Du sushi à se faire

Le Japon serait, aux dires – aux écrits, plutôt – du Monde, un des gros responsables de la surpêche du thon rouge de Méditerranée : il en importe au moins 70% du tonnage produit. Je comprends mieux pourquoi les pêcheurs français se font tirer l’oreille à respecter les quotas : voilà un poisson qui se vend sans problème, un débouché juteux.

Il paraît que le thon rouge est énormément utilisé pour faire les sushis. Le Monde nous informe que les sushis, ce sont des « boulettes de riz surmontées d’une tranche de poisson cru« . Voilà qui est cocasse… les boulettes étant sphériques en principe, les tranches étant planes, comment un plan tient-il en équilibre sur une boule ? mystère de la physique culinaire japonaise, qui nous a déjà mystifiés avec le surimi, ce machin totalement industriel de couleur orange qui se découpe en rondelles comme du radis.

Comme par ailleurs, on nous apprend qu’il y a là-bas, dans l’archipel nippon, des « restaurants de sushis « à la chaîne », qui passent sur un tapis roulant devant le client attablé au comptoir« , je reste perplexe, imaginant ces tranches de thon équilibristes, circulant inlassablement sur leur tapis, telles des valises sur un carrousel d’aéroport.

Force est donc de constater que le journaleux du Monde – on lui pardonne, et on le comprend – n’a jamais foutu les pieds dans un bar à sushis, incapable qu’il est de donner de ces machins une description exacte. Je vais y rémédier : le sushi, c’est un gros cylindre de riz bien sec, dur, compact et bourratif, préparé de la veille ou de l’avant-avant-veille ; accessoirement, et pour que le riz ne fiche pas le camp (peu probable, c’est du béton), on le roule dans une fine-fine-fine pellicule de chair de poisson (pas beaucoup, hein ! ), façon papier à cigarettes, et pour éviter que ça se défasse, on entoure ça d’un machin brun, telle la cape des cigares, sauf que ce serait plutôt de l’algue que du tabac. Et un point de colle pour faire  tenir tout ça ensemble.

Reste à couper le cylindre en rondelles, qu’on lance sur le tapis roulant ; pas comme des roues, mais à plat, pour qu’elles ne s’échappent pas.

Variante : on répartit ces rondelles par 5 ou 6 – ça fait joli avec des couleurs différentes – dans des barquette en plastique, et hop, 10 euros. Il y a même des gens qui en achètent.

Bon appétit !

Fout'

La postérité retiendra peu de choses de l’évènement qui meurtrit hier soir tant de supporters en jean’s, canapé et boîtes de bière : l’équipe de Fout’ française étrillée – mais à 10 contre 11 par son deuxième ennemi héréditaire, les Transalpins.

En résumé, rapidement, car on va enfin pouvoir passer à autre chose de plus fondamental qu’un ballon disputé par 22 types pendant 90 minutes :

– C’est un jeu, enfin, quoi ! pas de quoi donc se couvrir la tête de cendre. C’est un jeu. On joue, là.

– Les fout’balleurs de peau pâle jouent manifestement aussi bien que ceux de peau sombre, du moins collectivement ; l’Italie, la Suède, la Roumanie, l’Allemagne… l’ont amplement montré. C’est sûrement politiquement pas très correct de le remarquer, mais ça semble pertinent. Donc, contrairement au sprint à pied, où les statistiques sont très largement en faveur des coureurs « de couleur », les dons pour le fout’ paraissent harmonieusement distribués parmi les origines raciales.

– Les tirages de maillot, tacles vicieux, ceinturages par derrière, écroulements spontanés et feints… toutes manoeuvres frauduleuses donc interdites, sont monnaie courante, de tous les côtés ; pas une équipe pour racheter les autres. Là aussi c’est harmonieusement distribué. Pas très beau, ça…

– L’équipe de France a mal joué, elle quitte la compète, quoi de plus normal ?

– Le sélectionneur va se faire traîner dans la boue : il le sait, il est très très bien payé pour ça, vous pouvez y aller. Il mérite en effet, de mon point de vue, quelques critiques ; mais chaque Français est un expert mondial en fout’, c’est bien connu.

– Il y aura eu au moins une vingtaine de Français à avoir fait du sport ces derniers temps ; c’est peu, mais c’est toujours ça. Quant à ceux qui croupissent derrière leur canette de bière en éructant « aux chiottes l’arbitre », s’ils chaussaient leurs baskets pour un p’tit footing ? il y a un commencement à tout.

Logan de la Mer Noire

Je vous dirai un autre jour pourquoi je n’accentue pas mes mots accentues : banaux maux de mots, qui n’obereront pas la clarte de mon propos.

Je lis ceci dans une etude du Monde consacree aux tops et aux flops de la bagnole :

Ecologie et « low cost ». Véritable best-seller depuis trois ans, la Logan – le modèle « bas coût » de Dacia – progresse de plus de 50 % malgré un léger recul en mai, imputable aux conséquences du mouvement de grève des ouvriers roumains. »

Donc, le modele « bas cout » entre guillemets, et « low cost » itou : alors, qu’ecririons-nous sans guillemets ? hein ? le modele a Bakou, sur la mer Noire ? que fout-il a Bakou ? il a besoin de petrole, bien sur… mais ce n’est pas en Roumanie !! ou bien le modele a coup bas ? pas tres vendeur, ce truc. Je vais vous dire un truc : pour moi, c’est sans doute au cours d’un remue-meninges de creatifs chevelus que « Logan » s’est vue baptiser, et les fumeurs de moquette tournaient autour de « bas de gamme », « gamme basse », tentaient du franglais la-dessus : low gamme, low gamme… bon sang mais c’est bien sur !! Logan. La bagnole a pas cher, quoi. Y a pas de honte a ca, moi je vais bien acheter mes nouilles chez les dursdiscompteurs.

La peur de dire les choses… c’est terrible.

La sieste au Luco

Le canard le plus intelloche du paysage français apporte de l’eau à mon moulin. Lisez plutôt, et rien que le titre : « Mortel Sénat » ! Cette petite phrase, par exemple :  « Ce ne serait pas trop grave si le Sénat n’était qu’une paisible maison de retraite pour politiciens en fin de carrière… ».

Bon, je fais une fixation sur ce machin qui nous bouffe nos impôts pour rien (pour rien… par pour tout le monde !!!), et qui invariablement, que la Gauche ou la Droite gouvernent, bloque tout, à droite toute, et quelle droite ! Je le redis donc, quitte à radoter : le Sénat est une structure parasitaire et rétrograde, que nous devrions mettre à la poubelle. On ferait plein d’économies, et la vie politique s’en porterait bien mieux.

Serrez-vous la ceinture, braves gens

Contraste, pourrait-on aussi intituler ce billet : ci-joints deux informations issues du même canard, Le Monde d’aujourd’hui.

Les Belges manifestent en masse contre leur baisse de pouvoir d’achat : ils pleurent pour qu’on veille bien, en haut lieu, considérer que le fioul domestique, le gaz et l’électricité sont redevables d’une TVA « réduite », comme toute denrée de première nécessité. Moi, ça me paraît logique…

Le budget de l’Elysée a crû de 8% en 2007. Bon, d’accord, il y a de l’inflation, certes. Mais je croyais naïvement que les temps changeaient, que les « ors de la république » chers à Chichi Tonton Giscard c’était terminé, qu’on avait enfin affaire à un type qui avait enterré la monarchie, moderne, sobre… efficace, en somme.

Naïf, pas vrai ?

La postière et le merlan

Paris, Paris tout comme d’hab’ : un boucan d’enfer partout (la circulation, eh oui, ininterrompue, à vous bousiller les oreilles, en permanence… faut supporter, les bouchons d’oreilles en position ! et puis une p’tite manif’ comme d’hab’, la CGT et la FSU et leur sono pourrie qui hurle « Bella ciao », comme s’il n’y avait pas assez de bruit ! Et des CRS pour encadrer, comme d’hab’… la capitale, quoi.

Bref, Paris. Et, agréable surprise, à la poste de mon quartier, pas de queue ! chat alors (la queue du chat, évidemment). Donc je parviens fort rapidement, c’est inhabituel, au premier guichet libre, en l’occurrence pour récupérer un pli recommandé arrivé en mon absence. Recommandé que je récupère donc (rien de grave, rassurez-vous, une Assemblée Générale très Ordinaire).

Mme la postière me fait signer les papelards, me refile ma bafouille, et… « Je vous mets aussi des enveloppes pré-timbrées ? » … ??? moi, interloqué :

– Pour le courrier que je viens de récupérer ??

– Ah non, pour le cas où vous en voudriez.

– Ah mais non pas du tout. Et puis, comment se fait-ce que vous me proposiez des trucs et des machins que je n’ai pas réclamés ?

– Mais c’est que nous sommes une entreprise commerciale, monsieur.

– Ah là là mais ça me fait penser au sketch de Fernand Reynaud, on y est en plein dedans, l’histoire du gars qui va chez le coiffeur se faire couper les cheveux, et se voit proposer un shampoing, une coloration, des frisettes, une lotion, un brushing… vous voilà donc maintenant à faire comme les merlans ?

– Mais tout à fait monsieur, c’est exactement ça ».

(J’ai eu comme la vague impression que ladite postière ne trouvait pas sa nouvelle mission très à son goût. Mais peut-être me trompais-je ?)

Immo-plouf

Le Libération-Sur-La-Toile de ce matin nous relate que moult agences immobilières vont passer l’arme à gauche, du fait du ralentissement économique dans le secteur, notamment dans les constructions neuves. On ne peut que se réjouir de cette nouvelle, salutaire purge dans un domaine où les requins pullulent, où une seule vente réussie d’un bien à 300.000 euros fait tomber entre 15.000 et 20.000 euros dans les poches de l’intermédiaire, tout ça pour quelques heures de visites et de virées en voiture, et une poignée de coups de téléphone.

En période de boum immobilier ça nous a valu plein de charlatans et d’officines bidon, juste bonnes à rafler du fric facile et à faire encore monter les prix, qui n’en avaient pas besoin ; il est donc heureux qu’aujourd’hui ça s’assainisse quelque peu ; espérons que survivront les sujets viables, les agences qui font correctement leur métier, cherchent et trouvent des biens, s’occupent de leurs clients, connaissent leurs désiderata et tâchent d’y répondre… et ne se sucrent pas exagérément – des oiseaux rares !

Les autres, eh bien De Profundis… ils ont fait assez de blé et de mal comme ça. Et gardons-leur la tête sous l’eau.

Qui sont-ce, qui sont-ce ?

Un article du Figarôt du petit matin, intitulé « 10 ans requis contre les internautes pédophiles« , nous balance, tels quels, froidement, les blases bien franchouillards de deux tristes sires qui envisageaient, fantasmaient, préparaient… c’est selon l’interprétation qu’on en donne – l’enlèvement d’une fillette pour la torturer et la violer. Les seuls faits concrets dans cette affaire, c’est qu’ils échangeaient sur la Toile des ignominies sur leur scénario criminel (fantasmes ou vrais préparatifs, c’est selon ce qu’on veut bien y lire), et qu’ils avaient trouvé un local ad hoc, un vrai local « jouable », si l’on ose parler de jeu. Le procès dira si c’étaient des fantasmes (dégueulasses, les fantasmes, dégueulasses, mais le marquis de Sade a montré la voie il y a fort longtemps, et c’est considéré comme de la littérature), ou une association de malfaiteurs ; ceci étant, et par ailleurs…

par ailleurs, un autre article du même canard du même jour – le parallèle est facile, donc, ne nous en privons pas – nous annonce « 4 mises en examen pour exercice illégal de la pharmacie » ; dans cet article, pas un nom d’individu, juste le nom d’une association. Pourtant ces gens-là ne sont pas restés au stade du fantasme, ont bien escroqué des cancéreux et des malades victimes de sclérose en plaques. Certes ce n’est que de la crapulerie, pas de l’ignominie (quoique, escroquer des cancéreux…). C’est cependant et concrètement beaucoup plus évident ; mais chuuuuuttt, pas de noms.

Seraient-ce des noms indicibles, des noms à consonances étrangères, des noms d’origines Roms (« gens du voyage » en Politiquement-Correct), moyen-orientales, maghrébines, africaines, asiatiques, des noms qu’il serait malséant d’écrire sous peine de se voir soupçonner de racisme ? de xénophobie ? va savoir… justement nous ne saurons pas. Tandis que nos 2 supposés pédophiles bien de chez nous, pas de souci, on peut y aller, pas de racisme en vue. Juste du lynchage : quelle que soit l’issue de leur procès, relaxés ou condamnés, ils resteront marqués au fer rouge.

Hier il ne plut pas

Notre langue, pour autant qu’elle échappe dans les années qui viennent aux mâchoires destructrices des « implémenteurs de bottom-up focusés sur le trend » d’un côté, et des « Keskon en a a 6 ré », sans oublier la troisième mâchoire, celle des « enculé nique ta race », notre langue, donc, a de bien belles tournures(*).

Elle évolue, bien sûr et neanmoins, et, parlée, s’éloigne chaque jour un peu plus de l’écrit. C’est ainsi, et cela s’explique, en cette époque de bruit, bruit qui nous épuise, affaiblit le message, oblige à utiliser le gros trait, la redite, le petit nègre, faute de quoi l’on n’est pas entendu – quant à être compris…

Ainsi ce besoin d’associer systématiquement à l’oral le sujet et le pronom personnel correspondant, comme si le sujet ne suffisait pas à la clarté du propos. « Mon père il est boucher ». « Les fourchettes elles sont dans le tiroir ».

Cette habitude quasi générale est à rapprocher des techniques de dialogue « à distance », tant verbales qu’électroniques. Exemple, nous nous adressons à un proche, pas si proche que ça, puisqu’au lieu de lui dire tout à trac « Paulette, passe donc chez le boulanger acheter du pain », nous procédons en trois temps : « Paulette ? – oui ? – passe donc chez le boulanger… ». Technique de communication fort commune en électronique, où le contenu du message doit être précédé d’une procédure explicite et formelle de connexion, faute de quoi le message se perd. La connexion c’est « Paulette ? – oui ? » ; et dans le parler quotidien, cette connexion, ténue certes, moins explicite, prend la forme du sujet : « Les fourchettes » : oui ? et puis ? les fourchettes ? qu’as-tu avec les fourchettes ? … « elles sont dans le tiroir ».

Voilà. Autre exemple, « hier il a pas plu, il a plu ». Oh, il a plu ou il a pas plu ? il a énormément plu, et ça m’a déplu, et d’ailleurs ça me déprime. Vivement qu’il plaise, qu’il fasse beau. Mon papa il est parti, mais demain il fera beau.

(*) Selon mon dico, « La tournure est un vêtement de dessous ayant existé d’environ 1860 à 1900 ; elle est souvent considérée comme une évolution de la crinoline. Comme cette dernière, elle est placée sous le jupon, attachée juste en-dessous de la taille, et soutient l’ensemble des jupons…« . Un faux-cul, quoi !