Moi vous me connaissez, quand je tiens un os (de cheval) à ronger, je m’y cramponne. La plus noble conquête de l’homme défraie nos chroniques hippiques, et ce n’est pas prêt de cesser, tant il y a à tartiner. Journaleux et blogueurs mes amis, nous tenons là un vrai minerai (de cheval).
Justement, à propos de minerai… la Rue89, pourquoi 89 je l’ignore, 69 je comprendrais, mais 89 ? l’Yonne, peut-être ? ou dix-sept-cent-89 ? ou 42 + 47 ? bref, Rue89 nous régale 😉 d’un article sur le fameux 😉 minerai de viande. Plus la peine de qualifier ça de minerai « de boeuf », c’est juste de la barbaque indifférenciée, boeuf sans doute, ou vache de réforme, cheval, âne, mulet, porc, va savoir… des muscles de bas étage, de la graisse et du collagène, le tout finement hâché, et, rassurons-nous, dans des conditions d’hygiène quasiment farpaites . Miam !
L’horreur, c’est que, dans les années 70-80, même mon chat n’en aurait pas voulu, du minerai, mais maintenant c’est dans les sauces bolognaises qui ne sont jamais jamais passées par Bologne. Ou dans les ravioli (un raviolo, des ravioli) en grosse boîte, qu’on verse avec leur odorante sauce à la tomate hollandaise dans un plat en terre, parsemés amoureusement de gruyère râpé avant de les faire gratiner 10 minutes au four. Ceux qui les mangent froids à même la boîte sont des inconscients, ils passent à côté de grands moments, de ceux où l’on peut vraiment parler de l’amélioration de la race chevaline !
Mais l’article que je vous cite ici donne dans le pathos à tort, à mon avis : « il est aussi possible de retrouver des parcelles de viande de porc dans des produits halal : c’est déjà arrivé et c’est bien plus grave« .
Objections votre Honneur :
– grave ? en quoi ? si le musulman pratiquant est de bonne foi, ne sait pas qu’on lui a refilé du minerai de porc pour du rumsteack – remarquez c’est quand même pas pareil – son Dieu ne peut pas lui en tenir rigueur, non ? ou alors c’est un Dieu à la noix, pas juste… un Dieu qui n’est pas à la hauteur de sa tâche, bref un Dieu pas valable.
– ensuite il n’y a pas que le hallal, il y a aussi le casher ! et si l’on peut déplorer que des kebabistes par exemple servent, à l’insu de leur plein gré ou pas, des ragougnasses de viande porcine, les Juifs sont prioritaires pour protester : chez eux le porc et le cheval sont interdits ! il leur faut des mammifères ruminants et à sabot fendu. Je sais c’est compliqué, en fait c’est ou ou et selon le cas, et puis le chameau, le zébu… mais tenez le Grand Rabbinat québecois donne le « La », aux particularismes locaux près, caribou, élan, orignal etc :
« Voici les animaux que vous pouvez manger entre tous les quadrupèdes qui vivent sur la terre : tout animal ayant le sabot corné et bisulque [divisé en deux] et ruminant, vous pouvez en manger. Mais vous ne mangerez pas ceux parmi les ruminants et parmi les sabots fendus : le chameau, c’est un ruminant au sabot non fendu; le daman, c’est un ruminant au sabot non fendu; le lièvre, c’est un ruminant mais il n’a pas de sabot; le porc a le sabot fendu mais ne rumine pas ».
C’est clair maintenant ? le daman est interdit, mais justement, à ma connaissance, en Roumanie ils n’en ont pas, et puis personne ne sait ce que c’est ; le chameau c’est juste chez Pinder qu’ils doivent surveiller si on ne le leur pique pas ; quant au cheval il est doublement interdit aux Juifs pratiquants, car non-ruminant, et à sabot monobloc. Triplement, même, pour les Juifs britanniques et pratiquants.
Au fait, j’ignorais que le lièvre était un ruminant -peut-être est-il dépressif, peut-être rumine-t-il, le lièvre, de sombres pensées. Tant pis, donc, pour nos amis Juifs pratiquants, ils ne goûteront jamais le lièvre à la royale, non plus que le homard Thermidor, bien que ce ne soit pas un ruminant. Mais ils pourront se rabattre sur le lapin domestique : il a, pour une raison qui m’échappe, échappé à la liste des interdits rabbiniques.
En somme, du lapin domestique dans le minerai de boeuf, ce serait bien moins grave.
Tibert