Je butine, la nuit. Faute de pouvoir faire du pain, retaper une chaise branlante, fabriquer un cadre, toutes activités fort utiles mais hélas bruyantes, donc proscrites « à certaines heures pâles de la nuit », comme le chantait Léo. Me reste le rectangle de l’écran presque tout blanc de mon ordi, face à des nouvelles, de moins nouvelles, des vertes et des pas piquées des vers : l’information, mon gars, l’information, ça ça peut se pratiquer la nuit, en silence – ou presque, le clic du mulot, le clic-clic des touches du clavier.
« Des nouvelles à la gland, des nouvelles du monde« , autre citation du vieux Léo : eh oui, plein de nouvelles, en vrac, et dans tous les sens, au bout du mulot. Et puis par ci, par là, tilt, ah tiens, celle-là elle est bien bonne ! voyons voir, voyons voir…
Tenez, pour une fois, un site qu’il est pas suspect de partialité – non je plaisante, là – « Mediapart » : « les batailles de l’égalité« . Engagés pour l’égalité des droits, qu’elles-et-ils sont, les 100 députés PS ardents défenseurs de la cause du mariage pour tous. Pas quatre-vingt-dix-neuf virgule quatre-vingt-quinze comme chez Mammouth, non : un chiffre farpait, et qui frappe, qui est fait pour frapper : cent ! d’ailleurs ils ont refusé de prendre la signature des suivants, ça faisait moins bien, cent-trois.
Cent députés, donc. C’est comme ça qu’ils ont signé. Et, signant, ont adroitement oublié d’ajouter leurs autres titres électifs, puisqu’ils sont souvent, pas tous mais souvent, députés-ET-autre chose, n’est-ce-pas monsieur (au hasard…) Dominique Lefebvre, également maire de Cergy, Philippe D… ah non tiens, pour l’ égalité des sexes, une femme : Françoise Descamps-Crosnier, également maire de Rosny-sur-Seine et Conseillère Régionale, et je m’arrête là, il y en a plein d’autres. Cent dont X cumulards, qui piquent sans vergogne, tandis que nous connaissons un record de chômage, un ou des boulots à d’autres, et se moquent de leurs électeurs par la même occasion.
Sur la partie gauche de la page internet dont je vous entretiens figure un encadré « Les batailles de l’égalité« . On peut y lire ceci : « On peut le dire au pluriel: égalité des droits, égalité devant la loi, égalité des origines, égalité des territoires, égalité des sexes, égalité à l’école, égalité au travail, à l’hôpital, devant la justice…« . C’est beau, hein ? sauf que c’est un salmigondis pâteux et faux-cul.
– Faux-cul : l’égalité au travail, on en recausera quand le statut des fonctionnaires sera aligné sur celui des salariés du privé, ou inversement, je ne suis pas raciste. Mais évidemment ça… si on parlait d’autre chose ? c’est mineur, ça ne concerne que quelques dizaines de millions de citoyennes-et-citoyens, bien moins important que le droit à la procréation assistée pour « toutes les femmes » (et l’égalité des sexes, alors ?)
– Salmigondis pâteux : « égalité des sexes » ne veut rien dire. Deux sexes ne sont pas égaux comme ça en l’air ; on peut traiter de leur égalité au regard de… (du salaire, de la force physique, de la longueur, de la capacité à s’orienter, de…), ça oui, mais pas « égaux » comme ça, sans rien derrière. Et puis qu’est-ce que l’ égalité des territoires, ou l’égalité des origines ? les territoires de la République… mon territoire est plus égal que le tien… quelle soupe !
Bref, dans la plus grande confusion mentale et des concepts, ils sont pour l’égalité devant le mariage, ces cent. C’est leur droit le plus strict, je le reconnais bien volontiers, ce dont ils se foutent. Je ferai juste remarquer que le mariage chez les hétéros est en pleine déconfiture – même Normal 1er n’est pas marié, alors… – mais tant pis, il faut y aller, et attendez, c’est pas le plus beau. Le plus beau, c’est la suite, attendez voir. Allez, on va à la ligne pour marquer le coup, je vous le mets sur un nouvel alinéa. Musique !
« Peu de lois marquent autant que celle-là une étape dans la marche du progrès. Nous savons combien cette réforme laissera l’empreinte de l’égalité sur le mandat de François Hollande et sur la génération qui portera son nom. »
La marche du progrès ! (*) la génération Hollande ! je crains qu’au PS on ait quelque peu perdu de lucidité, de capacité à l’auto-dérision. Ou bien c’est humoristique ? c’est exprès, non ? c’est un pastiche ?
Tibert
(*) chaque fois qu’on me sort la délicieuse « marche du progrès », je pense irrésistiblement à cette boutade, ce supposé discours ampoulé d’un politicien ronflant : « nous étions au bord de l’abîme, mais nous avons fait un grand pas en avant« .