Je passais il y a quelques jours, piéton flânant dans Paris – il faisait beau, ça aide à flâner – longeant sur les trottoirs, de ci de là, des entrées de bureaux : dégueulasses, les entrées de bureaux ! on y croise des plantons obstinés et graves, hommes et femmes diserts ou taciturnes, souvent munis de gobelets de café soluble probablement tiède, et surtout tirant « toutes et tous » sur des clopes. Et, au sol, face à ces sentinelles de la tabagie embrumée, des tapis de mégots. Comme ça, sur le trottoir, allez hop, les mégots dans la rue. Plein de mégots.
Mais la maire de Paname, madame Hidalgo, vient d’annoncer des mesures fortes pour la propreté de sa ville… acceptons en l’augure ! On ne va pas se fâcher, on est hélas condamnés aux immondes tags qui défigurent quasiment partout le paysage : c’est du street art – de l’art de rue, quoi, en prose – bref des tags, des cochonneries sur les murs. Mais pas touche, certains haut placés apprécient ça, et si un Banksy se planquait derrière les furtifs peinturlureurs nocturnes ? allez savoir…
Alors, à part les tags ? tenez, il paraît que « les immeubles de bureaux (…) devront équiper en cendriers les points d’entrée et de sortie de leur personnel« . Bien vu, ça, pas con ! pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? et si les cafetiers se voient menacés de sanctions s’ils ne collectent pas les mégots, quid des bureaux ?
Et les colombins, donc ? chaque chien-chien de la capitale conchie les trottoirs une à trois fois par jour. Crottes qu’on est censés ramasser… chante beau merle ! de jeunes touristes japonaises laborieusement francophones déclaraient l’autre jour, devant un micro-trottoir de FR2 « il y a boucoup de cacas de chiens !« . Ce n’est pas faux… alors, que fait-on, madame Hidalgo ? on fait quoi ? vos services administratifs et répressifs seraient-ils au bord du burn-out (du surmenage, cher Benoît H.) ? crouleraient-ils sous les avis de contraventions visant les propriétaires indélicats de chiens crotteurs ? Heureusement quelqu’un agit, un obscur et discret Super-Dupont, héros de la lutte anti-crottes. Outre les tapis de mégots baveux, j’ai pu en effet admirer, au cours de ma promenade, l’ingéniosité de ce modeste et exemplaire Français : faute de verbaliser – il n’en a sans doute pas la prérogative – il balise ! et il balise bleu-blanc-rouge, en patriote, voilà qui fait chaud au coeur ! Reste, il est vrai, que les malvoyants n’en profitent pas ; mais qu’est-ce que c’est rigolo quand un aveugle marche sur une crotte de chien !
Tibert