Impasse de la Canneberge

Il est humain de préférer annoncer des victoires que des défaites. Vous êtes d’accord ? moi aussi. Tenez, si je vous dis que je bute sur la démonstration de la conjecture dite « de Syracuse », bien qu’ayant avancé de manière significative 😉  vous allez penser que je ferais mieux de la fermer ( pas la conjecture, évidemment…). C’est clair, je gagne à ne rien dire si mes recherches démontrent que le sens dans lequel je les oriente se révèle une impasse ; c’est évidemment plus confortable pour mon ego, et tout roule comme si de rien n’était…

Mais je lis dans Slate.fr (slate : terme anglais, forcément anglais, désignant l’ardoise sur laquelle on écrit) cette  intéressante contribution de deux chercheurs francophones qui ont créé l’enseigne « Negative Results« . En anglais évidemment, mais bon, nobody’s perfect, pas vrai ? leur démarche vise à baliser les chemins de recherche déjà explorés et vains : quoi de plus idiot que de repartir sur des pistes qui se sont clairement avérées sans espoir ? c’est particulièrement utile en biologie, mais ailleurs aussi, soyez-en sûrs.

Tenez, mesdames, qui pour éloigner la cystite menaçante – tellement plus fréquente chez vous que chez les mâles – vous tapez des gélules de cranberry, des gelées de cranberry, des décoctions de cranberry en pensant que ce sont des cranberries, alors qu’il s’agit de canneberges (en anglais : cranberry), vous perdez votre temps et votre fric, surtout s’il y a marqué « cranberry » sur l’emballage – forcément plus cher que la canneberge, snobisme anglomane oblige : la canneberge n’a aucun effet sur la cystite, ni dans un sens, ni dans l’autre. Il reste que c’est une baie aux vertus anti-oxydantes, délicieuse en compote, ou sur des plats de gibier, viandes blanches etc..  mais, bien entendu, en gélules 1) ça n’a aucun goût, 2) c’est emmerdant à absorber et 3) ça ne sert rigoureusement à rien sauf à enrichir les fabricants. Comme quoi Negative Results va vous faire faire faire des économies, mesdames, à défaut de vous donner la solution pour combattre la cystite.

Vive donc les impasses, les erreurs, pourvu qu’on s’attache à en tirer les leçons pour en éviter le retour, pour reprendre un vieux slogan. Ah si les politiciens pouvaient s’inspirer honnêtement de leurs negative results !

Tibert

Botanique et citoyenneté

Clin d’oeil à l’impertinent livre de monsieur François Vermorel : « La ferme aux professeurs – journal d’un stagiaire », le titre qui surplombe dangereusement mon texte – il faudrait étayer ça – ce titre traite, le traître, de la canneberge, une fois.

Qu’est-ce qu’il vient nous faire ch… avec ses plantes et simples ? vous dites-vous… il n’a pas d’autres sujets à traiter ? tiens, cette superbe photo du socialisme à la française , cette hilarante brochette de croque-morts, notables, députés-maires (cumuleurs de mandats électifs) socialistes coincés dans leur beau costume, et dont on suppose qu’ils assistent à un enterrement ? Dany le Vert et Olivier le postier trotsko ont des allures un peu moins coincées !

Ben non, botanique et citoyenneté, quasi un sujet de stage en IUFM : la canneberge, dis-je, alias atoca au Canada, « grande airelle rouge d’Amérique », s’appelle aussi chez les Rosbifs cranberry. « Cran », qui veut dire grue, et « berry » , la baie,  comme toutes les « berries »… presque toutes les baies, sauf le cassis et la baie des anges, se nomment en effet « berry » pour les anglophones.

Hier je faisais mes courses : je lis sur un emballage de jus de fruits « Nectar de cranberry et mûres »… ah… voyons voir, voyons voir… un emballage Gaulois, fabriqué en France, mais « cranberry » !  et pourquoi pas canneberge ? vous buvez du vin-blanc-blackcurrant, vous, quand vous vous enfilez un kir ?

Lisant des articles sur la Toile et sur la canneberge, je suis tombé sur Wikipedia, évidemment, incontournable Wikipedia… il y est dit  ceci : « En France, on nomme cette plante également grande airelle rouge d’Amérique du Nord. Cependant le terme anglais « cranberry » tend à s’imposer en France, du fait que l’industrie agroalimentaire et l’industrie cosmétique privilégient ce terme pour leurs produits ».

Disons donc leur merde – ou fuck you, s’ils aiment tant l’anglais – à l’industrie agro-alimentaire et à l’industrie cosmétique anglolâtres ! urinons-leur aux fesses ! la canneberge, c’est de la canneberge, et c’est bon pour la citoyenneté autant que pour ses propriétés anti-oxydantes.

Tibert