Les dicos ont du souci à se faire : accusés de sexisme, quand la préfète est définie comme l’épouse du préfet, idem la boulangère (*), la bouchère, etc… Effectivement, préfète désigne en principe la femme-préfet, pas la meuf du mâle qu’on imagine classiquement dans ce rôle. Il y a des mentalités à changer, du vocabulaire à trouver… gros boulot ! il y a pourtant du vrai à la bouchère, qui trône – toujours les images sexistes, on n’en sort pas – derrière la caisse, tandis que son Jules s’active à parer les entrecôtes et ficeler les rôtis, « et avec ça ? » : c’est un équipage, une boucherie, très souvent un homme, une femme, chabadabada. Dans le même ordre d’idée, qui peut nier l’influence, l’assistance réelle et utile de l’épouse du préfet (ou du mari de la préfète, pour ne pas fâcher les pointilleuses gardiennes de la symétrie) dans les tâches de son conjoint (**) ? « quelque part », la meuf du préfet porte les épaulettes de son compagnon.
Allons plus loin : certes la Présidente n’est pas, au vrai sens du terme, « la femme du président« , mais une femme qui préside. Certes. Mais il y a de la métonymie là-dedans, qui fait sens : quand je dis que le boucher est ouvert (ça ne se dit pas de la bouchère, allez savoir pourquoi), je n’exprime pas que ce monsieur s’est éventré du haut en bas ; il s’agit, moins sanglantement, de son magasin. Le magasin enveloppe de son aura et désigne tout ce qui y est attaché, hommes, femmes et bêtes. Et, heureux hasard, les magasins ne sont pas sexués.
Tibert
(*) Marcel Pagnol était un précurseur du Sexuellement-Correct : il s’est bien gardé d’intituler son oeuvre La boulangère ; au reste elle ne boulangeait pas, se contentant de faire porter les cornes à son pauvre mari. On pourra en revanche épingler monsieur Rohmer, avec sa Boulangère de Monceau : en fait de boulangère, c’est une vendeuse ! Le film aurait pu s’intituler « correctement » La vendeuse de la boulangerie de Monceau, titre nettement moins vendeur.
(**) Je pose que conjoint est neutre, c’est comme ça, et le neutre, en français, s’exprime par le masculin. L’écriture inclusive, cette vérole, ne passera pas par moi.