Genrage et tolérance

( On a vu la première motion de censure contre le gouvernement Barnier faire « plouf » , comme prévisible. Juste pour marquer le coup, donc, ne pas perdre la face, faire comme si : comme si un gros tiers des élus faisait une majorité. Eh non… 2/3 des Français n’en veulent pas, de cette minorité qui se pousse du col ; idem en permutation circulaire pour les deux autres tiers. A ce propos, on voit ici et là écrire « l’opposition » : quelle opposition, quand c’est du 3 tiers ? bref, les vieux schémas ont volé en éclats : il serait raisonnable de s’en aviser, au Néo-Front-Populaire revisité. Pas LFI, bien entendu, obstinément les yeux sur sa Ligne Bleue des Vosges, son Matin du Grand Soir, le bienheureux chaos propice à la redistribution des cartes… mais les autres ? )

Et puis j’ai lu un article qui utilisait le savoureux néologisme genrage (= action de genrer, attribuer un genre). Tout un programme…on y traitait de l’affectation des délinquants « trans » en taule : où mettre un détenu « femme trans » par exemple ? avec les femmes ? au risque qu’elle viole ses codétenues ? avec les hommes ? pas mieux, voire pire… la solution est souvent à l’isolement , qui évite ce genre de problèmes, mais en génère d’autres, désocialisation, gnagnagna…

A propos de genrage (j’enrage)… on a vu récemment une tentative – avortée, les flics ont intercepté la cinquantaine de trublions avant qu’ils agissent – d’empêcher par la force la tenue d’une séance de dédicaces du livre « Transmania : enquête sur les dérives d’une idéologie transgenre » , livre qui a déjà fait pas mal de vagues, notamment cette campagne d’affichage à Paris, censurée par l’annonceur Decaux après intervention de la mairie. Les deux autrices (auteures, auteurs, comme vous voulez) y dénoncent une « idéologie » , une machine de guerre dirigée contre les femmes. C’est contestable ? excessif ? tendancieux ? peut-être, mais il faudrait d’abord le lire, avant de hurler à la transphobie ! Et puis il s’agit d’expression, libre, d’opinions, que je sache : ça vaut pour tout le monde ! quand monsieur Hollande, madame Taubira, monsieur Hamon (Benoît) dédicaçaient leurs immortelles oeuvres politico-littéraires, nul groupe d’opposants indignés et hostiles n’est venu renverser les tables, molester les participants, on l’aurait su !

Voyez aussi cet entrefilet du Figaro, sur la même dissymétrie de l’intolérable en démocratie : une manif à Marseille, avec pour banderole «Wokisme  et transidentité, laissez nos enfants tranquilles !». Ce n’était pas une marée humaine, juste quelques dizaines de membres du « syndicat de la famille » – sans doute de droite, donc (*) – qui s’exprimaient, pacifiquement paraît-il. C’était apparemment insupportable, une atteinte à l’Humain avec un H : une femme parmi les manifestants s’est donc fait démolir le nez – trois fractures ! – par un type qui n’était pas d’accord. Ses arguments « contre » ? euh… ses poings, et puis c’était une meuf, et puis il faut croire qu’elle pensait mal.

Tibert

(*) La famille, c’est de droite, voire pire : Hitler était pour.

P’têt’ ben qu’oui…

«Est-ce que l’immigration c’est mauvais ? La réponse est non. Ça dépend. Est-ce que l’immigration du continent africain, elle est mauvaise en général ? En vrai, pas totalement». Nous avons là un superbe exemple d’expression de pensée « normande » , extrait d’une interviouve de Macronibus sur La francophonie au sommet , et sur l’immigration en particulier. On touche au sublime avec « La réponse est non. Ça dépend » : deux assertions divergentes et juxtaposées, « en même temps » si je puis dire. Alors, c’est non, ou ça dépend ? ça dépend de quoi ?

Tentons de résumer cette pensée rigoureuse, acérée, à l’opposé de toute confusion… euh… « mauvaise en général ? pas totalement » . Pas totalement mauvaise en général, donc un peu quand même ? mais à quel degré ? en quoi ? nous voilà bien avancés. Bien évidemment l’immigration, et l’émigration avec – immigrant vers un lieu B on quitte forcément un lieu A – datent de fort loin (Noé en bateau, Moïse…) et ont pu produire des résultats superbes pour le pays d’accueil – Raymond Kopa, Marie Curie, Rika Zaraï 😉 – et d’autres très regrettables, Al Capone par exemple, dont les parents fuirent Naples. Une fois qu’on a dit ça, énoncé des truismes, enfoncé des portes béantes, quid de maintenant, en France ? avec des dizaines de milliers de « migrants » , demandeurs d’asile authentiques ou « bidon » , légaux ou illégaux, en très grande majorité d’Afrique ou de pays orientaux extrêmement musulmans, Afghanistan, Pakistan, Syrie… ? Bref, quelle politique ? que faisons-nous, compte tenu des volumes et des contraintes, entre les « entrez tous, bienvenue, y a pas d’problème » et les « personne n’entre ! » ? Eh bien, « ça dépend » , répondit-il.

A part ça ? tout baigne. Tiens, ce film, là… « Les bronzés font du ski » , avec le regretté Michel Blanc (Quand te reverrai-je, pays merveilleux ?) : eh bien, ça va devenir totalement anachronique. Quasiment Vieille France, Nos Ancêtres les Gaulois. Les stations de ski ferment, se reconvertissent, randos, alpages, vélo-cross et cueillettes de plantes. Un conseil : vendez vite vos combinaisons fourrées, vos luges, vos après-skis… sur LeChouetteAngle : tout ça ne vaudra bientôt plus tripette.

Tibert

Visons bien !

( Le Monde part à rebrousse-poil des incantations du gouvernement Barnier : « Budget : « l’effort » va surtout reposer sur des hausses d’impôts » . Vous voyez ? en courageux pompier du désastre de notre dette abyssale, on nous annonce économies, coupes claires dans les dépenses de l’état, rigueur ! et puis un chouïa d’impôt en plus, mais ciblé ! limité dans le temps ! en fait, ce serait tout autre chose, derrière ce discours de façade… essentiellement de l’impôt, on en remet une couche. Eh oui, que voulez-vous, réduire les dépenses, simplifier, fermer des robinets qui fuient, couper des tuyauteries qui s’égarent, secouer le mol oreiller des rentes de situation, couper dans la manne versée aux structures superflues (parasitaires, enflées, redondantes…), remettre au boulot des services plus efficaces et moins gras… ça demande du courage, on se met plein de gens à dos, qui défilent dans les rues en beuglant des slogans bien rodés, « On est là, on est làààà » . Du courage, et du temps ! réformer, ça prend du temps, ça ne se fait pas en 5 minutes sur le coin du comptoir. Mais déplacer un curseur – vers le haut, évidemment ! – sur les taux de prélèvement, c’est simple, rapide, et ça marche ! ça marche… (soupir) )

Et puis une annonce intéressante, possibles prémices d’un changement de philosophie bienvenu… Le Parigot nous annonce qu’à Saint-Denis, ville-phare du département éponyme – le célèbre 9-3 – on trouve maintenant dans une des écoles de la ville des toilettes mixtes ! pas un truc de non-genré, de LGBT, de trans-machin, non : les stalles sont simplement indifférenciées mâles-femelles, fermées du haut en bas, par des portes pleines, avec des loquets ! comme chez soi, quoi… « L’occasion de repenser en profondeur l’organisation de ces lieux d’aisances qui sont encore trop souvent évités par les élèves » , précise le canard. Et c’est vrai : de nombreux témoignages montrent que les élèves ont de la répugnance à aller pisser, quand l’envie s’en fait sentir : ça craint ! sale, ouvert à tous les vents, aux agressions, pas d’intimité… et la rétention urinaire, c’est très néfaste, tout le monde sait ça.

Il va néanmoins y a voir des efforts à faire : les urinoirs mâles disparaissant, bonjour les arrosages approximatifs ! sur les bords, à côté, ça vise souvent mal. La propreté va poser problème… des produits sanitaires, donc, du personnel, et un entretien assidu, faute de quoi ce sera aussi moche que maintenant : voyez les toilettes des trains Intercités, par exemple. Mais la démarche est à saluer, ça va dans le bon sens. Ceci dit, il y faudra de l’éducation, et de la pédagogie ! dans ce domaine qui touche quasiment à l’instinct et à la posture, tant physique que mentale, ce n’est pas gagné.

Tibert

Avis de décès

La Montagne, on en est tout tristes, nous annonce en Une que la « cuisinière personnelle de Mitterand » nous a quittés. C’est effectivement cette femme que Tonton avait recrutée, entre 1988 et 1990, pour lui concocter de la bouffe moins fatigante que les sempiternels soufflés de sole au Grand-Narmier et autres poulardes demi-deuil en papillotte… pfff encore du foie gras fumé avec ses blinis au caviar ! Un film en avait été tiré : « Les sapeurs du Valais » , avec madame Frot au tablier et aux fourneaux et, si je me souviens bien, Jean d’Ormesson dans le rôle du Prince. Edifiant : on y voyait notre avisée cuistote prendre carrément le TGV pour aller au marché de Brive trouver les petits cèpes frais nécessaires à sa modeste et rustique tourte aux champignons. Par la suite, on a vu du homard un peu envahissant chez le Président de l’Assemblée, etc… tandis que le minimum vieillesse stagnait piteusement. Mais ceci n’est qu’une vision par le petit bout de la lorgnette : le train de vie de l’état, c’est peanuts, paraît-il, face à notre dette abyssale : il faudra au moins trois siècles à remplacer, dans les soirées festives de nos Chefs, le homard breton de petite pêche par du filet de maquereau-moutarde pour espérer remonter quelque peu la pente.

Ceci étant, et dans le même but de boucher les trous, le gouvernement songe à un truc très efficace et de haut rendement : alourdir le malus automobile pour les réfractaires à la baisse des rejets de CO2… le Figaro estime ainsi qu’alors seules les bagnoles hybrides ou purement électriques y échapperaient : à plus de 40.000 euros la bête, ça va sérieusement encourager à n’acheter que de l’occasion, ou à conserver sa vieille tire. Le barême est déjà assez saignant tel qu’il est, voyez : la marque Sub-à-roues, qui vend très bien au Japon, évidemment, et puis outre-Atlantique, coulait des jours paisibles chez nous… elle s’est carrément sabordée, vu qu’au tarif assez banal d’environ 30.000 euros pour un véhicule moyen, pas plus mal fichu qu’un autre, marchant à l’essence, ni hénaurme ni étiqueté grand-luxe, il faut ajouter… 13.000 euros de taxe CO2 ! C’est une mise à mort, ou ça y ressemble bigrement.

En somme, soyons riches, ayons de l’argent, ça nous évitera d’en perdre dans des taxes ruineuses et désagréables, certes, mais que la morale républicaine, la lutte contre le réchauffement climatique, et le redressement de nos finances justifient pleinement.

Tibert

Ad libitum : tant qu’on veut

Deux perles… l’une dans Télérama, un résumé du film « La course à l’échalote » (avec un seul t) : « Le fondé de pouvoir n’a d‘autre alternative que de les poursuivre et de leur reprendre son bien avant le retour de son patron » . Eh non ! il n’a pas d’alternative du tout, le fondé de pouvoir ; sinon une première possibilité aurait été énoncée. L’alternative, c’est « ou bien » … « ou bien » . Une alternative à cette formule bancale ? « le fondé de pouvoir n’a d’autre solution que de… » , par exemple.

L’autre, un commentaire d’un lecteur du Monde (on sait combien ce canard est enchanté de l’immigration) à la suite de cet article, traitant des supposés errements de monsieur Retailleau sur la question : « La migrolâtrie n’est qu’une socialisation de pulsions suicidaire. Elle relève de la psychiatrie » . Je laisse à ce lecteur la responsabilité de ses dires, mais avouez, c’est joliment tourné !

Mais, passons au plat de résistance… toujours dans Le Monde, on sonne le tocsin pour le régime de retraite des fonctionnaires hospitaliers et territoriaux… il y a le feu, la dette accumulée par la caisse de retraite pourrait devenir « létale ». Létale : mortelle ! Je ne vais pas m’appesantir sur les hospitaliers, j’entends partout parler de pénurie, de manque chronique de personnel, gnagnagna… bon. Mais voyez les causes avancées à cette situation tragique: il y a beaucoup de femmes, là-dedans… elles vivent plus longtemps ! pire, elles bénéficient souvent de départs anticipés à la retraite, histoire de peser un peu plus. On compte 1,46 cotisant par retraité, très insuffisant donc.

Je n’aurai pas la cruauté (mais si, mais si !) de vous remémorer ce bouquin décapant sur le surmenage 😉 qui sévit ici et là dans la fonction territoriale : « Ab-so-lu-ment débordée » : le constat, c’est que ce statut, qui nous coûte un bras, héberge des tas de gens qui pourraient s’occuper beaucoup plus utilement ailleurs ! Quant au régime des fonctionnaires… en a-t-on besoin, pour débroussailler les talus au bord des voies communales ? pour faire tourner une cantine scolaire ? c’est « régalien », les cantines scolaires ? Mais que voulez-vous, ça fidélise les électorats, le maire se crée des obligés, on renvoie des ascenseurs… quant aux conséquences, eh bien voilà : ils sont trop nombreux pour le boulot qu’il y a, ils partent trop tôt, ils vivent trop vieux, ils coûtent trop cher. L’article du Monde ne le dit pas aussi rudement, mais c’est, je crois, un assez bon résumé.

Tibert

Cynisme et boulettes

« Le droit de retrait n’est pas constitué puisque si le danger est réel et grave, il n’est pas imminent étant donné que la situation perdure depuis novembre 2023 » : c’est pas beau, ça ? presque aussi cynique que du Chirac, « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » . Je vous parle de ce collège – c’est Mallarmé, Gustave, qui le patronne (*) – du XIII ème arrondissement de Marseille, les quartiers Nord, donc, où les enseignants ont exercé leur droit de retrait, suite à des impacts de plombs de chasse sur les fenêtres. Meuuh non, dormez braves gens, et au boulot les profs ! se défend la hiérarchie : ce droit de retrait n’était pas légitimement fondé, puisque le danger n’était pas imminent, mais déjà là depuis 10 mois ! C’est bien trouvé, finement argumenté ; et l’on a bien avancé, là, dans le traitement du problème.

Mais j’ai d’autres perles à faire luire…. je suis allé chez BFM, l’émission vespérale de monsieur Brunet (**)… on y traitait du meurtre affreux de cette étudiante, Philippine, par un présumé étranger de 22 ans sous OQTF après un premier viol – en 2019, et il était présumé mineur – jugé et condamné en 2022 à 7 ans de taule, libéré au bout de 5 ans en juin 2024 : « bonne conduite » , donc : ces remises de peine sont quasi automatiques. Se trouvait entre autres sur le plateau de l’émission, une Cheffe du Syndicat de la Magistrature – disons le SM, rien à voir avec le saso-mado – invitée là manifestement pour justifier l’action de la Justice dans cet affreux ratage, et notamment la décision du collègue qui avait remis en liberté le suspect, peu de temps avant qu’il récidive et trucide une quidam qui passait par là. Clairement, c’était une très mauvaise décision ; malheureuse, si vous voulez, ou erronée, malencontreuse, mortifère, funeste, rayez les mentions inutiles.

Bref, dans le débat, madame du SM argumente, explique que la prison, c’est le dernier recours ! la Loi le stipule expressément, on sait maintenant pourquoi ça coince à construire de nouvelles prisons. Surtout pas la prison, si l’on peut punir autrement, voire symboliquement, ou pas du tout ! Mais remettre le malfrat, le criminel, dans le droit chemin, ça oui, le reprendre en main, réinsérer, tout ça, mais c’est un gros problème, pas assez de moyens… structures saturées, gnagnagna… et les violeurs, ah la la, on sait ça, pas trop d’espoir qu’ils s’amendent : « le résultat aurait été le même s’il avait été libéré au bout de 7 ans » , balance-telle. Dans l’aréopage des présents, personne ne bondit…

Mais nom d’une pipe ! Sept ans, ça remettait le tueur dans la nature en 2026, donc Philippine serait aujourd’hui en pleine forme, sauf accident de trottinette ou intoxication au restau-U. C’est dingue d’entendre des choses pareilles. L’évidence, que le SM planque soigneusement, que la Loi a laissée en chemin, c’est que la prison, ou toute autre solution de vraie mise à l’écart, a pour but premier de protéger la société. Quand on est physiquement empêché, c’est très simple : on ne peut pas nuire, cogner, occire, dépouiller, violer.

Reste au juge qui a signé l’élargissement du meurtrier, à s’excuser humblement, publiquement de son erreur, ce qu’il ne fera pas, bien évidemment. Anonyme, furtive et irresponsable « boulette » administrative ; on a « appliqué la loi » . Le pire, c’est qu’on a précisé, lâchant ce violeur dans la nature, qu’il restait dangereux ! Au Japon, on se fait hara-kiri pour des trucs bien plus bénins.

Tibert

(*) Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges…

Plus personne ne lit ce pauvre Gustave : hermétique, pénible, relou ! on bosse les classiques du rap, maintenant.

(**) Talc-chaud plutôt bien fichu, on y débat assez au fond des sujets, ça argumente sans trop de cacophonie, à la différence d’autres plateaux (Praud, notamment) où les invités ont leur rond de serviette et le brouhaha vite pénible.

Il a volé des cerises

Une idée farfelue… on sait peut-être – à regarder le journal d’Arte de 19h 45 vous en serez abreuvé – qu’à l’Est en Allemagne, grosso modo l’ex-RDA, le parti d’ « extrême-droite » AfD caracole en tête, ou quasiment, dans les urnes et et les sondages… Arte tartine donc sur les dangers de l’AfD (racistes, xénophobes…) au point que c’en est devenu un tic verbal. Sachant que l’Est, le point cardinal, se dit Ost en allemand, où iriez-vous chercher l’étymologie d’ ostracisme ? En fait c’est une histoire de bannissement, et plus bizarrement de tesson, de coquille d’huître – j’ai appris là quelque chose : figurez-vous que c’était sur des tessons de céramique que les citoyens écrivaient le nom de ceux qu’ils voulaient bannir… Mais bon, avouez, ça tenait debout : ost-racisme

Mais, soyons sérieux. Madame Tondelier – la Cheffe des comparses verts du NFP – arborant une veste vert-gazon anglais (*) nous régale et s’indigne des turpitudes du tout nouveau ministre de l’Intérieur, monsieur Retailleau. Figurez-vous qu’en 1997, il y a 27 ans, il aurait triché au jeu du Puy-du-Fou ! Ce n’était pas Intervilles, mais du même tonneau, donc vous imaginez… inadmissible, imprescriptible, indigne d’un ministre ! Dans le même ordre de gravité – cet aveu me coûte – j’ai souvenance d’avoir parfois utilisé des antisèches, dans mes années studieuses. Mais il y a prescription ! Savoir si Marine Tondelier – tiens, elle se prénomme Marine, elle aussi ? – dans sa jeunesse, n’a pas piqué un stylo-bille à la réception d’un hôtel, hein ? nobody’s perfect !

Pour finir, le récent ministre des Finances, monsieur Armand, semble n’avoir pas saisi la ligne de conduite du gouvernement Barnier : il s’est dit, je cite Le Monde, « ouvert à collaborer avec tous les partis, « pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain », auquel n’appartient pas le RN selon lui. C’est lassant, cet arc républicain, cette escroquerie sémantique floue : si le RN est hors-la-loi, on le dissout ! sinon, qu’on l’apprécie ou le déteste, c’est un parti valide, républicain, au même titre que les autres. Donc monsieur Armand, qui n’avait pas compris : humilité, pas de sectarisme, respect… s’est fait remonter les bretelles, c’est bien normal, et finalement il ne va pas snober le RN. Monsieur Attal le disait fort bien : « l’arc républicain, c’est l’hémicycle » ! soit 180 degrés, ou π = 3,14159…. en radians, si vous y tenez.

Tibert

(*) Jamais de fringues vertes quand on est sur un plateau télé ! c’est la couleur du fond de détourage des images, qui permet par exemple au météorologue de service, bien au chaud sur son plateau, de sembler se mouvoir devant un champ de coquelicots.

Le pilulier du dimanche matin

C’est traditionnel : monsieur, en survèt’, est allé chercher des croissants au beurre (*) à la boulangerie, et l’après petit-dèj’ est consacré au pilulier… découpe, concentration, cases à garnir… on referme la boîte, soupir d’aise. De quoi se shooter, donc, au long de la semaine, sans rien oublier, ni l’anxiolytique ni le fluidifiant intestinal. Belle invention, le pilulier !

Mais, trêve de fadaises ! Le 22 septembre, aujourd’hui, on ne s’en fout pas : il y a au menu du mansplainage (… ing, en rosbif), et un nouveau gouvernement. Sur ce dernier, très et longtemps attendu, je note deux choses : selon Greenpeace et le WWF, qui dictent la Bonne-Pensée décarbonée, ce lamentable montage tient toujours du « vieux monde » : « laisse présager le pire » , « inquiète » , « l’obsession du nucléaire en guise de boussole écologique » … ils sont tristes et inquiets, ces deux phares de la pensée écologique, et ma foi ça me ragaillardit. Je ne sais plus quel illustre homme politique – Mao ? – énonçait que si ses adversaires rouspétaient, c’est qu’il avait bon. (**).

Et sur ce même gouvernement, si fragile, il se dit que madame Le Pen le tient « à sa main » , situation affreuse : eh oui, pensez, il suffit qu’elle décide de le censurer, s’alliant opportunément avec les LFI et subsidiaires, et paf ! censuré. Sans doute, mais c’est présenter les choses de façon partiale : c’est d’abord parce que les LFI, etc… ont le doigt sur la gâchette, quel que soit le sujet ! si madame Le Pen est en position de jouer l’arbitre, c’est parce qu’en face on demandera obstinément la censure, butés, hostiles : destructeurs.

Mais passons… un dernier truc : pour les mâles progressistes et qui se soignent, la feuille de route (j’ai pensé intituler ce billet « feuille de (bi)route » , mais c’est de mauvais goût). Libération publie donc cette recette salvatrice en 10 points – on peut compter sur ses doigts – propre à faire d’un sale macho un individu fréquentable. Tout ça vient, notez bien, des remous de l’affaire de Mazan, ces 51 présumés violeurs d’une femme assommée de barbituriques par son mari. La thèse, en gros, c’est que ces présumés salauds, c’est Paul Dugenou, c’est nous tous, les mâles, coupables de nos testicules. Soignons-nous donc, mes frères, et suivons la route de la feuille.

C’est moralisateur en diable, vous verrez ça… mais juste un bémol : ladite feuille nous sort du mainsplainer. J’ai été voir sur le Houèbe le sens de ce néologisme anglo-moche : mainsplainer, verbe du premier groupe, ce serait le fait, pour un homme, d’expliquer des trucs de manière condescendante à une femme, la prenant donc, grosso modo, pour une conne : forcément, c’est une femme ! Tenez, un exemple typique de suffisance mâle (mâle-splaining ?), sur ce site : « Celui qui m’explique les bourses alors que je suis assistante sociale au CROUS» . Je vous laisse méditer sur ces « bourses » : ce pourrait être en fait un simple malentendu.

Tibert

(*) L’achat des croissants le dimanche matin, c’est comme le barbecue, eh oui madame Rousseau : un privilège mâle. On se demande d’ailleurs par quelle aberration l’on peut proposer à la vente des croissants sans beurre ! imaginez un boeuf bourguignon sans vin rouge, une pissaladière sans anchois…

(**) Aphorisme symétrique : « Si mes ennemis applaudissent, je me demande quelle connerie j’ai pu faire » .

Les pires, en plus mauvais

Deux entrefilets qui interpellent, quelque part, comme on disait jadis pour faire intellectuel :

a) Dans Ouest-France, l’amertume des électeurs de gauche. Eh oui, ils semblerait qu’ils soient amers (et non qu’ils soient ta mère : ça s’entend identiquement, mais le contexte permet de lever aisément l’ambiguïté). Ils ont tort, et là, manifestement, les ténors de la gauche-gauche leur ont bourré le mou, chanté victoire quand c’était juste un gros tiers face à deux plus petits tiers. Il faut donc composer, dialoguer, se concerter au lieu de se regarder en chiens de faïence, prétendre imposer ses diktats… et le canard de pousser le bouchon : « avec une assemblée qui compte deux tiers de députés au centre et à droite, le député médian est, en réalité, plutôt à droite » . Bref : un gros tiers, c’est un assez joli résultat pour une sensibilité minoritaire ! pas de quoi être amer. Et l’électeur de gauche peut dire merci au « front républicain » , cet éphémère rempart tactique anti-RN, sans lequel ç’aurait été nettement moins flatteur.

b) Il se dit – exemple, le Parigot, mais ailleurs aussi – que « Michel Barnier envisage d’augmenter les impôts » . Diantre ! pour parler poliment. Et cet autre article, où l’on chante exactement la même antienne : effort, retour à un déficit correct, gnagnagna… eh bien je vais vous dire : c’est désespérant, ce pays est déjà le champion des impôts toutes catégories confondues. Devant la Belgique et l’Autriche. Et malgré ça, les services publics rétrécissent à vue d’oeil, les salariés pleurent leur minable pouvoir d’achat, la police crie misère, la justice travaille avec trois bouts de ficelle… où passent ces sommes astronomiques, ce « pognon de dingue » que ponctionne le très efficace ministère des finances ?

C’est simple, c’est comme les vétustes canalisations d’eau sous la chaussée : ça fuit de partout… sauf que là ce n’est pas perdu pour tout le monde : ça doit bien irriguer, « quelque part » . Mais qui, là-haut, aura enfin le courage de lever le couvercle de nos dépenses indues ? de nous dire où ça fuit ? parce que ça fuit, pas d’autre explication. Nous avons entre autres un bon millier de « Comités Théodule », ruineux et inutiles, pour la plupart. Débrancher par exemple le Haut Conseil à l’Egalité des Chances dans les Ehpad affectera-t-il le fonctionnement de notre société ? c’est à essayer…

On pourrait au moins aller voir comment font les autres, qui taxent moins sans que ça aille plus mal. Un peu d’humilité ne nuit pas. Tenez, un truc tout con… les grosses bagnoles immatriculées en Pologne, que l’on sous-loue chez nous en toute impunité avec une vague photocopie de permis, payable en liquide, et qui ravagent nos rues de banlieue… on se lamente, on lève les bras au ciel… chez les Belges, elles sont interdites, hors-la-loi ! On est plus mauvais que les Belges.

Tibert

Au faciès, bien entendu

( Les Britanniques vont nous prélever environ 12 euros, 10 livres, pour nous remercier de leur rendre visite. C’est en fait un péage, du doux nom de « ETA » , valable deux ans… c’est leur droit, n’est-ce pas, vu qu’ils ne sont pas dans l’UE ; de plus, ils ont cruellement besoin de fric. En fait c’est tout simplement du racket, et je m’étonne que ça ne fasse pas plus de vagues : qui, à la Commission de Bruxelles, une fois, a réagi à cette mesure scélérate ? on va laisser faire ça ? le bon sens suggère d’instituer une mesure symétrique envers les Grands-Bretons. Voyons-voir, donc, si de ce côté du Channel on a un minimum de fierté… )

Et puis on enfonce des portes ouvertes, au Figaro, à propos de faciès – le gros mot est lâché. On sait que la gauche radicale se gargarise et s’étrangle d’indignation à propos des « contrôles au faciès » , arguant que les flics vérifient les papiers des d’jeunes à capuche et baskets nettement plus souvent que ceux des mémères en pantoufles qui font leur marché, cabas en mains. Faciès est devenu un gros mot, alors que c’est un innocent synonyme de « visage » . Eh bien, le député Ruffin parle, dans le Figaro, de ses états d’âme : chez LFI, on a un discours « au faciès » , et pas dans le même sens que les flics ! Je vous cite un bout du papier :

« François Ruffin reconnaît avoir mené aux législatives de 2022 une campagne au «faciès», et communautariste : mettant en exergue la figure de Jean-Luc Mélenchon quand il s’adressait à un électeur «noir ou arabe», mais en la cachant «dès qu’on tombait sur un blanc». Une attitude dont il a «honte» aujourd’hui » .

Il se trouve que madame Rousseau, Sandrine – encore elle : elle excelle à occuper le terrain, même au Figaro – contredit Ruffin : « les tracts étaient les mêmes partout, il n’y a pas eu deux tracts pour deux quartiers différents». Certes ! évidemment, bien entendu ! On voit mal le militant LFI, muni de deux piles de tracts, puiser à droite ou à gauche en fonction du « faciès » du clampin qu’il tente d’évangéliser. Madame Rousseau se fiche du monde, là : dès qu’on accroche le chaland avec son bout de papier, dès qu’il est possible d’engager un dialogue – c’est en général le but de la manoeuvre – on a tout loisir de mettre l’accent sur ceci, cela, sur Dugenou le grand Leader qui défendra le peuple de gauche et les quartiers, ou l’ignoble facho Schmoldu qu’il faut battre, absolument.

Somme toute, quand on tracte, il importe d’être physionomiste : en clair, savoir différencier les gens, pour leur parler de ce qui les intéresse et les concerne. C’est du militantisme au faciès, littéralement, et c’est bien normal. Reste à discuter des visées, claires ou sournoises, citoyennes ou subversives, des tracteurs : c’est ça, le vrai sujet du papier !

Tibert