Encore un futur-ex métier d’avenir : « médiateur de bus« .
Il y a eu, j’ai connu ça, les receveurs sur la plate-forme, avec leur casquette RATP et leur petit appareil à manivelle sur l’estomac pour composter les tickets de bus. On n’y coupait pas, pas de resquille, un tour de manivelle et hop on était en règle. Et puis la modernité le rendement la performance les ratios ont balayé tout ça, le conducteur est maintenant bien seul dans sa cabine de bus…
Je fus il y a quelque temps dans un bus marseillais direction Les Calanques : le conducteur, bien seul, donc, ne voyait rien que sa route, surtout pas ce qui se passait derrière son dos : ça clopait dans le bus… les godasses sur les banquettes d’en face… ça montait par l’arrière, évidemment sans ticket. Clientèle très « diverse », direction la douce cité sensible de La Cayolle, au pied des Calanques. On compatissait, on le plaignait, le conducteur, vu qu’il aurait risqué gros à prétendre faire respecter le Règlement, Don Quichotte des Transports en Commun de la Ville de Marseille.
Désormais on remet du monde dans les bus, pas les bus qui croisent dans les bourgeoises rues des arrondissements parquets-moulures-cheminées, non, ceux des banlieues Cité Thorez Cité Cachin Cité Machin. On y remet, non plus des receveurs, mais des « médiateurs ». Pour arrondir les angles, éviter les conflits avec les gentils passagers , tout ça…
Mais au vu du fait divers dont je vous file gentiment le lien un peu plus loin, à Grigny (91) et autres lieux idylliques, Cité des Roses et Cité des Glaïeuls, les médiateurs de bus ne sont pas les bienvenus. On agresse les médiateurs de bus, si bien qu’il va falloir songer à mettre en place des médiateurs de médiateurs de bus. Pourquoi agresser les médiateurs de bus ? pour que la peur règne, pour emmerder la Loi, pour signifier que les caïds sont maîtres des lieux, parce que la nuit appartient aux trafics – pas au trafic des bus, évidemment.
Médiater ne donne pas, semble-t-il, entière satisfaction – à personne, en fait. On ne peut plus faire respecter le règlement des bus, on ne peut même plus faire en sorte que ce règlement soit violé dans le calme et sans violences. Une suggestion ?
Tibert