(Je cherchais un titre, celui-là vous va ?)
La Justice… tiens je m’en vas vous reparler de la Justice. Et de la sécurité. Vous avez entendu parler de cette affreuse affaire, ce gamin Rom lynché et laissé pantelant dans un caddie près d’une cité « sensible » du 9-3 ? il avait été repéré par la Justice, il avait déjà eu maille à partir avec. Des histoires de vols, de cambriolages. Mais bon, il continuait à cambrioler, paraît-il, vu qu’on se contentait de le ficher, de le gronder et de le remettre dehors.
Disons d’abord que rien ne justifie en principe qu’on se fasse justice soi-même, qu’on lynche un jeune perçu comme un voleur. C’est très moche, condamnable. TOUS nos gouvernants ont sévèrement condamné etc etc… et ils ont bien fait.
Ils ont bien fait mais en d’autres circonstances quand un retraité de type Gaulois, par exemple, se fait saucissonner et tabasser méchamment chez lui par une bande de, disons… de « gens de l’Est », AUCUN de nos dirigeants ne moufte. Alors rappelons-le : si on s’indigne, qu’on le fasse pour tous les évènements inadmissibles, sinon qu’on se taise, ça pourrait ressembler à de la démagogie.
On a entendu à la radio – moi je l’ai entendu, en tout cas – ceci : un habitant de la cité voisine du camp dont le jeune Rom tabassé était issu, interviouvé, a déclaré comprendre qu’on lui ait fait son affaire, à ce jeune : il venait cambrioler chez les pauvres. Il s’attaquait aux habitants défavorisés de cités à l’abandon et dans la dèche, et il fallait bien se défendre, qui le ferait sinon ?
Voilà à peu près comment ça fonctionne : ça ne fonctionne pas ! les délinquants courent les rues après avoir laissé leurs empreintes au commissariat du coin et s’être fait réprimander. Les citoyens s’alarment, certains en viennent à des actions violentes répréhensibles.
Le salut viendra peut-être des touristes ! le gouvernement a pris conscience de la nécessité de renforcer leur sécurité : les touristes, c’est une manne, c’est notre première industrie. Tenez, c’est dans le journal, lisez ça. Monsieur Fabius lui-même en fait une affaire personnelle : il faudra renforcer la sécurité… la sécurité des touristes, pour qu’ils continuent de venir chez nous. Les Français, hein, bon, on peut pas être partout.
Baladons-nous donc avec un Baedeker, un appareil photo en bandoulière, des frusques exotiques et des photocopies de dollars qui sortent de la poche ; apprenons et baragouinons une langue étrangère bizarre. Déguisons-nous en touristes : on en aura, de la sécurité, surtout sur les Champs-Elysées.
Tibert