(Au fait : il y a des élections sénatoriales aujourd’hui : vous le saviez, hein ? moi non plus. Avouez, ça valait le coup de vous en causer : moment crucial de démocratie !! où le sort de ce pays se joue, entre continuer comme d’hab ou faire comme si de rien n’était).
Mais passons ! J’ai ouï samedi une toute nouvelle anaphore, une assez bien roulée quoique moins somptueuse que l’illustrissime « Moi Président… » : « C’est la rue… c’est la rue… c’est la rue gnagnagna…« . Anaphore mélenchonesque ce coup-ci (couça), qui entendait signifier à Emmac-Les-Rouflaquettes que la rue… la rue, bref, la rue déboulonnait les méchants : les méchants, alias la « chienlit libérale« , claire récupération-citation des illustres termes gaulliens de juin 68. Et de nous citer le dégommage des rois (Louis XVI : couic, et puis Louis-Philippe plus tard), des nazis ( « la rue », curieuse dénomination pour les combattants russes et alliés, avec l’appui de la Résistance), du plan Juppé en 1995 et du CPE de Villepin en 2006. Le lendemain – hier donc – pour étayer son propos et alourdir le trait, monsieur Mélenchon y ajoutait d’autres prouesses de « la rue », la création des sections syndicales et la quatrième semaine de congés payés.
En somme, je résume, le propos du Lider Maximo des Insoumis tend à claironner que si Macron tient une toute petiote légitimité des urnes… pas bien vigoureuse… contestable… des pouïèmes de voix en plus de lui, le glorieux arrivé quatrième juste derrière, lui Méluche tient la sienne, de légitimité, et une grosse, de la rue ! la rue qui lui serait donc bien évidemment acquise, tenez, cent-cinquante-mille manifestants comptés à quelques unités près (trente-cinq mille, selon la Police). Moi, je voudrais juste ajouter ici un petit grain de sel. Car « la rue » fait bien des choses, et des pires ! tenez, le lynchage d’ Alain de Monéys en 1870 : pas beau du tout… et tant d’autres ! la rue mise à sac, où se défoulent les trublions cagoulés des queues de manifs, occupés à casser du flic et des devantures de magasins…
Et puis parlons-en, tiens, du plan Juppé de 1995 ! mis à mort par les syndicats cheminots arc-boutés sur leurs privilèges, prenant tout le pays en otage pour le maintien de leur statut obsolète et inique. « Toussensembleu toussensembleu ouais, ouais ! ». Et ouais, « la rue » a gagné en 1995 : la rue corporatiste et arrogante, détestable ; la rue de ceux dont le statut en inox chromé et la position stratégique leur permet de paralyser un pays.
Tibert