L’UFC-Quoi-Acheter publie un fort utile document sur les manques de l’Internet en France. Vous le lirez si vous voulez vous instruire ; grosso modo, dans les villes ça baigne, à la campagne ça rame, quand ça veut bien bouger, genre 650 Mbits/s, soit 80 MOctets/s en descente les jours où ça dépote bien. Essayez donc de commander une doudoune en laine des Pyrénées à la Reboute avec ça, tiens ! on y passe la matinée…
Bref, l’UFC affirme que la priorité c’est de réduire ces écarts inadmissibles – les administrations font comme si tout le monde était bien installé sur Internet, et démerdez-vous – et non pas d’aller encore plus vite en ville, snobant ainsi les ruraux. La fibre partout ? du pipeau, projet trop optimiste et irréaliste : déployez donc massivement et correctement des fils de cuivre, du bon vieux ADSL, disent-ils, et je suis pleinement d’accord : c’est rustique, facile à rabouter, et suffisamment rapide si c’est bien fait.
Et c’est là que c’est rigolo… vécu vrai de vrai. Les fils téléphoniques – de l’Opérateur Historique couleur mandarine et Cacochyme, et bien entendu « non dégroupé », rente oblige – qui suivent sur leurs poteaux de bois, vaille que vaille, au long des talus le tracé des départementales, coupant ici et là au travers d’un champ… c’est ça, l’ADSL des campagnes ! des fois c’est plutôt propre, ça a de la tenue… mais que de poteaux écroulés ou pourris, de fils traînant à terre, de tracteurs trop hauts qui arrachent le tout, de branches d’arbres cassées pesant sur les câbles… c’est ça l’Internet des bouseux !
Et le pire du pire, c’est qu’on ne peut rien faire ! sauf à le faire soi-même, en douce, dégager une branche cassée, sortir le câble du fossé pour pas qu’il se noye… du bénévolat. Car si la lourde branche du noyer en bordure du pré menace de rompre un câble téléphonique sur le talus de la D728, c’est le noyer du Gustave, on n’a pas le droit d’y toucher ! donc si par hasard un citoyen responsable signale le problème, il faut que l’Opérateur, s’il veut bien se bouger le cul, trouve d’abord le coupable, puis lui demande poliment de bien vouloir scier la branche fautive – sans scier le câble. Oui mais c’est-y bien au Gustave, ce champ ? ah ça dame, c’était aux … mais ça a été vendu, c’est un type de … qui a ces terres maintenant, il doit les louer à … enfin on sait pas trop. Alors ? alors on fait rien, on peut rien faire ! on attend que le câble casse, car il finira évidemment par casser, et là, après des délais significatifs – week-ends, jours chômés et temps réglementaire de réaction – on réparera. Pensez, la fibre optique… je me marre, amèrement.
Tibert