« Alain Bashung était au sommet de son art« , nous balance-t-on dans un vibrant hommage (*).
D’abord, on n’aurait pas eu droit à ce genre de littérature si Bashung était toujours de ce monde. Le journaleux aurait trouvé totalement inintéressant de nous tartiner un article sur Bashung.
Donc, premio : si l’on vous tartine des hommages, dites-vous que c’est posthume.
Deuxièmo : « au sommet de son art » ? vraiment ? il progressait donc encore, Bashung ? ou bien se déplaçait-il « en palier », sur un plateau ? De fait, s’il progressait toujours, il est bien évident qu’il a atteint le sommet de son art… puisque dorénavant il n’aura plus guère l’occasion de l’exercer, son art.
Troisio : C’est le bon moment pour partir et tirer sa révérence, « le sommet de son art ». Après, on ne pourrait que débiner, se répéter, décliner… après le sommet, ça descend. Chapeau, donc, M. Bashung, c’était pile le bon moment pour partir.
Quatrio : Chapeau, justement, et lunettes… exactement le même chapeau que Leonard Cohen. Pile poil. J’ai été frappé, le lendemain des Victoires de la zizique 2009, de la ressemblance scénique entre Bashung et Cohen, le Cohen d’il y a quelques années, tout de même – c’est une remarque élogieuse, je vous le dis, je révère Cohen – mais personne ne s’en est avisé… nous avions notre Leonard Cohen, et ne le savions pas.
Il nous reste l’autre, le vrai, un peu décavé, évidemment, mais la voix est toujours là, et lui ne fume pas.
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(*) Vous avez remarqué ? les hommages sont parfois appuyés – sur quoi ? – mais plutôt vibrants : ils vibrent très facilement. Au point qu’il est interdit à la troupe de marcher au pas cadencé devant un hommage.