Ex-ceci et cryptos-cela

La mort d’un PDG de gros calibre et moustachu, mort qui a de la gueule – se « crasher » en avion dans le brouillard sur une piste d’envol d’un aéroport moscovite, ça a indéniablement de la gueule – engendre bien des réactions positives. Evidemment, si ledit PDG s’était éteint lentement au fond d’un lit d’hôpital, le pancréas rongé par un crabe et abruti de morphine, on ne se serait pas ému comme ça. Comme quoi, mourons avec panache, on saura apprécier.

Positives, les réactions, laudatives, mais pas que (*). Un député PS qui a oublié de laisser au vestiaire sa panoplie rouge, le couteau entre les dents et les mots cinglants à la bouche, a persisté dans la critique « de classe » [ ouvrière, prolétarienne, laborieuse…]  à l’égard du PDG défunt. Il espère, ce député, que le successeur sera moins voleur : « Les grands féodaux sont touchés. Ils sont fragiles. Le successeur nous volera-t-il moins ?« . Rappelons, à toutes fins utiles, que voler « un peu », c’est voler, et que, comme l’énonçait doctement l’instit’ Topaze, ce blaireau, « Qui vole un oeuf vole un boeuf« .

Donc le PDG passé aurait été un gros voleur. En voilà une oraison funèbre qu’elle est raide. Non qu’il n’y ait quelque réalité derrière ces propos – les impôts payés par Total en France, c’est peau de lapin – mais le député PS plus rouge que rose insiste, plus tard, plus loin : « Un hommage à l’humain ? Oui ! Au suceur de sang ? Non « . Souhaitons que cet ex-membre de la LCR, mais sur le « ex » j’ai des doutes, s’abstienne d’assister aux obsèques de monsieur De Margerie, il serait capable de nous rejouer « J’irai cracher sur vos tombes« .

Tout ça pour dire : le PS, c’est une structure d’accueil accueillante et pas regardante. On y trouve à boire et à manger – c’est meilleur que dans les groupuscules, le budget n’est pas le même – on s’y tient au chaud,  et puis on peut y continuer à s’activer pour le matin du Grand Soir, les lendemains qui chantent, l’avenir est radieux camarade, tout ça…

Tibert

(*) Très tendance, « mais pas que ». Remplace bien « mais pas seulement », en plus abrupt, et puis ça finit en que, j’aime bien quand ça finit en que.

PS  – Allez, une bien bonne : un article bisounours et confondant de langue de bois, commis par Le Figaro. Il s’agit de dire, sans le dire, ça ne se dit pas, que Paris (mais pas que) est sale, crasseux, vu qu’aucune sanction n’est jamais prise contre les fauteurs de saleté, les auteurs « d’incivilités », comme on doit dire. Je cite : « L’autre fléau de la capitale est celui de la propreté…« . Ou comment écrire exactement l’inverse de ce que l’on veut exprimer – enfin, je suppose.