En Ré bémol, ou Dièse y Ré

En 2012 l’accès à l’Ile de Ré sera en principe gratoche. Normal, l’emprunt ayant été remboursé, les péages ayant payé, les touristes ayant cotisé, gratuit !! en 2012.

Cette brève-longue de Libération nous alarme : ciel, crient les Rétais encore chics et peinards, on va être envahis. Marée de bagnoles, familles en shorts ou jean’s taille basse ouvrant sur divers tatouages fessiers, tongs, marcels… pique-niquant sur les plages, papiers gras et emballages de chips, douilles de rosé de Provence, clébards en vadrouille.. perspective défrisante.

Oui certes c’est bien triste mais les Rétais découvrent ce qui existe déjà partout où le péage ne brime pas l’accès : essayez de vous balader au Mont St Michel en Juillet, sur la Croisette à Cannes en ces jours, d’accéder à la plage du Grau-du-Roi en Août (j’ai essayé, j’ai renoncé) etc… notre pays est devenu invivable, nous avons trop de visiteurs, trop de bagnoles et trop de temps libre.

Des solutions existent à cette sinistre perspective de sites jadis chouettes mais foutus (on peut en citer des pelletées dans ce cas), bouffés par le tourisme, les marchands de frites et les cartes postales « Souvenir de l’Ile de Raie » vachement humoristiques : « Avec vous mademoiselle, on ne sait plus à quel sein se vouer » :

– foutre le camp là où personne ne va, et surtout n’en rien dire à ses amis. Comme les coins à champignons, ça se garde pour soi. Terrils du Nord, HLM des banlieues rouges, lotissements au ras de l’autoroute… les chouettes coins ne manquent pas, où les foules ne se presseront pas le week-end.

– faire classer le site où l’on réside au Patrimoine Mondial, Sauvegarde du Littoral, Réserve Naturelle… ce que vous pourrez, pourvu que ça éloigne le clampin moyen.

– faire sauter les ponts.

Mais en tout état de cause, démocratie-démocratie oblige, les Oléronnais y ont eu droit, à leurs envahisseurs, leurs embouteillages, leurs caravanes sur parpaings avec des canisses autour et un clébard furibard derrière… c’est NORMAL ! et à Ré aussi ça doit se faire, une fois le pont payé, et ça se fera. C’est le progrès.

Adieu, Ré.

Aux niçois qui mal y pensent

Je ne sais pas si l’on soupçonnera dans mes billets sur l’actuel maire de Nice, M. Christian Estrosi, une hostilité excessive, un acharnement à son encontre, mais de mon point de vue c’est simplement que cet homme met un acharnement proportionnel à provoquer le commentaire blogueur.

Rappelons-nous, pour préparer les Municipales de mars 2008, M. Estrosi avait démissionné du gouvernement, où il avait d’ailleurs laissé une petite ardoise pour cause de transport dispendieux ; il souhaitait se consacrer à sa ville, Nice. Elu, le voilà qui entonnait une chanson d’amour aux Niçois :

« Vous avez fait ce soir le choix du changement. J’ai fait le choix de tout donner à ma ville. Je veux tourner une page difficile de l’histoire de Nice. (…) Je veux simplement vous dire Niçoises et Niçois : Je vous aime. Je vous donnerais le meilleur de moi-même. Je ne vous tromperais pas. Je ne vous trahirais pas. Je veux te dire à toi Nice ma ville, je t’aime du plus profond de mon cœur. A partir de ce soir, on va se mettre au travail pour que Nice devienne une grande ville. Ensemble, ce soir, Nice entre dans le temps du changement. »

Bon, je vous passe les fautes d’orthographe, qui ne sont pas du fait de M. Estrosi, mais du site où j’ai piqué cet extrait de discours : « Je ne vous tromperais pas, je ne vous trahirais pas » est bien cocasse, et ces conditionnels pour du futur sont en quelque sorte prophétiques ; si ça se trouve c’était vraiment pensé au conditionnel, car…

… M. Estrosi est maintenant candidat à un poste de député !! eh oui ! Ce genre de cumul mairie + députation est lamentable mais largement pratiqué par plein d’autres politiciens, avec la même impudence (*) mais en général avec plus de discrétion. Lui claironnait au mois de mars qu’il voulait « tout donner à sa ville » – mais il en garde un peu sous le coude tout de même pour donner ailleurs, en l’occurrence la 5ème circonscription des Alpes-Maritimes : un bout de Nice, doublement chéri donc, et un lot de 11 cantons hors cette belle ville.

Moralité… heu… alors là, s’il y a une morale là-dedans… si j’étais Niçois et si j’avais voté Estrosi aux Municipales, je me sentirais quelque peu cocu.

(*) pourquoi se gêner ? Mme Voynet, verte sénateur-maire, le disait fort bien, les Français n’aiment pas les cumulards, mais ils votent pour eux !

Un téléphone inutile mais pas cher du tout

Imaginez que vous êtes touriste Guatémaltèque, Serbe, Indonésien… désirant séjourner plus de trois mois en France. Disons (au hasard, hein !) à Paris : vous devez demander et obtenir une carte de séjour. Bon, soit.

Vous parlez très moyennement le français, bien sûr. Et après moult recherches sur internet, vous découvrez qu’il vous faut vous renseigner au 08 91 01 22 22 – allons-y !

Une nana enregistrée vous informe … que « ce service téléphonique vous sera facturé 0,225 centimes d’euro la minute« . Désarçonné par cette annonce, vous loupez la suite… et, déboussolé, vous raccrochez.

Incroyable : 0,225 centimes la minute !! – donc 0,00225 euros, soit 0,135 euro l’heure, soit plus de 7 heures pour un euro. En voilà une administration qu’elle est sympa !!

Mais mais… à la réflexion, c’est pas possible, ça doit être une erreur. Il faut traduire 0,225 euro la minute, soit 100 fois plus. Arnaque au téléphone sur les demandeurs de renseignements administratifs, bien évidemment. C’est à dire que l’administration française non seulement ne sait pas compter, mais en plus vous plume. Habituellement, c’est du genre 0,15 euro la minute, et c’est déjà trop cher, car nous payons déjà, et beaucoup, pour faire fonctionner cette administration. Mais là c’est plus cher. Pourquoi ? parce que !

Réflexion faite, ayant admis qu’il faudrait payer 0,225 euro la minute, vous vous décidez malgré tout à refaire l’appel. Et là, chouette surprise, le Serbe, le Guatémaltèque, l’Indonésien se voit ensuite infliger, à la vitesse d’une conversation courante, en français – pas d’autre possibilité – une suite de listes de choix tous plus clairs, limpides les uns que les autres… pour un francophone aguerri. Les autres, démerdez vous ! Selon toute probabilité, vous raccrocherez, découragé, et délesté d’un peu plus d’un euro. Pas cher, non, pour n’avoir rien appris ?

Mouches à merde

C’est ainsi que Claude Villers désignait les mob’s (Peugeot 103, Malagutti etc…) trafiquées, avec pot « spécial réveil-matin », les petits gars qui tournent inlassablement sur leurs meules – le prix de l’essence n’a aucune importance – en dérangeant tout un quartier et en toute connaissance de cause.

Ces mob’s trafiquées sont illégales, car cyclomoteurs donc limitées à 45 km/h, alors qu’on en double sur la route roulant allégrement à 80 et plus ; de ce fait non assurées ; et illégales car produisant un boucan insupportable.

On rangera dans la catégorie des grosses mouches à merde les motos à réveiller les morts lors de leurs accélérations soigneusement ravageuses, les bagnoles customisées à double échappement chromé – le chrome ne fait pas de bruit, mais la sono à ébranler un immeuble, si.

Et puis voilà, on a beau le dire, on peut flûter, c’est comme si l’on pissait dans un violon, ça soulage sans doute mais le BRUIT continue et nos lois sur ce sujet sont lettres mortes, schtuckpapier, chiffons de papier.

Nos inspirés maîtres en taxes diverses et variées ont brillamment institué le bonus-malus au gaz carbonique sur les voitures ; puis-je leur suggérer deux nouvelles sources de pognon ? je ne prends que 10%.

– la taxe au bruit des véhicules. Simple : plus le véhicule est bruyant, plus il paye. Et idem, tout pot d’échappement acheté subit une surtaxe liée au bruit qu’il génère. Bien évidemment, les camionneurs – les camions font énormément de bruit, le saviez-vous ? – vont exiger une détaxe, mais ça c’est le jeu politique habituel auquel nous sommes rompus.

– Les radars à bruit. Les radars à vitesse c’est peut-être bien, ça rapporte gros, avec tous ces distraits qui n’ont pas trois yeux, un sur la route, un sur les panneaux de vitesse, un sur le tachymètre ; mais alors que serait-ce avec le bruit ? je ne vous raconte pas ! … mais hélas cet appareil n’existe pas, reste à inventer. Flasher tous les véhicules qui dépassent les X décibels… de quoi se faire des couilles en or, passez moi l’expression. Et peut-être enfin permettre aux habitants des villes de vivre mieux.

OGM beaucoup ça !

Cet article nous narre un bide superbe du gouvernement sur la nouvelle loi OGM. D’accord, bon, soit, certes, je traînais les pieds, je m’interrogeais il y a peu sur la vanité, la vacuité, l’inanité de bloguer dans l’instant… certes mais tant pis. C’est trop chouette, c’est la preuve qu’il y a une morale et que l’agriculture débile et aveugle prend des baffes ; les Etasuniens découvrent que faire massivement du maïs pour alimenter les moteurs de leurs gros 4×4 n’a pas que de bons effets ; la FNSEA découvre que les députés UMP, même eux !!! ne sont pas tous au garde-à-vous le petit doigt sur la couture du pantalon pour entériner des lois faites sur mesure pour les gros céréaliers et dont les Français ne veulent pas, et à juste titre !

Les mêmes qui font des fromages pasteurisés lisses et sans goût, du pinard assaisonné aux copeaux de bois, du poisson en parallèlépidède rectangle pané, des sodas bourrés d’édulcorants et de colorants quand ils ne sont pas bourrés de sucre et de caféine, des soupes en sachets au glutamate, veulent nous imposer des céréales à leur sauce… faut-il rappeler qu’on a même tenté de mettre sur le marché des semences stériles ? voir le fameux « Terminator » : le pactole, des semences qu’on aurait dû racheter tous les ans !!! Il faut dire que la nature est trop conne, qui nous permet de recommencer tous les ans les semis, juste en en mettant un peu de côté : aucun sens des affaires, la nature !

Il y a donc quand même parfois de bonnes nouvelles, qui méritent un petit billet, juste pour marquer le coup.

Power to the pipeule

Je ne regarde jamais Drucker le dimanche à la télé, pas plus que je ne regarde aucun des talk-shows(*) fréquents abondants commodes qui permettent aux chaînes de meubler le temps d’antenne de nigleries, de propos inutiles futiles mais parfois spirituels – rires et applaudissements spontanés dans l’assistance, sagement rangée derrière les canapés des pipeules – d’anecdotes dont tout le monde se fout, et bien évidemment de promotions vigoureuses et sans nuances pour le nouveau bouquin, film, spectacle où figurent le célèbre Machintruc, la délicieuse Machepreau… et parce que c’est Machintruc qui est assis à bavasser avec l’animateur, ça fait de l’audience, ça passe l’après-midi, ça tue le temps de vacuité cérébrale ou physique, ou les deux.

Mais hier c’était notre postier trotzkyste Besancenot qui planchait ; n’ayant pas plus regardé ça que les autres émissions druckériennes, je l’ai loupé, Olivier, et pour une fois tant pis pour moi ; la télé c’est comme la recherche d’or : des tonnes de boue et de déchets et par ci par là une petite pépite…

Bien évidemment la « claque » était de son côté, c’est de bonne guerre populaire ; le Figarôt du matin me cite de bons mots de la vedette – exercice obligatoire, les bons mots ; et ma foi parfois j’opine du bonnet, j’aurais applaudi spontanément, comme la salle.

Que la grande distrib’ se fasse « des couilles en or » sur notre dos (c’est pas moi qui dis des gros mots, je cite) c’est amplement prouvé ; que la laitue à 1 franc soit devenue la laitue à 6,55957 francs, c’est aussi vrai, et aussi infect. Hier j’ai dû batailler pour acheter aux Puces un vieux porte-manteau rouillé mais mignon : le vendeur en voulait 1 euro ; d’ailleurs regardez, les nombres réels ont disparu, ne restent que les entiers, partout c’est tout à 1, 2, 3 etc… euros. Les centimes ? ils ont disparu, les vendeurs n’en ont pas !! trop facile ; heureusement moi j’en avais, des centimes, et j’ai eu mon bidule pour 80 centimes. Mais il a fallu se battre !

Bon, on arrête là : sur ce que j’ai pu lire des compte-rendus, cet Olivier est un bon coup d’air frais dans les bavasseries vaines qu’on nous sert habituellement ; et il dit sur les petites choses de la vie des vérités vraies ; sur le reste… on diverge, mon gars. La révolution, c’est quand même du sang à tous les coins de rues, et l’immigration façon « entrez les gars, y en aura pour tout le monde » c’est soit crétin et suicidaire, soit du sabotage.

Au total, merci monsieur Drucker ; la prochaine fois que vous invitez d’autres personnages que des amuseurs, diseurs de bons mots et pousseurs de chansonnettes, faites-moi signe, d’accord ? mâame Le Pen, par exemple, ou la patronne du Medef, pour équilibrer le débat.

(*) je propose télébavette, ou encore téléparlotte à la place de talc chaud. C’est tout à fait parlant, si j’ose dire.

Vague au blog

Un blanc, un blanc bien blanc dans la litanie bloguine, bloguesque, bloguante, blogâtre. Que de billets bulles de savon, barbe à papa, poudre aux yeux, creux pour dire court. Une de mes belles-soeurs, peu fréquentable par ailleurs, disait détester les blogs, englués dans l’évènementiel, dans l’immédiateté, le nez collé sur l’actualité, marchandise à courte date de péremption. En l’occurrence elle avait raison, toute braque et mauvaise qu’elle était.

Ecrire sur la mort-bis de Pascal Sevran (ça sevran au plus offrant), annoncée deux semaines trop tôt, ou sur la chicaillerie poitevino-poitevine Royal-Raffarin, sur l’embellie du cours du dollar étasunien, sur l’anniversaire de la présidence de not’ Nicolas ?? pirouettes, bons mots, et à quoi bon ? on devient aquoiboniste à écrire des billets bloguiens.

D’un autre côté, donner la version 8722 du mythe décisif, ou de la légende de promettez, ou encore de la fable du gras Al, intemporels sujets, vastes couillonnades filandreuses où l’Humanité tout entière patauge depuis 2000 ans, en compagnie de Narcisse, Dédale et Orphée ? ah non, je ne serai pas ce plagiaire-là.

Passant qui passe devant les devantures et les étals (un étal, des étaux) des bouquinistes d’occasion et des soldeurs de livres, ou bien encore devant les cartons étalés à même le sol, pleins de vieux bouquins, des foires à la brocante et des vide-greniers, vois comment finissent les écrits, aussi prestigieux soient-ils. Hugo, Sartre, Camus, Balzac… tous par terre, dans la poussière, et à 50 centimes, en négociant bien.

Alors, écrire un blog ?? hein ? je vous demande un peu…

Titine au Tibet

Une nouvelle bigrement épatante – dépêche relayée par le site Libération de ce matin – et qui réjouira les sportifs de la planète : « La torche olympique a été hissée au sommet de l’Everest jeudi par une équipe d’alpinistes chinois pour le relais de la flamme, une première historique à trois mois des JO de Pékin, selon les images de la télévision chinoise. »

La belle histoire que voilà ! Hautement symbolique, c’est le mot qui convient, 8844 mètres au dessus du niveau de la mer de Chine. Mais ce décor a son envers, car techniquement ce n’était pas trivial du tout : comme nous l’apprenons grâce à ce site, il a fallu bichonner ladite flamme, une bonne bouteille d’oxygène ainsi qu’un petit jet de gaz du même métal pour lui donner vigueur et couleur.

Hautement symbolique aussi, cette assistance respiratoire ! S’il ne s’agit pas de stéroïdes anabolisants, de testostérone ou autres adjuvants pour obsédés de la gonflette musculaire, ça évoque furieusement le dopage à l’EPO, cette hormone bien connue des cyclistes professionnels et qui « stimule la fabrication par la moelle osseuse de globules rouges qui transportent l’oxygène vers les organes » : probable que sans sa petite piquouze d’oxygène, la flamme olympique aurait calé avant le sommet ! voilà qui augure bien de l’authenticité des prouesses sportives à venir cet été.

Cost + price = discount

Lisant la presse économique, les nouvelles du jour etc… par exemple « General Motors lance une voiture low-cost« , on s’aperçoit qu’en matière de prix bas – ou réputés tels – deux formules étrangères ont pignon sur rue, nous ont bouffé notre langue, ont fait leur anglais trou : « low cost » et « hard discount« .

Locoste, c’est audible, quoiqu’en bégayant ça donne lolocoste, aïe aïe aïe !! à éviter donc. mais harddiscount, alors là c’est infect. Il nous faut des formules plus douces à nos oreilles, et disons-le, de notre langue. Halte au rosbif !

halte au rosbif, certes, mais hélas, si « rabais dur » est viable, audible, voire rigolo car contractable (« Lidl, votre magasin rabédur »), « coût bas » et « bas coût » sont peu recommandables. D’autant que « coût bas » ne décrit que très imparfaitement de quoi il s’agit : en fait, peut-être les coûts sont-ils bas, mais ce qui compte, ce sont les prix ; on n’a jamais vu Ryanair, Logan, Easyjet… communiquer sur leurs coûts, mais sur leurs prix.

Ainsi, vu du côté du consommateur, alias le client, « coût bas » et « rabais dur » ne sont que deux signifiants pour un même signifié : des prix significativement bas. Au regard de quel standard ? des prix pratiqués généralement ailleurs, que ce soit pour les voitures, les transports aériens, la grande distribution.

Bon, brisons là, restons-en là : qui dit mieux que rabédur, ou durabé ? concours de signifiants, à vos plumes.

Service compris (de travers)

Conflit d’intérêts convergentsCe petit dessin pour illustrer mon propos…

Il se trouve que ce vendredi 2 mai, lendemain de l’Ascension pour les chrétiens – et pour les autres qui en profitent sans vergogne, cette fête étant chômée pour les mécréants comme pour les croyants en n’importe quoi ou n’importe qui – il y eut chez nous une tentative pour confier quelques heures une gamine délicieuse d’environ 2 ans à la halte-garderie la plus proche de notre bonne ville.

Que nenni ! Que dalle ! le local était fermé, une pancarte sur la porte annonçant d’ailleurs ce que l’on pouvait constater de visu. C’était pourtant un jour ouvré, normal, banal, un vendredi, mais hélas coincé, le pauvre, entre le jour de l’Ascension et un samedi !

Certes, certes, les salariés des services publics ont droit à leur « pont » de l’Ascension comme tout un chacun. Oui, je vous le concède, ce sont des hommes et en l’occurrence ici surtout des femmes comme tout une chacune, qui ont besoin de décompresser, de se changer les idées, de lever le pied. A ce propos, on en vient à se demander s’il ne serait pas plus honnête de décréter fériés ces 4 jours, allez hop, tout le « pont » de l’Ascension férié, ce serait plus clair, on saurait à quoi s’en tenir.

Mais on ne m’enlèvera pas de l’idée que dans « service public » il y a la notion de service à tout le monde, à la communauté des habitants de ce pays. Qu’est-ce que c’est qu’un service qui ne fonctionne pas les jours ouvrés ? pour les gens qui bossent ? On ose espérer que les fonctions « de sécurité », les pompiers, la Police, les services hospitaliers… étaient en état de marche, fonctionnaient, elles, mais pourquoi une bibliothèque municipale, une halte-garderie, une crêche, ne seraient -elles pas à même de rendre service au citoyen un jour ouvré ?

Tiens, au fait, le lendemain samedi matin, le Ministre de l’Educ’Nat’ était dans notre bonne ville… une centaine de personnes, drapeaux syndicaux et banderoles, porte-voix et cordon de CRS goguenards mais pacifiques tout autour, se sont égosillés toute la matinée à porter la contradiction de vive voix audit Ministre… on a eu droit à « parents enseignants tous unis pour l’école publique », « des postes des postes des postes », « des emplois des emplois des emplois », et puis « l’école n’est pas une entreprise« .

L ‘école n’est pas une entreprise ? c’est bien ce que nous regrettons. C’est un gouffre à fric, un bateau ivre, une entité ingouvernable parce qu’hypertrophiée, un « mammouth » selon un ex-ministre en la matière, qui avait diagnostiqué juste mais s’est fait virer pour ce motif. Je persiste : enseigner n’est pas une fonction d’Etat, régalienne ; ce devrait justement être une entreprise, au sens d’entreprendre, et une entreprise, comme toute entité économique. Enseigner, c’est un beau métier, pas plus, pas moins, et ça se gère. L’enseignement privé fait ça aussi, en mieux, sans hurler à la mort, et sans pathos excessif.