Un article sur les emmerdes de l’aquaculture du saumon au Chili… lisez ça si vous voulez, c’est assez édifiant, on y apprend que le Chili – son pinard, son Pinochet, son cuivre, son saumon d’élevage – a produit jusqu’à 650.000 tonnes / an de saumon, et… utilisé 350 tonnes d’antibiotiques pour ce faire, soit 600 fois plus que les Norvégiens, pour produire grosso-modo le même tonnage. Mais le saumon, c’est fragile, et, virus létal aidant, les 550 fermes aquacoles de ce beau pays – qu’on traverse du Nord au Sud en 3 jours, et d’Est en Ouest en 2 minutes – sont en berne, la production s’effondre, les ventes itou.
Il y a donc une justice, semble-t-il : saumon bourré de médocs, saumon en toc, saumon foutu ! et merci à dame Nature de mettre le hola à la cochonnerie, à la cupidité et au cynisme. A nous faire bouffer de la m…, on ne gagne pas toujours.
Délices de la production intensive, l’article que je vous cite parle également des chouettes conditions de travail des Chiliennes – à 80 %, les travailleurs des fermes aquacoles sont des travailleuses – , humidité, froid, 10 à 12 heures par jour… il me souvient, à ce propos, avoir visité un abattoir de canards dans le Morbihan : « Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir », aurait-on pu écrire en guise de bienvenue au dessus du portail de l’usine. Pas de fenêtre, du néon blafard partout, + 3 ° Celsius, humidité omniprésente, tapis de travail à la chaîne… chaîne sur laquelle circulaient des cadavres de canards, inlassablement. J’ai vu une pauvre femme – chaudement vêtue, heureusement – empaler ces malheureuses bêtes, tchac ! d’un geste, le croupion planté sur un plot en plastique vertical… un toutes les 5 à 6 secondes environ. A raison de 7 heures d’empalements par jour, si l’on compte les pauses réglementaires, quel bel avenir professionnel ! Je suis ressorti ébranlé.
Chouette boulot ! chouette visite ! de quoi susciter des vocations dans l’agro-alimentaire. Et ça met en appétit : pourquoi pas une petite fricassée de canard ? un saumon chilien poché à l’oseille ?
Tibert