Je m’voyais déjà…

Ils se voyaient déjà, et puis surtout les journaleux faiseurs de mousse les voyaient déjà Champions Zoolympiques, tout en haut du podium, les larmes aux yeux, le bouquet à la main et la main sur le coeur à écouter l’hymne national tandis que « pom-pom-pom-aux-zarmes-ci-toyens… » le drapeau aux trois couleurs monte au mât du milieu.

Eh non ce n’est pas comme ça que ça se passe, et il faut d’abord battre quelques adversaires coriaces, se battre contre la frousse le trac la peur de gagner etc etc, bref des fois ça ne passe pas – la plupart du temps ça ne passe pas. Et alors ? on s’en fout, l’important est qu’on voit du sport, sans tricherie si possible.

Plus important encore, c’est qu’au lieu de stationner au fond de son canapé avec ses canettes de Kro et sa pizza surgelée dégelée, à éructer contre l’arbitrage forcément partial, on se bouge le cul, soi-même. Il est là l’idéal olympique, mes amis : les médailles on s’en tape, Coubertin l’avait dit mais il semble qu’on l’ait oublié, entre deux extraits d’épreuves où y a des Français avec des chances de médailles et quelques copieuses pages de pub.

Tibert

Monte, flamme légère…

Tout immatériels qu’ils soient, les symboles meurent aussi. Non de leur propre initiative (d’ailleurs, si ça ne tenait qu’à moi, de ma propre initiative… je passerais bien mon tour) mais simplement parce que ce qu’ils incarnent a fait son temps. Si CL, le symbole du chlore, est aussi immortel que son patron, il n’en va pas de même des symboles créés de toutes pièces par les humains : ils finissent tous à la trappe.

Bon, après ce préambule ampoulé et vaseux, je vous parlerai des symboles olympiques : les anneaux, la flamme. Quoi d’autre ? rien, on a fait le tour des symboles olympiques.

Les anneaux ont été biaisés, pervertis en menottes. Et puis ça rappelle furieusement une marque de bagnoles. Encore une pub’ déguisée, quoi…
La flamme, olympique elle aussi, prend le bus, le bateau, l’avion… disparait, réapparait, s’éteint, se rallume, quand et comme les sportifs et musclés gardes du corps chinois en survet’s bleu céleste le décident, que ce soit à Paris ou San Francisco. C’est du n’importe quoi, ça tourne à la guignolade ; et quand les symboles font ricaner, on peut les jeter aux orties, c’est qu’ils ont fait leur temps.

Disons-le tout net : les Jeux Olympiques, ça a peut-être eu de la gueule dans les temps anciens, mais on n’y était pas. Ca a sûrement eu de la gueule dans les premières moutures, et on a pu se réjouir de voir Hitler maronner à cause de la supériorité d’un sprinter noir, et du fait que même les pays modestes ont le droit d’y envoyer des sportifs méritants, quitte à ce qu’ils fassent juste un sympatique petit tour.

Mais c’est juste une grosse foire maintenant. Horriblement coûteuse, bidon, complaisante, dopée. Ridiculisée par les nageuses Est-Allemandes moustachues, les sprinters bodybuildés aux anabolisants, les sponsors tous plus envahissants les uns que les autres. Et dangereuse en plus, depuis que des fadas ont entrepris d’y semer la mort, comme à Munich ou Los Angeles.

Personnellement, je me suis réjoui que Paris se soit fait recaler pour accueillir les prochains JO : pas mal de soucis, d’argent et d’emmerdements épargnés. Et puis, si j’étais le maire de Londres, future capitale de ce sport-foire, je dirais stop, on passe notre tour, et puis si on arrêtait ce cirque ? ça a été beau, mais ça ne l’est plus.