Monsieur le Premier Ministre est rentré du Japon en avion – on s’en serait douté, c’est assez loin – et ça a coûté 350.000 euros, ce petit voyage aller simple Tokyo-Orly ! Mazette… et Le Monde nous relate ça, et le pourquoi du comment, et les réactions que ça entraîne. A l’heure où je mets sous presse-sur-Toile, il y a 330 réactions et quelque, on va vers les 350 sans problème ce soir…
Moi je vais vous dire : il a eu fichtrement raison de rentrer à Paname par avion Grand Luxe, le Philippe : c’est ultra crevant, la classe économique, que ce soit par Japan Air Lines, Air France, Singapore Airlines, Lufthansa ou qui vous voudrez. Disons, c’est par exemple sur Air France-KLM que vous avez réservé ? eh bien il y aura aussi les clients de Delta, d’Alitalia, de… et j’en oublie. Et l’avion sera, comme tous les avions maintenant, plein comme un oeuf ! avec 45 cm de large entre les très minces accoudoirs communautaires et 30 cm pour mettre vos cannes, à passer la nuit assis plié en trois, le nez sur l’épaule du voisin, vous aurez possiblement droit à la fameuse phlébite (de ch’val) des membres inférieurs, la phlébite (ou thrombose, etc) dite « des classes éco ». Vous aurez entretemps dégusté, les coudes serrés, millimétrant vos gestes et la peur au ventre de foutre en l’air d’un malheureux coup de genou la mignonnette 19 cl de pinard « Merlot du Sud de France », le mini plateau-repas avec la salade de riz au thon et câpres, puis comme d’hab’ poulet ou pasta – ah désolé, je n’ai plus de poulet – et l’incontournable portion de fromage en plâtre dit prétentieusement « Camembert » de chez Brésident. Et puis petit pain-béton surgelé décongelé, etc.
Ajoutez-y 9 heures de décalage horaire dans la musette, et vous vous retrouvez à Orly vers 6h 30 du petit matin blême – et vous aussi – frais comme un gardon gardé 8 jours au fond du bac à légumes. Tandis que…
… tandis qu’avec un modeste chèque de 350.000 euros, vous pouvez éviter tous ces désagréments. Pas question de faire un appel d’offres, évidemment, c’est la procédure obligatoire pour ce genre de dépenses, mais vous n’avez pas le temps ! pas question non plus de réaménager en plus cosy, ce serait trop long, l’Airbus A340 de l’Armée qui a servi à l’aller et qui, c’est con et bizarre, n’a paraît-il pas du tout de sièges « affaires » (*), mais des cendriers sur les accoudoirs, ce qui somme toute ne devrait pas poser problème.
Evidemment il restait la possibilité d’acheter des billets Tokyo-Paris aller simple en classe Affaires sur le premier vol régulier qui se présentait, disons 3.000 euros par tête de pipe, 60 personnes, soit 180.0000 euros, moitié-prix… Mais il y avait des contraintes horaires ! ah oui les contraintes horaires… Personne au ministère n’avait pensé aux contraintes horaires, non de nom. Voyage programmé, préparé de longue date, tout plein d’agendas soigneusement cochés et synchronisés, mais… on a oublié les billets retour Tokyo-Paris et les contraintes horaires. Qui c’est qui a omis de prendre en compte les contraintes horaires, hein ? il va se faire remonter les bretelles, çui-là.
Tibert
(*) Il avait pourtant fait l’affaire à l’aller, cet Airbus militaire… no comprendo.