Je lis ça sur le Figues-sur-Toile, et franchement là il y a de l’abus, je cite : « … quelque 200 abus sexuels commis sur des enfants (…) [il en a] sans doute abusé plus de 500, et violé plus d’une trentaine« . Il s’agit d’un ex-animateur de la BBC, qui se révèle être un redoutable prédateur pédophile.
Voyons : qu’est-ce qu’un abus ? un excès (au delà du raisonnable) ou une tromperie. « J’ai abusé des choux à la crème« … « il a abusé de sa bonté« … et au passif ça donne par exemple : « ma bonne foi a été abusée« … « il a été abusé par l’ombre portée« …
Vouais… hmmm… les pauvres enfants auraient-ils été trompés ? on aurait abusé de leur naïveté, de leur innocence ? leur aurait-on fourgué des Carambars périmés comme étant frais du jour ? c’est très très flou comme qualification délictuelle. Et, chers lecteurs de votre blog favori, je m’en vais vous dire de quoi il retourne : c’est un anglicisme !
Bon sang, mais c’est bien sûr, vous le saviez : « to abuse« , en anglais, c’est maltraiter ! les enfants ont été maltraités (agressés, si vous voulez), voire plus précisément, violés ! un « abus sexuel » tel qu’on l’écrit ici improprement, c’est non pas un usage excessif de la veuve Poignet (ça rend sourd), des sextoys (ça use les piles) ou des galipettes amoureuses (ça ne rend pas sourd, ça n’use pas les piles, mais ça fatigue) : c’est une agression sexuelle.
Reste à faire un subtil distinguo entre « agression sexuelle » et viol ; chez nous c’est quasiment de la même eau, la notion de viol est assez extensive. Outre-Manche, qui sait, le Politiquement Correct et l’édulcorant journalistique ont peut-être tendance à traiter de sexual abuse (« agression sexuelle », et non pas « abus sexuel », qui ne concerne que les insatiables du cul) ce qui est viol (rape). Mais ceci est une autre histoire.
Moralité : nous avons déjà des cargaisons d’anglicismes ; n’en « rajoutons » pas, ou nous y perdrons notre latin. N’est-ce pas, chers journaleux du Figues-à-rôts et autres canards peu regardants sur la précision des termes ?
Tibert