filer un hochet, à monsieur Resnais, qu’il ne parte pas bredouille, pensez, à son âge.

Allez, monsieur Resnais, on ira le voir, votre film, prix exceptionnel ou pas, parce que votre production est en général d’une autre qualité que les nigleries habituelles ; et, tenez, je vais vous l’écrire, votre discours de remerciements, au lieu du sirop poli et convenu que vous leur avez servi : « Mesdames-messieurs, je ne suis pas venu ici pour recevoir une suçette. Si mon film n’était pas digne d’un prix dans le cadre de ce palmarès, ce n’était pas une raison pour m’humilier avec votre merdaille « exceptionnelle » ; des films j’en ai fait, et j’en ferai encore, si j’ai la pêche et le financement, et je n’ai pas besoin de votre kermesse en pingouins pour les faire connaître et apprécier. Allez, salut, votre gadget, là, je vous le laisse, comme je vous laisse à vos embrassades et vos congratulations. »

pcc : Tibert

La fiche rouge

« … parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles » : c’est pour ça que lorsqu’un « jeune » au prénom peu hexagonal est impliqué dans une histoire (un rodeo, un tapage nocturne, une tournante, du kif qui circule, etc…), bref un fait divers, on n’a pas droit à son blaze.

– Donc, qu’il s’appelle Bachir ou Mouloud, Mohamed, Tarek, Hocine… ami lecteur, tu n’en sauras jamais rien.

– en revanche, s’il s’appelle Adrien, pas de problème ! Adrien est cité nommément – voir ce fait divers sur Libé, un mort par 22 long rifle, hier (tapage nocturne, selon les premiers éléments de l’enquête).

C’était notre petite chronique : « A propos de la discrimination positive dans la presse ».

Tibert

Chez ou à

Aller au docteur, au coiffeur, tout ça : expressions malvenues, inappropriées, on le sait ! il convient de formuler ainsi : « aller chez le coiffeur », le docteur… ce qui n’invalide pas d’autres expressions, « aller à Thouars », « aller au casse-pipe », et non pas chez Thouars, chez le casse-pipe.

Mais, sitôt réalisée – pas sans peine – la fusion des deux grosses machines à chômeurs, là, les ASSEDIC et l’ANPE,  avec le doux nom de « Pôle emploi« , les larges masses populaires ont trouvé une délicate expression pour désigner l’entrée au chômage : « aller chez Popaul » : imagé et savoureux.

Une remarque au passage : jamais les fonctionnaires n’auront l’occasion d’aller chez Popaul… c’est pourtant une expérience bien enrichissante, si j’ose cet adjectif inadapté.

Mais Popaul, c’est aussi – outre mon vieux pote Paul, ne pas confondre avec Pol Pot, beaucoup moins sympa – le chibre, la bite, le braquemard, la biroute, le zob, et j’en passe, San Antonio en a développé une liste longue comme… longue comme… bref.

Et en cette matière, il est correct, syntaxiquement s’entend, de dire, d’écrire – puisque qu’écrire, c’est dire à sa page blanche, sans d mais avec écr – qu’on mène la vache au taureau, la chèvre au bouc, et non pas chez le bouc, etc.

Ainsi, il convient de prêter attention à la formulation concernant Popaul : « elle va chez Popaul » ou « elle va à Popaul » : que de différence dans ces deux petits mots tout simples, innocents. Quelle belle langue que la nôtre.

Tibert

Le voleur de bicyclette

Traduttore, traditore, comme toujours : le titre français de ce film de De Sica trahit l’original : « ladri di biciclette« , « les voleurs de bicyclettes », le tout au pluriel ; car il y a d’abord Antonio, 40 ans, qui se fait voler sa bécane par un « jeune », l’empêchant ainsi d’aller bosser, puis, échouant à la récupérer, et voulant néanmoins aller bosser, se résout à en voler une lui-même – et se fait gauler, pas de pot.

Cette histoire triste bégaye aujourd’hui, avec ces mioches de 6 et 10 ans qui se font interpeller à la sortie de l’école à Floirac (pas « arrêter », comme l’écrit Le Monde… « interpeller », nuance ! ) et emmener au poste, sur suspicion de vol de bicyclette. Effectivement, un des 2 vélos a été « emprunté », comme on dit pudiquement, c’est l’euphémisme qui convient. L’autre vélo ? nickel-chrome, il serait d’origine honnête.

Et la France entière de hurler à la Stasi, à la dictature, « salauds de flics », etc. La France entière ? non pas, le courrier des lecteurs de l’Hibernation est très largement dans cet esprit, mais pas tout le monde… et il y a du bon sens, et du vécu authentique – parce que ça m’est arrivé à moi aussi, de me faire piquer des vélos, biciclette, en italien – dans la réaction que je cite partiellement : « Personnellement, j’ai déjà passé plusieurs fois 4h dans un commissariat pour déclarer des vols de vélos, et j’aurais largement préféré que ce soient les merdeux qui ont volé mon vélo qui soient à ma place au poste de police » . Et  je vous invite à lire la suite, tout aussi pleine de bon sens et de vécu.

Il se peut que la méthode des flics de Floirac soit trop brutale. Il se peut que le deuxième vélo soit d’origine honnête, que l’emprunt du premier soit un réel emprunt (avec accord du propriétaire, donc !) : la suite le dira. Mais je reste scié devant ce fait ahurissant : c’est la première fois, à ma connaissance, que la police s’intéresse à un vol de vélo. C’est un début, on va peut-être enfin amorcer un retour à une société normale, où le voleur est poursuivi et puni, où la victime est considérée comme la victime, et non comme un acariâtre et un emmerdeur.

On va peut-être bientôt voir péricliter les revendeurs d’antivols de vélos ! il n’y en aura plus besoin… on va gagner du temps, sans ces putains d’antivols… non, je blague, là.

Tibert

Décentralisation : par Paris, comme d'hab'

Je parcourais aujourd’hui une revue « Demain Clermont » – vous ne l’aurez pas, à moins d’être de la région de Clermont-Ferrand, désolé pour vous, vous y verriez la trombine du sénateur-maire de la ville, monsieur Godard Serge, pas Jean-Luc (deux mandats électoraux majeurs en même temps, donc, pourquoi s’gêner… comme beaucoup d’autres, mais ça n’excuse rien), vous y verriez sa trombine, donc, à presque toutes les pages ousqu’y a des images.

Et on nous tartine encore là dedans sur l’urgent besoin du TGV qui relierait enfin l’Auvergne à… à ?? à ?? devinez… vous avez deviné ? Donc, les élus du coin sont mobilisés, ils rameutent la population, il faut pétitionner, tout ça pour que la SNCF, en se faisant tirer l’oreille (pas rentable, pas rentable), tire une ligne TGV Paris-Lyon, une autre donc, qui passerait « pas trop loin de Clermont-Ferrand » ! Pas trop loin, c’est à dire Montluçon ou Moulins, probablement. D’ici 15 ans, hein, eh oh, doucement. Resterait à mettre un tortillard TER entre la ville élue du TGV, Moulins ou Montluçon, et Clermont, et wouala ! du presque TGV pour Clermont.

Mais, je cite le préfet du coin, monsieur Schmitt, donc, qui s’est occupé du dossier : « Mais pour la desserte de Clermont-Ferrand à Lyon ( 2h15 minimum en TER, pour 200 km, note de la rédaction) on fera le maximum, mais pas à n’importe quel prix« . Traduisons : si on vous fait votre TGV pas trop loin de Clermont, pour la desserte directe de Lyon vous irez vous faire cuire un oeuf !

Je pose la question : en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie, on construirait un TGV non pas entre Clermont et Paris, mais entre Clermont et Lyon ! oui, Lyon. Dans ces démocraties modernes, pas embousées dans le schéma con-centré sur Paris, des métropoles comme Hambourg, Birmingham, Bologne, Turin, Glasgow, Munich, Naples… ont plus d’importance dans leur sphère d’influence que Rome, Londres ou Berlin.

Je vous affirme donc que pour un Clermontois, pouvoir aller à Lyon en moins d’une heure avec une bonne fréquence des trains serait bien plus intéressant que d’aller à Paris en 2h 15. Et en plus, il y a de la cervelle de canut et du tablier de sapeur, du Beaujolais et des bugnes.

Dans le même esprit, relier Nantes et Rennes – comme Metz et Nancy – en 25 minutes par navette rapide serait une bien meilleure idée que de « pousser » la ligne TGV de Rennes… faisant ainsi de cette belle ville une banlieue de la capitale – quel honneur !

Au fait, la région Auvergne tente timidement – sans succès, pas rentable, pas rentable – de promouvoir l’idée d’un TGV Turin-Lyon-Clermont-Tours-Nantes : ça ce serait une idée qu’elle serait bonne, mais allez donc désembourber les neurones de tous nos indécrottables centralisateurs !

Tibert

En tutu, têtus

De nombreux lecteurs inspirent ma plume, et l’un d’eux me suggère de gloser sur la significative corrélation entre une forte espérance de vie et la citoyenneté d’un paradis fisco-bancaire :

– Le site cité ici aligne effectivement Macao, Andorre, Singapour, San Marin, Hong-Kong en un joli tir groupé en tête… d’où la présomption, selon mon lecteur, que les impôts excessifs « nuisent gravement », comme dit l’autre. Certes… mais on ne m’empêchera pas de noter que, sur ce tableau, la France pointe à la 9ème place avec en gros 81 ans d’espérance de vie, quand Monaco ne fait que 21ème, avec un an de moins !! ça vous la coupe, hein ? il n’existe pourtant pas d’impôts à Monaco, qui est aussi un super paradis bancaire. Alors ? alors ? une explication ? si j’étais monégasque et si j’avais 79 ans, je demanderais aussi sec la citoyenneté française.

Une lectrice friande d’infos croustillantes me cite cet entrefilet du Figarôt, selon lequel un Groënlandais a violé la chiennne de son voisin, écopant de ce fait d’une amende de 134 euros. Je ne vois pas là ce qu’il y a de cocasse… la chienne était-elle consentante ? c’est en fait une histoire triste ; des liens très forts peuvent se nouer entre les chiennes de traineau et les voisins. En revanche, je relève l’inexactitude de l’article : le Danemark, dont le Groënland fait partie, a refusé d’entrer – à tort, selon moi – dans la zone Euro ! Il s’agit donc d’une amende équivalente à 134 euros, et non de 134 euros. Les journaleux ne sont pas à une ânerie près.

Non, je voulais plutôt mettre en lumière aujourd’hui, chère lectrice, lecteur estimé, ce fait divers, ô combien significatif : »Le Syndicat national indépendant et professionnel des CRS (SNIP) déplore l’absence, cette année, de fonctionnaires des CRS sur les marches du Festival de Cannes« . Lisez l’article si vous le souhaitez ; le prétexte invoqué ici par les CRS – la sécurité des habitants et des festivaliers – n’est qu’un minable écran de fumigène. En fait, remplaçant les petites danseuses en tutu au long des mythique marches du Palais du festival, il est loisible de se rincer l’oeil, d’apprécier le chic de la chute de reins de Penelope Crouse, le décolleté au relief explosif de Béatrice Quedalle… c’est quand même plus motivant que d’accompagner le Petit Nicolas au long de ses déplacements houleux, souvent ponctués, qui plus est, de tomates et d’oeufs pourris.

Il n’en reste pas moins que des petites danseuses, c’est plus mimi que des CRS sur les marches du Palais ! la solution, ce serait peut-être de choisir des CRS femmes, et de les habiller en tutu pour sécuriser le festival ?

Tibert

Pas "pour", c'est forcément "contre" ?

Il y a des termes qui nécessiteraient des précautions oratoires, des commentaires, des développements. Terrain miné, sinon minet.

Exemple : « homophobie ». On nous tartine sur l’homophobie : les canards, Act’up, tout le monde « progressiste » nous bassine sur l’homophobie, sur la Gay Pride, slips léopard, talons vertigineux et musique boum-boum-boum à fond à fond à fond (pourquoi faut-il en être fiers, hein ? et le proclamer en Rosbif, en plus ? est-ce que je suis fier de mes goûts, moi ? ni fier ni honteux, il sont comme ils sont, et c’est ma vie privée, point barre). Bref, nous enjoint-on, combattons, combattez l’homophobie, l’homophobie au boulot, l’homophobie dans la vie, l’homophobie chez ma crémière…

Précisons : l’homophobie, c’est un sentiment négatif envers l’homosexualité et / ou les homosexuels. On n’aime pas les homosexuels, ou on les craint, ou l’homosexualité nous rebute… et alors ? pourquoi faut-il combattre l’homophobie ? hein ? je n’aime pas la soupe aux choux : pourquoi diable devrais-je me forcer à aimer la soupe aux choux ? pourquoi tenterait-on mordicus de me faire bouffer de la soupe aux choux ? si je vis bien comme ça ? si ça ne « nuit pas gravement à votre santé » ?

Si, en revanche, j’avais la prétention d’interdire à quiconque d’aimer la soupe aux choux parce que personnellement je ne l’aime pas, j’aurais bien évidemment grand tort. L’innocuité de la soupe aux choux étant établie (et l’innocuité de l’homosexualité étant supposée établie itou), que ceux qui aiment ça s’en bâfrent jusqu’aux yeux si ça leur chante !

Homosexuels, aimez-vous comme ça vous plaît, c’est votre droit le plus strict ; mais arrêtez de réclamer que tout le monde vous aime – est-ce que tout le monde m’aime, moi ? – soyez fiers si ça vous chante, mais veuillez admettre qu’on n’ait pas vos valeurs.

Tibert

Le respect se perd

Au vu de ce que je lis (que ce soit sur ce journal-sur-Toile, ou les autres, tous rapportant à peu près les mêmes faits, soit le surinage d’une prof’ de maths de 5ème par un « apprenant » de 13 ans – élève, ça fait plouc, on dit « apprenant » chez les pédagos de l’Educ’Nat’ en débine – parce qu’elle refusait de lever une sanction consécutive à un devoir non rendu…, à lire ça, donc, je me félicite des propositions du ministre Darcos, concernant l’équipement des établissements d’enseignement en portiques de détection d’armes. Il faudrait y ajouter, pour éviter tous ces petits incidents qui gâchent l’ambiance, la fouille au corps des élèves, des maîtres-chiens à l’entrée pour renifler les cartables garnis d’herbe, quelques miradors pour guetter la possible survenue de bandes de zivas encapuchonnés en expédition intrusive, et bien évidemment des casques lourds et des gilets pare-balles pour les enseignants, dûment entraînés par ailleurs au close-combat.

Le pire n’est pas là : il semblerait qu’au cours de l’échange verbal entre la prof’ et l’apprenant – l’ apprenant au centre du système, comme on vous le serinerait en IUFM – celui-ci aurait dit : « bien, je vais TE tuer ». Voilà où nous en sommes, le respect se perd… on se permet de tutoyer les enseignants, maintenant… le respect se perd.

Comme le dit le recteur du coin où ce fait divers s’est passé,   « Désormais, il y a beaucoup plus d’enfants venus de milieux défavorisés. C’est le choc des cultures ». Eh oui, vous comprenez, dans les milieux défavorisés, on surine, que voulez-vous, on règle les devoirs pas rendus à coups de poignard, c’est culturel. Et il faut préserver cette richesse, cette diversité plurielle… si si.

Le choc des cultures, le choc de la lame du surin d’un gosse de 13 ans sur la 3ème côte gauche de sa professeure (*)  de  maths, qu’il tutoie.

L’Educ’Nat’ se porte à merveille ; l’apprenant est bien au centre du système, et envoie les enseignants à l’hôpital, après les avoir tutoyés.

Tibert

(*) Les castreurs/casse-burnes de la bien-pensance ont décrété qu’on doit écrire « professeure », c’est le respect, ça… qu’on tutoie, qu’on surine, soit, mais la professeure ! non mais…

Va savoir !

Les sujets du jour sont légions…

– du Papam en visite en Israël et Palestine, qui a trouvé très moche le mur de la honte (pas celui en grosses pierres où l’on se lamente, l’autre, là, le gris, genre Berlin-Est, en béton…),

– aux interrogations sur les conséquences de la loi Hadopi-hadoptée massivement par des gens dont plus des trois-quarts n’ont jamais téléchargé de zizique ni de films sur la Toile. On y reviendra, car il faudrait, paraît-il, que chaque internaute installe sur sa bécane un « mouchard » pour prouver sa bonne foi ! Tous présumés coupables, donc, et tous sur Wouinedose de Microsofte, car le « mouchard » ne cause ni logiciels libres, Linux et assimilés, ni Appeul-La pomme  ! ça s’appelle de la vente forcée. Au reste, que fera ce mouchard, à part nous espionner ? toutes les craintes sont possibles… le Grand-Frère est là, chers z’auditeurs, et vous observe.

– et aux occupations de facs, le grand bazar, le fourre-tout de tous les malentendus. Là ce n’est pas du Hadopi, c’est du LRU. Bon, on lit tout et le contraire de tout là-dessus ! Par exemple, le Modem nous balance ceci :

« Il semble aujourd’hui impératif de rappeler que l’université est un des rares lieux d’apprentissage de connaissances et d’outils critiques enseignés non pas dans un but directement utilitariste mais surtout dans une démarche de gratuité qu’il est essentiel de préserver dans une société souvent matérialiste et utilitariste. »

Et a contrario, la palme du malentendu, du contresens, de la terrible méprise, revient à cette étudiante en Histoire à St Etienne, qui glose pour le Figarôt :

«En tant qu’ancienne étudiante de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, je soutiens totalement le blocage du campus Tréfilerie (…) Les étudiants stéphanois comme leurs collègues des autres universités en ont ras le bol de faire 5 années d’études supérieures pour ne pas avoir d’emploi au final.
Titulaire moi-même d’un MASTER 2 Histoire en 2005, je ne cesse depuis de galérer admissible une fois au CAPES pour être refusée l’année suivante. Aujourd’hui je gagne 500 euros par mois… Les étudiants Stéphanois ne veulent pas de cet avenir là et je les comprends. L’Université produit des fonctionnaires mais l’Etat n’en recrute plus. Donc il ne faut pas s’étonner que ca pète !!!
»

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le Modem et l’étudiante citée ci-dessus n’ont pas le même point de vue ! ou bien les facs sont là pour former à un  métier – allez, lâchons le mot, pour former des profs, quoi d’autre ? dans le cas précis des filières d’Histoire -, ou bien pour apprendre et apprendre à réfléchir.

Allez, je vous donne quelques repères, garantis « perso », pour orienter le débat :

* les facs dispensent un savoir, et des méthodes pour travailler. Elles ne forment pas à des métiers ; pour cela, il y a des filières professionnelles.

* Les facs ne forment pas des fonctionnaires, ça se saurait… il y aurait un contrat…

* On peut être instruit et pratiquer un métier non « intellectuel » ; il n’y a aucune contradiction à bosser comme étalagiste, ou horticulteur, ou réparateur d’ascenseurs, et posséder une maîtrise de Philosophie, ou d’Histoire, ou de Lettres classiques : un horticulteur qui a étudié Hegel et Spinoza vit mieux qu’un horticulteur qui n’a jamais lu que Poilant-magazine et Pif-Gadget.

* Le travail manuel est aussi noble que la production de pensée. Et ça paye souvent mieux ! Et ça n’empêche pas de penser…

* Vouloir que les facs forment à un métier – ce qui est une tragique méprise – et refuser tout partenariat des facs avec les entreprises, c’est comme demander à un cul-de-jatte de s’inscrire au saut en hauteur.

* En cette époque de grand brassage de populations, où les distances sont abolies, où le terrassier vient du Sri-Lanka et le toubib de Lituanie, pourquoi diable faudrait-il que toutes les fac’s de France dispensent pile-poil le même enseignement  ? Si la fac’ de Neuneu-les Mines a un super Mastère en Histoire de l’Art, tant mieux pour elle et les étudiants en Histoire de l’Art qui s’y inscriront ; et que le meilleur gagne.

* Prétendre que l’enseignement supérieur doit rester gratuit, c’est se foutre du monde et c’est démagogique. Il est déjà payant, et depuis longtemps.

Allez, à la prochaine.

De l'utilité du Y

Nous disposons, pour nous exprimer clairement, ou pas, de 26 signes, dont le petit dernier, le W, un immigré, déjà, en son temps, naturalisé vers les années 1950. Et pour fignoler le tout, des accents : ne les oublions pas, ces accents qui nous permettent de faire le distingo entre la cote, la côte et le côté, la pêche, la pèche et le péché. On a même la possibilité de différencier le con et le çon, grâce à la cédille, la çédille, devrait-on écrire…

Et la ponctuation, donc ! ces simples, discrets, mais indispensables signes, qui rythment le discours, et nous évitent tant de contresens :

– Le curé, dit le maire, est un con.

– Le curé dit : le maire est un con.

C’est bien assez pour former tous les mots dont nous pouvons avoir besoin, et au delà  – largement suffisant ! et qu’avons nous besoin des mots du Rosbif pour compléter nos lacunes, alors que le glavule, la gaupière, le thimuret, les esbarres, sans oublier le séjiot, le blumet, la mirochite…. nous attendent, muets pour le moment mais prêts à servir vaillamment notre belle langue. Il suffirait de contrer chaque tentative d’infiltration du Rosbif par un mot issu de notre combinatoire : tenez, « snowboard » ? c’est moche, « snowboard », pas latin du tout. Substituons-lui « bouronne », ou « polchère », par exemple. C’est chouette de glisser sur sa polchère, dans la poudreuse…

Et puis, s’agissant des substantifs dérivés des adjectifs : quel potentiel !! que de perspectives exaltantes, phonétiquement excitantes, de la bravitude – un classique, déjà – à la molléité, de la coquettité à la dubitativation.

Quant aux verbes destinés à incarner l’action associée à un substantif ou un adjectif… trace, tracer ; verbe, verbaliser, concept, conceptualiser ; bêche, bêcher ; juste, ajuster… quelle aisance, quand on songe qu’ils sont quasiment tous du premier groupe- tel « acter », et le non moins atroce  « solutionner », que des locuteurs barbares utilisent de préférence à « résoudre », du fait qu’au subjonctif ça pose moins de problèmes…   que c’est simple, direct : de tout substantif jaillit un verbe, comme de la circulation d’une bonne bouteille jaillit la bonne humeur !

Mais où veut-il en venir, nom d’une pipe ? vous dites-vous in petto… pourquoi cette logorrhée sur la langue française ? eh bien, c’est délicat, ça nécessite ders précautions oratoires, ou plutôt clavières… hier matin, comme d’hab’, je parcourais la presse sur la Toile ; il s’agissait d’un sondage sur la question : « M. Kouchner va voter UMP aux élections européennes : l’approuvez-vous, ou non ?  » Sans la moindre hésitation, je cliquai du mulot sur « oui » (*). En réponse, une nouvelle page m’informa que mon sentiment dominait largement ; en prime, on me donnait des commentaires divers et variés sur le sujet…

L’un des commentaires disait en substance : « il faudrait analiser la question de savoir si blablabla… » : analiser !! voilà comment d’un adjectif relatif à un muscle lisse on dérive une action… en d’autres termes, de l’utilité de l’ « y ».

(*) Voter PS ? où ça, le PS ? cet ectoplasme, là ? vivement que le PS s’autodissolve, Mitterand est bien mort ! et que les « gauchos » rejoignent Mélanchon, Buffet ou Besancenot, les « modérés » ralliant Bayrou ou Royal dans un cadre repeint à neuf.