Surf sur la crise

Tiens, cette nouvelle intéressante, pour moi du moins, car elle apporte de l’eau à mon moulin, du grain à moudre (à mon moulin, derechef (*)), des munitions (à mon artillerie) : « La Cour des Comptes épingle les dépenses de l’Assemblée » (in Le Figarôt) .

Eh oui, pourquoi se gêner ? on fait les lois, il suffit donc de s’en tailler de bien mignonnes, sur mesures. Que le vulgum pecus fasse carême, coure les Remiseurs Durs à la recherche des spaghetti les moins chers, bouffe des patates, fasse du vélo, mangebouge (**) ; entretemps, pendant la crise, les représentants du peuple se tartinent des revenus bien épais, sans compter les avantages en nature. Les revenus les plus épais d’Europe, tout simplement.

Le Sénat n’est pas plus vertueux ? ah ça non, certes. C’est une bien belle excuse.

On a guillotiné Louis XVI, mais l’Ancien Régime est toujours bien là. La crème se sucre.

(*) Hein, derechef ! vous l’aviez oublié, celui-là ! Oui, chef. Bien, Chef. A vos ordres, Chef.

(**) Mangerbouger, c’est à dire essayer de bouffer au moins 5 légumes ou fruits par jour tout en marchant au moins 30 minutes. Ca fait 6 minutes par légume ou fruit.

Assis !

Un signe, léger, une petite musique, juste une vibration… mais tout de même : pas une, mais deux manifestations de ce retournement ( quel mot bien trouvé ! ) dans les us et coutumes masculins… serait-ce la fin d’une ère ?

Dans les toilettes de JPC, une connaissance à moi, ma femme me dit avoir pu contempler – en face du trône, donc – un double pictogramme représentant d’une part, un homme urinant debout, image barrée de rouge, et à ses côtés, un homme assis (sur la lunette), image cerclée de bleu.

Suite de l’histoire… hier, discutant avec mon plâtrier-peintre préféré la teinte des murs des toilettes, nous parlions de ce qui se voit quand on est debout face à la lunette, et de ce qui se voit assis sur ladite lunette… et de constater qu’hommes et femmes n’ont pas toujours la même vision. Et le peintre de s’exclamer : ah non, pisser debout, pas question, c’est dégueulasse, on en fout partout, la lunette est pleine de pisse !

Etonnant, non ? troublant, n’est-ce pas ? la fin annoncée de millénaires de posture debout, de machisme urineur, de supériorité masculine ?  debout, on domine la situation et la lunette des toilettes, on vise là où l’on veut, ou comme on peut, tandis qu’assis… il faut, comme les femmes, se déculotter !

Relativisons, toutefois… qu’un homme, dans les lieux ad hoc, s’asseoie pour pisser, pourquoi pas ? si la lunette est sèche et propre, si l’on a un peu de temps devant soi (tournant le dos à la chasse d’eau, donc) pour penser – la posture assise, face à un lave-mains, me met d’humeur rêveuse, si la géométrie de la cuvette est telle que le petit robinet ne frotte pas la porcelaine de ladite cuvette – ce qui est largement aussi dégueulasse, sinon plus, que les lunettes mouillées de pisse, why not ? mais dans la nature, hein ? en balade en forêt, au bord d’une départementale ? là, c’est une autre chanson !  La gent masculine réaffirmera sa singularité debout, et je parie un paquet de cahuètes que mon peintre ne se déculottera pas. Surtout s’il pleut ou que l’herbe est mouillée.

Et, somme toute, si TOUS les hommes se mettent à pisser assis, d’accord, c’est plus propre ; mais les arroseurs de lunettes en biais sont encore largement majoritaires, et nous avons encore du pain sur la planche, si j’ose dire.

Mets-moi z'en un

On s’en tape des z’élections aux USA, de la crise, des milliards refilés aux banquiers pour qu’ils puissent continuer à amasser ou claquer du fric stupidement ou subtilement ; ça c’est de l’écume de l’info, ça s’en va et ça revient, c’est fait de tout petits rien…(*)

Non, franchement, hier à table j’entends le cousin par alliance lancer à la cantonade et à propos d’un canon de rouge (un verre de vin rouge, faut tout vous traduire !) : « tiens, passe-moi-z-en un ». Mon sang n’a fait qu’un tour (… avant de continuer à tourner, sinon je ne serais plus là pour vous le raconter).

Car quoi ! « Passe-moi-z-en un » !! ou bien « Mets-toi-z-en deux » : infect, hein ? On dit bien « Mets-lui en deux », jamais « mets-lui-z-en deux » ? non ?  pourquoi ce « z » idiot ? cette liaison scandaleuse ?

Autre exemple : supposons que nous établissions un ordre de passage sur une activité quelconque, disons une course de relais… on se numérote un, deux, trois etc… et je dis : « ce sera moi en un » ;  jamais, non jamais je ne dirais « moi-z-en un ».

Donc mon cousin a tort, indéniablement. Eh eh. Allez, remettez-m’en un (canon de rouge).

(*) je sais, c’est du Claude François. Mais par delà Claude François, le lecteur averti (qui en vaut deux, vous voilà avertis) aura noté cette orthographe : « petits rien« , et non pas « petits riens ». Car, cher lecteur, chère lectrice, multipliez rien par ce que vous voulez, ce sera toujours rien !! Surtout quand ce sont de « tout petits rien », c’est même Cloclo qui le dit.

Marcelle m'harcèle

J’ai lu ça hier dans Libé … « Et nous sifflerons encore cet hymne national« , article – brûlot devrait-on dire – écrit par M. Pierre Marcelle, que je ne connaissais pas, mais qui gagne à être connu (J’ai bien connu il y a longtemps UNE Marcelle, mais passons).

M. Marcelle affirme « qu’il sifflera encore etc etc… » : d’abord, c’est ambigu : moi aussi je siffle la Marseillaise, mais en sifflotant (sol sol sol do do ré ré sol, mi do…) : lui la siffle, mais par des sifflets. Et là où je ne mets aucune intention critique en sifflant, lui, si. Donc « siffler », ça peut s’entendre de diverses façons… la conspuerait-il, notre Marseillaise, je comprendrais mieux.

Bref, M. Marcelle professe dans cet article une aversion résolue pour un tas de concepts, symboles, attitudes, le sabre et le goupillon, la dévotion à soeur Emmanuelle, la révérence au Petit Nicolas, l’empressement de la police à retrouver le scooter et les fraudeurs au compte bancaire, bref tout plein de choses. Il est mécontent et en rogne, M. Marcelle.

Je le rejoins sur pas mal de points, et je reste baba devant la célérité avec laquelle les deux escrocs au compte bancaire de M. Sarkozy ont été gaulés : qui a dit que notre Police était inefficace ? hein ?

Mais personnellement, je ne vois aucune raison pour compisser notre drapeau, conspuer notre hymne, « conchier l’armée française dans sa totalité » – citation d’Aragon (*) : si la politique de notre pays présente des aspects critiquables, voire odieux aux yeux de certains, ce n’est pas une raison pour balancer à la poubelle toute une histoire, l’Armée du Rhin et j’en passe. En fait, j’ai le sentiment d’appartenir à une communauté historique, culturelle, linguistique, géographique, culinaire… bref à mon pays. Que la politique de mon pays soit sujette à critiques, soit, mais c’est sur un autre plan que ça se passe : la Marseillaise n’est sans doute pas le plus bel hymne de tout l’Ouest – paroles archaïques et décalées, musique pom-pom-pom – mais bon, si c’est notre hymne, va pour la Marseillaise.(**)

D’autre part, si M. Marcelle vitupère « le Taser d’Alliot-Marie et ses policiers matraqueurs de Montfermeil« , il oublie de vitupérer les mecs qui foutent le feu aux poubelles et appellent les pompiers pour pouvoir les caillasser du haut des immeubles des cités. Il écrit aussi que lesdits immeubles sont dégueulasses, mais oublie de noter que c’est en partie parce que certains dans ces cités s’amusent à bousiller les boîtes à lettres, tagger les murs, dézinguer les ascenseurs, pisser dans les cages d’escalier et squatter les caves à des fins personnelles.

Et les « immondes déferlements de haine raciale »  dont fait état cet article, il y en a des deux côtés, me semble-t-il.

(*) Autre citation d’Aragon, qui ne conchiait pas n’importe quoi :

« Vive le Guépéou contre Dieu Chiappe et la Marseillaise
Vive le Guépéou contre le pape et les poux
Vive le Guépéou contre la résignation des banques
 »

Pas mal, hein ? en 1931, ce poème délicieux à la gloire des sbires du stalinisme.

(**) Personnellement, je préfère l’hymne allemand, non pas les paroles, « L’allemagne par dessus tout« , assez cucu aussi, voire carrément désagréables, vu ce que ça nous rappelle, mais la musique : un superbe quatuor de Joseph Haydn – évidemment, le combat est inégal, Rouget de Lisle contre Joseph Haydn ! ça c’est un hymne qu’on aime « siffler » (do, ré mi, ré, fa, mi, ré si do…)

Oui, madame Schmurtz, vous avez gagné !

On apprend que la CAMIF est en cessation de paiement.

La CAMIF, la coopérative des pédagos, LE catalogue CAMIF… à la dérive. Incroyable, non ? non. Normal, comme la Reboute, qui aurait dû s’en (re)douter.

Régulièrement je recevais des courriers (des « mailings« , en jargon de pub’) de la CAMIF : 8, 10 bouts de papier en vrac, des enveloppes T, des bons, le tout en liasse, vantant une remise extra-super sur les chaussettes en coton, ou une promotion exceptionnelle sur les boutons de porte, ou une baisse des tarifs sur les pages 492 à 495 du catalogue, sauf les articles bzzz bzzz bzzz… etc. Quasi les méthodes de la Reboute ou des 3 Chuiches, sauf peut-être un poil moins de rentre-dedans (« Oui, madame Duval, vous avez gagné cette magnifique montre-cuiller à café en véritable bronze plastifié ! Renvoyez vite votre bon de participation, ne laissez pas passer cette chance unique…« ).

Quand on en vient à ce genre de merdouilleries, c’est que la fin est proche…

Adios CAMIF, comme Dubo-Dubon-Dubonnet, comme « Dop-dop-dop », comme « Chers z’amis, bonjour ! » ; mais sûrement pas « à demain, si vous le voulez bien ».

Stupide système

Le Figaro du matin, chagrin, se lamente sur les malheurs des Hypermarchés : « toujours en berne, malgré les promotions« . Et de nous expliquer qu’ils sont obligés, pour faire face à la montée des Remiseurs Durs (les hardes dix counteurs, si vous préférez) de faire des tonnes de pub’.

Idiot ! Vraiment idiot. Ils n’ont rien compris. On s’en fout des promos, des bons de réduc’, des semaines anniversaire : on veut des prix corrects, quel que soit le jour de l’année.

Pas d’arnaques.

Pas de lots de 4 plus chers que 4 paquets unitaires.

Pas de yaourts à un prix décent à partir de 48 pots, pas moins.

Pas de prix à 19,99 tout pleins de ,99   ,99  ,99

Pas de laitues à 0,89 quand le maraîcher du coin vous les fourgue à 0,20

Pas de tomates de Hollande dégueulasses quand on peut en avoir des correctes à côté avec une marge un poil moins bonne

Pas d’abricots sans goût à 7 euros le kilo, de salades bourrées de flotte, de haricots verts du Chili…

Pas de zizique inutile et abrutissante (chez les Remiseurs Durs, c’est le silence reposant…)

Bref : un de vos confrères spécialisé dans le bricolage annonce : « Des prix bas toute l’année » : je n’ai pas la naïveté de le croire sur parole, mais disons : des prix corrects toute l’année, et au diable vos promos racoleuses.

Et dépensez donc votre budget de pub’ ailleurs : baisser vos prix sur les fruits-et-légumes, par exemple… ça pourrait être utile.

Remodelages statistiques

On apprend, de source digne de foi, que notre gouvernement veut « délocaliser » un millier de salariés de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) à Metz, chef-lieu du département de la Moselle.

On découvre ainsi que nous payons des impôts pour nourrir une forte population d’environ 9.000 fonctionnaires ou quasi tels, employés à élaborer des pourcentages, donc des ratios de dénominateur 100, ou des règles de 3 basées sur 100, si vous voulez une version vulgarisée. Intéressant métier, le calcul de pourcentages… sûrement une fonction régalienne que je ne vous dis que ça : seul un fonctionnaire, un agent de l’Etat peut calculer efficacement des ratios.

Notons également que 1.000 sur 9.000 c’est grosso modo 1 sur 9, soit 11 % à la louche. Moi aussi je sais faire des ratios.

Notons enfin, curieuse coïncidence, qu’on avait annoncé que l’Armée allait rétrécir sérieusement ses effectifs à Metz, chef-lieu de la Moselle : les élus locaux, les buralistes, les magasins de confection de vêtements militaires s’en étaient émus… Serait-ce donc, derrière ce projet de délocalisation, la volonté de réinjecter des effectifs à Metz ? de remodeler le territoire ? de déplacer des populations ? on retrouve ici, en flilgrane, certes, mais indéniablement il y a de ça, le grand Staline, initiateur de remodelages de populations, à l’origine du déplacement manu militari (coercitif, si vous voulez… forcé, quoi, pour faire simple *) d’une quinzaine de minorités nationales.

Les statisticiens de l’INSEE seraient-ils une minorité nationale ?

(*) où est le plaisir d’écrire, si on ne peut même pas se payer un petit manu militari ?

Concours d'âneries

L’affaire des beurs siffleurs (d’origine tunisienne, ceux-là, paraît-il)  pendant l’exécution musicale de l’hymne national, lors du récent match « amical » entre les footeux Français et leurs collègues Tunisiens, a retenu toute mon attention.

Non que je veuille ici stigmatiser, commenter, gloser sur ces démonstrations de haine. D’autres s’en sont chargés. Et puis voilà des citoyens Français qui sifflent leur propre hymne : masochiste, non ? auto-flagellatoire. Une ânerie collective.

Mais suite à ces débordements nauséabonds, le gouvernement a organisé un concours de réactions stupides. Et c’est le propos de ce billet que de décerner la palme d’or, incontestable, et haut la main,  au Secrétaire d’Etat aux Sports (entre autres), M. Laporte : il propose d’organiser les matchs France-pays maghrébins soit dans ces mêmes pays, soit en Province !

Il n’y a a donc pas de Maghrébins en Province, c’est ça ? ou bien les sifflets haineux des beurs de Lyon, Bordeaux, Marseille, Toulouse… sont moins dérangeants ? ça offense moins la République ? la Province, c’est rien que des bouseux, ça compte pour du beur ?  à Paris, on s’en fout ? c’est ça ?

… têt’ de veau, décidément !

Mutandis par ailleurs

Relisant mes derniers billets, y traquant la faute grammaticale, d’accord (d’accord ? d’accord, c’est rare), la tournure bancale, je tombe sur mutatis mutandis… et de me demander, in petto, ex abrupto, nolens volens, bref de me demander : « quel en est l’équivalent en Français ?  »

L’équivalent de « ayant changé ce qui devait l’être » ? ou, autre formulation « une fois changé ce qui devait être changé’ ?? clairement, il n’existe pas de formule de deux mots, aussi brève, courte, percutante dans notre langue.

On peut, cependant, néanmoins, toutefois, en retournant la proposition, donc en considérant que ce qui ne doit pas être changé reste inchangé, écrire ou dire, bref émettre que « toutes choses égales par ailleurs » (« par ailleurs » = si l’on veut bien prendre en compte le fait que les changements nécessaires ont été opérés) est un équivalent de mutatis mutandis. Equivalent bizarre, certes, à contrepied du latin, et puis longuet, façon dialecte ou jargon administrativo-juridique.

Donc, recouchons-nous rasséréné : mutatis mutandis = toutes choses égales par ailleurs. Tout va bien.

Je vous l'avais bien dit !

L’excellent « Monde’ de ce soir apporte de l’eau à mon moulin : « Les médias parlent-ils trop de la crise ? » s’interroge-t-il.

Mon billet des jours derniers (et non pas des derniers jours, eh ho, c’est pas l’Apocalypse ! ) intitulé « Va, petit, mousse !  » n’avançait pas autre chose : oui madame, les médias en font trop. Ou plutôt, en on trop fait, car maintenant que la Bourse, que les Bourses reprennent quelque couleur, il va falloir tartiner sur d’autres hypothèses.

L’élection d’Obama ? la baisse éventuelle du prix des fruits et des légumes, scandaleusement chers ? l’affaire Clearstream ? Journaleux, mes amis, à vos plumes !

A propos de plumes : « Plumier » : dans le train ce matin de bonne heure de bonne humeur, j’avisais un accessoire de mon siège qui ressemblait furieusement à un plumier. Et de me dire, tout chose, que je faisais partie de ceux, bientôt rares, qui savaient encore ce qu’était un plumier. Ce mot disparaîtra sans doute, happé par la disparition des plumes, Sergent-major ou pas, et concomitamment des encriers tronconiques de porcelaine blanche fichés dans un trou au coin gauche du pupitre de l’écolier.

Fin de la séquence Nostalgie.