Il y a quelque temps je glosais sur la morale et salutaire mesure qui eût consisté à réintégrer à la République Française – manu militari au besoin – la Principauté de Monaco, micro-état non pas d’opérette, mais nuisible, moche, surbâti, abri d’un tas de personnages plus ou moins recommandables et surtout de beaucoup de fric pas avouable. Je m’époumonais en vain, car il semble qu’Albert, monarque par ailleurs d’allure fort sympathique, règne encore sur ses 2,02 km2. (*)
Même motif, même punef’ pour le Liechtenstein, qui joue pour les Allemands et Autrichiens le rôle de Monaco par cheu nous : excellente planque à fric, donc. Le problème se pose, de savoir si c’est l’Autriche qui récupèrerait les 160 km2 de ce confetti d’Europe, ou la Suisse ? car c’est un état-sandwich, une belle part de fromage bien crémeux entre les deux tranches de pain austro-helvétique. Configuration identique donc à celle d’Andorre, belle tranche pyrénéenne entre la France et l’Espagne, paradis du pastis et des cigarettes à bas prix…
Configurations bien différentes donc : Andorre et le Liechtenstein posent bien évidemment des problèmes de découpage, alors que San Marin (61 km2), le Vatican (0,44 km2) et Monaco ne sont que des kystes facilement résorbables. Mais ici, basta, nous sommes en train de faire de la topologie, ça devient abscons.
La topologie de l’Europe est ainsi trop souvent présentée de manière schématique : l’Union Européenne a ses petites verrues, que l’on perçoit mal. Voyez cette carte : pas trace de Vatican, de Monaco, de Liechtenstein ; Andorre y est une tête d’épingle. Seule verrue vraiment perceptible à l’oeil nu, en plein milieu, quasiment provocante : CH – la Chuiche.
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(*) N’arrondissons surtout pas : 2,02 et non pas 2 ! il y tient, Albert, à ces 0,02 : c’est 20.000 m2, 2 hectares donc : de quoi construire un tas de bâtiments soigneusement empilés. Et si ça se trouve, c’est 2,0234 : on va pouvoir agrandir les WC.