Là où nous sommes en ces jours de semaine Pascale, les pièces principales de l’appartement donnent sur une rue étroite et bruyante, envahie de bus et de scooters ; les propriétaires ont fait mettre des fenêtres neuves, mais allez savoir pourquoi, du simple vitrage, épais certes, mais nettement insuffisant. Les bus qui accélèrent en passant mettent ces vitrages en vibration… c’est assez pénible.
Ces fréquences basses et énergiques – assez pour mettre en mouvement une plaque de verre de 55 x 120 cm et 6 mm d’épaisseur – me rappellent certains vendeurs de colifichets pour touristes crédules – amulettes, faux Vuitton, faux Gucci, faux tout ce que vous voulez – vendeurs à la sauvette qui pullulent en ces lieux hautement touristiques . Il y a une paire de lustres (*) nous nous sommes, nous aussi, fait avoir, et en beauté.
Ce n’était pas à Florence mais à Rome, donc tout comme ! Longeant une quelconque artère du centre, nous quatre (nous étions quatre, précision sans aucune importance) avons pilé devant deux figurines de carton, ou plastique léger, des Mickey, Donald ou similaire, qui dansaient sur le trottoir, au rythme d’une grosse radio « boum-boum » du genre ghetto-blaster.
Le bizarre, le magique, c’est que ces 2 figurines, de 12 cm de haut environ, munies de jambes articulées (des pattes rivetées aux hanches et aux genoux) se déhanchaient en rythme, apparemment sans aucun moteur !! Elles se trouvaient au ras du sol, à environ 25 cm devant un mur ; 30 cm à leur gauche, la grosse radio qui vomissait son « disco », et 30 cm à leur droite, une poche en plastique posée négligemment là. Et nos deux mickeys dansaient, dansaient… confondant !
Interloqués, nous avons longuement observé la scène, cherché vainement un truc, puis engagé la conversation avec le vendeur, qui nous a expliqué que c’était les vibrations de la musique – mise assez fort, bien entendu, et bien rythmée – qui mettaient ces légères marionnettes en mouvement. Je ne sais plus qui des deux nanas du groupe a craqué, mais, nonobstant (j’aime bien nonobstant, c’est délicieusement rétro et ca fait nonoss pour mon chienchien ) nos réticences et notre incrédulité de scientifiques – un ingénieur et un prof’ de maths – il a fallu acheter ces deux figurines ; on nous a recommandé de les placer près d’un mur, de mettre de la musique très ryhtmée etc… bref et bien évidemment des foutaises, car de retour à la maison, gogos que nous étions, malgré quelques tentatives de moins en moins déterminées, les 2 mickeys sont restés inertes. Mettre debout et en vibration ryhtmée des bouts de plastique plat posés sur le sol, c’est difficile !
Nous avons retrouvé les mêmes mickeys en vente sur les trottoirs de Florence : 10 ans plus tard, c’est toujours une affaire qui marche ! Je ne dévoilerai pas le truc, il est limpide ; les touristes qui comme nous se sont fait avoir peuvent m’écrire, ils ont gagné.
Ce n’était donc malheureusement pas un miracle à Rome. Mais je vous jure que les bus en passant font vibrer les vitrages des fenêtres ; il n’y a aucune astuce.
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(*) pas faux, ces lustres-là : on a bien pris 10 ans depuis.