… et le Coronus vira !

Non non, je sais, vous vous inquiétez pour moi, ce silence insolite, mais non : je ne suis pas cloué au fond d’un lit isolé-blindé-verrouillé, hérissé de tubes (moi, pas le lit), un masque à oxygène sur le museau. Jusqu’ici ça va, comme disait le type tombé d’un gratte-ciel et passant verticalement devant le 9ème étage à environ 52 m/s (il lui reste une demi-seconde d’optimisme). Simplement, je regarde ce qui se passe, et en fait de nouvelles il ne se passe qu’un seul truc, ad nauseam (*) : le corona-machintruc. J’ai reçu une blague d’une amie , parodie de pub : « Pour 2 Corona, on vous offre une Mort-Subite« . Les amateurs de bières et de gueuzes – avec un z – apprécieront.

Justement, à propos de gueuzes (excusez cette transition malotrue) : c’était hier la Journée des Femmes – enfin, la plus illustre : c’est tous les jours, la journée des femmes ! Des activistes-féministes, de gauche je suppose 😉  avaient collé un peu partout des affichettes blanches format A4 (on trouve ça en ramettes de 500 feuilles dans tous les bureaux, y a qu’à se servir) pour des slogans percutants : tenez : « Contre la transphobie étatique« . J’ignorais que Philippe-Premier, Macronious, le parlement etc… avaient peur des travelos, LGBTQ++ et j’en oublie. Souhaitons que ça se soigne ! Et puis celle-là : « Contre le viol et le 49-3« . En voilà un tandem carpe-lapin ! Pourquoi pas aussi contre le gruyère dans le gratin dauphinois ? A l’occasion, le Monde, citant les manifs de cette Journée des Femmes, glisse en douce que celles-ci seraient les grandes perdantes de la nouvelle organisation des retraites (**) : d’où l’opposition au 49-3 ! c’est limpide, non ?

Mais j’apprends que le ministre de la Culture Riester est diagnostiqué porteur du Covid-19.  Je compatis et lui souhaite prompt rétablissement, il est jeune encore et plein d’avenir. Et surtout qu’il reste au chaud et à l’écart dans son ministère : tout par visio-conférences et téléphone. A son propos, j’ai pu apprécier la constance dans l’errement avec laquelle il martèle ses convictions féministo-anti-viol, je le cite : « J‘avais dit avant même la remise de ce César dans la journée que ça serait un mauvais signal envoyé à la population, aux femmes, à toutes celles qui se battent contre les agressions sexuelles et sexistes, qu’il y ait la remise de la meilleure réalisation à Roman Polanski. » Eh oui, les 4.300 « électeurs » de l’académie des César(s) ont envoyé le mauvais signal ! Le bon signal – il suffisait d’avoir la moralité supposée en ligne de mire, et au diable le goût du bon cinoche – aurait été de distinguer… voyons voir… parmi les six candidat.e.s nommé.e.s et réputé.e.s de bonne moeurs depuis les quarante dernières années (***) … ah oui, tiens, la seule femme du lot, bien évidemment ! la metteuse en scène du film « Portrait de la jeune fille en feu« , madame Sciamma – film où jouait, justement, madame Haënel. C’était ça le bon signal !

Tibert

(*) Jusqu’à la nausée : si ça se trouve, c’est un des symptômes ?

(**) C’est à vérifier, textes et exemples en mains.

(***) excluant Polanski, ils restaient six en lice : Ozon, Sciamma, Nakache-Toledano, Ladj-Ly, Nicola Bedos, Desplechin. UNE femme là-dedans : le choix s’imposait, non ? au fait, je vous le fais façon écriture inclusive, groupuscule de Benoît Hamon, etc… Bref : genré bien visible ! C’est moche et illisible, mais on VOIT la femme ! ah…

Rendons à César… (*)

Des acteurs de gros calibre (**) – Lambert Wilson et Juliette Binoche – ont vertement critiqué, l’un, le « lynchage » de Polanski lors des César(s), l’autre, la médiocrité et la bêtise du spectacle-monologue supposé humoristique assuré par madame Foresti. Il faut dire que cette « one-woman-showeuse » (horrible mot) ne faisait que débiter habilement un texte concocté pour elle par des « plumes » laborieuses, chargées de trouver les piques, potables ou poussives, propres à arracher des sourires au public : « taulards » pour « Césars » etc. J’écris ça sur la foi d’une déclaration du sieur Hanouna, autre « phare de la pensée » 😉 : « sachez que cette année, Florence Foresti a touché 130 000 euros dont 30 000 euros pour ses auteurs donc entre 100 et 120 000 euros pour elle« . C’est donc bien qu’elle a rémunéré des tâcherons de l’humour pour cette prestation césarienne (c’était laborieux comme accouchement), se montrant par ailleurs proprement ignoble à critiquer la petite taille de Polanski (gestuelle, sobriquet d’Atchoum…) : c’est minable, moche, c’est bas, sans jeu de mots.

Bref : quand un Darroussin abonde dans le sens de Foresti, bafouille et fait mine de ne pas savoir lire (quel humour ! ), d’autres gardent la distance nécessaire face à la polémique Polanski et aux condamnations féministes. J’ai ainsi vu madame Huppert citer Faulkner, comparant fort justement un lynchage à une forme de pornographie. Concluons : ne mélangeons pas tout ! la justice fera son boulot. Par ailleurs, virgule, il était question de juger de la qualité d’un film traitant des dessous de l’affaire Dreyfus, pas de se constituer en tribunal « populaire » auto-proclamé pour sanctionner  d’anciennes affaires de moeurs.

Tibert

(*) … citation bien venue !  Rendons aux Césars les remises de médailles de l’Art Cinématographique, et aux tribunaux les sanctions des délits et crimes sexuels. Chacun son boulot.

(**) Acteurs de premier plan, certes, ce qui ne les érige pas en « phares de la pensée » façon Pascal, Leibniz ou Foucault, ne nous emballons pas ! mais dans le milieu du chaubize, ils savent de quoi ils parlent.