Le tolc

On est branché, on est trendy, au Figarôt. On tolque- Je tolque, tu tolques… (verbe du premier groupe, sinon ça devient trop hard) . Ce soir avec Devedjian, c’est le tolc.

J’avais proposé, dans un précédent billet, de donner à cette horreur de « talk-show » un équivalent en béret-baguette de pain sous le bras-camembert sur l’oreille ; il s’agissait de télébavette ou téléparlotte. Ici c’est manifestement de la radio, donc si « télé » reste juste (on est à distance, eh les mecs, donc oui, « télé », je persiste), il est juste certes mais peu approprié en l’espèce. Donc…

« Ce soir, radiobavette : Posez vos questions à Patrick Devedjian« .

Ca vous a quand même un peu plus d’allure.

Faut faire le boulot des scribouilleux, maintenant. Savent plus aligner 3 mots de chez nous.

La gran (Bonux) de vadr (Coca-cola) ouille !

On a des attentions pour les vieillards prostatiques (les mâles, du moins) chez les amuseurs de la télé : bientôt nous aurons droit à DEUX coupures dans les films pour aller pisser, du moins sur les chaînes privées, qui ainsi vont pouvoir se refaire, reprendre un peu de gras, augmenter leurs recettes, distribuer des dividendes décents à leurs chers actionnaires, les pôvres.

D’autant plus que les chaînes publiques, elles, plus rien, zéro réclame, ce qui personnellement ne me chagrine pas du tout du tout. Enfin… zéro réclame, faut relativiser, car dans chaque film récent – Bergman et Lubitsch s’en foutaient – les « accessoires » ne sont pas là par hasard, et si le jeune cadre dynamique roule en Volvo et boit de la Leffe, ou consulte l’heure à sa montre Reverso (c.f. le tout récent « Deux jours à tuer »), et si l’héroïne se parfume au Versace, c’est rarement par hasard. Mais bon, pour les films sur les chaînes publiques : allez pisser et faire vos provisions de bière avant que le film commence, à moins que vous ne le connaissiez par coeur, ce qui est bien possible, si l’on vous balance la 273ème de Rabbi Jacob.

Tandis que chez TF1 et M6, notamment, alors là, 2 coupures : les cinéphiles vont s’étrangler. Déjà que l’unique coupure était odieuse, alors 2 ! Imaginez « Psychose » avec ses 2 coupures, le suspense torride entrelardé 2 fois de Renot-Galcon-Vieux popes-Tampacs-Pepsibémol-Bêle des champs-et vous en louperez plein car vous en profiterez (*) pour aller pisser, boire un coup, ranger la vaisselle, consulter votre messagerie.

Mais les cinéphiles ne s’étrangleront pas. Au vu des programmations de films sur ces 2 chaînes, peu de risques que les cinéphiles s’y collent.

(*) sans oublier de baisser le son quand la pub’ déferle ! ma parole, ils nous croient sourds, ou quoi ?

"LE" prix de la batavia

Ce matin j’vais z’au marché, pittoresque marché de petit bourg ex-vigneron, aujourd’hui banlieue peinarde : la foule du dimanche matin qui feignardise nonchalante entre les étals, les déballages de fringues toutes plus hideuses les unes que les autres, les poulets cuits t’à la broche prêts-t’à bouffer et les fruizélégumes, comme partout, mais aussi de petits producteurs comme on les aime, qui proposent des radis des salades des petits pois des fèves des carottes des blettes des topinambours de l’huile de noix et tout et tout, nature, plein de goût, sorti de terre la veille, frais de chez frais.

Mais cherchant de la salade, que ce soit chez le commerçant le petit producteur le vendeur à la sauvette : un euro la batavia. Un euro la batavia. Un euro la batavia. Pas UN vendeur ne propose la batavia à 90 centimes, 83 centimes, 87 centimes, 20 centimes (rêvons un peu) ; non ! un euro, point.

Bon, je ne suis pas parano, mais quand même, je me prends à imaginer la paire de mecs, grolles en croco, fume-cigare, lunettes ray-ban et costard rayé clair, passant devant les éventaires sur le coup de 8-9 heures et expliquant gentiment aux divers vendeurs : « oh toi, tu vends la batavia un euro, compris ? sinon, il pourrait t’arriver des bricoles… »

Je sais, c’est peu probable. Mais quand même, un tel alignement… sur de la salade…

Dans le même ordre d’idées : la tête d’ail frais, un euro ; les deux, 1 euro 80. Partout partout !! Aucune exception. Des prix de magasins soviétiques, de plan quinquennal, je vous dis.

Enfin, pour la bonne bouche… sur le marché, un p’tit gars sympa vend du pain « bio de chez bio », label « AB », panneau informatif, petites bouchées à déguster. C’est vrai que son pain a belle allure, et qu’il est bien bon. Nous serions preneurs, et en demandons le prix, ne voyant pas d’étiquette ad hoc.

« Neuf euros le kilo » (gloups ! puis silence assourdissant, l’émotion passée)

– mais votre prix n’est pas affiché, réussis-je à articuler, la voix rauque.

– si, ici » ; et de nous montrer, gravé en relief au coin en bas à droite d’un panneau de bois gravé en relief, à peu près illisible dans le paquet de texte qui y est gravé en relief, la fameuse information : 9 € / kg.

On n’en a pas acheté : même à Paris, chez les boulangers huppés et « bio » du bas de Mouffetard, c’est 4,80 le kilo. Soit environ 2 fois moins cher. Et on en a trouvé effectivement de l’excellent à 4,20 le kilo, chez un boulanger voisin. Issu de farine élevée sous la mère, de première pression à froid, moulée à la louche.

Mais y a des gens qu’on a vu en acheter, du pain bio à 9 euros le kilo. Comme quoi, ce n’est pas cher pour tout le monde.

Ma raie chère ?

On a les ministres qu’on peut, qu’on nous donne plutôt… généralement tout ministre un peu chevronné a fait un large circuit par divers maroquins, s’essayant à la Santé, s’asseyant aux Transports avant de se poser à la Justice, valse des chaises qui se pratique depuis très longtemps. Ce n’est pas qu’ils soient mauvais, c’est qu’il faut « rafraîchir » l’affiche, garder un peu de pep’s, renouveler les trombines, sinon le public se lasse.

Celui qui vous vaut ce billet s’appelle Barnier, il a lui aussi fait son circuit, son tour de piste, mais il paraît fatigué, déconcentré, et manifestement il a un urgent besoin de lunettes, myope comme il est. Lisez plutôt !

J’avais déjà commis un billet sur l’opacité de la filière pêche ; voir ce lien. mais ici ce sont des pros, c’est certainement mieux expliqué ; voyez ces morceaux choisis, au fil de ce croustillant article poissonnier du Figarôt :

Le pêcheur : «On n’arrive pas à expliquer au pêcheur comment le prix de son poisson, qui lui est payé 4 ou 5 euros en moyenne le kilo, se retrouve à 27 euros en magasin. » Eh oui, idem pour les consommateurs, on n’arrive pas à leur expliquer, ces 22 à 23 euros de différence. Rassurez-moi, ce fric ne se volatilise pas, quand même ? Il doit bien tomber quelque part ?

Un ponte du circuit poissonnier : «Il n’y a pas un maillon de la filière qui fait des marges systématiques au détriment des autres, explique Michel Peltier, directeur de l’Ofimer (Office national interprofessionnel des produits de la mer), qui a mené une étude approfondie sur la question. Cela varie beaucoup selon les espèces et les dynamiques de marché.» L’admirable langue de bois que voilà !!

La filière est assez simple : les pêcheurs, les mareyeurs (les criées), les transporteurs frigorifiques (souvent les mareyeurs eux-mêmes, ou des sous-traitants), les grossistes (les MIN, marchés régionaux), les détaillants, qui trimballent leur marchandise ou se la font livrer, et les consommateurs. Ils sont six. Il y en a 1 qui vend, 1 qui achète, 3 ou 4 intermédiaires. Pas terriblement compliqué, non ?

Eh bien, monsieur le ponte, il y a un maillon de la filière « au détriment de qui » on fait des marges systématiques : le consommateur. Et si, à part lui, il n’y a pas « un maillon de la filière qui fait des marges systématiques au détriment des autres », c’est que tous les maillons (*) se sucrent (trop) abondamment, mareyeur, grossiste, détaillant. Simple, non ? mais trop compliqué pour le ministre des pêches.

Et, toujours aussi simple : pour que les prix baissent, il faut que ces intermédiaires baissent leurs marges, donc leur niveau de vie. C’est limpide. Mais pourquoi diable le feraient-ils ? pour faire plaisir au ministre des pêches ?

Autre extrait de ce beau discours en bois : « Les possibilités de marges sont plus importantes sur des poissons non nobles, type maquereau, payés peu cher au producteur, que sur des espèces nobles telles le saint-pierre, le turbot ou la sole« . Eh bien wouala ! Si « les possibilités de marges sont plus importantes blablabla…« , croyez-moi, ces possibilités ont été immédiatement exploitées, et pas qu’un peu. Et donc, c’est que les possibilités de réduire ces marges importantes (de 1 à 7, pas mal, non ?) existent !! On peut donc immédiatement baisser les prix de détail sur le maquereau, le hareng, le rouget-grondin, le tacot, la plie, le merlan, le lieu noir, la roussette, la sardine, et je dois en oublier.

Quant aux poissons « nobles »… le turbot ? élevage. Le bar ? élevage. La dorade royale ? élevage. On en fabrique des milliers de tonnes, les Espagnols les trouvent bien moins cher que nous. Poissons nobles, mon cul, comme disait Zazie, qui sur cette interjection ne zézayait pas.

(*) sans oublier notre vorace number-wouane : l’Etat ! TVA, taxe pétrolière, taxes sur les entreprises, à tous les étages il se goinfre.

Virginité de l'ingénieur

Une illustration de ce que produit un préjugé ridicule (qui vous coûte cher, comme disait la réclame de la margarine Astra dans les années 50) : un mariage civil a été cassé car l’époux tout neuf, ingénieur de profession, a constaté au soir de ses noces (l’histoire ne dit pas comment) que sa jeune et tendre n’était pas vierge. Horreur, scandale, honte sur la famille, etc. Et un tribunal bien de chez nous pour annuler le mariage, car en l’occurrence la femme a menti ! L’ingénieur a en quelque sorte été trompé sur la « marchandise ».

Je ne sais pas ce qu’il faut le plus déplorer, l’arriération culturelle et le machisme, ou la bienveillance de la Justice à l’égard de ces requêtes moyenageuses. Il est évident que la jeune épouse a menti par peur (peur de son mari !!), qu’elle n’a peut-être pas eu les fonds pour se faire faire une « broderie » (se faire refaire l’hymen), ou pas trouvé la filière médicale ad hoc ; il est probable ainsi que l’époux a cruellement été décu, privé qu’il était de sa séance de défloration.

Mais quel mariage mal barré ! où est l’amour là-dedans ? la connivence, la confiance, le respect mutuel ? L’intégrité de la membrane compte plus que l’être humain ? voilà qui nous renvoie au sinistre « MSP » de Fourniret, pour qui toute femme est une « Membrane Sur Pattes » ; autant dire que sans sa membrane, ça n’existe plus !!

Au fait, monsieur l’ingénieur, il était vierge, lui ?

Dioxide de chlore en barbouille

La Commission Européenne à Bruxelles, une fois, ayant pour nos grands amis étasuniens les yeux de Chimène pour Rodrigue, ou de Réaumur pour Sébastopol, et désirant tellement leur faire plaisir, veut rouvrir un vieux robinet rouillé depuis 1997.

Il s’agit d’autoriser à nouveau l’importation des délicieux poulets de batterie produits là-bas de l’autre côté de l’Atlantique Nord et « lavés » préventivement à l’aide d’une solution bactéricide. Là-bas, on juge plus simple de tuer les microbes sur les carcasses, une fois les poulets abattus, que de se casser la tête à les élever sainement. Donc, on désinfecte la viande morte à l’aide d’un appétissant mélange, je cite : dioxide de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxydés. Miam !!

Bien évidemment, le protocole de consommation de ces délicieux poulets stipulera qu’il faut abondamment les rincer avant de les apprêter. C’est bien normal. Et bien évidemment les étiquettes seront on ne peut plus claires : « ACHTUNG !! ACHTUNG !! U.S. FOOD ( CHICKEN) MUST BE WASHED PREVIOUSLY – DO NOT SWALLOW etc… ta zoa trekei e pluribus unum bzzz bzzzzz Service consommateurs – BP 69696 Nanterre Cedex – Tél. 08.nn.pp.xx.zz – 0,32 ct d’euro la minute ».

Tous les sachants sachant sacher, anglophones aguerris, chimistes chevronnés, pourront ainsi constater de visu qu’il s’agit de daube, quand les poulets ainsi identifiés se pavaneront sur les étals des volaillers, sur les gondoles des grandes surfaces… donc pas de soucis, pas vrai, sauf que, sauf que…

Sauf que dans les marmites et les faitouts de nos cantoches, restaurants d’entreprises, les barquettes plastoc des néfastes-foudes, sur les demi-baguettes des sandwicheries, grands distributeurs de chicken wings, poulet-mayo, chicken Brest, neuguettses, Quentuqui Fraïd Poulet, et bien entendu sur toutes les tables des restos peu éthiques, qui n’ont strictement rien à cirer de la qualité de leurs produits, pourvu que ce soit bon marché… rien ne nous indiquera l’origine de ces poulets.

Il est question d’une autorisation « expérimentale » de 2 ans. Je suggère que les cuistots de la Commission, à Bruxelles, deux fois, soient astreints durant cette période probatoire à servir systématiquement cette ragougnasse aux fonctionnaires européens, initiateurs de cette ouverture au yankee chloré poulet. Bon appétit, messieurs !

Oh ! sous son crâne jaune, quels délires d'avare !

C’est du Rimbaud.

Il n’a pas pu s’empêcher, l’Arthur, de farcir sa prose de chouettes alexandrins, et que ce soit sur Otto von Bismark et la guerre de 1870 n’y change rien.

Ce texte déniché il y a quelques jours chez un bouquiniste ardennais, texte paru il y a 138 ans dans un éphémère petit canard, le « Progrès des Ardennes », ce texte, dis-je, osé-je, avancé-je, estimé-je… voyons-voir, où en été-je ? ah oui, ce texte sonne bien comme de l’Arthur ! On y trouve des échos des « Assis », ils sont là, tous vieux Bismark, « Noirs de loupe, grêlés, les yeux cerclés de bagues vertes… » ; le souffle est le même.

Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

Et donc, soit le découvreur du canard et de son article rimbaldien est un excellent bricoleur littéraire, faiseur de scoupes lettrés, et c’est quand même assez réussi, soit c’est bien une petite trouvaille que cet article d’un pigiste de 16 ans prétendûment nommé Jean Baudry, alias Rimbaud le poète le plus aimé malgré – et à cause de – sa fin calamiteuse en revendeur de caisses de fusils, cabotant au long des côtes orientales de l’Afwouique.

Ca vous a quand une autre gueule que du texto, non ?

Soles bémolles

Hier j’ai été fort marri car voulant acheter du poisson et des fruits de mer sur le beau et pittoresque marché de la Petite Hollande à Nantes (pluie, pluie, pluie, comme d’hab’) j’ai pu constater que le poisson était rare et peu engageant sur les étals des poissonniers, lesquels se lamentaient de n’avoir plus grand-chose à proposer, rapport à la grève des marins-pêcheurs.

Mais la vie est belle, car hier j’ai déniché un petit thon de 2 kilos bien mignon, à un prix très correct ; et, deuxième joie, j’apprends que les pêcheurs ont obtenu gain de cause et paieront plus ou moins un prix fixe pour le gazole de leurs embarcations, soit 40 centimes le litre.

Heureux pêcheurs ! 40 centimes le litre, c’est 64 euros les 160 litres, soit au pire 100 dollars le baril de pétrole raffiné… alors que le baril de non-raffiné se vend autour de 120-130 dollars actuellement.

Bien évidemment ce sera au contribuable (moi entre autres) de payer la différence … pour que les étals de poissonniers soient correctement approvisionnés, pour que je puisse rétribuer le poissonnier, le mandataire aux halles, le mareyeur, le camionneur, le marin-pêcheur… en achetant du poisson !

Car les circuits de commercialisation du poisson restent, eux, inchangés, intemporels défis au bon sens, qui font qu’un kilo de sole à 4 euros 40 départ criée se vend 32 euros chez votre détaillant, avec de la glace pilée dessous, certes, mais quand même !

Tiens, une dernière, bien bonne : cet extrait sur Yahoo, justement à propos des marins-pêcheurs : « Une opération escargot mobile a en outre été menée dans l’après-midi au sud de Cherbourg par les pêcheurs, rejoints par plusieurs dizaines de motards protestant contre la cherté du gazole. »

L’escargot mobile, en l’occurrence, aurait pu être un bigorneau. Et j’ignorais que les motos roulaient au mazout.

Rom n'est plus dans Rome

Qui saurait, sans l’aide providentielle de la Toile, d’où sort ce vieux bout de vers : « Rome n’est plus dans Rome… » ? oui ? une personne dans l’assistance ? Eh oui, bonne réponse, Pierre Corneille a commis cette affirmation dans ce qui n’est guère passé à la postérité comme étant sa meilleure pièce, Sertorius.
Mais le titre de ce billet n’est pas entaché d’un défaut de « e », non madame. Il s’agit, clin d’oeil triste à Sertorius, de signaler cette campagne anti-Roms qui secoue l’Italie depuis les élections législatives qui ont vu M. Berlusconi reprendre la main, campagne marquée notamment par des incendies de campements Rom à Ponticelli.

Sujet scabreux… les Roms entrés en Italie viennent essentiellement de Roumanie et de Bulgarie ; Roumains Roms, ils ont normalement le droit de circuler en UE comme les Roumains pas Roms, comme tous les Roumains tout court donc !! Le fait qu’ils vivent en campements insalubres, qu’ils restent très à l’écart des circuits de vie normaux (langue, emploi, enseignement), bref qu’ils se comportent en Roms… tout cela n’arrange rien, sachant aussi que les Roumains pas Roms ont eu et ont toujours une solide aversion pour les Roms (faut-il voir dans les récurrentes exactions anti-Roms l’origine du terme pogrom – « pogue-rom » ? )

Il faut dire que c’est un sujet pas neuf du tout du tout, et pour lequel il n’y a eu aucune solution envisageable, la seule initiative radicale ayant été due à Adolf Hitler lui-même, qui voulait en débarrasser l’Europe, au même titre que les Juifs, les homosexuels, les communistes, les trisomiques, les… bref tous ceux qui n’étaient pas de sveltes, sains et blonds aryens comme lui.

Les gitans, manouches, romanichels de mon enfance vivaient en roulotte, par groupes de 3 ou 4, souvent tirées par des chevaux… aujourd’hui c’est la même vie à part, la même méfiance, la même rusticité de mode de vie. Ce qui a changé, c’est qu’ils se déplacent maintenant par armadas de 150 caravanes volumineuses tractées par des camionnettes ; que les gendarmes, quand ils viennent leur rendre visite, se déplacent à 150 aussi ; on se demande pourquoi, à croire qu’ils se méfient…

Et donc, où voulais-je en venir ? ah oui, c’est un problème insoluble. D’une part parce que les Roms semblent, malgré tous les aspects particulièrement désastreux de leur situation – pauvreté, précarité, analphabétisme, assistanat – persister coûte que coûte dans leur mode d’existence anachronique et « en marge » (mais est-ce de leur plein gré ? quid de ceux qui se rangent des caravanes, se sédentarisent, trouvent un travail régulier ?), d’autre part parce que bien évidemment pauvreté et marge riment avec délinquance – tout le monde ne s’appelle pas St François d’Assise – et que la délinquance c’est une plaie, c’est exaspérant , voire parfois tragique pour ceux qui en sont victimes, et enfin parce que toute tentative d’aborder clairement la question se heurte aux interdits du Penser-Correctement (traduisez : pensée culpabilisante et fourrée de bons sentiments).

Gardons donc pieusement au coeur l’image de la roulotte et du romanichel, nostalgique moustachu rêveur qui gratte sa guitare (comme un dieu, d’ailleurs) devant un feu de bois dans la clairière au coin de laquelle paît tranquillement le bourrin-tracteur, tandis que les femmes tressent des paniers d’osier ou rempaillent des chaises. C’était le bon temps. En léger décalage avec l’actuelle réalité, qui nous pète au nez. Mais chuuuut ! Penser-correctement, surtout.

La loi la plus conne de tout l'Ouest

Le Figarôt de ce matin enfonce – ici je plagie un autre canard, LE Canard couin-couin, le vrai, qui j’espère ne m’en voudra pas – le mur du çon : accompagnant la photo de M. Devedjian, secrétaire général de l’UMP, ce texte, je cite :

« Le secrétaire général de l’UMP souhaite que la durée légale du travail soit fixée entreprise par entreprise »

Vous voyez d’ici le texte de loi :

« Pour les Aciéries de Haute-Beauce à Combray (27), 35 heures et trente minutes »

Pour la Biscuiterie Haulait à Dache (97), 36 heures et 20 minutes »

Pour le salon de massage thaïlandais Body-Chocho à Craponne sur Arzon (43), 45 heures »

(…) longue, très très longue liste d’entreprises…

Bien évidemment, la moindre création ou suppression d’entreprise donnerait lieu, au Journal Officiel, à une rectification, amendement, du style « Vu … Vu … Attendu que … Attendu que… décrète … au paragraphe 37 B alinéa 412 la phrase « Bzzzzz » est remplacée par « Cxxxxkskskks ». Simple, non ?

Bon, bien entendu, M. Devedjian aurait pu souhaiter, en revanche, que « la durée légale du travail fasse place à une durée normale définie entreprise par entreprise », ou que « la durée légale du travail soit définie comme étant au libre choix de chaque entreprise », ou toute autre formule stipulant, en fait, que la durée légale du travail, il n’y en a plus, vu que chaque boîte en décide seule.

Pourquoi pas, après tout ? espérons toutefois que M. Devedjian proposera un texte de loi stipulant que « la durée maximale hebdomadaire du travail est fixée à … heures ». Ce serait un garde-fou utile, par les temps qui courent.