Tandis que les trains roulent plutôt pas ou mal (« Touche pas à ma SNCF » clame une pancarte de gréviste : manifestement la SNCF c’est le reliquaire de la Sainte-Chapelle en plus précieux, qu’Elle Demeure Blanche et Pure dans les Siècles des Siècles, amen), les automobilistes s’apprêtent à rouler un peu plus mal encore. Un très sérieux organisme, l’ ONISR (*) , publie dans le Parigot une étude fort sérieuse, étayée par des statistiques ! et par des dessins explicatifs, des fois qu’on serait un peu durs de la comprenure. Eh bien, provinciaux râleurs et automobilistes frondeurs, y explique-t–on, c’est justement sur les routes les plus droites et bien foutues qu’on se tue le plus, et toc !
Et donc, nous gazouille-t-on, à 80 km/h au lieu de 90, on va perdre deux malheureuses petites minutes pour vingt-cinq longs kilomètres, trois fois rien, et puis on freinera en treize mètres de moins, c’est énorme et salvateur !
Et voilà… soupir… Il semble que les braves gens qui nous sortent ces sornettes ne roulent jamais sur le réseau secondaire. Faut-il leur faire quelque croquis didactique ? n’ont-ils jamais été doublés par un Fangio autoproclamé ? c’est bien précisément sur les routes faciles et droites que certains s’autorisent des vitesses inavouables, qui sont très largement au dessus des « excessifs » et « accidentogènes » 90 km/h. Bref, comment leur dire ? il semble que personne à l’ONISR ne soit à même de comprendre cette évidence de tous les jours que constatent ceux qui y roulent, sur ces routes : baisser la vitesse-limite ne sert à rien, puisqu’elle n’est pas respectée. Car, le croirez-vous, d’aucuns s’en foutent complètement, de la vitesse-limite. C’est sur eux qu’il faut sévir, pas sur ceux qui s’astreignent à la respecter, aussi aberrante soit-elle. Capisce ?
Tibert
(*) Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière : il est bien évidemment libre de toute tutelle des ministères. Et merci au Parigot de relayer ces somptueux sophismes.