On nous le cachait soigneusement, ou du moins c’est le genre de sujet sur lequel on ne communiquait pas, et pour cause ! les services administratifs de la Région Ile-de-France étaient officiellement – mais chuut ! – au régime 1.568 heures par an, au lieu des théoriques 1.607 heures, soit les Saintes-Trente-Cinq-Heures de madame Aubry – créatrices d’emploi, oh combien, surtout quand on ne les fait même pas.
Vous pourrez vous faire plaisir en lisant à ce propos cet article circonstancié, annonces, réactions des syndicats de fonctionnaires dans le sens que vous pourrez deviner, etc. Mais allons plus loin, au delà des décisions apparentes : pour quoi faire, ce supplément de présence sur les lieux de travail ? car si la charge de travail ne varie pas, si les attributions de postes n’évoluent pas, si les missions sont inchangées, le travail accompli (réel, éreintant, correct, léger, anecdotique, virtuel, bidon… selon le cas) sera fait dans des tranches horaires élargies. Ce qu’on pouvait ainsi voir de visu par les fenêtres de la Mairie de Paris, centre Morland, au printemps 1973 (*) : tricot, belote ou bridge suivant le niveau de qualification administrative, repas à rallonge, rêvasseries, lectures récréatives… va se vérifier à l’Ile-de-France, avec le puissant adjuvant de l’Internet d’aujourd’hui ! des youyout’entubes, des butinages, des crapettes… autant de possibilités juteuses et consommatrices de temps.
Bref on change le contenant, belle démarche, ce n’est plus la situation choquante d’avant, mais quid du contenu ? ce sera donc vraisemblablement, sans doute, la même soupe – mais avec un emballage moins moche !
Tibert
(*) Je sais, c’est très lointain, 44 ans ! mais la nature humaine n’a, je pense, pas sensiblement changé depuis.