Le Fig’à rôts de ce matin nous envoie dans les gencives une liste des « 100 plus beaux films du monde ». Ah ? je n’aurais pas eu cette idée, ni en musique (premier, la 5ème de Beethoven… 23ème, Viens Poupoule de Mayol) ni en littérature ( Dan Brown en compétition avec Proust), pas plus donc qu’en matière de cinéma, ou de chanson, ou d’architecture : l’intérêt et l’émotion que suscite une oeuvre artistique sont des sentiments personnels, non mesurables, changeants.
Ce qui est savoureux, c’est que le même journal nous donne des commentaires somme toute assez pertinents sur ce classement, notant l’absence d’un tas de belles choses (alors pourquoi nous vanter cette entreprise inepte ? ) mais aussi que le courrier des lecteurs abonde de réactions fort divertissantes, du genre « le jury est un con, le meilleur film c’est Les Charlots font du ski » ou provocatrices, dans le ton « moi tous ces vieux trucs poussiéreux en noir et blanc m’ennuient, vive Hollywood ».
Bref, on est heureux de savoir que L’Atalante de Vigo a été primé, c’est un film magnifique, oui oui, mais qu’il soit derrière La nuit du chasseur, franchement, qu’est-ce qu’on en a à cirer ? Michel Simon serait moins bon que Mitchum ? et quoi encore ? cette entreprise de classement est inepte, je l’ai déjà exprimé plus haut.
Bref : qu’on nous recommande des oeuvres, oui certes, voilà qui est utile. Qu’on ait aimé Alice dans les villes – moi j’aime beaucoup – eh bien qu’on nous le dise (et je vous le dis), ça peut servir. Quant à décréter que ce film est devant Rio Bravo et derrière Mes chers amis, alors là… laissez-moi ma liste à moi ; en plus elle change tous les jours.