Pire

Une pause dans cette actualité brûlante qui que dont quoi Nicolas Ségo Malte les manifs – BREF :

Avez-vous noté ? non sans doute, mais moi je vais vous le noter r’ici, la quasi-officialisation de l’expression « moins pire » ? Tout récemment pas loin au détour d’une phrase « ce truc est tout de même moins pire que le schmoldu à arbre à cames latéral » : Bon, il fut un temps où en Anglais, Italien, Latin etc…, toutes langues où le comparatif se construit de manière similaire, on se faisait sabrer par le prof d’un trait rouge rageur : « barbarisme ».

En rosbif : it’s worse than / it’s less ugly, bad, awful, sad …
En Italien : e peggio che / e meno male, bruto, triste …
En Latin : Pejor est / ??? forme comparative des adjectifs ; j’ai oublié, voir Gaffiot.

Donc, dérive ? eh ouais, une de plus. Il fut un temps où ce barbarisme était censé introduire une note d’humour, un clin d’oeil dans le discours, du même calibre que l’ « infractus », « lycée de Versailles », « mollrops » ou « Aréoport ». Mais de nos jours c’est devenu la norme. « Moins pire » le barbare a gagné. Moins affreux, moins moche, moins lourd, moins laid etc… ont perdu collectivement.

Et notez bien, ce n’est pas seulement un barbarisme de plus, c’est aussi et surtout un appauvrissement de la langue : « moins pire » ne qualifie en rien ce qu’il désigne, alors que « moins moche » est bien différent de « moins triste », « moins affreux » etc.

500 mots devraient suffire bientôt, on y vient ; allez, encore un effort.

Parano et hystero sont dans un bateau

On a reçu, on reçoit encore des courriels collectifs ahurissants, non pas en faveur de Miss Chabichou – bien qu’on appelle à la faire accéder à Matignon, ce serait la revanche etc… – mais bien plutôt pour hurler sa haine anti-Sarko.

– Le psychanalyste médiatique le plus connu de tout l’Ouest, vedette des radios périphériques, décortique doctement les discours du Petit Nicolas : ce serait un dangereux mégalomane, psychopathe, et j’en passe.

– Maintenant c’est du genre : au secours, sauvons la République, mobilisons-nous contre l’infâme, le détestable, l’odieux, le haïssable…

Oh les amis, vous avez pété une durite ou quoi ? Vous êtes en train de crier à Pinochet, pas moins ; faudrait voir à y aller mollo sur les psychotropes. La CIA n’a pas financé la grève des camionneurs, la Moneda n’est pas encerclée.
Et contre-productif, tout ce battage : l’une de mes connaissances voulait voter blanc ; mais excédée par ce matraquage hystérique, elle en a conclu que c’était pas propre, voire louche, ces tombereaux de haine, et elle a voté Sarko !

Et puis, la démocratie, vous vous asseyez dessus ? On a voté : en 81 et 88 c’était « On a gagné », ben en 2007 c’est « Ils ont gagné ». Et ouais. Autre chanson, mais on reste en démocratie, parce qu’on y tient tous, j’espère.

Cherchez l'erreur

Au lendemain de cette élection attendue et prévue, Oliver B., notre postier « Light » à 4 %, disert et vibrionnant comme d’hab’, se la joue façon Boris Eltsine (la vodka en moins) monté sur les chars des dirigeants communistes félons pour faire échouer le coup d’état – jugez plutôt :
« La démagogie populiste utilisée dans cette campagne va déboucher sur des mesures antisociales, sécuritaires et antidémocratiques qui ne manqueront pas de susciter des mobilisations très larges »  (…) la LCR « propose que face au programme ultralibéral et ultrasécuritaire d’un Sarkozy, un front unitaire de toutes les forces sociales et démocratiques soit immédiatement construit pour organiser la riposte ».

C’est moi qui ai mis en gras les adjectifs qui vont bien.

Donc : lui le postier trotskyste a déjà jugé et qualifié l’action future du gus qui vient d’être élu démocratiquement par 53 % des Français  ; lui est donc, à rebours, plutôt partisan d’une société d’insécurité ; ultra-insécuritaire serait parfait. Bonjour les lendemains qui chantent.

Et en tant que LCR, donc Communiste et Révolutionnaire – pas moins – on voit mal ce qui lui permet de se parer du titre de « force démocratique » : les communistes soutiennent la démocratie comme la corde soutient le pendu, pour paraphraser le cher Vladimir Ilitch.

Turquerie

Le Monde de ce soir nous entretient des « inquiétudes de Bruxelles quant à l’opposition de M. Sarkozy à l’adhésion de la Turquie à l’UE ».

Mais enfin, ils sont sourds ? M. Sarkozy est très loin d’être seul de son opinion : ON EST DES MILLIONS A PENSER COMME LUI !! Vive la Turquie en partenariat avec l’UE, mais pas DANS l’UE. La Turquie n’est pas en Europe, c’est pourtant clair.
Non ? Comment faut-il le dire ?

IL Y A DES LIMITES A TOUT, ET AUSSI A L’EUROPE.
Je cite l’article : « Ce n’est vraiment pas le moment de claquer la porte au nez des Turcs, alors que l’Europe a déjà perdu beaucoup de crédibilité là bas », estime un haut responsable chargé de l’élargissement.

Nommez ce gus « Haut Responsable des Machines à Café », je ne sais pas, moi… faites quelque chose.

Régaliens, régaliennes

C’est toujours la même chicaille entre les tenants du « moins d’Etat » et ceux du « Plus d’Etat », celui-ci étant aussi parfois appelé « Etat-providence ». Chacun ici sait que les charges énormes de l’Etat par cheu nous, et donc nos impôts sont en large part dûs à un Service Public que je ne vous dis que ça ! Du feu de Dieu : grand luxe question coût, mais assez quelconque question efficacité (voir les z’Hopitaux en déshérence, la Justice à la ramasse, la police qui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a etc…).

Bon, l’Etat a certes une utilité (sinon c’est le bordel, on est d’accord), et ses fonctions, dites « régaliennes » (de rex, regis : le roi) sont bien connues, classifiées, et enseignées dans toutes les facs du monde :

Justice / Police / Ordre public et sécurité  / Diplomatie et affaires étrangères / Défense / Monnaie et moyens financiers.

Bon, je dois être borné ? parce qu’un ouvrier municipal, où ça se situe dans cette grille ? Une employée de cantine scolaire ? Un enseignant ? un cantonnier ? une aide-soignante ?

Des tas d’enseignants sont dans le « privé », et apparemment ça fonctionne – plutôt mieux que dans le public, d’ailleurs.

Des tas de jardiniers ou cantonniers ne sont pas fonctionnaires territoriaux, et il semble qu’ils arrivent à bosser.

Des tas de cuisines collectives travaillent tous les jours pour des tas de clients, et ce ne sont pas des fonctionnaires, et ça marche !!

Des infirmières pas fonctionnaires arrivent même à faire des intra-veineuses, si si, et sans faire d’embrouilles !!

Alors, on se fout de nous quand on prétend qu’il faut plein plein plein de fonctionnaires : ce qui est sûr, c’est qu’une bonne partie de ces braves gens pourraient sans bobo travailler sous statut privé, et ça marcherait certainement bien mieux : la concurrence, ça stimule, c’est sain, ça entretient !

Gaffe !

Propos de Miss Chabichou-du-Poitou hier : « Il y aura des violences si Nicolas Sarkozy est élu ? » A une question de Jean-Michel Apathie, ce matin sur RTL, Ségolène Royal a répondu : « Je le pense« .

Votez bien, sinon ça va saigner !! tas de bagnoles cramées, émeutes, jeunes dans les rues, pillages… c’est ce qui s’appelle voter avec un flingue dans le dos.

En revanche, si Ségo est élue, on viendra vous border dans votre lit !! Promis.

Tango

Comme le chante Marie-José Vilar (vous ne connaissez pas ? vous avez tort) dans « Coutances », sur un air de tango:

Mais y’a entre nous une trop grande différence

Chaque fois que je recule c’est toi qui avances

 
On connaît mieux cette version, plus hard :

Dès que j’avance tu recules

Comment veux-tu comment veux tu etc…


Dès que je sors mes lois Fillon tu les remets à plat

Dès que je mets les handicapés à l’école tu supprimes ce truc

Dès que je décrète 35 heures tu te dépêches de les torpiller

Dès que je veux de l’égalité des retraites tu te cramponnes aux régimes spéciaux

Dès que j’installe un bouclier fiscal tu balances ta nouvelle CSG

Dès que je rote à gauche

tu pètes à droite, et vice-versa.

On n’en sortira pas : coulons donc ensemble, sur le même rafiot pourri, mais chacun de son côté, non mais !!

Pas d'accord

Pour vous détendre, vous détourner quelque peu du torride suspense concernant le duel que vous savez entre qui vous savez, et même si vous vous en foutez, vu que de toutes façons ça ne changera pas un poil de vos convictions, mais allez savoir, une saillie de Ségo, un calembour perfide de Nico, et soudain c’est l’allégresse, ouais il l’a eue, putain qu’est-ce qu’elle lui a mis, après ça elle a plus qu’à rentrer en car à Melle (ouaf ouaf), il peut repartir la queue entre les jambes ! etc…
MAIS NON, ON S’EN FOUT.

Lalangue, comme disait Lacan, évolue, dérive ! Vous n’êtes pas sans le savoir = vous le savez, bandes de dériveurs de langue. A l’écrit, on bifferait – du moins les profs de français, les puristes, les attentifs de l’orthographe -les tournures du style :

« Où t’as mis mes pantoufles ? – je te les ai mis sur la chaise Louis XIII » (la chaise Art déco, la chaise en formica, la chaise en bambou, je m’en fous).

« Les poésies que j’ai appris dans ma jeunesse »

Mais z’à l’oral, alors là mes amis, quelle infamie !
Bon « Où t’as » c’est affreux, mais c’est plus rapide que « Où as-tu « , d’autant plus que « Où as-tu » ça fait phonétiquement « Wouaatu », pas terrible… mais c’est d’autre chose qu’il s’agit : l’ACCORD, enfin quoi !

J’ai mis la cravate sur le dossier… la cravate que je t’ai misE sur le dossier !!!

Les poésies que j’ai apprisEs dans ma jeunesse.
Eh ouais ! Donc ce soir, au lieu d’attendre anxieusement la banderille qui tue, faites-donc le compte de fautes d’accord des participes passés de chaque côté – et votez, évidemment, pour le/la candidat(e) qui aura le moins mauvais score. Après tout, c’est un critère de choix qui en vaut bien d’autres.

Ego farceur

Traduttore, traditore, disent nos voisins italiens, et tenez voilà de quoi illustrer cette maxime.

Les amateurs de chaînes cablées francophones aux USA ont eu droit à la retransmission sur la « Deux » – version d’exportation, donc sous-titrée en Engliche – d’un discours Sarkosien, discours lambda dans cet entre-deux tours, sans surprise, donc, supposait-on. Voire !

La voix de Sarko : « ’j’invite tous les Français (…) à s’unir à moi ».

Le texte qui défile en synchro sur l’écran : « (…) to rally my inflated ego« … : « à se rallier à mon ego hypertrophié ».

Partis comme on est, traducteurs, mes amis, lâchons-nous ! Pour rétablir l’équité, si Miss Chabichou se lance dans une tirade du style « Les Français ont besoin d’ordre juste », on pourra lui coller un sous-titre du style « French people are just wild about order » ! « Les Français ne sont vraiment désireux que d’ordre » – Mussolini et Franco vont apprécier.

Tel Visas

Il y eut un Barthes pour illustrer quelques mythologies, notamment la fameuse DS 19.

Il y aura moi, car Barthes y aurait répugné à juste titre, pour célébrer, si j’ose dire, l’anti-mythe (le fly-tox, quoi !) que constitue la Vel Satis, fabriquée par Renault, comme on voudrait pouvoir l’oublier, malgré la présence obscène du losange cher à la marque sur le capot de cette chose.

C’est en voyant sur le petit écran le petit Nicolas au soir du premier tour des Présidentielles, carré à l’arrière d’une Lev Tissa, que je me suis dit « mais qu’est-ce que c’est moche ! mais quelle horreur ! » Pas Nicolas, la bagnole.

Et j’ai pu revoir cette chose récemment : vraiment, si l’on avait à en parler comme d’une femme, ce serait un « cageot », un « boudin ». Mais parler d’une voiture comme d’une femme, c’est parler de La Garenne-Bezons avec des mots propres à décrire Venise. Arrêtons donc là ce parallèle.

Bref : comment ne s’est-il pas trouvé chez Renault un garde-fou, quelque sage suprême, je ne sais pas, moi, l’équivalent du Conseil Constitutionnel, pour, au vu de cette hideuse production automobile, faire barrage à la tentative de démolition entreprise par le « designer » de la Vel Satis » ? et combien Peugeot, Volkswagen, Ford, GM, ont-ils payé ce gus pour saboter la plus volumineuse et la plus chère des Renault ? ça pue le coup monté. On reste pantois devant tant de mocheté.

Un char à boeufs aurait eu plus d’élégance. Et le pire, c’est qu’il n’y a même pas un bon anagramme à faire à partir du nom tordu et zarbi de cet engin. Vade retro, SisatLev !