Pipi et francophonie

Re-pipi ! eh oui… encore… le Parigo(lo) nous l’annonce : on va trouver, là où les mâles incivils – ou qui n’en peuvent plus à chercher en vain un lieu licite – pissent, à savoir de préférence dans les coins concaves, sombres et contre les murs, des dispositifs dissuasifs : une peinture miraculeuse et spécialement dure fait que le jet jaune et odorant rebondit vigoureusement et vient gicler sur les godasses et le futal de l’indélicat.

D’abord trois bémols : si le jet est anémique (ah cette prostate !) ça ne va pas bien fonctionner… non plus si l’incivil qui se tient, ce cochon, par la queue, urine « en l’air », sans obstacle devant lui (*). Ultimo ma non minimo (dernier argument mais non le moindre), le mâle est puni certes mais le mal est fait ! il serait plus efficace de la lui mordre sauvagement AVANT tout épanchement urinatoire…

Trois bémols donc, et puis deux remarques : Une, les femmes sont, une fois de plus, avantagées dans l’affaire ; contre elles, rien n’est prévu ! Deuss, s’il y avait des pissotières en nombre correct dans les villes, si trouver un coin propisse n’était pas une totale galère, une quête chimérique – sauf à allonger deux balles aux bistrotiers de plus en plus rares, chers et discourtois, pour avaler sur le zinc un cahoua lamentable, âcre et tièdasse qui vous tordra les boyaux et vous donnera envie de ch… – on n’aurait pas à chercher des coins sombres pour faire ce qu’il faut faire urgemment. Zut quoi ! réprimez les incivilités, soit, mais qu’on donne enfin les moyens de n’y pas recourir !

Et puis en France les chiottes sont toujours sales, puantes et rebutantes ? c’est vrai, hélas. Eh bien dans les autres pays on les nettoie ! souvent, assidûment, et on salarie même des gens pour ça. Petits boulots, certes, mais utiles, et qui finissent par donner le goût aux utilisateurs de ne pas saloper les lieux.

Bon, je change de sujet, ayant vidé ma vessie mon sac. Tenez, si vous vous demandez pourquoi l’abruti de caviste à côté de chez vous a une pancarte « Yes, we are open » sur sa porte, lisez donc ça. Il y en a d’autres que moi qui se demandent pourquoi il faudrait absolument tout nommer en anglais, market par ci et Deliveroo par là. Figurez-vous que ce n’est pas indispensable ! il y en a  même qui trouvent qu’en français ça le ferait aussi bien, voire mieux – avec un peu d’imagination, en utilisant l’argot par exemple – « Chouettes Moments » par exemple au lieu de happy hours.  Voyez, pour une fois on termine sur une note optimiste…

Et, au fait, c’est le Printemps !

Tibert

(*) Il y aurait une étude psycho-sociologique à faire là dessus : le mâle a besoin d’un truc vertical, mur, tronc d’arbre…  devant lui pour le compisser. Pour cacher l’attirail ? c’est archaïque ? d’où ça vient, cet instinct ?

Latins ? pas pipi !

Je lis ce truc dans un canard : la mairie de La Seyne-sur-Mer, dans le 8-4, le Var, donc, supprime ses vespasiennes, c’est trop cher, y a plus de sous. Pour pisser à la Seyne-sur-Mer, dorénavant, dém… brouillez-vous.

(Oui, je sais, Fillon / Juppé, la bouffe Hollande-Valls, j’y-vas-t-y j’y-vas-t-y pas,  tout ça, c’est important, certes, mais… et puis, bon c’est promis je vous explique demain comment c’est-y dieu possible ?? qu’on puisse employer dans les mairies, les collectivités territoriales, les hôpitaux, des salariés NORMAUX pour faire le job, pas des fonctionnaires à avancement automatique et retraite calculée sur les six derniers mois de boulot ?? c’est possible, ça ?  Demain, j’ai dit ! aujourd’hui c’est pipi.)

Pipi : à Singapour, au Canada, aux USA, et dans plein de pays normaux on ne se pose pas la grave question d’aller pisser avant de sortir en ville (à la campagne, on pisse contre un arbre, ou au coin d’un pré, etc, bref le problème n’existe pas). Dans tous les centres commerciaux, les édifices publics, les stations de métro etc… on peut faire pipi, et plus si affinité. Et c’est généralement propre, parce que 1) le civisme est un mot qui a du sens, dégueulasser les houatères n’est pas un passe-temps valorisé, 2) il y a quelqu’un qui nettoie. Et, 3), last but not least, cerise sur le gâteau, c’est le plus souvent gratuit.

Contraste : par chez nous, il est hautement recommandé de vider sa vessie avant de sortir ! car il va falloir tenir, tenir, et se retenir. Tenez, il existe un bouquin, c’est symptomatique du problème urgent qui taraude votre vessie : « Où faire pipi à Paris ? « . Vaste question, car c’est toute une quête, ça nécessite de chercher, s’en préoccuper, parfois urgemment, sauf à se rabattre illégalement sur un coin sombre entre deux voitures garées.

Vous me direz : il y a les bistrots. Ben non. Je trouve injuste et lamentable que pour pisser il faille commander, payer, éventuellement boire un truc dont on n’a ni envie ni besoin. Avec pour résultat coûteux et stupide de pouvoir pisser, certes, mais à  partir de un euro-cinquante minimum (l’inévitable café âcre et / ou amer, tiédasse ou trop chaud, avalé debout au comptoir, qui va… vous donner envie de pisser, voire vous retourner l’estomac). En fait je soupçonne la profession des bistrotiers de faire (demi)-pression pour qu’il y ait très peu de pissotières dans les villes.

Reste les sanisettes ? quasi toujours occupées, en dérangement, portes verrouillées, ou bien on fait la queue devant, signe que, justement, ça manque. Mes amis, outre le nécessaire dynamitage des blocages corporatistes, des prés carrés, des prébendes des « partenaires sociaux », des « avantages-acquis »… aux dépens des autres, il faut que ce pays se rende enfin compte qu’on doit pouvoir pisser en ville sans que ce soit un drame, un chemin de croix – et ça créera plein d’emplois. Nos candidats aux prochaines Présidentielles ont du pain sur la planche, et je les attends de pied ferme sur ce point épineux de leur programme.

Tibert