Les maths politiques par (et pour) les nuls

Je sais pas si vous vous souvenez, entre les règnes  Chirac I (1995-2002) et Chirac II (2002-2007), on a longtemps débattu : « un mandat présidentiel, on reste à 7 ans ? ou on passe à 5 ? et ça s’est bagarré, 7, non 5, 7 ! 5 ! et c’est 5 qui a gagné, va savoir pourquoi, et Chirac II a donc duré 5 ans. Remarquez, 12 ans de Chirac après 14 ans de Mitterand, ça commençait à faire boucoup.

Mais, quand on y réfléchit, c’est idiot : pourquoi on n’a pas proposé  6 ? y a 6, entre 5 et 7, non ?  j’ai jamais compris l’ostracisme dont a été victime ce pauvre 6. Il était pas beau, 6 ? il puait du bec ? bon, il est pas Premier, 6, il est divisible par 2 et 3, et alors ? c’est ça qui les choque ? si vous avez une explication…

Mais y a plus fort. Je lis ça :  »

« Si vous deviez redessiner une France avec deux fois moins de régions, comme Manuel Valls le souhaite, comment vous y prendriez-vous ? Commencez par supprimer 10 des 22 régions actuelles… »

Bon, vous je sais pas, mais moi en divisant 22 par 2 (« deux fois moins de régions« ), moi,  je trouve 11 ; monsieur Valls lui il trouve 12 !! (« supprimer 10 des 22 régions » : il en reste 12, zut quoi !) c’est de l’arithmétique gouvernementale de Gauche, ou on a changé de base ?

Remarquez, 12 régions ça paraît pas con. D’abord et surtout c’est pas 13 : vous vous rendez compte, si on avait 13 régions ? affreux, que des mauvaises vibrations. Et personne voudrait être dans la treizième. On ferait comme dans les avions, pas de rangée numéro 13 : 12, et hop on saute à 14.

Douze, c’est pas mal, comme les travaux d’Hercule, les apôtres, les mois de l’année… ça fait biblique, ça sonne bien. Mais, et la Corse ? et la Région Parisienne ? déjà ça en fait 2 qu’on peut pas bricoler, pas négociables, hors concours. Alors il en reste 10 « normales », et invariablement à vouloir faire tout rentrer  je me retrouve à rattacher la Vienne à la Bretagne, la Haute-Garonne au Languedoc… c’est idiot, géographiquement parlant.

Alors les régions je propose d’en avoir 14 : 2 spéciales, les Corses et les Parigots, et la 13 ème  on en parle même pas, on la saute, comme ça ça fait 15, comme le Cantal. C’est bien, le Cantal, surtout qu’on va supprimer les départements – je suis sûr que Pompidou ça lui aurait plu.

Tibert, et huit font seize.

J'habite en B3

Ce n’est pas un contrepet, ne cherchez pas.

La bataille des régions (communes communautés de communes cantons départements régions) a commencé : « pas touche à mes Normandies » ! crie-t-on ici ; « Vous n’aurez pas l’Alsace à la Lorraine » clament les Alsaciens aux Lorrains. Le comité Balladur-dur et ses sages sages parle pourtant un langage de bon sens : l’empilement administratif est contre-productif, coûte cher et ne répond pas à des besoins réels aujourdhui. Le coup du département, découpé pour que de partout on puisse atteindre le chef-lieu sur son cheval dans la jouirnée, c’est un peu daté, non ?

Globalement, je m’en tape, moi, que ma région soit « fondue » avec les Rhônalpins (et les Rhônalpines, donc ! ) Ce qui est en cause, c’est l’efficacité. Il est d’ailleurs patent que l’Aunis et la Saintonge, tout comme le Berri et le Bearn, le Livradois et le pays d’Othe n’ont pas disparu du fait qu’ils ne constituent pas des entités administratives : les noms de lieux, la mémoire populaire, les cartes géographiques y font toujours référence… l’Alsace ne disparaîtra pas dans sa fusion administrativo-régionale avec la Lorraine ! vaines craintes !

Mais ménageons les susceptibilités : que les Auvergnats ne se sentent pas « absorbés » par les Rhônalpins, pas plus que l’inverse. Appelons « B3 » la future région « Auvergne-Rhône-Alpes », tout simplement en appliquant une grille façon échiquier sur notre hexagone, horizontalement A B C D E et verticalement 1 2 3 4 5. C’est joli, B3, non ?

Bon, ça ne va pas rendre aux centaines d’élus locaux et de fonctionnaires devenus sans objet ni utilité leur raison d’exister, soit. Mais il n’y aura point de jaloux. Et ça vous aura un petit air de bataille navale.

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Tiens, RyanAir, compagnie babacoût, songe à équiper les chiottes de ses avions d’un monnayeur à une « pound » le pipi… sachant que la Livre se déprécie nettement ces temps-ci face à l’Euro, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ? il reste à équiper le distributeur de papier-cul d’un monnayeur ; c’est bien le moins, la « grosse commission » s’en trouvera justement mieux taxée.

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« Traduttore, traditore » disent nos cousins d’outre-Alpes. Et je me garderai bien de traduire cet aphorisme, craignant de le trahir.

La fin du bas-normand

Notre bien-aimé Président se demande et nous demande : pourquoi ne pas remanier les régions, mettre Nantes en Bretagne, la Haute-Loire en Languedoc… et tiens, il prend l’exemple des Normandies, la Basse et la Haute. Car il y a deux régions Normandie(s)… et le p’tit Nicolas de s’interroger à voix haute : « en faut-il deux ? » eh oui, pourquoi deux ? pourquoi pas trois, avec la Moyenne Normandie ?

Une anomalie d’ailleurs, cette dichotomie Haute / Basse Normandie. D’abord parce que c’est la Normandie tout court, colombages pommiers prairies bocages camemberts et cidre doux, ensuite parce que plus rien ne doit être « bas » : La Loire-Inférieure, les Basses-Pyrénées, Basses-Alpes… péjoratif en diable, on a changé tout ça !

Donc, « Basse-Normandie » aurait dû disparaître de notre nomenclature des régions, au profit de… Normandie maritime, ou marine, ou n’importe quoi sauf bas. Et ici l’occasion se présente d’y remédier efficacement et simplement : allez hop, on ficèle tout ça ensemble, les Normands enfin réunifiés, le  mur de Bagnols de l’Orne mis à bas avec ses barbelés et ses champs de mines, les structures régionales fondues en une seule entité, une capitale (Rouen ? Le Havre ? Condé sur Noireau ? Bricquebec ? )

Et c’est là que c’est amusant : les élus Normands des deux bords n’en veulent absolument pas, mais pas du tout, de la réunification de la Normandie. La raison en est simple : une région, c’est UN président de région au lieu de deux, UNe assemblée au lieu de deux… et donc deux fois moins d’élus. Ca défrise, hein ? qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir faire quand ils seront débarqués des instances régionales, les élus de trop ? pas question d’envisager ça.

Modernisez, modernisez, mais douuuuuucement, ne nous bousculez pas. On est trop bien, là.